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sur 89 notes
Fannie et FreddieMarcus Malte

Deux nouvelles noires, très noires sur le thème de la solitude et du désespoir

Dans la première nouvelle, qui donne donne son titre au livre, Marcus Malte nous entraîne sur la cote Est des Etats-Unis, dans le New Jersey. A la suite de Fannie, qui par une nuit d'hiver part à la "chasse" et une fois sa proie ferrée et attrapée commence un huit-clos terrifiant. Fannie va assouvir une vengeance implacable.
L'auteur nous entraîne au fond du désespoir et aux limites de la folie.

Dans la seconde nouvelle, retour dans le sud de la France avec : "ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas", où un officier de police tente de résoudre "une enquête" dont les évènements se sont passés quand il était encore enfant et qui sont à l'origine de sa carrière dans la police.
La solitude, la tristesse et les traumatismes de l'enfance sont au coeur de cette nouvelle
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Fannie et Freddie rassemble en réalité deux courtes histoires que j'assimile à des nouvelles, Fannie et Freddie d'une part et Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas d'autre part.

Le point commun entre ces deux histoires est la noirceur, et le basculement de vies sur un coup de feu. Deux histoires, deux êtres paumés, dans des environnements marqués par la crise, sinistrés, où le chômage est loi. La première nouvelle est particulièrement puissante. Elle nous embarque aux Etats-Unis, dans ces villes décimées par la crise des subprimes qui a poussé à la rue des milliers de famille en accession à la propriété. Autant de drames humains qui semblent bien loin des considérations de ces hommes et femmes qui spéculent avec l'argent des épargnants...

L'argument du livre parle d'une "vengeance à couper le souffle". Pour moi, ces deux histoires témoignent surtout de la détresse qui peut envahir les êtres humains à la faveur d'un acte, et les extrémités auxquelles ces gestes peuvent conduire... Deux histoires sombres et puissantes, qui témoignent du talent de Marcus Malte à écrire la détresse et la face sombre de notre monde.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Un huis-clos sur fond de vengeance. La tension monte crescendo, pour nous lecteur, parce qu'on ne connaît pas le motif de l'enlèvement ni les relations entre Fannie et Freddie, l'homme agressé. Ce n'est que petit à petit que Fannie s'explique, que Freddie (ne) comprend (pas) les raisons de son geste.
Une nouvelle ou un court roman d'à peine 90 pages qui se déroule aux Etats-Unis, dans une ville sinistrée par la fermeture de l'aciérie locale. Pourtant cette usine et les gens qui y ont travaillé ont construit le pays, oubliés maintenant, victimes pour beaucoup du capitalisme outrancier et de la spéculation. "Elle dit : Je te parle de ceux qui ont l'argent et le pouvoir. Les tout-puissants. Les tout-permis. Ceux qui ont atteint les sommets de ce qu'on appelle la réussite. Ceux qui sont au-dessus de tout. Mais comment. Comment ils ont fait pour arriver là-haut, si haut ?... En écrasant les autres. C'est comme ça qu'ils font. Ils les piétinent. Ils leur marchent sur la tête, ils leur passent sur le corps. Et les cadavres s'accumulent sous eux. Des tas et des tas, sur lesquels ils continuent de grimper. Grimper, grimper, grimper. Tu peux être sûr que plus ils s'approchent du ciel, plus ils ont de morts sous leurs godasses." (p.59/60) Un roman noir social, en plein dans l'actualité de la crise et de la vie difficile pour les plus pauvres qui continuent à s'appauvrir alors que les riches n'ont jamais été aussi riches. Un roman rapide, aux phrases courtes qui va à l'essentiel sans oublier les personnages, fictifs mais sans doute très réels pas dans leur jusqu'au-boutisme, mais dans leurs difficultés à surmonter l'échec d'une vie ou au contraire dans leur manque d'empathie envers les plus faibles voire même leur mépris.
Ce roman est suivi d'une nouvelle d'une soixantaine de pages, intitulée Ceux qui construisent les bateaux ne le prennent pas. Les deux textes se répondent, ont un contexte similaire, même si ce dernier se déroule à La Seyne-sur-Mer, ville natale de Marcus Malte. La Seyne-sur-Mer était connue pour ses chantiers navals abandonnés depuis des années. Depuis, cette ville populaire -c'est rare dans le coin- des bords de la Méditerranée a du mal à se reconstruire. le souvenir des chantiers est très vivace, on y travaillait de père en fils ; les fils d'aujourd'hui sont au chômage. C'est là que travaille Ingmar Perhsson, flic, qui depuis vingt-sept ans cherche à comprendre la mort de son seul ami, Paul, tué d'un coup de P 38, à l'âge de 14 ans. Il déambule en ville, tente de comprendre et de s'occuper pour que son mal-être ne le submerge pas. Un texte dans la lignée du précédent avec un héros de polar type, blasé, mal dans sa peau, solitaire.
Dans ces deux textes, Marcus Malte nous balade dans des villes ouvrières à la reconstruction ardue qui laissera beaucoup de gens sur le côté. Pas gai, bien sûr, mais franchement bien vu, et l'écriture de l'auteur nous emmène jusqu'au bout de ses deux histoires sans qu'on ait vu passer le temps.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Au début il n'y avait rien… A la fin non plus

De l'étrangeté d'un personnage, une femme avec un oeil de verre, à l'inquiétante situation d'enlèvement. Dans des Etats-Unis à la fois réels et imaginaires, Marcus Malte construit un étonnant récit. L'auteur dit et masque, comme par exemple les prénoms du titre. Une double entreprise de séduction, celle des lectrices et des lecteurs, celle plausible de cette femme envers un sujet que l'on découvrira plus tard.

Se coiffer, se tenir, sont des stratagèmes, « minerve » ou « cyclope », choisir ses vêtements… mais aussi le double d'une stratégie « On dit que Minerve est la déesse de la sagesse et de la fureur guerrière. de la stratégie et de l'intelligence. Tout à la fois ».

Une voiture, un parking, un piège…

L'autre « Amérique », celle des carcasses industrielles, des lieux désaffectés. L'auteur dit les effets de la crise et masque le lien avec son histoire, pour le moment. Dialogues entre celle qui séquestre et celui qui subit, qui ne sait faire le point, la raison de cet inimaginable. le noir orifice du Smith & Weston.

Il ne sait pas, ne peut pas savoir, ne veut pas savoir.

Et pourtant, la mort dans la chambre d'à coté, la mort des parents. « Vous les avez tués… »

Maison, immobilier, « A la fin tout sera recouvert. Tout sera d'un blanc immaculé ».

Immobilier, accès à la propriété, prêt…

Elle se nomme Fannie, il s'appelle Freddie. Les noms, le spectre des crédits hypothécaires, le réel démasqué, la répétition…

La demande en mariage, les maisons vides, le cri.

Une « chute » brutale, lumineuse.

Tout est dit. Et avec talent.

Les mêmes qualités se retrouvent dans le second récit. L'auteur y ajoute une imprécision, une indécision, un questionnement, « Après, je ne me souviens pas »

Un remarquable petit livre. Une littérature du désordre. Ironie glaciale de l'ordre déraisonnable.


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Deux grosses nouvelles ou tout-petits romans...
Sur "Fannie et Freddie" :
Il ne faut rien révéler de ce court récit, car s'il en ressort de la dureté et quelque chose d'odieux en début de lecture, il devient cruel, abominable ensuite, quand les faits sont peu à peu dévoilés par le narrateur qui parvient à mener le lecteur dans des émotions contradictoires. L'auteur a su aiguiser son écriture pour nous entraîner dans la folie froide et lucide de l'héroïne et dans le film de sa vengeance qu'elle prépare minutieusement quand elle découvre ce qui est arrivé à ses parents.

Sur "Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas" :
Le mystère de la mort de Paul tient le lecteur jusqu'au bout. L'écriture réaliste et précise se met au service d'une histoire tout éclatée ! le lecteur est promené dans le temps et l'espace avec virtuosité... pour être ramené à la fin à la vraie, à l'unique question... celle que le narrateur n'ose pas poser.
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Un court roman et une nouvelle composent ce livre de Marcus Malte. le premier, qui donne son titre à l'ensemble, est un huis-clos étouffant dans la maison des parents de Fannie où elle garde Freddie prisonnier. Comme ce dernier, nous ignorons la cause de cet enlèvement et de la violence qui semble bouillonner dans les veines de Fannie. le voile se lève progressivement dans un suspense qui va crescendo jusqu'au retournement final qui nous laisse atterré.
Dans "Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas", le second texte, le personnage-narrateur est devenu policier, non pas par vocation, mais pour retrouver celui qui a tué son ami lorsqu'ils avaient 14 ans. Lors d'une sorte de pèlerinage à La Seyne-sur-Mer où s'est déroulé le drame, il raconte son histoire non pas de manière linéaire mais plutôt sous forme de cercles concentriques, une sorte de cible en quelque sorte; allant du plus général jusqu'au centre de l'intrigue.

Vengeance, désespoir et folie sont au coeur de ces deux récits implacables, ancrés dans la réalité cruelle des difficultés économiques. Villes et existences sinistrées. Efficace, percutante, l'écriture de Marcus Malte laisse affleurer toutes les souffrances sans jamais glisser vers le pathos. Sans savoir vers quoi il s'achemine, le lecteur, tiraillé entre empathie et distance, pénètre peu à peu dans les pensées obsessionnelles des personnages jusqu'à la fin fulgurante.
Deux histoires magistralement construites et racontées !
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Noir, c'est noir. Je viens de découvrir Marcus Malte, avec Garden of Love, et j'enchaîne donc avec ce livre. Ce sont deux textes, plus courts que des romans, mais plus longs que des nouvelles. Noirs, donc.
Deux histoires, une américaine, une française, deux intrigues presque - mais pas seulement, sur fond de crise économique.
Percutant, fort, noir, et en même temps poétique.
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Huit clos entre deux personnages, suspens, thriller psychologique dans le style du film misery, un bon petit moment.
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Le récit s'ouvre sur une femme, Fannie, qui se fait belle, dans l'attente de retrouver l'autre. Fannie, jeune femme pas vraiment belle, à la posture si raide qu'on l'appelle Minerve, se prépare pour un rendez-vous important.

C'est Freddie, jeune banquier new-yorkais, qu'elle attend, pour qui elle a fait tous ces préparatifs. Mais le rendez-vous n'aura pas lieu dans un de ces chics bars prisés des jeunes yuppies. Non. Fannie et Freddie ont rendez-vous avec leur destin, avec l'amertume et la tristesse d'une maison vidée, dans une banlieue dépossédée de ses âmes par l'âpreté criminelle des banquiers.

A la première page on pourrait penser qu'il s'agira d'un récit d'amour, d'une femme à un homme, Fannie et Freddie. Mais on rentre dans un récit de haine, sur fond de Fannie Mae et Freddie Mac, géants américains du crédit, acteurs pas les plus innocents de la crise des subprimes.

Fannie a vu son monde s'effondrer, son monde et la vie de ses parents, sous l'impulsion des banquiers escrocs, prêteurs, expropriateurs et assassins. Alors Fannie cherche le compagnon idéal, celui qui sera son exact compagnon, son Freddie.

C'est un récit court, intense, tendu comme un arc et qui vient se ficher au coeur de la cible. Récit d'une époque tordue, qui ne peut engendrer que des solutions tordues à des situations tordues. L'incompréhension de Freddie, dans ce qui lui arrive, reflète l'inconscience de ces gens dans des bureaux, qui gomment des lignes, efface des vies d'un coup de crayon, et ne comprennent pas où est le problème.
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Deux récits noirs et fulgurants mettant en scène deux lieux éloignés et très différents ( New York et La Seyne sur mer ) mais ayant un point commun, la fermeture de l'usine faisant vivre la ville, qui entraine la déchéance de certains habitants...

De la violence sociale naissent des traumatismes touchant parfois des personnes auxquelles on ne s'attend pas...
Voici la trame de ces deux longues nouvelles dont le scénario tient le lecteur en haleine et l'écriture ravit.
Un bon moment de lecture.
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