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« L'entrée en fanfare… La grande illusion… C'est fondamental. Et je vais casser la baraque. Ils n'ont plus le sens du drame, tu comprends ? Ils ont oublié leur texte, éblouis qu'ils étaient par les feux de la rampe nucléaire. Je vais leur rappeler tout ça, le mélodrame, le roman-feuilleton. le grand-guignol. Tu vois, Evey, le monde est un théâtre. Tout le reste n'est que vaudeville. »


Ainsi parla V pour Vendetta. Dans un autre monde, à une époque qui fut un futur proche pour les créateurs de Vendetta –soient les années 1990-, l'Angleterre est une nation rescapée. En 1980 s'est en effet déclarée une guerre nucléaire mondiale qui a détruit les Etats-Unis, l'Afrique et une grande partie de l'Europe. L'Angleterre peut s'estimer chanceuse, seulement victime d'inondations et d'un chaos politique effroyable. Heureusement ? ce chaos cesse bientôt, trouvant résolution d'une manière qui ne sera pas sans nous rappeler une certaine réalité du siècle dernier : la prise du pouvoir par le parti fasciste. Fours crématoires, expérimentations scientifiques douteuses, camps de concentration, extermination des minorités se retrouvent à nouveau, augmentés cette fois des vices de la société moderne : la télésurveillance, le nucléaire, la manipulation des média, la destruction de la culture, la pornographie exacerbée et l'individualisme poussé dans ses retranchements les plus extrêmes.


A tout cela, était-il besoin d'ajouter encore du drame ? Sans doute non. A moins que le mal puisse être contré par un mal de même nature mais plus puissant encore… Telle est l'idée de Vendetta. Retranché derrière son masque de Guy Fawkes, il grimpe dans les coulisses du théâtre du monde et s'empare du rôle de marionnettiste. Une nuance toutefois… là où les marionnettes, habituellement, ne connaissent pas leur soumission à une volonté plus grande que la leur, ici, Vendetta entend bien leur en faire prendre conscience, et il apparaît parfois, sans qu'on ne puisse deviner la date ni le lieu de ses interventions, pour annoncer des intentions plus menaçantes encore qu'une nouvelle guerre nucléaire.


Dans la façon de manier les dialogues et de faire discourir les personnages à laquelle recourt Alan Moore, ainsi que dans le trait graphique et la brutalité des couleurs choisies par David Lloyd, on retrouve ce sens du drame baroque. On craindrait presque que les apparitions de Vendetta soient pompeuses et grandiloquentes, si elles n'étaient pas sans cesse liées aux pressentiments de mort et de destruction qui les sous-tendent et si le personnage n'était pas légitimité, dans son orgueil infini, dans son plaisir machiavélique à manipuler les hommes dans la terreur, par la plèbe minable qu'il s'efforce de transformer. Son but semble être le suivant : rendre la raison aux hommes ou les radier définitivement de la surface terrestre.


Tout est contrôlé chez Vendetta. Depuis la première case de son histoire jusqu'à la dernière, rien ne semble avoir dévié de la trajectoire qu'il avait bien voulu donner aux évènements. Poète par lui-même et par autorité, beau parleur charismatique, mélomane et dramaturge infatigable, il mêle ses arts aux sciences les plus froides et les plus brutales. Parmi celles-ci, n'oublions pas la psychologie qui fait de l'histoire de Vendetta une analyse méthodique de l'esprit des hommes –si méthodique qu'elle rejoint la psychologie dans ses ambivalences les plus contradictoires, terrain apte à l'expérimentation psychédélique.


Comme Vendetta cherche à améliorer l'homme en exacerbant les forces de la destruction, Alan Moore et David Lloyd créent une oeuvre sublime, composée de forces contradictoires, où l'homme avili au plus haut point retrouve soudainement plus d'énergie et de pouvoir que le reste de l'humanité. Vendetta a la résilience mauvaise, à moins qu'il ne soit devenu si bon que ses intentions échappent à la compréhension habituelle des hommes. Mais au fait, comment pourrait-on devenir bon lorsque l'on comprend quels évènements l'on conduit à devenir le personnage tragique de cette histoire ?


Dans la même lignée que La Créature du Marais, Alan Moore signe un comics qui peut prétendre à se faire l'équivalent moderne et populaire d'un drame shakespearien.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Enorme !
J'avais vu passer la bande annonce pour le film à l'époque, et franchement il ne me disait rien. Il aura fallut qu'un ami insiste et me prête son livre pour me laisser tenter et découvrir cette histoire. Bien lui en a pris !
Le discours, les actes, les images sont d'une rare violence. Et pourtant j'ai été happée, hypnotisée par toute cette noirceur. J'aime même eu parfois une impression de lumière (non, je ne parle pas des explosions). le propos, le contenu politique est puissant. Cette lecture ne peut pas laisser indifférent. On aime et on déteste V. J'ai aimé son idéal, moins sa méthode, tout en reconnaissant qu'elle n'était peut-être pas la plus mauvaise. Il m'a mis mal à l'aise, m'a mis face à mes contradictions, me force à réfléchir un minimum.
Une lecture qui marque, pour un bon moment.
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Que voila un gros morceau ! Que voila un classique comic ! J'en suis impressionnée et je vais faire de mon mieux.
Londres, 1997. La ville a instauré l'état d'urgence et le couvre feu voilà déjà quelques années. Mais Eve le viole pour aller faire le tapin ; c'est sa première fois. Et elle se fait repérer par la police. Et elle se fait sauver par un mystérieux individu, V. Commence pour elle un long, difficile et douloureux apprentissage : la liberté, la culture, le libre arbitre.
Sorte des Robin des Bois moderne, V ne restitue pas de l'argent, mais la liberté, l'espoir, sous toutes leurs formes. Après la guerre nucléaire, et la destruction d'une partie du monde, la Grande-Bretagne est devenue une dictature fasciste, avec tous ses accessoires (pour mémoire, pensez à l'Allemagne pendant sa très mauvaise période) Et parfois, ça fait du grabuge...
V symbolise la vigilance que doivent avoir les citoyens quant aux décisions de leurs gouvernements. Surtout en cas de guerre ou d'évènements dramatiques ; l'abus de pouvoir et de zèle ne sont jamais loin...
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Comme l'explique Alan Moore dans un article sur l'origine de V, il y a parfois un moment de bascule, une convergence entre les idées et les talents réunis. le personnage et le masque de Guy Fawkes ont été l'étincelle. L'effigie qu'on brûle le 5 Novembre sera désormais célébrée. La dystopie britannique est terne, dans les tons gris, bleus et jaunes. le grain du dessin fait penser à l'argentique. Les pleines planches sont saisissantes, comme des zooms ou des gros plans cinématographiques. Quant au scénario de Moore, il est comme d'habitude patient. Il prend le temps de composer ses personnages, ses intrigues secondaires, ses interludes poétiques. L'oeuvre est politique, expose les vues de son auteur, sans chercher à convaincre. Ainsi l'anarchisme prend vie, et comme toutes les idées, il est "bulletproof".
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L'un des meilleurs roman graphique jamais publié, V pour Vendetta d'Alan Moore (From Hell), n'est plus à présenter.
Pour preuve, le masque de V, personnage principal, vengeur masqué des temps modernes où plane l'ombre d'Orwell, est réellement devenu le symbole de la lutte du peuple contre le pouvoir - les membres du réseau Anonymous s'en servent pour agir incognito, comme leur héros.
Car V pour Vendetta est un grand pamphlet contre l'ordre établi, qui s'octroie tous les droits, même celui d'amoindrir de jour en jour la marge de liberté des citoyens.
Alors comme dans ce sombre et beau roman graphique illustré avec génie par David Lloyd, suivons les conseils de V - restons en éveille, et gardons-nous de devenir des moutons de Panurge...
Superbement adapté au cinéma en 2006 par James McTeigue, d'après un scénario des frères/soeurs Wachowski (ça me fait toujours rire... ^^) avec Natalie Portman, John Hurt et Hugo Weaving dans le rôle de V.
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Un mot : Magistral.
Voilà le ressenti qui me reste après la lecture de cet intégrale. Comme beaucoup d'ignare, j'ai découvert le personnage de V grâce au film, et ensuite, j'ai craqué pour cette charmante édition, en plus une édition intégrale (J'aime bien les intégrales, je ne passe pas mon temps à me dire que j'ai raté un truc).

Par contre, je dois avouer avoir eu quelques difficultés avec le dessin, j'ai une affection pour les traits plus épurés qui rappellent mon enfance, j'ai trouvé le dessin dense. Mais une fois quelques pages lus, je m'y suis habituée.

Concernant l'histoire, rien à dire, c'est très bien pensée, subtil etc Toutes les qualités que l'on peut trouver à une histoire.
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"V pour Vendetta", scénarisé par Alan Moore et dessiné par David Lloyd, raconte le combat d'un individu contre un système totalitaire. L'histoire est située dans un futur proche : après une guerre nucléaire, l'Angleterre est dirigée par un gouvernement fasciste. V, dont on ne connait ni le nom, ni le visage, sauve la vie de Eve. Elle découvre que V est un terroriste qui veut faire tomber le régime. Elle rejoint son combat. L'histoire nous est racontée de deux points de vue : celui de Eve et celui d'un inspecteur de la police politique qui essaie de découvrir qui est V. A travers lui, on découvre au fur et à mesure le passé de V et le chemin qui l'a mené à son combat...

"V pour Vendetta" est un véritable hymne à la tolérance, à la démocratie et aux droits de l'homme. L'action, le suspense, la politique fiction et la réflexion politique sont mêlés de façon très habile. le dessin du talentueux David Lloyd, très vif et très réaliste, colle parfaitement aux besoins de mouvement du scénario. le style est très sobre, avec certains parti pris. Par exemple, les bruits ne sont jamais indiqués, le dessin suffit.
Ce monument de 6 tomes scénarisé par l'immense Alan Moore n'a pas subi l'outrage des ans. Cela est sans doute dû à son propos intemporel sur l'oppression et la liberté (que celle-ci soit collective ou individuelle).
Un scénario dantesque, d'une richesse, d'une inventivité, d'une profondeur telles qu'il y en eut rarement en bande dessinée.

Cette somptueuse BD est une oeuvre majeure, qui me rappelle, par certains côtés, "The Wall" (essentiellement la fin du film, quand le Mur est enfin détruit et qu'il reste à tout reconstruire) et notamment "1984", roman de George Orwell pour les descriptions de l'approche totalitaire du régime, de la surveillance du peuple et de la police secrète.

L'histoire paraît simple au début, mais Alan Moore brouille les cartes tout au long de l'intrigue. Son oeuvre est un message, ces planches des symboles. L'auteur nous sert un scénario complexe qui nous invite, tout comme les enquêteurs serviteurs de l'état fasciste, à comprendre ce que veut V, et par analogie, à comprendre qui est V.
V porte un masque rieur, est-ce à dire que V est un symbole ? Lequel ? La justice ? L'anarchie ? La liberté ? La culture ? ou plus simplement la vendetta ? Une chose est sûre, V tue, et V détruit les symboles d'un état oppresseur. V est-il réellement un "gentil", ou ses desseins complexes cachent-ils quelque horrible dénouement ? Alan Moore nous sert une profonde réflexion sociale et philosophique absolument puissante, une pièce de théâtre en règle (avec coups de théâtre). Un chef-d'oeuvre magistral du neuvième art que je vous recommande sans réserve.
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Pour une fois j'avais vu le film bien avant de lire la BD. le film a eu au moins le mérite d'attirer mon attention dessus.
L'histoire, bien que légèrement différente, et le discours pro-anarchiste de V n'étaient donc pas une surprise. Cette uchronie dépeinte par Alan Moore et David Lloyd fait encore résonner des craintes au vu de l'évolution actuelle de nos sociétés occidentales, plus de 20 ans après sa parution. J'ai trouvé cette histoire intelligente, bien amenée mais... j'ai du mal avec le dessin de Lloyd avec beaucoup d'encrage noir sur les visages et qui me pose des problèmes pour l'identification de certains personnages. Rien d'insurmontable, mais légèrement répulsif. Autre bémol pour moi :
Un indispensable de plus à lire en moins ! (je me comprends)
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On ne présente plus V pour Vendetta mais on va le faire quand même : composée d'un nombre indéterminé d'épisodes (entre dix et douze), la série a d'abord été éditée en noir et blanc puis a été complétée par plusieurs épisodes, cette fois-ci en couleurs, dans le magazine anglais Warrior. Il a ensuite été repris intégralement par Vertigo (DC Comics), traduit en VF chez Zenda éditions et finalement repris par Delcourt, Panini dans une nouvelle traduction puis récemment par Urban qui reprend la première traduction.

Je me souviens parfaitement de ma première lecture du premier tome de V pour Vendetta. J'avais lu Watchmen, et j'étais monté à la ville, ce qui signifiait trois quarts d'heure de train. Tentant vaguement nous-même d'élaborer des scénarios pour nos jeux de rôles favoris (L'appel de Cthulhu, Stormbringer, Paranoïa), lire une nouvelle oeuvre d'un génie potentiel signifiait quelque chose. Ma lecture finie peu avant mon arrêt, je n'éprouvai qu'un seul sentiment : un profond dégoût.

Comment faire mieux que ça ? Comment s'approcher d'un tel niveau ? Comment devenir aussi intéressant, haletant ? L'avenir semblait bien morose, et aucun talent ne pointait son nez, pas après avoir été brinquebalé avec tant de précision.

V pour vendetta est une des premières oeuvres maîtresse de Moore, où le jeune scénariste de trente ans utilise sa culture déjà conséquente pour élaborer une pièce de théâtre en trois actes. Il y multiplie les références, détourne déjà les codes du super-héros et propose clairement sa vision utopiste de la société. Mais elle n'est pas exempte de défauts.

N'ayant pas eu de velléités de remplacer ma première version de Zenda, qui comporte six tomes au format européens, je ne sais pas si l'ordre des différents prologues et histoires courtes suivent le même schéma dans les dernières rééditions. J'espère que les trop nombreuses fautes de grammaire et d'orthographes ont été corrigées, mais je suis certain qu'aucune partie ne surpasse la première.

Dès la première planche, la caractérisation des personnages est sans faille. V et Evey nous sont présentés, chacun se préparant à faire sa sortie, ou plutôt son entrée en scène, leur entrée dans notre vie. Ils se griment, se maquillent, tandis que la radio déroule les recommandations du jour. Nous sommes dans une dictature, le couvre-feu doit être de rigueur, nos nouveaux compagnons prennent forcément des risques. On y voit des affiches de cinéma des années 30 et 40 en réponse aux barbelés et aux caméras de surveillance. Bref, cela regorge d'informations en sept cases chrono.

Maîtrisant déjà le rythme d'une histoire, la scène de leur rencontre se termine par un feu d'artifice qui laisse tout le monde pantois, des policiers véreux aux lecteurs, et ce premier prologue promet une aventure sérieuse et adulte, où la revanche a un rôle primordial.

Quelques planches plus loin, V parle à la Justice, ou du moins sa représentation sculpturale, en prenant sa voix. Il lui expose sa déception et son credo : il ne peut y avoir de justice dans une dictature, la liberté y est bafouée, le monde ne peut être abandonné aux mauvais, aux profiteurs, aux tortionnaires, aux violeurs, aux racistes de tout poil et aux individualistes.

Sauvant Evey de policiers véreux, il la prend sous son aile et la mène dans son antre, nommée le Musée des Ombres. Il vient de se trouver un compagnon, un side-kick avec lequel il pourra combattre les méchants. V porte toujours un masque, possède une base secrète, semble jouir d'une richesse inépuisable, utilise des gadgets, maîtrise le combat à mains nues et développe des capacités physiques hors du commun. V est donc bien un super-héros, basé principalement sur le modèle de Batman. Londres peut être gothique.

Pourtant, les frontières entre genres romanesques disparaissent rapidement. V dit porter le masque de Guy Fawkes, un révolutionnaire anglais qui s'avère être en fait plutôt conservateur (je vous laisse vérifier) et porte la culture comme une composante essentielle de l'éducation : dans une dictature, elle est une des premières victimes du régime. Puis après un premier coup d'éclat qui se termine dans un feu d'artifice, Moore et Lloyd nous entraînent dans un univers bien proche de celui qui existait durant la seconde guerre mondiale.

Suite à l'anéantissement nucléaire des principaux continents, l'Angleterre se retrouve isolée et sans ressources. Afin d'économiser les récoltes, les noirs, les juifs, les homosexuels sont déportés dans des camps de concentration, où d'horribles expériences leur sont infligées et où les fours ne brûlent pas de quatre fromages. V en est un des rares rescapés, et nous apparaît donc aussi comme fou. Car il faut l'être pour s'attaquer seul à un régime totalitaire.

Le quatrième de couverture en joue et doit sans doute être le texte d'accroche de l'édition originale. Il nous demande qui est V : un fou ? un terroriste ? un idéaliste ? un anarchiste ? un tragédien ? Ou l'alter ego fantasmé de Moore ? A travers V, le scénariste déroule les incohérences et les contradictions de la nature humaine. En nous rappelant que le vingtième siècle fut celui des extrêmes, laissant les dictateurs et la folie nucléaire dévaster la planète, mettant fin aux bienfaits du progrès et démontrant que Rabelais avait raison il y a déjà plusieurs siècles, Moore décompose toutes les vilenies pour faire de V pour vendetta une bd philosophique, ou du moins, une bd qui pousse à réfléchir quant à notre société et nos relations humaines.

A travers divers personnages ayant tous une caractéristique principale différente (la lâcheté, la cruauté, la froideur, l'arrivisme, la pédophilie et autres joyeusetés), Moore se venge de toutes les injustices qu'il considère comme infâmes via son super-héros inquiétant, seul maître des marionnettes et héraut de l'autre solution finale : l'anarchie.

Contrairement à la vision commune de ce mouvement, l'anarchie trouve ici un messager cultivé qui expose son plan. Loin de n'être que chaos, l'anarchie est mère de la liberté et de la justice, celle du peuple qui prend enfin son destin en main et ne se cache plus derrière des dieux, des maîtres et des dirigeants fatalement humains et corrompus.

Malheureusement, cette volonté didactique rompt le rythme impeccable du premier tome et des moments en creux apparaissent, encadrés par des prologues ou histoires courtes qui peinent à être totalement efficaces. Mais certaines scènes clés, aux longueurs variables mais au contenu nécessaire, relèvent l'intrigue et les intentions premières.

C'est le cas du quatrième tome, Valérie, où toute l'horreur des camps est infligée à Evey. Torturée, humiliée, l'héroïne ordinaire traverse une épreuve qui lui ouvrira la porte de la liberté et de la conscience, de l'empathie et des valeurs fondamentales de l'humanité. On a également droit à la critique des mass media et de leur propagande, au bûcher des vanités et au poids de la rue qui gronde.

J'ai longtemps pensé que Moore ne savait pas choisir ses dessinateurs. Comment définir le trait de David Lloyd ? Il semble travailler en creux, définissant d'abord les pleins pour faire vivre les déliés, créant des planches impressionnistes où le noir prédomine. Ce sentiment de contempler des impressions est rehaussé par la mise en couleur pastel qui aplatit le tout pour créer un monde dénué de relief et de vie. Seul V et ses aptitudes surhumaines semble danser et faire danser ses semblables. Dessiné comme un oiseau à la cape virevoltante, Lloyd en fait le seul personnage iconique de la série.

V le dit lui-même : il n'y a ni chair ni sang sous la cape, juste une idée, immortelle. La conclusion de Moore, qu'il démontre en passant le masque, est que nous sommes tous V, si nous le voulons. Que le salut ne viendra pas d'un héros masqué ou non, mais d'une acceptation collective et unanime.

Claire comme de la roche, les Anonymous revendiquent dès leur création ce masque, devenu un symbole de contre-pouvoir et de révolution, rendu presque possible avec l'avènement de l'internet à grande échelle. Mais il manque encore l'homme de la rue, véritable héros de V pour vendetta.

Retrouvez cet article et bien d'autres en version intégrale et en image sur le blog comics-bd-mangas Bruce Lit (brucetringale.com)
Lien : http://brucetringale.com
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Cette bande-dessinée est profonde, elle nous fait réfléchir sur des sujets de société tel que la politique et la liberté. J'ai beaucoup aimé me retrouver embarquer dans ce monde futuriste ( si je ne me trompe pas il se passe après la troisième guerre mondiale ) mais qui pourrait très bien devenir réel plus vite que l'on ne le croit si des extrémistes arrivent au pouvoir. Je ne suis pas sûre d'avoir compris qui se cacher derrière le masque mais au fond, je crois que ça n'a pas trop d'importance. L'important c'est les actions que V mène pour ouvrir les yeux au peuple, pour les amener vers la liberté.
Je la conseille et peut-être qu'elle vous aidera à voir le monde un peu différemment.
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