Qu'est ce qui nous rend vraiment heureux ?

Nous nous habituons à la ville où nous vivons, à notre glace préférée, à notre œuvre d'art préférée, à notre chanson préférée ; à notre nouvelle maison et à notre nouvelle voiture, à notre augmentation (j'y reviendrai) et, comme je l'ai évoqué au chapitre 1, à nos relations et même au sexe. Quand nous atteignons un but, nous ne sommes contents que brièvement avant de sentir que nous ne serons pas satisfaits tant que nous n'aurons pas accédé à un objectif plus élevé encore.

Nous nous fixons ainsi des attentes et des désirs toujours supérieurs. En général, ce n'est pas une mauvaise chose. C'est parce que nous désirons toujours plus que nous pouvons évoluer : si l'accomplissement de nos désirs nous rendait entièrement satisfaits, nous ne chercherions jamais à faire mieux, à construire de meilleurs meubles, à publier plus de livres, à apprendre plus de langues, à découvrir de nouvelles sources d'alimentation, et à faire plus de découvertes scientifiques.

Si notre dernier triomphe nous plongeait dans une euphorie béate, nous serions incapables de rivaliser avec autrui et nous serions peut-être incapables d'identifier les dangers et les opportunités dans notre environnement.

(Introduction de l'auteure)

Apprendre à voir au-delà des attentes qui accompagnent les mythes du bonheur peut s'avérer d'abord inconfortable et même pénible, mais cet effort peut permettre épanouissement et croissance.

Beaucoup de tournants essentiels peuvent être vus comme des carrefours à partir desquels on peut emprunter deux voies ou plus. (...) Si nous comprenons comment nos idées reçues sur le bonheur orientent nos réactions, nous serons plus susceptibles de réagir sagement.

Même si nous pensons pour la plupart que les gros problèmes créent une insatisfaction plus intense et plus durable, la recherche révèle qu'il s'agit là d'un mythe.
C'est en fait le contraire qui est vrai : les menus agacements et les petites joies que nous causent nos enfants au quotidien influencent notre bien-être beaucoup plus que les événements majeurs de la vie. (...)

En somme, parce que les problèmes graves déclenchent des efforts visant à tenir bon et à réévaluer positivement notre situation, ainsi qu'à susciter un vigoureux soutien émotionnel de la part des autres (et parce que les problèmes moins graves n'entraînent pas cet effet), nous souffrons davantage des petits soucis que des gros, paradoxalement.

(Extrait de la préface de Jacques Lecomte)

Sonja Lyubomirsky nous livre une double sagesse de l'existence.

D'une part, il nous faut apprendre à nous réjouir de notre vie présente plutôt que rêver inutilement ou nous comparer aux autres. Elle nous invite ainsi à goûter le bonheur de la quête plutôt que la quête du bonheur.

D'autre part, elle nous rappelle à quel point l'être humain est fait pour vivre en relation avec les autres. Ce qui nous rend heureux, c'est de valoriser autrui et d'être valorisé, d'écouter et d'être écouté ; en bref, d'aimer et d'être aimé, tout simplement.
L'intérêt pour soi et l'intérêt pour l'autre sont non seulement compatibles, mais plus encore réciproquement bénéfiques.

James Pennebaker, professeur de psychologie à l'université d'Austin, a découvert que mettre noir sur blanc ce que nous inspirent nos tourments (ce qu'il appelle "dévoilement émotionnel" ou écriture expressive") peut consolider notre santé physique et mentale. (...)

Procurez-vous un carnet ou un cahier et commencez à transcrire - pendant au moins trois à cinq jours consécutifs, de préférence plus longtemps - vos pensées et émotions les plus profondes à propos de vos expériences les plus difficiles et les plus douloureuses en tant que parent.