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sur 1728 notes
Percutant ! Il n'y a pas d'autres mots pour définir le roman "J'irai tuer pour vous" de Henri Loevenbruck. Des premières aux dernières pages, tout n'est que tension, intrigue, suspens et action. L'auteur décrit avec un réalisme à couper le souffle l'épisode des attentats parisiens et des otages du Liban au milieu des années 80 - je me souviens encore de l'ouverture quotidienne du JT d'Antenne 2 avec les visages des journalistes enlevés - une époque particulièrement trouble, ainsi que les tentatives opaques pour obtenir leur libération. Loevenbruck nous embarque virtuellement aux côtés d'un agent de la DGSE, au travers de son recrutement, de son l'entraînement et de ses missions enfin, du moins, il nous en donne une idée...
Et la fin, particulièrement empreinte de mélancolie je trouve, n'est pas moins réussie car l'auteur nous entraîne avec émotion dans les pensées de ce personnage hors du commun qu'est Marc, ce soutier de la gloire, dévolu corps et âme à son pays, la France, et surtout à son peuple.
Et le fait de savoir que l'auteur s'est inspiré de faits réels et d'un véritable personnage donne une force supplémentaire, s'il en était encore besoin, à ce formidable roman. Chapeau à Mr Loevenbruck et à Hadès !
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Un pavé de 630 pages, trois ans et demi d'écriture pour ce roman inspiré d'une histoire vraie, celle d'un ami aujourd'hui disparu.
Une documentation impressionnante qui nous plonge dans les coulisses de l'Histoire, une Histoire qui malheureusement résonne encore de nos jours .
C'est un roman à couper le souffle, qui rend hommage aux hommes de l'ombre "ainsi qu'à toutes les victimes d'attentats terroristes, de quelque pays qu'elles soient ."
Je vous invite à le lire !
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Marc Masson est un déserteur de l'armée française en fuite en Uruguay où il travaille pour une société privée de gardes du corps. Une de ses missions tourne mal, il fuit au Brésil puis de là en Guyane française où il se fait attraper par les autorités. La DGSE au vu des capacités de Masson à la clandestinité et de son passé militaire où il maniait les armes avec précision souhaite le recruter et ce recrutement sera exécuté par Olivier Dartan un officier traitant en poste à Beyrouth au Liban. Masson devient agent clandestin, et non officier traitant, à savoir qu'en cas de pepin sur le terrain aucune aide ne lui sera apportée puisqu'officiellement il n'a aucun lien avec la DGSE. Nous sommes en 1985 et la France est touchée par une vague d'attentats dont les autorités et plus précisément la DGSE tente de déterminer qui en sont les responsables : des chiites membres du Hezbollah et pilotés par l'Iran ? le comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient ? Aucune revendication... Plusieurs journalistes français sont retenus en otage au Liban et là encore les pistes divergent... Cela sans compter sur les magouilles politiciennes de l'époque.

L'intrigue est complexe et il faut être très attentif lors de la lecture tant les pages regorgent d'éléments historiques et essentiels à la compréhension. Il s'agit ici d'une page sombre de notre histoire méconnue des plus jeunes générations dont je fais partie. Les chapitres sont découpés tels de multiples séquences d'un lieu à l'autre, d'un personnage à l'autre. Certains passages sont durs notamment ceux où les attentats sont narrés en temps réel mais ils sont nécessaires pour rendre compte de l'angoisse et de l'horreur dans lesquelles était plongé le pays. Ce pavé de 800 pages se lit en à peine quelques jours tant la tension est grande et l'envie que tout se dénoue se fait pressante.

Gros coup de coeur de l'année pour ce thriller !
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Un livre passionnant, on sent que l'auteur a fait des recheches approfondies sur les relations plus que tendues entre l'Iran, le Liban et la France dans les années 80, sur fond d'attentats en plein Paris, de prise d'otages, de politique, de diplomaties et de tractations interminables.
Le livre raconte l'histoire d'un agent spécial non officiel, engagé pour effectuer les besognes indispensables mais pas très légales des services de l'État français.
Avec pour devise à peu près celle-ci : si vous [... ou l'un de vos agents, dans ce roman il n'y a qu'un agent solo] êtiez capturé ou tué, le Département d'État nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Ce n'est pas mission impossible mais côté légalité, on repassera.
L'auteur a ravivé mes souvenirs d'enfance avec les politiciens de la fin des années 80 : Pasqua (un phénomène à lui tout seul), la cohabitation entre Chirac et Mitterrand et l'approche de l'élection de 88. Je me souviens aussi vaguement du début ou de la fin du journal télévisé avec cette phrase "nième jour de captivité pour les otages untel et untel détenus à...".
Sauf qu'aujourd'hui et grâce au roman, ma vison d'adulte se focalise plus sur les magouilles des ministères, des services de renseignements et des politiciens, qui avancent leurs pions, essayent de tirer le meilleur parti de la situation, avec en but ultime la libération des otages et la capture des terroristes.
Un jeu de pouvoir, un jeu de force, un jeu de dissuasion, la tension est palpable à chaque niveau des négociations, qui tirera son épingle du jeu et récoltera les lauriers.
Et au milieu de ce pataquès Marc MASSON, l'agent non officiel, un homme de l'ombre avec une vie atypique, extraordinaire et sans temps mort, un homme droit et dévoué à la cause qu'il défend.
Un roman qui relate avec brio la politique de cette époque, celle d'aujourd'hui est bien fade à côté, avec quelques joutes verbales délicieuses, les services de renseignement de cette époque et le dévouement de ses hommes sur fond d'attentats et de prise d'otages. L'auteur nous montre aussi les méandres de la tractation et de la négociation, une histoire haletante, oppressante et toujours sur le fil du rasoir. Elle est d'autant plus passionnante qu' elle est inspirée de l'histoire de Marc MASSON qui a vraiment existé, même si les événements , les lieux et les dates ont été modifiés
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Un bouquin d'autant plus prenant qu'il est basé sur des faits réels, et pas n'importe lesquels, les affaires autour des otages français au liban dans le milieu des années 80.
Même si j'étais jeune et assez loin de tout cela, je me souviens encore des débuts des infos avec les photos de Marcel CARTON, Marcel FONTAINE, Michel SEURAT, Jean Paul KAUFFMANN enlevés le 22/5/1985 et de Philippe ROCHOT, Georges HANSEN, Jean Louis NORMANDIN et Aurel CORNEA enlevés le 8/3/1986, et avec en voix off : "Aujourd'hui [jour], les otages français au Liban n'ont toujours pas été libérés".

Je sais, j'ai beaucoup attendu pour lire ce livre, même si je l'ai acheté dès sa sortie... Il fallait que je sois prête. Que je puisse lire les horreurs de la guerre, les dessous et sournoiseries politocardes (mon dieu, les jeux avec les vies des otages autour des élections, la droite qui fout les batons dans les roues à la gauche pour "gagner" et que Chirac devienne premier ministre, et inversément plus tard pour l'élection présidentielle en 88, c'est franchement à gerber), les trahisons et l'absence de reconnaissance sans pour autant devenir trop révoltée ou dégoûtée par l'injustice, dont je savais pertinemment qu'elle ferait partie intégrante du livre. Il fallait donc que je solde ce souci chez moi avant de lire le livre, ça m'a pris un peu de temps...

Et même là, j'aurais jamais cru être autant happée par un tel roman, et pourtant je suis tombée dedans comme on se noie. Marc m'a embarquée avec lui et c'était fini pour moi, je ne pouvais plus en sortir jusqu'à ce que je sois à la dernière page...

Vibrant hommage à un ami, ce livre lui est dédié, et quel hommage. L'homme de l'ombre est en pleine lumière à présent, et rendu immortel.

Merci pour tout, Henri. A la fois pour L'histoire, pour le souvenir, pour l'hommage. C'était malgré tout une belle lecture. Certains hommes se sacrifient au nom d'un idéal qui n'existe pas, et c'est dommage que d'autres hommes les utilisent sans le moindre scrupule pour ne pas eux se salir les mains. Mais ça, c'est l'humanité dans toute son inconscience.
Il faut travailler à la faire émerger, cette conscience... Chacun à son petit niveau...
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Décidément, ce Henri Loevenbruck est surprenant !

Premièrement, chaque livre correspond à un univers tellement différent des autres, on passe du gang de motards aux agents noirs de la DGSE, en passant par un polar du XIIIe siècle ! Et chaque fois, la plume s'adapte et immerge le lecteur dans l'univers.

Deuxièmement, chaque livre ne correspond en rien à ce que j'ai coutume de lire. Et pourtant, l'auteur m'embarque à chaque fois !

Cette fois, nous sommes plongés dans les années 80, en pleine vague d'attentats parisiens, au cours de la détention des otages au Liban dont nous ne pouvons oublier les noms, tant les jours se sont succédés où le JT ouvrait sur le sordide décompte de leur durée de détention.
Nous découvrons à la fois les milieux des services secrets, de l'espionnage, la DST, la DGSE, mais aussi les milieux politiques, la cohabitation Mitterrand-Chirac à quelques mois des présidentielles convoitées par ces deux-là.

L'objectif de chacun est clair : faire libérer les otages au Liban, prouver l'implication du Hezbollah et de l'Iran, et faire cesser les attentats meurtriers qui endeuillent la France. Mais tous ne l'espèrent pas pour les mêmes raisons.

Pour cela, Olivier Dartan, officier traitant de la DGSE, recrute un agent noir, Marc Masson. Marc devra tuer pour la République, recevant ses ordres de la DGSE, mais sans jamais révéler qu'il agit pour son compte. Il sera un autre homme, mènera une double vie, sans jamais révéler sa véritable identité.

Henri Loevenbruck romance une période sombre de l'histoire de la France, tout en y logeant une multitude de faits réels et de personnages réels, grâce à un énorme travail de documentation. Il revient en détails sur les situations de crise politique, sur la géopolitique de l'époque, sur les enjeux personnels de chacun. Il écorche généreusement au passage la probité des politiques, décrivant les luttes intestines qui régissent les plus hautes sphères. de celles qui vont jusqu'à sacrifier la liberté d'hommes afin que leur libération s'inscrive plus avantageusement dans un agenda politique personnel.

L'auteur nous fait donc faire le grand écart entre des personnages sacrifiant leur vie, leur famille pour la France et d'autres sacrifiant des français pour le pouvoir.

C'est brillant, stressant, haletant, révoltant.
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Entre roman et documentaire, Henri Loevenbruck nous fait découvrir la face cachée de la République. Camouflés dans ce côté obscur, derrière les politiques qui s'agitent et s'affrontent en pleine lumière, il est des hommes qui ont choisi de donner leur vie pour le peuple français; sans espoir d'en être remercié, avec la certitude d'être seuls le jour où ça dérapera.

Nous suivons Marc Masson, jeune homme fougueux, depuis son entrée secrète à la DGSE. L'auteur s'est largement inspiré de la vie d'un de ses amis, qui lui a fait assez confiance pour lui raconter ce chemin douloureux mais nécessaire pour lui; tant son amour pour la France et pour les français est grand.
L'intrigue principale se déroule dans les années 80, ces années noires où chaque soir, devant la télévision, nous voyions passer le nom des journalistes otages au Liban et le macabre décompte. Et chaque soir, chacun pensait "c'est terrible", jusqu'à ce qu'on n'y fasse presque plus attention; parce que des mois, des années, c'est long. C'est à cette période aussi que retentirent treize bombes dans Paris, attentats revendiqués par le Hezbollah.
Période noire... les relations avec les Moyen-Orient se durcissent. Tapis dans l'ombre, des agents sont recrutés et envoyés au casse pipe pour faire le sale boulot quand Chirac, Mitterrand et Pasqua se chamaillent à l'Elysée.

Si j'ai beaucoup de respect pour ces agents qui se sacrifient au nom d'une nation qui ne leur rendra jamais justice, par pur patriotisme, sans rien attendre en retour, je me suis demandée tout au long de ma lecture: "mais, est-ce que j'ai envie, moi, que des gens passent à travers toutes ces épreuves, sans jamais pouvoir en retirer un avantage personnel, pour qu'on puisse continuer à se voiler la face, tranquillement, faisant semblant de ne pas savoir que ça existe?". Et la réponse est non, si j'avais le choix, je n'ai pas envie d'un monde pareil. Ai-je le choix?

Grâce à Henri Loevenbruck, une petite part de reconnaissance s'est envolée vers ces soldats de l'ombre, ces courageux parmi les courageux, ces hommes qui vont tuer pour nous quand le courage nous manque. Et c'est en larmes et une amertume dans le coeur que je tourne la dernière page...
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Je démarre la rédaction de cette chronique alors que je n'ai pas encore terminé le roman. C'est la première fois que cela m'arrive. Je veux être absolument sûre de rester dans l'émotion pure ressentie à la lecture de « J'irai tuer pour vous ». Henri Loevenbruck est un conteur de génie. Il fait partie de ces écrivains rares capables de vous embarquer dans n'importe quel siècle, dans n'importe quelle histoire en vous accrochant dès les premières lignes. Après l'exceptionnel « Nous rêvions juste de liberté » et le premier tome d'une saga historique « Le loup des cordeliers » qui se déroule dans les années 1700 aux prémices de la Révolution française, le voilà maintenant qui nous entraîne dans les années 80, en France, sous Mitterrand, et les attentats qui ont alors frappé le sol français. Dit comme cela, ça peut paraître rebutant… C'est sans compter sur la virtuosité de l'écrivain qui insère dans son histoire un personnage phare : Marc Masson, un homme qui a pourtant les initiales du bonheur.

Marc Masson est un déserteur de l'armée française, exilé en Amérique du Sud, rattrapé par la France, puis recruté comme agent externe par la DGSE. Mû par une volonté farouche de « servir à quelque chose », et ayant « une forte allergie à l'injustice », il devient un agent français clandestin « Je n'ai pas de nom, je ne suis personne. Je suis un fantôme de la République. » L'idée de servir son pays balaie tout désir de privilégier son propre confort, sa personne ou même les êtres qui traversent sa vie. « Il était au service du peuple français, et cette idée avait pour lui une valeur qui dépassait tout, à commencer par son intérêt personnel. » Un personnage qui n'est pas aussi fictif qu'il y paraît. Henri Loevenbruck a pu longuement s'entretenir avec un agent bien réel lui, et retranscrire son histoire personnelle, qu'on ne peut appréhender qu'au travers de l'Histoire. Si l'auteur a choisi de brouiller un peu les pistes en plaçant son intrigue dans les années 80, les attentats terroristes, la prise des otages dont nous nous souvenons tous avoir vu les visages défiler au journal de 20 heures accompagnés du décompte de leurs jours de captivités, les luttes de pouvoir intestines durant la cohabitation, c'est incontestablement pour protéger son indic.

Il n'empêche que le mantra de Marc Masson « Faire ce qui est juste. Au fond, il ne trouvait pas sa devise personnelle très éloignée de celle de la DGSE, partout où nécessité fait loi. » guidera toute sa vie. le récit est entrecoupé de moments de celle-ci, de certaines de ses missions, de palabres politiciennes, de décisions politiques inhumaines, du temps passé par les otages dans leurs cachots, mais aussi des carnets de Marc Masson régulièrement écrits lors d'un événement dont je ne parlerai pas. C'est cela que je voudrai mettre en lumière ici, car, ces carnets touchent au coeur de la personnalité et de la vision du monde de Marc, comme ils vont toucher la nôtre. L'essence même de Marc Masson peuple ses pages où il dit tout, sans fard, et où le lecteur peut appréhender sa vérité. La conscience qu'il a de lui-même, des autres et de son propre rôle au sein de la société, ramène l'Homme à une forme de nudité, charnelle et spirituelle. Dépouillé de tous ses artifices, du confort, et des choses matérielles, Marc Masson devient la quintessence d'une idée de l'être humain. « (…) et les plus belles victoires sont celles que l'on remporte contre un ennemi que l'on n'imaginait pas à sa portée : soi-même. » Être seul, c'est atteindre une forme pure et philosophique de la liberté, liberté qui n'est pas mise en danger par la présence de l'autre. « La solitude ne m'a jamais dérangé. Elle est un reposant exil où s'extraire des regards, et il faut souvent être seul pour être vraiment libre, ou au moins pour penser librement. » Cet homme brille par la justesse de ses propos même si ses missions demandent une annihilation totale de ses émotions lors de leur exécution. Et pourtant, que cet homme m'a touchée dans ses pensées et ses propos, sensibilité exacerbée à la parole donnée, au savoir être, à la droiture, une loyauté sans faille, une fidélité absolue, une moralité que je ressens de moins en moins, aujourd'hui, en 2020, et qui j'avoue, me manque éperdument.

On retrouve chez Loevenbruck des thématiques phares. le besoin de liberté (« La liberté ne s'achète pas. Elle se vole. Et je ne laisserais personne d'autre subvenir à mes besoins que la terre elle-même. »), l'amitié omniprésente même si elle n'est pas toujours abordée sous le même prisme au fil de ses romans (« Avoir un ami, c'est accepter de s'aimer soi-même. Je n'ai pas cette prétention. (…) En amitié, ce qui n'est pas donné est perdu. Cela a toujours été mon exigence. »), la lecture qui ébranle et fait méditer (« On dit que la lecture est un plaisir solitaire, mais celui qui ne lit pas est bien plus seul encore. Il lui manque le monde entier. » – « Par les temps qui courent, la librairie, c'est presque de l'humanitaire. »), la nécessité du pardon (« Le pardon est la plus noble des vengeances. Épargne-toi les tourments de la haine. ») et la dignité, noble, amenée comme la plus belle des vertus (« Ne laisse jamais personne t'enlever ta dignité, et surtout pas toi-même. (…) Et reste digne, toujours. »)

Autour de Marc Masson, l'auteur nous fait revenir vers un temps où j'avais personnellement 12 ans. le travail de recherche, remarquable, assoit l'histoire du personnage principal. Si l'on y apprend énormément de choses sur la politique politicienne et les intérêts personnels, les secrets de la république, la laideur du genre humain, Marc Masson lui, transcende ces pages. Cela malgré ses missions, malgré les ordres de tuer. La magie presque impossible à créer apparaît sous la plume d'un écrivain qui, au rythme des mots de Romain Gary et de Lorenzaccio de Musset, déroule une empathie exceptionnelle pour Marc Masson, qui prend toute la place.

Henri Loevenbruck est un être singulier. Je crois deviner cette soif inextinguible de liberté, cette exigence absolue de la parole donnée, l'importance qu'il accorde à l'amitié dans tous ses livres. Ces romans sont toujours basés sur l'homme, qu'il place dans une époque particulière. Et pourtant, malgré les changements d'époque, les valeurs de fond demeurent toujours présentes. Alors, je me demande comment il voit l'homme d'aujourd'hui, avec ses yeux à lui, imprégné des valeurs qui semblent être les siennes…. et que pense-t-il de cette phrase qu'il a lui-même écrite « La révolution, c'est accepter de faire face à l'impossible. Mais c'est aussi d'accepter de se salir les mains. Les révolutions propres, ça n'existe pas. »

En tout cas, les valeurs qui sont les siennes nourrissent profondément les miennes.


Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Mêlant des événements réels et des personnages fictifs, j'ai ressenti à la lecture de ce roman un sentiment de malaise alors que j'ai bien aimé ce nouveau livre .

Henri Loevenbruck situe son roman à partir de 1985 avec la prise des otages français au Liban , il y introduit un homme épris de justice et qui est recruté comme agent de l'ombre.
Ce malaise vient d'une part du fait du mélange des deux genres fiction-réalité car on a souvent du mal à trouver la frontière et le personnage principal , Marc Masson , a une vraie présence . D'autre part en découvrant (ou redécouvrant ) les négociations et les bidouillages entre les différents services de l'état ainsi qu'entre les hommes politiques des différents bords où les hommes en captivité ne sont que des enjeux pour les futures élections présidentielles ...

Je redoutais d'être déçue après mon coup de coeur pour le précédent roman : Nous rêvions juste de liberté mais cela n'a rien de comparable: c'est autre chose, avec pour moi , moins d'émotions mais il faut savoir segmenter et passer à autre chose .

Par contre, je me souviens bien des petits spots télévisés journaliers avec les noms et les photos des otages , dommage que les otages français actuels n'aient pas la même couverture médiatique !
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Décidément, Henri Loevenbruck sublime tous les sujets qu'il touche. Et ce n'était pas gagné d'avance.

Celui de son nouveau roman était pourtant particulièrement casse-gueule. Pour preuve, il a mis 3 ans ½ à s'en dépatouiller, pour arriver à écrire cette aventure tirée d'une histoire vraie.

Parce que cette histoire est tout sauf banale, parce qu'elle est basée sur de longs entretiens avec un homme ayant vécu des événements très similaires. L'auteur en a fait un récit à la manière d'un thriller politique, documenté, rythmé, immersif et particulièrement prenant.

Tellement de choses frappent le lecteur dans ce livre…

Henri Loevenbruck a consacré une grande partie de son énergie pour humaniser le personnage principal. Ce n'était pas gagné d'avance, puisqu'il nous parle d'un homme qui ressent une forte violence en lui. Un homme qui éprouve viscéralement le besoin de défendre son pays au point de devenir barbouze et de tuer pour l'État.

Autant dire, que c'est le genre de caractère ambivalent qui peut vite tomber dans la caricature, à coups de gros traits littéraires. Mais l'écrivain ne tombe pas dans ce piège, il prend le temps nécessaire pour décrire la personne complexe qu'on va suivre durant presque toute sa vie (625 pages), en commençant par son enfance un peu particulière. Comprendre, sans juger à l'emporte-pièce, challenge réussi.

On ne peut qu'être impressionné par la somme de recherches pour arriver à construire cette vision des attentats des années 80, à travers la vision d'un homme, d'un système et de la situation géopolitique. Sans jamais barber, avec une capacité à clarifier ce qui ne l'est que pour peu de monde, et sans se poser comme un donneur de leçons.

Grâce à Loevenbruck, j'ai compris beaucoup de choses. Enfin ! Compris ce qui s'est passé durant des années que j'ai vécues adolescent. Assimilé ce qui se trame en coulisses lors de situations dramatiques d'attentats et de prises d'otages. Vu à quel point tout ceci n'est qu'un jeu de pouvoir.

Et surtout, oui surtout, ces coulisses m'ont permis de mieux saisir ce qu'il se passe de nos jours, au sein de notre monde peu reluisant. Parce que tout ceci ressemble bien à un éternel recommencement. Un recul instructif qui n'aide pas à redorer le blason de nos institutions…

L'auteur est un conteur hors pair, si à l'aise dans tous les genres littéraires au point que s'en est saisissant.

Il fallait vraiment trouver le bon angle pour raconter cette histoire, sans tomber dans le récit biographique, sans se lancer dans un document historique, sans céder au pamphlet politique.

J'irai tuer pour vous n'est rien de tout ça. C'est vraiment un thriller, divertissant et rythmé. Mais du genre à tirer le récit vers le haut, à nous ouvrir sur le monde et sa compréhension tout en restant connecté à l'humain. La définition parfaite du roman noir tel que je le conçois.

La narration parfaitement maîtrisée, dans un long roman mais avec des chapitres courts, rend la lecture vraiment addictive et le lecteur de plus en plus concerné.

Henri Loevenbruck démontre une fois encore qu'il est un écrivain protéiforme, capable d'adapter son immense talent à tous les sujets qu'il touche. J'irai tuer pour vous est un thriller qui vise juste et touche sa cible en plein coeur. Parce que basé sur des faits et parce qu'écrit avec autant de minutie que d'humanisme.
Lien : https://gruznamur.com/2018/1..
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