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sur 212 notes
Au cimetière du Frère-Lachaise, à Pointe-Noire au Congo, Liwa Ekimakingaï commis de cuisine à l'hôtel Victory Palace entame sa nouvelle vie. Comme tous les cadavres il doit rester quatre jours en plein air avec sa famille, les compatissants, les collègues du Grand-Marché autour de lui et surtout les chanteurs-danseuses-pleureuses afin que son voyage vers l'au-delà se fasse dans la danse et dans la joie
Emporté dans un songe il revoit son quartier des Trois-Cents, les images de son enfance, de son adolescence tous les lieux qui ont marqué son existence et sa chère Grand-mère Mâ Lembé qui depuis la mort d'Albertine était à la fois sa grand-mère et sa mère. L'occasion pour le lecteur de faire connaissance de Papa Bonheur le pasteur débonnaire de l'église pentecôtiste « Grâce à Dieu », de Marteau-Piqueur le teigneux inspecteur de police.
Liwa sort de sa tombe pour rencontrer ses voisins du cimetière, Prosper Milandou DRH à la Lyonnaise des Eaux, Mâ Mapassa dont les deux enfants ont été empoisonnés, une femme corbeau, L'Artiste, un musicien bossu qui héberge des esprits dans sa bosse. Un vieil homme surnommé Mamba Noir qui est le chef des habitants du cimetière.

Vous l'aurez compris ce roman au milieu des jeteurs de sorts, des féticheurs, des sorciers est un vrai régal. Jamais je n'ai parcouru les allées d'un cimetière avec autant de plaisir. Alain Mabanckou est un conteur, ses personnages sont savoureux et il nous entraîne dans les coutumes funéraires de son pays natal avec une joie non dissimulée. Il nous dépeint aussi avec sa verve un pays où la corruption est une tradition, où les humains signent des pactes avec les esprits. Plongez vite dans cet univers truculent pour passer un agréable moment. Un coup de coeur.
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Ce récit est très intrigant : on nous y raconte la mort d'un jeune homme, tout en gardant le mystère sur les conditions dont celle-ci est survenue. On y découvre des croyances et des superstitions très ancrées dans la vie africaine locale.
L'intrigue nous tient en haleine jusqu'à la révélation finale !
Cependant, la narration à la deuxième personne du singulier est très déstabilisante et alourdit énormément la lecture.
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Mauvais sort.
A peine froid, Liwa Ekimakingaï est sorti de sa tombe façon pub Merinos dans le cimetière dit du Frère-Lachaise, à Pointe-Noire. Fort mécontent des circonstances de son trépas inattendu, esprit tourmenté un brin chafouin, le revenant n'en revient pas, le mort n'en démord pas, le claqué rêve de claques et il envisage une riposte post mortem. L'utopie des assassinés. Pour sa vengeance, forcément froide, il ne veut pas se contenter du forfait de base pour esprits tourmentés. Il laisse aux autres le soin de hanter une bicoque en faisant un hou-hou poussif sous un drap à la propreté douteuse et il ne veut pas traiter l'affaire à distance en maraboutant les coupables avec une poupée vaudou. Pas de séance d'acuponcture sur un doudou, dis donc.
Avant d'aller déposer son solde de tout compte, il doit s'habituer à sa nouvelle condition de macchabée. Les horaires ne sont pas les mêmes et la nourriture n'a rien de céleste. Il rencontre certaines figures truculentes du cimetière qui lui expliquent le règlement intérieur. Comme les morts s'ennuient, ils s'occupent en se racontant leur vie. Les biographies sont savoureuses même si aucun n'a eu une mort paisible. Peu importe, le résultat est le même.
Liwa profite également d'une petite sieste, les morts ont droit à un peu de repos, pour assister en songe à sa veillée funéraire auprès de sa grand-mère, Ma Lembe, chargée de son élevage depuis sa naissance. Mon cadavre vu du ciel. C'est l'occasion de se souvenir de son enfance et de son emploi de cuisinier à l'hôtel Victory Palace.
Comme le montre la couverture « Gauguinesque » du roman, le mort porte une tenue de dandy daltonien, look proche de celle du Huggy les Bons Tuyaux dans Starsky&Hutch, car son petit accident de parcours était survenu le jour de la commémoration de l'Indépendance du Congo et qu'il s'était mis sur son 31 pour chasser la gazelle.
Alain Mabanckou n'a rien perdu de son humour et cette histoire à dormir ou mourir debout, malgré son sujet, n'épouvantera personne. Les petites natures peuvent se lancer dans cette lecture sans crainte. Inutile ensuite de faire une cure de Matthieu Ricard ou de Frédéric Lenoir pour revoir la vie en rose avec un sourire béat. Il faudra aussi trouver une autre excuse pour sauter au cou du voisin. Ce n'est pas la version congolaise de l'Exorciste ou de Poltergeist. Les morts sont bien vivants et cette farce est surtout l'occasion de souligner une lutte des classes qui se prolonge dans l'au-delà. Même dans un cimetière, les inégalités perdurent, les riches ont un cimetière réservé et la meilleure vue (un vrai luxe quand on est six pieds sous terre. Il ne manque que le jet privé pour rejoindre le Paradis en première classe). L'auteur dépeint aussi la ville de son enfance, la corruption endémique, le pouvoir (pas magique) des sorciers dans le pays, dont les services se monnayent au bénéfice hommes cupides prêts à tout pour obtenir une place au soleil et au maléfice de tous ceux qui contrarient leurs projets. le comble du chic est d'avoir son charlatan à domicile à plein temps. Solde d'été : Une petite promotion contre un sacrifice humain. No problemo, les affaires sont les affaires. Même les footballeurs s'y mettent…
Une histoire originale et amusante qui me semble néanmoins moins aboutie que d'autres romans d'Alain Mabanckou comme « Petit Piment » par exemple que j'avais particulièrement aimé. Une histoire qui n'est pas à tomber par terre, précaution utile dans un cimetière, mais j'ai passé une bonne Toussaint en cette fin août. Et puis, je préfère fréquenter des manguiers plutôt que des cyprès, même de loin.
Moi, je ne crois qu'au mauvais esprit.

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Liwa Ekimakingaï a passé son enfance auprès de sa grand-mère, Mâ Lembé, et continue à habiter chez elle car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Commis de cuisine à l'hôtel Victory Palace de Pointe-Noire, capitale économique de la République du Congo, il attend de rencontrer l'amour. Un soir de 15 août où l'on fête l'indépendance du pays, il réunit ses plus beaux atours assez extravagants, tout juste achetés l'après-midi, pour aller en boîte. Il va perdre la vie ce soir-là.

A peine enseveli, Liwa qui n'accepte pas les conditions de sa mort ressort de sa tombe. Veut-il se venger ?

Dans une première partie "Le rêve le plus long de ta mort", Liwa remonte dans la vie et assiste à sa propre veillée funèbre de quatre jours et à son enterrement. Ensuite l'auteur raconte les rencontres que fait Liwa à peine arrivé à Frère-Lachaise, le cimetière des pauvres, pour conclure dans une dernière partie sur les circonstances de la mort du jeune homme qui voit défiler ses dernières heure de vie.
Au fil des pages, Alain Mabanckou nous fait découvrir les rites funéraires, l'accompagnement du défunt dans la danse et la joie avec la participation active de chanteuses-danseuses-pleureuses qui rivalisent d'ardeur dans leurs chants et leurs pleurs. Puis il nous régale avec les histoires savoureuses de certains des voisins de tombe de Liwa, notamment l'ancien DRH, chef de secteur, chargé d'accueillir les nouveaux et de les dissuader de commettre l'irréparable en ne pensant qu'à la vengeance. Grâce à une construction intéressante, les circonstances de la mort de Liwa ne nous seront dévoilées que dans les dernières pages du roman.
Alain Mabackou a l'art de faire vivre le monde des défunts et montre que la distinction sociale perdure par-delà la mort avec le Cimetière des Riches et Frère-Lachaise, Cimetière des Pauvres, et va jusqu'à mettre en scène un soulèvement des défunts qui s'opposent à ce qu'un criminel proche du président soit enterré parmi eux.
Il dépeint un pays où la corruption est pratique courante, un pays où chacun a tendance à vouloir résoudre ses problèmes en jetant des sorts, où les humains signent des pactes avec les esprits, où traditions, sorcellerie, présages, immolations d'animaux et même sacrifices humains, guérisseurs et féticheurs, "sorcières de maison" protectrices des riches, font partie du quotidien. Dans ce compagnonnage de chacun avec les esprits et les forces occultes, certains défunts ont même le pouvoir de se dissimuler derrière des enveloppes humaines prenant à leur gré les traits de n'importe quel individu pour ensuite se mêler aux vivants.
Il n'y a rien de macabre dans ce texte, au contraire, la mort est évoquée comme une seconde vie et la cohabitation entre défunts et vivants se passe en général bien. Avec son talent narratif et sa verve habituels Alain Mabanckou a réussi à me passionner avec cette histoire tellement différente de mes lectures habituelles que je suis certaine de m'en souvenir longtemps.
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Avec le commerce des Allongés, Alain Mabanckou revient dans sa ville natale, Pointe-Noire, au Congo, et c'est l'assurance de voir surgir de nouveaux personnages hors-normes, enjolivés par le style délicieusement imagé de l'auteur. le lieu central du roman est le cimetière de Frère-Lachaise, que tout oppose à celui dévolu aux riches, et le héros, prénommé Liwa, un jeune garçon, nouveau locataire des lieux, donc physiquement décédé, mais très avide de revenir auprès des vivants afin de venger sa mort, qu'il juge injuste. de la fantaisie et de l'humour, il y en a dans le commerce des Allongés, ainsi que de la magie et du surnaturel, mais aussi une certaine gravité avec une volonté de souligner les inégalités sociales dans la société ponténégrine, qui se retrouvent d'ailleurs chez les défunts. Dans le commerce des Allongés, la frontière est fort étroite entre les vivants et ceux qui ne le sont plus et ce n'est pas le moindre talent de Mabanckou que de nous guider dans cet entre deux équivoque. Si le sort de Liwa nous importe en priorité, l'auteur s'ingénie avec brio à ménager le suspense, en nous racontant les dernières heures du garçon ou ses funérailles, mais surtout les conversations qu'il entretient, en tant que "bleu" du cimetière, confronté aux souvenirs d'existence de nouveaux collègues de l'au-delà. Pour qui connait l'art de Mabanckou, le commerce des Allongés ne représente pas une révélation et peut paraître plus sage (dans son écriture) que certains de ses romans précédents, mais il reste infiniment plaisant et inspiré.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Dans ce nouveau roman, Alain Mabanckou revient à sa chère Pointe-Noire pour faire parler les morts… et c'est loin d'être triste d'autant qu'ils ont beaucoup à dire. Un régal !

Liwa vient d'atterrir au cimetière du Frère-Lachaise, le cimetière des pauvres de Pointe-Noire, à l'issue d'un enterrement en grande pompe. Liwa etait jeune et en pleine forme et n'est par conséquent pas prêt à accepter sa nouvelle condition malgré l'aide et les conseils apportés par ses nouveaux colocataires. Il va se souvenir des circonstances qui l'ont conduit en ces lieux, remonter sa vie jusqu'au moment fatidique, mener son enquête, et cela commence par la tenue haute en couleurs qu'il porte.

On renoue avec la générosité d'Alain Mabanckou dans ce roman, générosité de mots et d'imagination. On retrouve avec grand plaisir l'ambiance de Pointe-Noire, son Grand-Marché et ses commerçantes solidaires menées par la grande Sabine Bouanga, son affection pour des personnages magnifiques, tels le jeune Liwa ou sa grand-mère Mâ Lambé qu'il dépeint à merveille. le défilé des macchabés est à ce titre une petite pépite !

Le commerce des allongés a tout pour plaire : une histoire bien menée, divertissante à souhait grâce notamment à un humour toujours aussi efficace et à des descriptions très vivantes des us et coutumes congolais mêlant religion et superstitions de toutes sortes. Mais ne nous trompons pas, c'est également une peinture admirable de cette société d'Afrique-Noire, de ses classes populaires, et un brûlot contre ses dirigeants corrompus, magouilleurs, clientélistes, dénonçant les sempiternelles complots ourdis par des personnages sans aucun scrupule et qui tueraient père et mère pour s'offrir la plus grosse part du gâteau.
A lire absolument !
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