Ce roman impitoyable et flamboyant qui brasse l'amour et la mort m'a emmenée de la Bretagne jusqu'en Islande, jusqu'où les bateaux de pêche se rendent pendant la belle saison.
J'ai été touchée infiniment par ce dur labeur, où jour après jour les marins doivent affronter la mer et les nuages menaçants.
Mais j'ai été encore davantage bouleversée par l'histoire d'amour difficile entre Gaud, une jeune fille ayant vécu un peu à Paris avec son père mais revenue en Bretagne, et Yann, un marin au regard doux mais au caractère étrange.
N'oublions pas ce jeune Sylvestre, même pas vingt ans, couvé par sa vieille grand-mère au profil si doux, ami de Yann et protégé de Gaud, engagé au service militaire et devant affronter des armées inconnues, qui m'a fait tirer des larmes.
Oui, j'ai eu le coeur gros, j'ai même pleuré pour ces personnages dont
Pierre Loti conte l'histoire avec tellement de passion et de conviction !
Il faut dire que le décor grandiose de cette mer souvent déchainée emporte l'âme déjà déchirée par le vent perpétuel.
La lecture n'est pas une promenade sous un ciel dégagé, non, c'est une montée inexorable rythmée par les calvaires au pied desquels prient les femmes de marins, qui ont érigé la patience au rang de vertu.
Quelle vie ont eu ces petites gens de Bretagne à la fin du 19e siècle ! Des familles nombreuses (douze enfants, c'est souvent la norme), des femmes courageuses, des hommes acharnés…tous au service de la mer pour gagner de quoi manger.
Des lutteurs pour le bonheur.
Des pêcheurs d'Islande.