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3,63

sur 91 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore un beau récit original que nous font parvenir les Editions Seuil "Voix autochtones". Mélissa Lucashenko nous offre ici une histoire fictive, mais très authentique, puisque l'autrice est australienne d'origine bundjalung et très impliquée dans la défense des droits des aborigènes.
Nous suivons Kerry Salter, jeune femme originaire d'un bush de la Nouvelle Galle du Sud, qui, après avoir baroudé pendant plusieurs années, doit rejoindre sa famille qui veille l'un de ses membres en fin de vie. Elle doit alors se confronter à nouveau à sa mère, Pretty Mary, alcoolique et dépressive après avoir perdu sa fille Donna et son frère Ken, addict à différentes substances, régressif et qui bouillonne de violence et de frustration. Cette réunion familiale est constituée de personnes toutes broyées sous le poids des traumatismes de leurs aïeux non résolus et souvent projetés sur les autres.
En plus d'une fin de vie à gérer, la famille Salter doit se confronter à un projet de construction d'une prison sur la terre de ses ancêtres. Projet auquel ils vont s'opposer vivement et politiquement. Ces événements vont faire remonter les plus anciennes blessures, ce qui va les forcer à les regarder en face.
J'ai apprécié particulièrement les dialogues crus, directs, parfois violents que Melissa Lucashenko a constitué dans ce livre. Surtout qu'elle a glissé de nombreux mots issus du dialecte aborigène, mettant en valeur cette culture trop souvent réprimée, encore aujourd'hui.
Réel et spiritualité se mêlent élégamment, les personnages ont une belle évolution, chacun à leur manière et les références au racisme sont omniprésentes, participant à ce devoir de mémoire des peuples autochtones.
Néanmoins, j'ai trouvé que le récit tardait à se mettre en place et m'a beaucoup perdue au début. Egalement, j'aurais aimé avoir un approfondissement du sujet qui a donné le titre du livre en Français "Celle qui parle aux corbeaux".
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Oubliez l'image d'Épinal de l'Australie : ses plages à perte de vue et ses surfeurs bronzés et athlétiques qui affrontent les vagues et l'océan. Ses villes modernes où il semble faire bon vivre. L'outback et son sable rouge, Uluru et les Aborigènes qui prospèrent grâce à leur art dérivé d'une culture millénaire.
Ce n'est pas cette Australie que nous rencontrons ici. C'est plutôt l'envers du décor et la place réelle des Aborigènes dans la société australienne. Nous rencontrons Kerry, jeune femme sur sa Harley... en train de revenir dans sa ville natale malgré elle car son grand-père est mourant. Nous découvrons sa famille, comment ils tentent de joindre les deux bouts entre violence, magouilles, adduction et traditions... en vivant dans une maison que l'on imagine comme un préfabriqué délabré. Kerry va rester plus longtemps que prévu car elle découvre que la terre sacrée de ses ancêtres est menacée par le projet de construction d'une prison.
C'est un roman poignant, vibrant, mêlant héritage du passé et survie dans le monde présent. Nous sommes proches du docu fiction car comme l'indique l'autrice ce que subissent ou ont subi les membres de la famille Salter, ce n'est pas de l'imagination.
Une lecture qui m'a permise de replonger dans cette histoire australienne et aborigène qui me passionne.
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Des ennuis avec la justice obligent Kerry Salter à quitter le Queensland et à revenir dans sa ville natale de Durrongo. Un retour qu'elle redoute tout particulièrement. Son grand-père, Owen Addison dit Pop, est mourant et les relations avec sa famille sont toujours aussi tendues. Sa mère ancienne alcoolique ne se remet pas de la disparition de sa fille Donna une vingtaine d'années auparavant. Son frère aîné qui a été plusieurs fois en prison vivote depuis à la maison délaissant totalement son fils.

Un évènement extérieur va venir ébranler encore plus les Salter et envenimer un contexte familial déjà tendu, voire explosif. le maire de la ville, Jim Buckley, a décidé de lancer un projet immobilier sur les terres ancestrales de cette famille issue de la nation bundjalung, un peuple aborigène de l'Est de l'Australie. Bien décidés à défendre leurs droits sur ces terres sacrées où sont enterrés leurs ancêtres, Kerry et sa famille vont se révolter contre ces « whitefellas » qui veulent les spolier.

Entrer dans ce roman n'est pas chose aisée.
En accord avec l'autrice, l'éditeur a volontairement choisi de conserver les termes aborigènes, sans lexique, ce qui nécessite un petit temps d'adaptation. La suite de la lecture n'en souffre pas une fois familiarisé avec ces différentes expressions.
En revanche le récit intègre de très nombreux personnages qu'il m'a été parfois bien difficiles d'identifier. le choix d'appeler Kenny le frère de Kerry n'aide clairement pas non plus à la bonne compréhension des évènements, confusion accentuée par des dialogues pas toujours très clairs.

Passé ces petits freins à la lecture, le récit offre un témoignage important sur les conditions dans lesquelles vivent aujourd'hui les aborigènes. Comme les peuples autochtones des autres régions du monde, ils se sont vus privés de leur identité, de leurs croyances, de leur langue et de leurs terres à l'arrivée des colons en Australie. Les conséquences pour les « blackfellas » sont généralement terribles : pauvreté, alcoolisme, drogues, violences intrafamiliales. le récit est à l'image de tous ces maux qui touchent les aborigènes. Percutant, sans concession, il transpire la rage, la détermination, parfois le désespoir qui rongent ces personnages. Reste alors l'espoir pour eux de pouvoir se reconnecter avec leurs racines et leurs traditions pour retrouver le sens et l'âme de la communauté.
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Ce livre met en lumière la population autochtone d'Australie et décrit les injustices passées et présentes auxquelles sont confrontés les Blackfellas.
Le gouvernement a essayé de tout changer mais rien n'a changé et les inégalités ont persisté.
Même si cette histoire est triste et empreinte d'un certain désespoir, l'auteur sait la traiter avec un brin d'humour.

Après un début difficile et après une cinquantaine de pages, j'ai trouvé l'histoire de ce peuple émouvante, et en même temps surprise de découvrir que rien n'avait changé pour les Aborigènes.
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Une histoire forte. Les personnages authentiques nous entraînent dans une vie où se mêlent culture occidentale et culture autochtone. C'est dur mais réel. J'ai lu ce récit avec beaucoup de plaisir en savourant la force et l'énergie de Kerry qui prend racine dans la culture de son peuple.
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J'ai été happée par la couverture et par le résumé de ce livre qui me semblait pour le moins original. Effectivement, à travers ce roman, j'ai appris énormément de choses sur le traitement des aborigènes en Australie. L'auteur prend dès le départ pour exemple, les violences et mauvais traitement infligés à sa famille, Pourtant, elle arrive à rendre les choses drôles et analyse les choses calmement. Au delà de ce qui s'est passé, l'auteur avec son style assez percutant et le recours courant à l'emploi de mots aborigènes rend le récit et la culture très vivante, ce qui est le meilleur contrepied à la volonté d'éliminer/dresser un peuple.
Je ressors enrichie de cette lecture et de tout ce que j'ai appris. J'ai aussi rencontré des personnages haut en couleur, comme Kerry.
Merci à Seuil et Netgalley pour cette lecture.
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Premier livre traduit en français de cette auteure australienne bundjalung
Il nous plonge dans les traditions et les problématiques des autochtones dépossédés de leurs terres et de leur autonomie sociale
Très sombres histoires d'une famille cassée par de lourds secrets du passé
Le tout dans un contexte sauvage de spéculation immobilière
Style incisif et agréable à lire.
À vous dégoûter des colonisations et spoliations...
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Le Livre du Mois de juillet 2023
Dans l'Australie et ses grands espaces, où la vie est rude, vit une famille d'aborigènes attachée à sa terre, sa culture et ses traditions.
Famille bien hiérarchisée où les ancêtres interfèrent au-delà de la mort, famille qui se lance dans un véritable combat pour préserver l'île refuge de cette ancêtre poursuivie par les Blancs.
Personnages atypiques, action un rien déjantée pour un grand plaisir de lecture.
Les relations rudes, rugueuses et conflictuelles de cette famille m'ont fait penser à "My absolute Darling" de Gabriel Tallent et à "Là où chantent les écrevisses" de Delia Owens. J'y ai retrouvé la persévérance à vivre de ces héroïnes brutalisées par leur environnement.
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Kerry Salter a passé sa vie à esquiver deux choses : sa ville natale et la prison. Armée de sa grande gueule et de sa rage, elle retourne au foyer familial dans une bourgade rurale et apprend que la terre de ses ancêtres est menacée par un projet de construction d'une prison.
Entourés par les fantômes et les souvenirs de leurs aïeux, les Salter sont animés par le besoin profond de faire la paix avec leur passé tout en essayant de donner un sens à leur présent.

Voix d'autochtones tout sauf aphones. Ce livre donne la parole aux blackfellas, peuple premier d'Australie. Et quelle parole… Une Bush-rie ! Entre bundjalung, charabia grossier et dialogues bordéliques agressifs, les protagonistes vomissent leur condition de peuple spolié, battu, violé, comme la mauvaise vodka soda qu'ils ingurgitent pour oublier qu'ils n'ont plus rien.

« Faudrait que vous leur appreniez cet aspect-la, Nunny. Comment envahir les pays des autres et les assassiner, en appelant ça la civilisation »

Goories castagneurs, alcooliques, vivants comme des « parasites » se nourrissant de la haine des blancs, ils subissent leur histoire, l'extinction de leurs traditions et la corruption de leurs envahisseurs. Ils sont torturés entre leur mode de vie ancestral et la ghettoïsation génocidaire dont ils sont victimes, obligés de se renier.

« Les dugais n'avaient vraiment aucune idée. Aucune foutue idée de ce qui se jouait quand on se baladait dans ce monde enveloppée d'une peau noire. »

Tout est noir ou blanc parfois « tacheté » mais sans nuances de gris. C'est tranchant, violent mais profondément émouvant.
L'autrice nous met en garde au début du livre : « les membres de ma famille élargie ont subi au moins une fois dans leur vie la plupart des faits de violence évoqués dans ces pages. le reste est tiré soit d'archives historiques, soit de l'histoire orale aborigène. »

Vous l'aurez compris, nous sommes loin de la carte postale idyllique que l'on a de l'Australie. Racisme, sexisme et homophobie rythment ces lignes dures comme les rochers du bush.

Le petit moins : un glossaire des mots aborigènes aurait été appréciable.
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Merci à Babelio et aux éditions du seuil pour cette masse critique privilégiée.
J'ai été ravie de découvrir cette nouvelle collection «voix autochtones».
Un roman âpre, qui nous chamboule.
Kerry, la narratrice, ne mache pas ses mots. Au travers de son langage transpire la dureté de sa vie.
L'histoire se déroule autur d'elle et de sa famille plus ou moins étendue, issue de l'ethnie Goorie, dans le bush australien.
Pauvreté, racisme endémique, violences, viols, larcins en tout genre. Rien n'a épargné cette famille, et ce depuis des générations. Ils se méfient des blancs et ont bien raison, d'autant plus qu'un maire corrompu jusqu'à la moelle règne sur leur ville.
Tous leurs problèmes semblent lié à la place qu'occupent les indigènes dans la société, au racisme omniprésent, qui conduit à la pauvreté puis à la violence et la délinquance. La famille se déchire alors que l'origine des problèmes est ailleurs.
Kerry essaye de se dépatouiller dans la vie tant bien que mal, entre histoire familiale, problèmes de coeur, bisexualité difficilement accepté, problèmes avec la justice, détérioration et appropriation des terres ancestrales pour construire une prison.
Un roman très intéressant, des histoires de vie que l'on a pas l'habitude d'entendre, personnes a qui ont donne peu souvent de la voix. D'autant plus marquant que l'autrice souligne que tous les faits de violences sont des choses qui sont arrivés à ses ancêtres.
C'était une lecture très prenante, j'en ai émergé bouleversée.

Lien : https://leschasseusesdelivre..
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