Une dystopie, voilà l'atmosphère de cette bande dessinée absolument remarquable. J'ai pris sur le web un résumé qui se suffit à lui-même et que je restitue : " Dans les années 1980, une guerre mondiale éclate ; l'Europe, l'Afrique et les États-Unis d'Amérique sont réduits en cendres par des armes nucléaires.
Le Royaume-Uni est épargné par les bombardements mais pas par le chaos et les inondations issues des dérèglements climatiques. Dans cette société anglaise post-apocalyptique, un parti fasciste, Norsefire, prend en main le pouvoir et tente de rétablir le pays après avoir procédé à une épuration ethnique, politique et sociale sans pitié.
En 1997, au moment où le parti semble avoir la situation sous contrôle, un anarchiste commence une campagne pour ébranler tous les symboles du pouvoir. Cet anarchiste qui se fait appeler « V » porte un masque représentant le visage de Guy Fawkes, le plus célèbre membre de la conspiration des poudres. Lors de sa première action d'éclat, le dynamitage du Palais de Westminster, V sauve Evey, une jeune fille de 16 ans qui risquait d'être violée puis exécutée pour prostitution."
Avec ce récit, j'ai révisé un peu l'histoire de l'Angleterre des 16 et 17 ème S. et la conspiration des poudres de Guy Fawkes que nos auteurs ressuscitent à leur manière. J'ignorais, du reste, que chaque 5 novembre est une occasion de fête pour nos amis Anglais qui brûlent l'effigie d'un Guy Fawkes qui a préféré se rompre lui-même le cou, plutôt que de laisser ce soin au bourreau.
Cette BD, est puissante par son propos : il décortique avec un réalisme frappant le fonctionnement d'un Etat fasciste. Les exemples abondent dans l'histoire récente. La bande dessinée fonctionne comme un tout cohérent : le dialogue et sa dimension littéraire et philosophique ( on y trouve
Shakespeare, par exemple) avec, pour récitant, l'inquiétant V.
Le dessin est sombre, l'encre noire est accentuée par les larges tâches des gros plans, par endroit un peu colorés ; V est à la fois, léger, toujours en mouvement, évanescent, insaisissable, on dirait le vent revêtu d'une cape et d'un chapeau pointu et de son masque évidemment. Il assassine avec une efficacité redoutable, et met le pouvoir en émoi. Celui-ci voit tout, entend tout, contrôle tout, mais V lui échappe, jusqu'à ce que Finch, flic "intègre" comprenne comment V pense. Les autres personnages, les fascistes et la foule de leurs victimes sont immergés dans une mélasse graphique des plus noire, mais très explicite. Rien n'est obscur, en effet, toute l'histoire est sombre mais parfaitement claire . V, grâce à l'anarchie veut redonner à la population, prise sur son destin. V, mourra, mais il aura eu le temps de former son successeur ; le combat pour la liberté continue. Finch, le flic "intègre" que V semblait attendre, est un personnage très intéressant, lui aussi.
Bon, je pourrais continuer indéfiniment, mais cette critique est suffisante.
Pat