Malin, presque retors, voilà comment je qualifierais ce petit polar bien troussé. Qui joue avec le cliché de l'ex-flic devenu privé: glandeur, fort en gueule, toujours bourré, jusqu'au trash.
Un peu trop facile aussi, car les deux auteurs se placent dans un contexte historique et géographique "photogénique"(*), le sud des Etats-Unis en train de secouer son racisme. le couple improbable que le privé blanc forme avec sa femme de ménage noire, ce qui va les faire évoluer tous les deux...
Retors, car si la galerie de portraits des clientes - toutes riches et blanches- chez qui Adela fait le ménage frôle parfois la caricature, c'est pour notre plus grand plaisir, et aussi pour nous faire réfléchir, pas très subtilement il faut bien se l'avouer.
Bon évidemment, il s'agit aussi d'une enquête policière; avec un dénouement auquel je ne m'attendais pas, auquel on peut reprocher un petit aspect politiquement correct cependant. Les ficelles de la construction sont un peu grosses, les portraits des protagonistes taillés à coup de serpe ou inexistants. On est loin de la méchanceté d'un
Erskine Caldwell, ou du réalisme magique d'un
Faulkner, mais la lecture reste plaisante. Cerise sur le gâteau, pas mal d'humour et de répliques qui font mouche. Bien joué!
(*) littératurogénique n'existe pas (encore).