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sur 958 notes
Marcus Malte est régulièrement catégorisé auteur de romans noirs. Il est pourtant bien davantage que cela et ce nouveau roman en est une preuve éclatante.

Dire que le garçon est un bijou littéraire est presque insuffisant, tant il est difficile de trouver les mots pour décrire l'immensité de ses qualités. Cette lecture m'aura laissé sans voix, ce qui est un comble lorsque l'on sait que le personnage central est mutique. Un garçon qui se complait dans le silence au point de se raconter à travers les paroles des autres.

Un héros du quotidien qu'on découvre à l'âge de 14 ans, alors qu'il n'est en contact, depuis sa naissance, qu'avec sa seule génitrice ; un jeune homme vierge de toute humanité ou presque. Une page presque blanche qui va commencer à s'écrire au gré des rencontres et d'un monde auquel il n'est pas préparé. Itinéraire d'un enfant pas toujours gâté.

Le garçon est une véritable fresque de 550 pages qui dépeint toute la première partie du XXème siècle ; monde en plein bouleversement.

Bouleversé le lecteur l'est régulièrement, à suivre ce garçon anonyme, observateur autant qu'acteur. Car cet homme qui se construit par mimétisme, va rencontrer ce qui se fait de meilleur et de pire.

C'est un tour de force qu'accomplit Marcus Malte à nous faire vivre ainsi la vie, les expériences et les émotions d'un personnage à travers ses yeux de conteur et ceux des autres protagonistes. le garçon est comme une éponge qui absorbe tant d'apprentissages, et comme un miroir qui nous renvoie l'image des gens qu'il croise et des évènements qui le promènent à travers tout le début du siècle dernier.

Je n'hésite pas à qualifier ce livre de roman initiatique ultime. Parce qu'il nous fait vivre l'amour au plus près. Parce qu'il nous fait supporter le pire également lorsque Marcus s'en va en guerre (de 14-18). Une narration protéiforme, qui évolue à l'image du personnage principal, emplie d'émotions, de tendresse, de bruits et de fureur.

Marcus Malte est un conteur doublé d'un écrivain exceptionnel. Sa qualité d'écriture est hors-norme depuis ses débuts. Avec ce roman, il passe une nouvelle étape dans sa carrière. Il y aura un avant et un après cette histoire ; leçons de vie proposées par un auteur qui ne nous fait pas la leçon pour autant.

Que sa plume nous narre des rencontres, nous plonge dans les horreurs de la guerre, nous susurre des passages érotiques ou nous amuse à travers des morceaux de texte un brin décalé, elle est si belle et si fouillée qu'on en reste bouche-bée.

Oui, Marcus Malte est un immense écrivain. Ce roman, qui nous touche par la candeur de son héros tout autant que par la beauté et le carnage des émotions qu'il vit, restera une lecture inoubliable. le genre de livre qui marque un lecteur profondément, intensément, durablement. Juste indispensable.
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Waouah, quel livre ! Quel souffle, quelle écriture ! Déjà plusieurs jours que j'ai refermé le Garçon et je reste abasourdie par sa puissance !

Ce sentiment de lire un livre exceptionnel, il a pulsé en moi dès les premières pages, un jeune fils portant sa mère inerte à travers les landes : 

« Celui qui sert de monture a la stature d'un garçon de quatorze ans. Sec et dur. Les côtes, les muscles, les tendons saillent, à fleur de peau. Et par-dessus de vagues morceaux de tissu, un assortiment de frusques vraisemblablement constitué sur le dos d'un épouvantail. Il va sans chaussures, les plantes de ses pieds ont la texture de l'écorce. du chêne-liège. Ses cheveux ruissellent sur ses épaules et sur son front tel un bouquet d'algues. Il est en nage, il lui, émergeant tout juste dirait-on de l'océan originel. La sueur lui sale les paupières, dirait-on, puis s'écoule en suivant le chemin des larmes. Une goutte se prend parfois dans la jeune pousse du duvet qui ourle sa lèvre supérieure . Ses yeux sont noirs, plus noirs que le fonde des âges, où palpite pourtant le souvenir de la prime étincelle. C'est l'enfant. »

Un garçon, un enfant sauvage plus proche du règne animal que du monde humain, venant d'un monde quasi homérique, dont on va suivre la quête d'humanité. Ce personnage sans nom, sans voix, mutique, on le voit se constituer au fil de ses rencontres, on le voit se confronter sur une trentaine d'années à ce qui fait l'homme, on le voit entrer dans le temps et l'histoire.

Le garçon comme une page blanche sur laquelle tout peut s'inscrire, de l'amour à la guerre, ces actes parlant pour lui sans qu'aucune explication psychologique ajoutée par l'auteur ne soit nécessaire.

Le récit se déploie avec une liberté totale, complètement hors cadre, se permettant de raconter la vie du garçon sur trente ans, de 1908 à 1938, en empruntant au récit picaresque, au roman d'amour insufflé d'érotisme, au roman d'apprentissage, à la fable philosophique voltairienne à la Candide. Un mets de roi opulent qui comble le lecteur et le fait réfléchir sur ce qu'est être un homme, ce qu'est la civilisation tant la tension nature / culture est forte ici : ce qu'on est au départ confronté à ce qu'on devient en acceptant de s'intégrer ( ou pas ) aux règles que la société nous impose.

Et il y a cette écriture, éblouissante, très travaillée, ciselée, souvent lyrique, un véritable tourbillon qui m'a emportée et fait traverser toute la palette possible des émotions. Par exemple, les pages sur la Première guerre mondiale, malgré le nombre de romans qui existent sur ce sujet, sont parmi les plus belles que j'ai lus, notamment dans un chapitre où Marcus Malte fait le choix de le parsemer des paroles de la Marseillaise, dans une écriture syncopée quasi hallucinée.

Un livre unique, exceptionnel par sa puissance et sa singularité, qui confirme à quel point les auteurs étiquetés «  polar » ou " roman noir ", à l'instar de Pierre Lemaitre, sont de grands écrivains qui savent dire le monde.
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Le Garçon.



L‘intensité de ce livre, tient à son originalité
Et à ce garçon, belle âme vierge, qui part, de par le monde…

Grandiose est le choc de cette plume,
A la fois, poétique et sobre,
Renversante de beauté par moment, autant que
Cruelle et impitoyable… C'est un arc-en-ciel d'émotions bouleversantes…
On se confronte à nos plus grandes peurs,
Nos plus intenses passions instinctives.

Magnifique ode à l'Art et à l'Amour,
Apprécier chaque mot posé devient évidence, quintessence…
Remarquable reflet de ce début de siècle,
Chaque date devient Histoire, et en
Un seul personnage mutique qui se raconte
Seulement, dans les yeux des autres, le Garçon,

Magistralement, devient, propre Légende de sa vie…
A l'origine même, de ce sentiment
Libérateur et existentiel, d'appartenance
Typique, au genre humain, même sans Nom.
Etoile brillante et sublime de cette rentrée littéraire!

Lien : https://fairystelphique.word..
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Mes enfants, je commence à m'inquiéter pour ma santé mentale ! En effet, je pensais avoir déjà fait la critique de ce livre et je me rends compte qu'il n'en est rien. Dépitée que je suis !!! Allez, on va mettre ça sur le compte des fêtes (merci de me soutenir) !

En lisant la quatrième de couverture, j'ai pensé à deux autres oeuvres (oui, je sais, j'aime l'intertextualité) : le Jour des corneilles de Jean-François Beauchemin, roman québécois dans lequel un père et son fils se débrouillent seuls dans une forêt et le film de Truffaut, L'Enfant sauvage. Ceci dit, même si j'ai pu retrouver quelques éléments, le style de ce roman est suffisamment particulier pour en faire une oeuvre à part. J'ai même du mal à trouver les mots pour en parler tant ce livre est à la fois puissant et déroutant.

Décrire le monde dans sa splendeur et son horreur à travers les yeux d'un garçon vierge en tous points, voilà qui est plutôt original !

Je ne regrette pas d'avoir suivi les différents avis sur les blogs car c'est la première fois que je lis un écrit de Marcus Malte et tomber ainsi sur une pareille pépite est une chance.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Mon premier Marcus Malte, et aussi le plus abouti des quatre que je viens de lire quasiment à la suite ! Last but not least : je me suis gardé sa chronique pour la bonne bouche - prix Femina oblige !

Un joyau, une pépite, un trésor…comment faut-il vous le dire ?

Une vraie réussite que ce Garçon-là, et qui, tout sauvage qu'il soit, vous en apprend plus que le plus savant, le plus distingué des intellectuels sur la civilisation et la compagnie des hommes.

Dans une langue magnifique, pleine de trouvailles qui ne sont jamais des trucs, des afféteries stylistiques à la Gaudé, par exemple, - vraiment je lui en veux de ces « Défaites » tarabiscotées et surlignées à l'envi !-, Marcus Malte nous emporte de l'orée de la première guerre à celle de la seconde, sur les traces de son héros, un vrai « enfant sauvage », tôt orphelin, muet, jeté sans ménagement dans le vaste monde, incapable de verbaliser ou de conceptualiser ses émotions, vivant tout au ras de ses sensations, de ses affections et de son corps.

Tandis que défile le siècle - avec ses menus événements, ses tragiques erreurs, ses héros scientifiques, ses têtes couronnées et ses généraux homicides, ses si jeunes morts anonymes - passent aussi les étapes d'une initiation. Celle du Garçon.

D'abord, la socialisation- mais la petite société campagnarde qui l'adopte, l'exploite et le chasse à la première catastrophe, selon la tradition séculaire du bouc émissaire.

Puis la filiation : un « monstre » au grand coeur donne à ce jeune monstre sans voix sa force, son savoir-faire et sa parole, épique et chaleureuse, pour enchanter un monde jusqu'alors sans tendresse et sans mots. Mais les filiations sont des passations, et toute affection porte en elle son apogée et sa fin.

Puis l'amour - quel amour ! Sensuel, libre, nourri d'expérimentation hardie et de culture sulfureuse, grand braveur d'interdits, grand inventeur de voluptés. L'amour seul donne leur nom aux choses ; le garçon reçoit de lui un prénom : Félix. L'heureux. Pas pour longtemps.

Car voici la guerre, celle de 14, qui est vraiment le baptême du feu.
Épreuve maudite, qui transforme l'or en fer, et le fer en plomb, comme dans les vieilles mythologies.

Le Garçon y découvre la mort et le sombre plaisir de tuer. Protégé, comme par un talisman, par le nom de famille, mythique et musical, que lui a trouvé son Emma, - « Mazeppa »- , il échappe à la mort, garde la vie, mais perd son innocence, son goût du plaisir et, bientôt, parce que souffle un vent mauvais, Emma, son amour.

Il accède enfin à l'ultime étape, la cinquième : celle de la déréliction, celle de l'errance. Il accède alors à une vie machinale, qui ressemble à celle d'où il est sorti. Une vie privée de sens, une vie surréaliste, une juxtaposition de faits, de lieux, d'images.

Sans le code de l'amour ni celui de l'amitié pour lui donner une signification. Paradise Lost.

Les étapes de cette initiation sont entrecoupées de « listes » -variées, amusantes, ironiques ou atroces- qui renvoient aux événements du siècle et éclairent, de leur lumière historique et universelle, le récit de cette existence particulière et symbolique.

Je me suis forcée à ralentir le rythme de ma lecture pour savourer la force des images, la magie du style, les trouvailles multiples,- ah, l'extraordinaire suite de bribes et variations sur les paroles de la Marseillaise !- pour goûter pleinement le sel de ce récit à la fois linéaire et lyrique qui est un peu l'épopée de l'humanité tout entière.

Un autre petit plaisir secret que je livre, pour les amateurs: j'ai reconnu, au passage, dans ce caporal à la main coupée qui prend le Garçon en amitié, Blaise Cendrars, le baroudeur humaniste, poète auteur de « La Guerre au Luxembourg » , et j'ai vu dans l'errance finale du Garçon au coeur de la jungle amazonienne celle de l'avatar de Moravagine, ce héros dont le caporal Cendrars, peut-être, entrevoit la genèse, en regardant le Garçon : « -Tu me rappelles quelqu'un, Mazeppa, lui dit-il un autre jour. Un type qui n'existe pas. Il n'est pas encore né. Pour le moment il est ici (posant un doigt sur son front). Il pousse. Il grandit. Il se nourrit de tout ça, toute cette dégueulasserie. Il engrange. ..Mais faudra bien que j'accouche un de ces quatre. Ce qu'il y a, c'est que ça risque d'être un type terrible. Un bon Dieu de sale type! le pire des rejetons... Qu'est-ce que je peux y faire? Les chiens ne font pas des chats. »

J'aime avoir rencontré dans ces pages solaires et sanglantes Blaise Cendrars, l'auteur du plus féroce écrit contre la boucherie de 14-18 que j'aie lu : « J'ai tué ».

J'aime imaginer que le Garçon perdu par la guerre est devenu ce fou de Moravagine.

Rencontrer Cendrars et un de ses héros les plus marquants dans un roman du XXIè siècle est bien le signe que, chez Marcus Malte, on est en bonne compagnie…

(A Gruz, avec reconnaissance!)





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Juste ciel quelle merveille !!

C'est un roman-phénomène, un kaléidoscope, une odyssée, un conte initiatique, une histoire d'humains, une histoire d'amour, une histoire dans L Histoire, une oeuvre érudite aux facettes multiples et à la prose tout aussi mouvante. Tour à tour violente, ironique, leste ou poétique, elle nous entraîne sur les pas de ce garçon qui n'a ni nom ni faculté de parole mais dont la pureté va se mesurer aux énigmes du monde.

Un peu perplexe au début de ma lecture, j'ai pensé à la "Salina" de Gaudé, ou à Santiago Pajares et son "Imaginer la pluie". La suite peut tout aussi bien évoquer "L'enfant sauvage", "Le baron perché", "Dans la guerre" ou "Jeux interdits"… il y a tant de mondes dans cet univers si particulier imaginé par Marcus Malte.

Une formidable diversité de thèmes, l'extrême richesse d'une plume, la singularité d'un ton… il a tout pour lui, ce garçon.

Remerciements éperdus à la copine KK pour son choix, elle sait déjà pourquoi.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Dès le début, dès l'origine , ma relation avec ce livre a été compliquée . Plusieurs fois , un libraire me l'a mis entre les mains et , autant de fois je l'ai reposé dans le rayon , refusant d'en faire un compagnon : une couverture peu attirante , une quatrième peu convaincante , un nombre de pages conséquent , non , vraiment...
Et puis il y a eu la lecture d'une critique sublime , puis la lecture d'autres critiques sublimes de la part d'amis babeliotes , non , décidément , je ne peux , je ne dois pas passer à côté. Tant d'enthousiasme , ce livre ne peut pas décevoir , impossible.
Alors,on y va .Bon , très belle , mais vraiment très belle écriture et ,malgré tout , une fréquente envie d'arrêter , de dire "stop" ,de passer à autre chose tant certains passages sont lents , longs ,ennuyeux , un peu "suffisants " de la part d'un auteur vraiment doué qui joue avec moi , me bat à plate -couture avec son arme favorite , si bien aiguisée , l'écriture . Oui , j'ai failli abandonner mais ,à chaque fois qu'arrivait la sinistre "voiture -balai ", je pensais à toutes vos si belles critiques et je me disais que non ,je n'avais pas le droit d'abdiquer , de vous quitter."J'ai ma fierté !!!!!"
Au lieu d'accélérer, vous savez, comme quand on veut se débarrasser d'une quelconque corvée, qu'on se met à lire "en diagonale ",j'ai ralenti , mais oui et j'ai pu découvrir et savourer des passages d'une classe , d'une beauté à couper le souffle: le garçon transportant le corps de sa mère sur son dos ,l'image si belle et tragique de "l'ogre "pendu près de son cheval,les lettres d'Emma et plus généralement la partie sur la guerre et l'humanité du garçon lorsqu'il retrouve le cheval sur le front , ou encore sa rencontre avec le peintre allemand en territoire ennemi. Oui , là ,vraiment ,c'est très très beau ,cinématographique , émouvant, éprouvant .J'ai lu avec attention les relations entre Emma et Félix et me suis réjoui de la bonne santé physique des jeunes gens. En effet ,réussir à réaliser toutes les positions du Khama Sutra sans rien se casser relève de l'exploit à moins que ce soit le fait d'un amour comme il en existe peu .Trop "rouillé "pour tenter à mon âge de telles aventures , je remercie toute personne compétente de bien vouloir m'éclairer sur la" faisabilité " de la chose...C'est pourtant une belle histoire d'amour , non , alors pourquoi ? Tout ceci sert-il vraiment la description de ce si bel amour?
Il est certain que ce livre nous interpelle, nous fait toucher à " l'excellence" par moments , mais ,pour moi , certains passages auraient pu être" allégés ",je prendrai pour exemple les dix pages de noms de légionnaires "morts au combat" pendant qu'à l'arrière...
Je suis heureux d'être allé au bout de ma lecture ,par respect pour le travail de l'auteur ,pour mon plaisir d'avoir lu des pages sublimes qui auraient pu m'échapper à cause d'autres qui m'ennuyaient et enfin pour pouvoir partager avec vous , vous dont les avis me sont , même si nous ne sommes ( fort heureusement ...) pas toujours d'accord ,INDISPENSABLES.
Un livre à découvrir, c'est certain ,un chef d'oeuvre,pour moi , c'est sans doute un peu excessif mais l'essentiel n'est -il pas d'être"tout" sauf indifférent?
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Découverte absolue de cet écrivain de romans noirs, dont j'ignorais jusqu'au nom, alors qu'il a déjà réalisé une oeuvre originale et significative...
Au demeurant, en parcourant les thèmes de ses précédents écrits, ce roman possède un ton et des thèmes très différents, atypique en soi !

Le premier chapitre offre d'emblée le ton, la couleur de ce roman initiatique, récit d'apprentissage , universel et insolite: une sorte d'"enfant sauvage", jeune garçon, sans identité, s'épuise à marcher, portant sur son dos, sa mère agonisante, qui souhaite voir la mer...
Elle meurt, et on retrouve le jeune garçon assurant tous les gestes recommandés par cette dernière pour ses funérailles...

Ce jeune garçon, sans prénom, ni histoire, ne connaît rien du monde des
hommes, ayant vécu complètement isolé, avec comme seul repère, sa mère, quasi- mutique...

Nous, lecteurs, allons accompagner durant trois décennies ce jeune garçon, qui va devoir intégrer le monde des hommes, et passer seul, par tous les apprentissages nécessaires, imaginables...pour se construire !
Comme il est différent, sans défense, il tombera tour à tour sur de vrais malfaisants, mais aussi sur des êtres généreux, désintéressés qui lui tendront la main...le protégeront, l'enrichissant de nouvelles connaissances, qui lui donneront des forces afin d'affronter, de comprendre et vivre avec ses semblables !

C'est un texte sublime [ n'ayons pas peur des qualificatifs] car le talent de l'écrivain, son style prodigue nous remet, nous, lecteurs, dans une âme et un oeil innocents, vierges, dans une même ignorance que le "garçon", de la civilisation et de la société des hommes !!!
Nous allons nous-mêmes à la découverte de tout ce qui nous paraît aller de soi, en temps ordinaire, dans notre quotidien !

Difficile d'en rendre fidèlement compte tant ce roman ressemble à une polyphonie: A travers le premier regard de "notre garçon" nous redécouvrons notre monde,les mots, le Langage, le Vivre-ensemble, la politique, l'Amour, l'appréhension de l'Art, l'Agressivité éternelle des Hommes, la guerre à travers la "Boucherie de 14-18"... les destins brisés et les têtes gouvernantes, dans l'impunité de leurs décisions souvent arbitraires !!


Une grande histoire d'amour absolu, un jeune homme , orphelin va aller à la découverte du monde, sans défense...des portraits exceptionnels d'humanité, auxquels nous nous attachons et quittons à regret, à chaque étape d'apprentissage...

Des chapitres alternent en présentant les actualités , événements survenus aux quatre coins du monde...[entre la première guerre et la montée du nazisme]...et le lecteur revient ensuite au sort du "Garçon"... Mosaïque d'émotions entre la joie, la douleur, le deuil, les horreurs de la guerre...les
emportements idéaux de l'Amour...et parfois la lassitude , le désabusement de la condition humaine, avec ses éternels recommencements, et éternelles répétitions des d'horreurs !!

Notre "anti-héros"... découvrira l'amour, la musique, l'Art, toutes les flamboyances de la civilisation et ses revers: l'agressivité envers les êtres différents, la guerre, la cupidité, le Mal sous toutes ses facettes !!
Une phrase de Camus me vient à l'esprit : "Il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre "... L'ombre et la lumière, L'espérance et la désespérance, l'amour et la haine, le désintéressement et l'âpreté... Tout... et son contraire négatif, qui accompagne toute existence humaine !!!

Je reviens au style, à l'écriture même, qui sont éblouissants, imprégnés d'une fluidité poétique et d'un vocabulaire "multicolore"...
Un roman coup de poing, dont on ne peut ressortir complètement indemne... un pincement au coeur, causé par le regret de quitter ce texte... J'en ai retardé l'échéance, savourant cette fiction, parabole éblouissante, bouleversante, universelle de l'humaine condition !

J'avais débuté ce roman , avant qu'il ne reçoive le Prix Fémina...ne prenant pas systématiquement les prix littéraires pour argent comptant... mais celui est grandement mérité... Je prendrai le temps...dans un futur pas trop lointain, de découvrir les autres facettes de l'oeuvre de cet auteur.



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Marcus Malte affectionne les détails qui donnent de la chair aux aventures. Avec le garçon il compose une épopée, lui ajoute du mystère, de la tragédie, et une vraie réflexion sur la quête d'humanité et la solitude.

Oscillant entre poésie, roman d'aventure, roman d'amour et roman d'apprentissage et ne tombant jamais dans la niaiserie, l'auteur montre une remarquable justesse psychologique.

Des énormes déferlantes de sentiments, de sensations, de passion, de constations nous tombent dessus, nous noyant parfois de tant d'intensité, de clairvoyance, réfléchissant le désespoir, l'amour, l'injustice, la vacuité et l'abomination. Parfois l'auteur puise loin dans l'horreur nous offrant des descriptions très crues et très dures. de jolies métaphores pleines d'esprit illustrent ce périple extraordinaire.
Foisonnant d'évocations du monde de l'art, surtout la musique et la littérature, Marcus Malte exalte la quête du bonheur par l'art, par la joie d'être entouré de la beauté.

Aux manettes de ce roman d'initiation original et attachant, Marcus Malte semble aussi doué pour créer la surprise que pour les romans noirs qui ont bâti sa renommée.

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Je n'ai pu lâcher ce roman, il m'a envoûtée de la première à la dernière page. le style est fort, l'écriture poétique et sensible.
C'est un garçon sans nom, un garçon sans passé, sans parole. Lorsque nous le découvrons, il avance comme une bête monstrueuse portant sur son dos sa mère mourante.
Lorsqu'il se retrouve seul, « le garçon » avance sans but vers un monde mystérieux, connu de tous, mais pas de lui. Il découvre les voix, les cris, les odeurs.
Une épopée remplie de rencontres rares, mais ô combien enrichissantes, celles qui le transformeront en « Homme ».
Il y aura surtout Emma qui va le faire naître à l'amour, tantôt femme, amante, mère aussi. Il sera celui qui la fait jouir, la fait pleurer, celui qui lui donne envie de vivre.
Lorsqu' arrive la guerre, celle de 14, le garçon découvre un autre monde, celui de la peur, des cris encore, mais ceux-là expriment l'horreur, la souffrance, la mort. Emma l'attend, lui écrit, sans que jamais il ne sache lui répondre.
Tour à tour, roman d'apprentissage, roman d'amour, roman érotique, roman de guerre, « le garçon » est tout cela et bien plus encore, il fait partie de ces livres inoubliables.
Encore un très grand livre de cette rentrée littéraire 2016 particulièrement brillante !

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