David Lodge est pour moi un merveilleux conteur ; je me replonge toujours dans ses romans avec bonheur. J'ai relu récemment «
La vie en sourdine », que j'avais proposé dans la cadre d'un club de lecture.
Les déboires de Desmond, universitaire fraîchement retraité, rattrapé par la surdité, et qui, même « appareillé » supporte mal son handicap, sont d'ordre social, conjugal, amical… parfois il perd pied, parfois il se contente de ronchonner ou de pratiquer l'auto-dérision : « La seule incertitude étant de savoir si je serai totalement sourd avant d'être totalement mort, ou vice versa ».
Au quotidien, le dialogue (?) avec son épouse, « Fred », s'avère particulièrement frustrant :
Fred : Mur mur mur.
Moi : Quoi ?
Fred : Mur mur mur.
Moi (cherchant à gagner du temps) : Ah ah.
Fred : Mur mur mur.
Moi (essayant de deviner le contenu du message) : D'accord.
Fred (surprise) : Quoi ?
Lodge reste un styliste. Desmond, son personnage, pratique diverses formes d'expression : journal intime, autobiographie, écriture de nouvelles… il passe de la première à la troisième personne pour parler de lui, souvent avec beaucoup de drôlerie.
Les avis des lecteurs et lectrices ont été contrastés, certain(e)s ayant goûté l'humour et l'humanité de l'auteur, sa réflexion sur la vieillesse, la perte ; son portrait de Desmond et du père de ce dernier, « insupportable et bouleversant ». D'autres ont trouvé le livre « d'une platitude incroyable », ou « décousu ». Je suis bien sûr du côté des critiques qui jugent Lodge « désopilant et profond »… ce qui est une sacrée performance.
Il est vrai que l'intrigue convoque des personnages et des situations très diverses, et les laisse parfois en plan ; mais la vie elle-même n'est-elle pas décousue, tragique, comique, ambiguë ?