La Ville sainte est autant à nous qu'à vous; elle est même plus importante pour nous, car c'est vers elle que notre prophète a accompli son miraculeux voyage nocturne, et c'est là que notre communauté sera réunie le jour du jugement dernier. Il est donc exclu que nous l’abandonnions. Jamais les musulmans ne l'admettraient. Pour ce qui est du territoire, il a toujours été nôtre, et votre occupation n'est que passagère. Vous avez pu vous y installer en raison de la faiblesse des musulmans qui alors le peuplaient, mais tant qu'il y aura la guerre nous ne vous permettrons pas de jouir de vos possessions. Quant à la croix, elle représente un grand atout entre nos mains, et nous ne nous en séparerons que si nous obtenons en contrepartie une concession importante en faveur de l'islam.
Quant à la croix, elle ne représente pour vous qu'un bout de bois, alors que pour nous sa valeur est inestimable. Que le sultan nous la donne, et qu'on mette fin à cette lutte épuisante.
A-t-on jamais vu un homme remplir sa mission même après sa mort aussi fidèlement que s'il était encore en vie?
A trente-trois ans, le géant roux qui porte la couronne d'Angleterre est le prototype du chevalier belliqueux et frivole, dont la noblesse des idéaux cache mal la brutalité déroutante et la totale absence de scrupu- les. Mais si aucun Occidental n'est insensible à son charme et à son indéniable charisme
« Allahou aalam », « Dieu seul sait ».
« Si j'ai agi de la sorte, a répondu l'esclave, c'est pour gagner la faveur de Dieu en débarrassant les gens de ton existence malfaisante. Tu as opprimé les pauvres et les sans-appui, les artisans, les gagne-petit et les paysans. Tu as traité sans ménagements civils et militaires. »
La riche plaine de la Ghouta, qui entoure Damas comme le halo entoure la lune
Seule la nature semble encore résister à l'envahisseur. L'aridité des sols, l'exiguïté des sentiers de montagne et la chaleur de l'été sur des routes sans ombre retardent quelque peu la progression
L'héritage de la civilisation grecque n'aura été transmis à l'Europe occidentale que par l'intermédiaire des Arabes, traducteurs et continuateurs. En médecine, en astronomie, en chimie, en géographie, en mathématiques, en architecture, les franj ont tirés leurs connaissances des livres arabes qu'ils ont assimilés, imités puis dépassés.
Les chroniqueurs, les cadis, quelques roitelets locaux - Ibn Ammar, Ibn Mouqidh - et les impuissants califes ? Mais les détenteurs réels du pouvoir, et même les principaux héros de la lutte contre les Franj - Zinki, Noureddin, Qoutouz, Baibars, Qalaoun - étaient turcs ; al-Afdal, lui, était arménien ; Chirkouh, Saladin, al-Adel, al-Kamel étaient kurdes.