Alain Mabanckou nous raconte, sous la forme d'un conte africain en trois parties pleines de truculence, les aventures post mortem du jeune Liwa Ekimakingaï, 25 ans, aide cuisinier de son état, mort prématurément après la nuit du 15 août (fête nationale du
Congo), au désespoir de sa grand-mère adoré, Mâ Lembé et expulsé vigoureusement de sa tombe, à peine inhumé. Pour se venger ?
Dans la première partie, Liwa, découvre avec surprise sa condition nouvelle de défunt revenu sur terre, assiste en rêve à sa veillée funèbre de 4 nuits selon la coutume de son ethnie et revit certaines scène marquantes de sa courte vie comme, par exemple, la mort de sa mère à sa naissance ou l'épisode mystique de sa grand-mère chez les Évangélistes…
Dans la 2ème partie, plus artificielle, le héros, bien réveillé cette fois, rencontre plusieurs autres défunts haut en couleur de son cimetière Frère-Lachaise qui l'éduquent sur les règles de sa nouvelle « vie » en lui racontant leur propre vie et mort, souvent peu communes, comme autant de récits dans le récit.
La dernière partie, plus en continuité de la 1ère, nous raconte, enfin, son décès lié à sa rencontre avec la belle Adeline et les actions qu'il va mener pour retrouver la paix.
Un style très imagé pour nous faire découvrir la vie quotidienne animée des habitants de la ville de Pointe Noire, et en particulier du quartier des 300, faite de pauvreté, de travail, d'entraide, de débrouille et d'arnaques aussi. Une vie marquée également par le poids des différences sociales et ethniques écrasantes, jusque dans la mort, de la corruption omniprésente sans laquelle rien ne fonctionne et par-dessus tout de la magie et de la sorcellerie, gratifiant business censé régler tous les problèmes… ou en créer de nouveaux!
Un livre savoureux, parfois un peu répétitif (2ème partie) qui sonne souvent vrai et fait vivre avec amour mais aussi férocité ce petit peuple
congolais où vivants et morts peuvent cohabiter (presque) naturellement !