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EAN : 9791038802407
100 pages
Ex Aequo (20/11/2021)
3.75/5   12 notes
Résumé :
Aline n’a que vingt ans quand ses parents meurent dans un accident ferroviaire. Rien ni personne ne peut la consoler. Et c’est le cœur lourd qu’elle les abandonne dans le champ de repos lugubre ouvert aux vents du pays cauchois. Elle a la sensation atroce de les avoir déposés en enfer.


Quand je reviendrai, je vous fleurirai pour l’éternité, leur promet-elle.


Quelques années plus tard, elle est mairesse de Touffreville-la... >Voir plus
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Chaque bourgade et ville en possède un. Tous, nous avons foulé ses allées, et tous… nous y prendrons place un jour. Un cimetière, bien évidemment.
Celui dont il est question dans ce roman n'est pas encore construit et Aline se bat avec acharnement pour que son projet aboutisse : en créer un, intercommunal, qui verra le jour dans son village dont elle est la mairesse. Mais c'est sans compter sur les réfractaires, les corrompus et les enjeux du pouvoir. Elle obtient finalement gain de cause et c'est à Antoine, paysagiste atypique, auquel revient la mission de construire « La Dernière demeure » dont il devient le gérant et assume, seul, le bon fonctionnement.
Antoine ? Un personnage entier qui se voue à corps perdu dans son travail et qui n'a qu'une motivation : faire de ce lieu un espace dans lequel la peine des vivants sera adoucie, et les volontés des morts respectées. Pour ce faire, sa créativité ne connait pas de limites. Ses qualités humanistes le mèneront parallèlement à s'investir auprès des orphelins de Zambie, et le propulseront d'ailleurs aux frontières du concevable, de l'acceptable. Ses actes… altruistes dépasseront l'entendement. Quel rapport entre le cimetière et les enfants d'Afrique ? Je vous laisse le découvrir vous-mêmes, car chacun décidera ensuite de ce qu'il pense de la teneur de ce lien.
Roman déroutant, offrant un véritable questionnement personnel. Roman si réaliste, voire sordide et tout à la fois si poétique. Roman, enfin, qui nous perd entre une certaine indignation et un possible apaisement.
Ce qui m'a lu plus séduite dans ce livre, c'est qu'il interroge sur nos propres perceptions de la symbolique du lieu qu'est le cimetière. D'ailleurs, est-il fait plus pour les morts ou pour ceux qui restent ? N'est-il pas avant tout le support d'un imaginaire qui permet aux vivants de « visiter » leurs défunts et de leur redonner une place qui nous convient en remaniant notre rapport à leur absence? Antoine n'aide-t-il pas à cela dans sa manière d'avoir pensé et de gérer son cimetière ?
Je reste également indécise : Antoine a-t-il vraiment dérapé dans la deuxième partie du roman ? Oui bien sûr, mais… je ne peux m'empêcher de comprendre son acte et de l'excuser.
Allez, je me permets pour finir, un dernier petit avis personnel : la première partie est un peu technique et je l'ai parfois trouvée un peu longue.
Ce roman ne laissera personne indifférent. Atypique, inhabituel, il déroute un peu. Mais franchement, il est une belle découverte !
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Un joli titre, un peu énigmatique, une belle couverture qui m'attire, et un auteur que je ne connais pas mais qui est publié par ma maison d'édition… tout cela fait que j'ai eu envie de lire « A l'ombre de la colline aux ours », de Jean-Pierre Mabille, paru aux Editions Ex Aequo en novembre 2021.
Allée du Pré aux Loups, du Champ des Oiseaux, des Boucles de l'étang avec ses nénuphars et ses joncs, de la Clairière aux Ecureuils… non, nous ne sommes pas dans un jardin mais dans un cimetière, le cimetière-jardin dont rêvait Aline, maire de son village, pour offrir une dernière demeure à ses parents, morts dans un accident d'avion alors qu'elle n'avait que vingt ans. Elle se bat, madame le maire, pour obtenir que ce cimetière soit réalisable, soit tout d'abord accepté par des membres du conseil municipal. C'est l'objet de la première partie du roman. Elle lutte de toutes ses forces, Aline, contre les intrigants, les malhonnêtes, les retors, pour mener à bien ce projet qui lui tient tant à coeur. Dans ce travail difficile de maire, dont nous savons généralement assez peu, nous la suivons avec intérêt, avec étonnement parfois, dans ses découvertes… des malversations des uns aux intérêts tout personnels des autres. L'auteur nous brosse des portraits d'un réalisme saisissant, tel ce paysan matois qui ne veut pas vendre le terrain où Aline projette d'ériger son cimetière.
Habile, elle a finalement gain de cause, ce qui lui fera rencontrer Antoine, paysagiste talentueux et passionné, qui nous invite à l'accompagner dans la seconde partie du roman… Sous nos yeux curieux, souvent émerveillés de tant de créativité, d'originalité, Antoine construit seul cette « Dernière Demeure » qu'il veut un Paradis pour accueillir les défunts. Nous apprenons beaucoup sur cet univers du funèbre que nous connaissons si mal, sur lequel nous ne voulons peut-être pas volontiers nous pencher, mais qui pourtant est passionnant. Et… Antoine, soutien indéfectible de ces innombrables orphelins de Zambie que nous apprenons aussi à connaître, va petit à petit nous entraîner à ses côtés dans une aventure improbable, hallucinante, inimaginable que je vous laisse découvrir dans ce roman prenant, très original, qui ne manque pas de nous faire réfléchir, et que je vous recommande !
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C'est une vraie surprise que cette lecture atypique. Je participe à la masse critique Babelio pour découvrir des livres vers lesquels je n'irai pas en temps normal. je ne connaissais ni l' auteur ni la maison d' édition et j'ai été intriguée par ce résumé. Quelle idée d'écrire autour de cette thématique de la création d'un cimetière ?

J'avoue qu'il m'a fallu m'accrocher car je trouvais le début. de l'ouvrage plus proche d'un compte rendu de conseil municipal que d' un roman. C' est à la page 128 que mon esprit a enfin trouvé du sens à cette histoire quand Antoine, personnage secondaire de la deuxième partie devient le héros du récit.

Ce paysagiste, devenu gérant du cimetière communautaire prend
une initiative qui va changer à jamais le cours de sa vie.

Il est intéressant à notre époque, dans une société vieillissante de réfléchir aux implications du choix de la dernière demeure par celui qui va mourir ou par ses proches. Quels véritables marges de manoeuvre avons-nous en réalité ? Est il plus important de respecter le choix des morts ou d'aider les vivants ? Réfléchissons nous tous de la même manière ou notre histoire familiale ou notre culture ont elles un impact sur notre façon de penser à l'éternité ?

Au final j'ai fini par apprécier cette lecture même si quelques tournures de phrases sonnaient comme un peu datées et ont ralenti ma lecture de la première partie de l'histoire.

Une histoire différente et originale.
Merci Babelio et les éditions Ex Æquo grâce à qui j' ai . découvert Jean - Pierre Mabille
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À la suggestion de Jean-Pierre Mabille, je viens de lire son roman À l'ombre de la Colline aux Ours – et je le remercie beaucoup!
Comme le résume la promo du livre, l'intrigue se déroule autour d'un cimetière, mais les héros, eux, sont bien vivants. En effet, chacun des personnages principaux est aussi détaillé qu'une image HD 4K. L'auteur ne fait pas que brosser un portrait d'Aline la mairesse, il nous invite à l'accompagner dans toutes ses tâches, reliées ou non à la création du cimetière; il nous convie aussi dans son coeur, brisé d'avoir perdu ses parents. Si bien qu'au bout de quelques pages, on devient Aline. Même chose pour Antoine, qui sera l'entrepreneur de pompes funèbres dudit cimetière. Et chaque détail est crédible, instructif, parfois fascinant.
Mais qui dit cimetière dit bien souvent mystère, dans une oeuvre de fiction, peut-être même horreur, du moins histoire morbide. Dans ce roman, c'est en pleine clarté et sur une note ultraréaliste que l'auteur nous fait son récit, tout en tendant une main devant lui pour nous demander d'être patient. On sait que surviendra un coup de théâtre. Par moment, je croyais presque entendre au loin la flûte de Pan qui nous tient en haleine dans Pique-nique à Hanging Rock. Mais contrairement à ce film qui n'est en bout de ligne qu'atmosphère, À l'ombre de la Colline aux Ours nous surprend – j'ai même sursauté à la fin d'un chapitre, chose assez peu courante quand on lit – nous livre un dénouement qui répond à toutes nos questions, et lance une réflexion!
La promotion du livre dit également inclassable – c'est vrai, je n'ai jamais lu auparavant une histoire aussi morbide restant pourtant aussi collée sur le quotidien. Qui aime l'inusité, la rigueur et la finesse, aimera.
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Retour SP sur: "A l'ombre de la colline aux ours" de Jean-Pierre Mabille .

Aline, jeune femme ayant perdu ses parents trop tôt, devient quelques années plus tard la mairesse du village où ils sont enterrés, afin de veiller sur eux..

Après s'être battue lors de conseils municipaux houleux, la construction d'un nouveau cimetière est acceptée...

Et c'est Antoine, paysagiste de métier, qui va en assurer le bon fonctionnement.

C'est sur fond de mystère, qu'une histoire sordide va sortir de ces pages..

Quand on dit que dans un tel lieu tout est calme et paisible... On change vite d'idée Après avoir lu ce livre..

C'est le deuxième roman que je lis de Mr Mabille et je dois dire qu'il m'a encore surpris..
A travers ces lignes, j'ai voyagé avec des noms d'allées chantant, poétique. ..mais surtout il arrive à nous embarquer dans un univers auquel on ne s'attend pas du tout..
La mort, le deuil, l'accompagnement, la dernière demeure, tout y est presque raconter dans un murmure jusqu'au moment où tout dérape..
Un roman qui ne laisse pas indifférent.

RÉSUMÉ: Aline n'a que 20 ans quand ces parents meurent dans un accident ferroviaire.
Rien ni personne ne peut la consoler. Et c'est le coeur lourd qu'elle les abandonne dans le champ de repos lugubre ouvert aux vents du pays cauchois. Elle a la sensation atroce de les avoir déposés en enfer.
"Quand je reviendrai, je vous fleurirai pour l'éternité, leur promet-elle. .."
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quelques temps avant le roman, dans la grande salle du Conseil d’Yvetot :
1er épisode
̶ Messieurs ! Messieurs ! tempêta le président en claquant les deux mains sur la table. Gardez votre sang-froid, je vous prie !
Dire que la séance était houleuse serait un euphémisme. De l’extérieur, malgré le bruit de la pluie et celui des roues de voitures sur l’asphalte trempé, on reconnaissait sa grosse voix caverneuse à travers les murs épais de l’hôtel de ville.
Il fallut encore une bonne minute avant que le brouhaha ne remplace les éclats de voix, pendant qu’il mettait, retirait, triturait nerveusement ses lunettes. Il était lui-même excédé.
̶ Pour ce qui est de ce défunt, reprit-il insistant, il reste encore vingt-sept places dans les cimetières de la communauté.
̶ Mais deux seulement dans ma commune ! hurla le maire de Bois-Himont, hors de lui. Et quand la mère Cauchois va s’éteindre, il est hors de question de l’enterrer ailleurs ! Cent-huit ans ! Elle est née ici et tous les habitants la connaissent ! J’ai pas envie de les avoir sur le dos avec la radio, la télé et tout le saint-frusquin, moi !
̶ J’entends bien Monsieur Leroux. Il reste donc vingt-six places...
̶ Vous vous moquez ? éclata Langlois à son tour en se levant si brusquement qu’il fit tomber sa chaise. À Rocquefort, sur les trois places restantes, j’en ai deux réservées dans le caveau Blondel ! Alors ? termina-t-il en pointant un doigt insolent.
Éludant cette nouvelle provocation, le président tendit son long bras vers la gauche, tenant ses lunettes par le verre :
̶ Monsieur Duval, vous souhaitez intervenir.
Mécaniquement, il chaussa de nouveau ses lunettes et se plongea au milieu de ses notes volumineuses.
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Episode 2

̶ Mes chers collègues... commença Duval sur son habituel ton professoral, sans parvenir à couvrir le bruit des conversations.
Il se leva lentement, digne, réajusta son nœud de cravate, croisa et boutonna sa veste bleu marine d’un geste élégant, lissa ses cheveux grisonnants parfaitement coiffés et attendit, balayant l’assemblée d’un regard patient, que cessent les discussions.
Enfin, le silence s’installa et il put entamer sa diatribe d’une voix forte et chantante, dont le registre s’accordait à merveilles avec son allure de ténor.
̶ Eh quoi ? Mes chers collègues. Ne sommes-nous pas en train de nous entre-déchirer sur un sujet qui mérite au contraire notre alliance ? Nos cimetières sont pleins. Soit ! Notre devoir n’est pas seulement de trouver une place pour enterrer le corps du défunt Cordier. Je reviendrai d’ailleurs ultérieurement sur ce point. Notre devoir est de répondre aux besoins de nos administrés.
Déjà, quelques-uns remuaient sur leur siège, prêts à intervenir aux propos du futur président. Car personne dans cette assemblée ne doutait qu’il remplacerait Hamel à son départ en retraite.
̶ De tous nos administrés ! Quelle que soit leur opinion ! asséna-t-il pour balayer toute contestation.
Il saisit son verre d’eau, but deux gorgées avec une élégance affectée et enchaîna lentement, emphatique.
̶ Notre devoir est de satisfaire l’ensemble de leurs besoins. Vous n’ignorez pas que c’est ainsi que je conçois le développement durable, dans le plus pur respect de l’environnement. Nous sommes coupables de n’avoir pas anticipé la saturation de nos cimetières, et ce n’est pas le maire de Sainte-Marie des Champs qui me contredira. Nous n’avons plus de place pour enterrer nos morts !

Le terme morts résonna comme un glas et le silence se fit profond, macabre.
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Tous les dimanches, il était le premier à arriver au marché, dans sa camionnette grise rongée par la rouille. Avant les autres. Pour vendre ses produits aux vielles Toufrevillaises qui le connaissaient depuis toujours et aux jeunes élégants, fraîchement consommateurs invétérés de produits bios.
Il portait toujours une vieille blouse, qui avait été beige, ouverte sur un col de chemise crapé. Fermé à étrangler son maigre cou de poulet. Et puis une sorte de pantalon en pied-de-poule dont on ignorait la couleur d'origine.
Il abreuvait ses clients d'histoires de familles anciennes. En patois. La bouche édentée grande ouverte sous son nez tordu de cauchois d'origine. Bavard. Observant par en-dessous, d'un petit œil gris-bleu suspicieux, les doigts qui s'approchaient des œufs.
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