A quoi tient une lecture parfois. Une critique lue et appréciée au hasard des derniers billets postés, la visite d'un profil inconnu dont les dernières citations m'attirent l'oeil comme une évidence. Un titre, rien qu'un titre et je suis happé sans aucune chance de fuite.
Imaginer la Pluie!!! Vous je ne sais pas, mais ces trois mots suffisent à me faire voyager. Même si j'essaye dans la mesure du possible d'éviter de lire des critiques de livres que je projette de visiter, là j'y suis allé et l'excellent billet de fanfanouche a fini de me convaincre que ce bouquin, il me le fallait.
Un titre et puis cette couverture, cette illustration de
Carole Hénaff, simple, dépouillée, juste magnifique. L'impression qu'ils étaient fait l'un pour l'autre. Encore une pépite venue du coté de chez
Actes Sud? Au premier abord, ça en a tout l'air. Et au deuxième? Ca l'est.
Imaginer la pluie, quelle idée saugrenue quand on habite sous nos latitudes et pourtant. Tant d'endroits dans le monde sont sevrés de ce cadeau tombé du ciel.
« le sable. le sable à perte de vue. Dans toutes les directions. Et au milieu de ce néant qui n'est que sable, un petit puits, deux palmiers, un potager minuscule et un appentis. Et moi sur le toit, essayant d'
imaginer la pluie. »
Le décor est planté dès la première phrase. Ionah est là, enfant perdu au milieu de rien avec sa mère. Il n'a jamais rien connu d'autre que ces dunes qui se déplacent au gré des tempêtes de sable. Il n'a jamais vu personne d'autre que sa mère.
Ionah est là à guetter un signe de vie venu d'un ciel désespérément sans nuages. Il n'a jamais vu la pluie mais il sait qu'elle existe, sa mère lui a raconté. Elle aurait des milliers de choses à lui raconter, des choses « d'avant que les choses changent ». Des choses qu'elle a connues avant que la folie des hommes…
Ionah est vierge de toute pollution liée à la civilisation. Sa mère lui racontera-t-elle les choses d'avant au risque de faire naître en lui l'envie, le besoin, la jalousie, le pouvoir, la haine et autres réjouissances?
Le parcours d'une vie où cohabitent le souvenir d'un monde perdu et le vertige créé par le vide que représente l'inconnu se dessine au fil des pages. S'il vous plait… dessine toi ton chemin.
Dans la famille « survie » je voudrais un truc dans le désert sans renard ni rose mais avec un petit prince quand même. Bonne pioche.
Entre conte philosophique et fable ce livre est une merveille. Des chapitres courts, deux ou trois pages d'une écriture sans fioritures. Une écriture qui… comment dire… Seriez-vous capable de faire ressentir à un homme des cavernes au fin fond du désert (si ça existe) sans aucune notion de rien de ce que nous connaissons, les notes d'un piano? Par la plume,
Santiago Pajares sait le faire, c'est tout dire.
Est –il nécessaire de dire que j'ai adoré ce bouquin? Oui? Alors, j'ai adoré ce bouquin, sa construction à travers celle de Ionah, ces instantanés qui mine de rien en disent long. J'ai adoré suivre ce chemin des dunes avec des airs de sable qui m'ont envoûtés.
Merci à Montmartin par qui «
Imaginer la Pluie » m'a dragué, à fanfanouche qui a porté l'estocade finale, et puis quand même à
Santiago Pajares parce que je ne sais pas si je vous ai dit mais, j'ai adoré ce livre.