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EAN : 9782359840568
52 pages
Esperluète éditions (01/03/2015)
3.42/5   12 notes
Résumé :
Franz Stangl, ex-commandant du camp d'extermination de Treblinka, fut arrêté au Brésil, incarcéré à la prison de Düsseldorf et condamné à la réclusion à perpétuité en 1970. Theresa Stangl, sa veuve, est restée dans leur maison de Sao Paulo où ils avaient vécu incognito durant seize ans avec leurs enfants. C'est là, juste après la mort de son mari, en 1971, qu'elle a reçu la visite de Gitta Sereny, journaliste, qui lui a demandé de parler de son mari, de leur vie, de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Nicole Malinconi fait partie de ces auteurs qui n'ont pas passé le cap du premier livre aux éditions de Minuit, car oui : elle a fait paraître son très durassien premier roman au mitan des années 80 sous la prestigieuse étoile des éditions de Minuit. Malheureusement Jérôme Lindon ne validera pas le manuscrit suivant, ce qui vaudra à l'auteur de faire paraître ses livres à un rythme régulier, certes, mais chez (trop) de différents éditeurs. Pour ma part je l'ai découverte il y a quelques années pour son magnifique roman À l'étranger, qu'il faut lire absolument car il raconte - avec cette écriture du réel qui lui est chère -, le retour aux pays d'exilés italiens ; un retour voué à l'échec, un retour voulu par le mari, regretté par son épouse, un retour "vu" par la petite fille qui est la narratrice de ce court mais admirable roman - c'est un livre bouleversant. C'est donc avec plaisir que je découvre Un grand amour, paru aux éditions l'Esperluette. Je retrouve son écriture sensible, serrée, son souci de traiter le réel sans fioriture. Partant du livre de la journaliste Gitta Sereny paru dans les années septante (un livre d'entretiens avec Franz Stangl, ex-commandant du camp d'extermination de Treblinka, qui avait réussi à s'échapper avec l'aide de l'église catholique pour l'Amérique du sud, où il vécut seize ans avant d'être enfin arrêté et remis à la justice allemande), Nicole Malinconi se met dans la tête de la femme de Franz Stangl, Theresa Stangl, qui, par amour pour lui, est toujours restée à ses côtés tout en condamnant ses actes. C'est donc un livre qui revient sur la guerre, la découverte des atrocités commises par les nazis, du point de vue de cette femme dont le seul désir est de vivre près de son mari, de leurs enfants, mais qui, à l'arrestation de Franz, est obligée de faire face au resurgissement du passé. Un grand amour est un livre perturbant, bien écrit, efficace, qui pose les bonnes questions dont celle de la responsabilité de chacun, presque égal à la puissance dramatique du roman philosophique de Georges Steiner "Le transport d'A.H." (1981) dont je ne peux que recommander la (re)lecture.
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Franz Stangl a toujours été le grand amour de Theresa, « parce que les raisons de ne plus l'aimer, moi je les ai contournées ; je m'en suis détournée comme on détourne le regard sans avoir vraiment vu, sans avoir voulu voir ; je les ai même oubliées finalement, au point qu'une seule évidence demeurait dans le chaos, c'était que je portais son nom ; je m'appelais Theresa Stangl, Frau Stangl parce que je l'avais choisi pour mari, lui, Franz Stangl, que depuis le début je l'avais aimé, que j'étais sa femme. »
Mais peut-on aimer envers et contre tout ? Peut-on fermer les yeux sur les actions commises par celui qu'on aime ? Car enfin, Franz Stangl, ce n'est pas n'importe qui. C'était le commandant de Sobibor, puis de Treblinka, deux camps d'extermination nazis.
Le livre est très court, puisqu'il ne compte que cinquante pages, mais chacune est dense, âpre, dure. Nicole Malinconi se glisse dans la tête de Theresa et la place face à un dilemme : aurait-elle pu faire quelque chose au lieu de choisir la voie de la facilité et de faire semblant de ne rien savoir ? Theresa se paie de belles paroles, tout comme Garcin dans « Huis clos », auquel Inès lance : « Tu n'es rien d'autre que tes actes ».
Theresa s'est persuadée qu'elle avait mené une « vie honorable » parce que cela l'arrangeait. Pourtant, quand elle a « vu sa photo, en uniforme, dans les journaux, et lu qu'on avait arrêté le commandant de Sobibor et de Treblinka, et su enfin qu'au lieu des travaux de construction, c'étaient des milliers de mises à mort qu'ils avaient dirigées comme on dirige une entreprise, que c'était lui le commandant », elle ne peut plus se leurrer. « Il m'avait menti, lui, cet homme honorable, à propos d'une chose si déshonorante ; il était des leurs et il me l'avait caché. »
J'ai donc trouvé ce texte très intéressant, car Nicole Malinconi pénètre dans les pensées, les interrogations de Theresa qui, pendant des années s'est permis de croire à une belle histoire d'amour et a excusé, en son nom, non seulement l'atrocité des actes commis par Franz, mais a occulté sa part de responsabilité personnelle.
Une terrible et intéressante réflexion, malgré la brièveté de l'oeuvre.
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Une plaquette parue chez Esperluète mais un grand récit. Nicole Malinconi prete sa plume à Theresa Stangl, femme de Franz Stangl, commandant de Treblinka. L'histoire vraie d'une femme amoureuse, d'une mère aimante. Que savait-elle, qu'ignorait-elle sur les camps, sur son mari attentionné, sur ce père attentif, sur l'homme qui en a envoyé tant à la mort?
Un récit fort et touchant aussi tendre que dérangeant.
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Un court récit très dense et porteur de maintes interrogations.

Theresa Stangl, epouse de Franz Stangl, commandant à Sobibor et Treblinka revient sur sa vie, sur son amour pour son mari, sa vie de famille et ce après l'arrestation de son mari et sa rencontre avec une journaliste.

Comment vivre avec ça…et comment aurait-on pu l'empêcher ?

Un récit qui se lit d'une traite et laisse comme une brûlure.

Un récit à lire, auquel il faut se confronter et dont il est difficile de parler
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"Tenter d'approcher ensemble une vérité, m'a dit la journaliste. Moi, à force de lui parler, je croyais que ma vérité c'était notre amour à lui et moi, que l'amour m'avait guidée durant toutes nos années et même après, même là devant elle, tandis que je parlais. La force de l'amour, elle devait l'avoir comprise déjà, quand ils s'étaient rencontrés ; elle l'avait entendu lui dire combien il avait de désir pour moi, combien je lui manquais. Autrement, elle ne m'aurait pas posé sa question, à la fin, ou bien il lui en serait venu une autre : elle n'aurait pas pensé justement au pouvoir de l'amour, à ce qu'il peut exiger quelquefois que l'on fasse ; ni donc supposé qu'ainsi, à cause de l'amour, j'aurais pu demander à mon mari de choisir entre Treblinka et moi, lui dire de quitter Treblinka sans quoi moi et les enfants nous allions le quitter. Elle ne se serait pas demandé non plus ce qu'il aurait alors décidé, en réponse, ni ne m'aurait demandé à moi ce que je croyais qu'il aurait décidé, si je le lui avais dit.

Elle me l'a demandé."
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Videos de Nicole Malinconi (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicole Malinconi
Le mercredi 10 mars 2021, Nicole Malinconi se prêtait au jeu de la rencontre "en librairie" de façon virtuelle en dialoguant avec la libraire Maya Orianne, de la librairie "A livre ouvert" à Bruxelles. Elles y évoquent le récit de Nicole Malinconi paru aux Impressions Nouvelles en janvier 2021, "Ce qui reste".
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