Tout amateur de
Lovecraft se penchera forcément à un moment ou à un autre sur ce recueil… et risque malheureusement d'être déçu. Rassurez-vous, on retrouve les thèmes chers à
Lovecraft, mais les nouvelles sont de qualité très inégale.
Dagon regroupe trente nouvelles écrites entre 1905 et 1937 et contient la première et la dernière nouvelle du maître de l'horreur, respectivement « The Beast in the Cave » et « The Evil Clergyman ».
L'horreur et la folie, thèmes chers à notre auteur, se retrouvent dans chacune des nouvelles. «
Dagon », qui ouvre le recueil, nous présente un homme poursuivi par une horrible bête marine, qui ne trouve de répit que grâce à la morphine. Dans « La Tombe », le personnage principal est possédé par un fantôme après s'être aventuré dans un caveau. Sa famille le croyant fou, finira par le faire enfermer.
Lovecraft s'intéresse de nouveau à d'anciennes civilisations et cités, comme dans « Polaris » ou lorsqu'il décrit la ville d'Ib et ses mystérieux habitants : « Ib, construite tout en pierres grises, était peuplée de laides et étranges créatures. Sur les cylindres de briques de Kadatheron, on pouvait lire qu'elles étaient de la même couleur verte que le lac brumeux. Elles avaient des yeux proéminents, des lèvres pendantes et charnues, de curieuses oreilles, mais n'avaient pas de voix. Elles étaient descendues de la lune, par une nuit de brouillard, en même temps que le lac et la cité de pierres grises, Ib. Ces êtres bizarres avaient pour divinité une idole de pierre verte comme la mer, taillée en forme de bokrug, grand lézard aquatique, qu'ils vénéraient par des danses horribles lorsque la lune, en son plein, était gibbeuse. Sur les papyris d'Ilarnek, on pouvait lire également qu'ils découvrirent, un jour, les secrets du feu. Les flammes furent soigneusement entretenues pour relever de leur éclat fantastique d'étranges cérémonies. Mais on sait très peu de choses sur les habitants d'Ib. Ils vivaient il y a si longtemps, et notre monde est si proche… »
L'oeuvre de
Lovecraft est travaillée et pleine de renvois à ses autres nouvelles : dans
Dagon, on retrouve les entités toutes puissantes que sont les Grands Anciens mais aussi les chats d'Ulthar et de nombreuses références au Necronomicon. Les fans de l'auteur ne sont donc pas perdus et prendront plaisir à resituer ces nouvelles dans l'univers Lovecraftien.
On retrouve les mêmes obsessions à travers les traits des monstres qu'il dépeint. Connaissant la vie de
Lovecraft et les lettres qu'il écrivit après son éprouvant voyage à Brooklyn, ceux-ci sont encore une fois la manifestation de son angoisse de l' « étranger »…
Bref, pas de surprise dans ces nouvelles, exceptée peut-être « La quête d'Iranon », récit plein de poésie et de mélancolie sur l'amitié entre deux chanteurs itinérants.
Pour découvrir l'oeuvre de
Lovecraft, il faudra donc préférer un autre recueil, mais pour les fans, il est intéressant de se pencher sur ces oeuvres moins connues du maître du rêve et de la folie….