Dans ce petit essai d'une centaine de pages, l'auteur tente de faire un parallèle entre nos musées modernes et les religions. Cette affirmation peut surprendre de prime abord, mais les faits pour l'étayer sont nombreux : l'apparence architecturale des grands musées, l'attitude de silence et de respect des visiteurs, la transition de beaucoup d'objets de vrais lieux de culte vers les musées, etc.
Malheureusement, à côté des exemples convaincants, j'en trouve beaucoup trop de moins bon à mon goût. On parle par exemple des directeurs de musée, qui commencent leur carrière dans les petits musées de campagnes pour finir dans ceux des grandes villes, comme les prêtres d'autrefois. Mais commencer par peu de responsabilités, puis en obtenir plus une fois qu'on a fait ses preuves, ça me semble une trajectoire plutôt banale dans n'importe quel métier. On nous parle également de séparation sacré/profane puisqu'il y a des parties du musée réservées uniquement au personnel, et qu'eux seuls peuvent manipuler certains objets. Mais dans ce cas-là, il faudrait écrire un « Culte du cinéma », un « Culte du théâtre » voire même un « Culte de la banque » ou un « Culte de la poste ».
Je ne vais pas passer en revue tous les arguments pour m'exprimer sur leur validité, mais beaucoup d'entre eux peuvent s'appliquer à trop de situations banales pour être recevables. Pire même, à force d'accumuler des arguments trop légers, c'est l'ensemble de la thèse qui semble tomber en morceaux.
Pour résumer, un essai auquel je ne risque pas de vouer un culte.
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Si l'objet de musée, retiré du monde du marché, est censé perdre sa valeur d'usage et d'échange, la valeur pour laquelle il a été choisi (que les muséologues appellent muséalité) repose donc sur un composé complexe d'informations, de temps et de formes. Ce sont ces dimensions que les officiants s'attachent à déterminer en sélectionnant les objets à partir de ces critères, et que les pratiquants semblent apprécier, par-delà les valeurs d'échange (qui demeurent, bien qu'abandonnées).
François Mairesse, le musée et la muséologie