Montmorts est un petit village perdu au coeur des montagnes, connu pour avoir été, au XVIIe siècle, le théâtre de « procès » pour sorcellerie. Quand Julien y est muté en tant que nouveau chef de la police, il s'attend à trouver un endroit un peu vieillot. Mais au lieu de cela, il va découvrir un village très moderne, hypersécurisé et doté d'un commissariat à la pointe de la technologie. Bizarre, vous avez dit bizarre ? le poste de police n'étant pas submergé par les affaires, le maire, qui est aussi le richissime propriétaire de Montmorts, décide de confier à Julien la responsabilité d'enquêter sur la disparition de sa fille, survenue dix ans auparavant. A partir de ce moment, des évènements singuliers vont commencer à s'enchaîner et son enquête va finir par soulever bien plus de questions que de réponses.
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Si vous connaissez un peu l'auteur, vous vous doutez bien que l'intrigue est un peu plus complexe. le chapitre d'ouverture est destiné à ferrer le poisson, et j'ai mordu très vite à l'hameçon. Les habitants de Montmorts se connaissent tous, depuis toujours, et semblent aussi étranges que leur village et ses légendes. Pour commencer, les gérants de l'auberge sont assez malaisants. Ils m'ont fait penser à ceux du film de
Polanski, le bal des vampires (ne me demandez pas pourquoi). Et puis, il y a ce vieux monsieur qui ne trouve pas son livre à la bibliothèque, et ce "squelette" qui conduit le bus de l'école. Ils ont tous dans leur comportement, un je ne sais quoi d'assez dérangeant pour déstabiliser, insinuer une inquiétude tenace.
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Dans cette ambiance silencieuse et brumeuse, les policiers sont comme un phare dans la nuit. Sympathiques et attachants, ils sont semble-t-il, les seules âmes encore douées de raison dans ce recoin perdu aux allures de vaste huis-clos. Un décor qui dégage une impression fantasmagorique. Un endroit replié sur lui-même, autosuffisant, où personne ne semble vouloir entrer ni sortir. Une sorte de "Storybrooke", cependant bien loin du conte de fée.
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Tout au long du roman, l'auteur sème ses petits cailloux, un bonheur pour les lecteurs, qui comme moi, adorent échafauder des théories, chercher le coupable, deviner le mobile. J'ai beau vouloir rester attentive aux indices, mon esprit divague, enveloppé par l'atmosphère un peu irréelle, enneigée et pesante. Je me laisse totalement captiver par l'histoire. Et, alors que mon esprit a abandonné toute vigilance, apaisé par la quiétude relative du commissariat, l'auteur me sort peu à peu de ma torpeur. Les faits insolites s'enchaînent comme des dominos, l'angoisse se fait plus présente et la tension grimpe en flèche.
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Sur fond de croyances populaires,
Jérôme Loubry nous offre un scénario habile et bien construit, au final déroutant. «
Les soeurs de Montmorts est une histoire très originale et angoissante. Une nouvelle réussite de la part de cet auteur, désormais incontournable dans le monde du thriller.
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[Mon avis sur la lecture audio, dans le cadre du Prix Audiolib 2022]
Je salue la performance de
Slimane Yefsah, qui a su rendre avec brio l'atmosphère troublante du roman. Les personnages sont brillamment incarnés, et le narrateur module sa voix pour transmettre, avec une réelle justesse, l'urgence, la tension et l'angoisse. Un franc succès pour cette relecture, où j'ai redécouvert avec plaisir Montmorts et ses mystères.
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Ma chronique complète est sur le blog.
Caroline – le murmure des âmes livres