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sur 210 notes
J'étais ravi d'avoir été retenu pour découvrir ce nouveau roman de Ian Manook et qui se déroule dans un autre univers, plus chaud, que ces précédents romans. L'histoire nous entraîne sur les pas d'un auteur français, Jacques Haret, de retour au Brésil, terre à laquelle il a consacré le roman qui lui a valu la notoriété. Arrivé sur place il se retrouve confronté à son passé, à ses actes et à la justice que réclame l'un des protagonistes dont il s'est inspiré pour l'écriture d'Un roman brésilien. Face à une arme il devra faire la lecture de ce livre où il se met en valeur et joue avec la vie et la vérité des autres.

J'ai apprécié ce système d'une intrigue autour de la lecture du roman, avec les aller-retour entre le présent et l'univers édulcoré du roman de Jacques. Mais là où j'ai aimé découvrir une culture dans la saga Yeruldelgger, je me suis perdu dans celle de Mato Grosso. Et pourtant je me pensais plus à l'aise avec le Brésil que la Mongolie. Mais force est de constater que j'ai eu du mal à suivre et imaginer l'environnement où se déroule l'intrigue, trop de vocabulaire brésilien, trop de descriptions usant de métaphores. Je reconnais que Ian Manook maîtrise son sujet sur le Brésil et que l'on sait qu'il parle en « vieux briscard », mais peut-être trop à mon goût. Et pourtant l'intrigue est bien là, le mécanisme qui la fait avancer nous interpelle et c'est avec l'envie de connaître la fin, haletante, de cette histoire que j'ai terminé le livre.

Je suis resté sur ma faim, à titre personnelle, pour ne pas avoir su me plonger dans cet univers. Ce qui n'empêche pas que l'intrigue de Mato Grosso soit drôlement bien ficelée et que l'on ne sait pas à quoi s'attendre, difficile de deviner la fin.

Le style

Si le nom de Ian Manook n'était pas sur la couverture, je n'aurai pas su le lier à ce roman tant je n'ai pas retrouvé le style qu'il avait avec Yeruldelgger . Je l'ai trouvé trop « posé » et classique. Après cela est bien entendu mon ressenti propre. En tout cas on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir bûché le sujet car à le lire on se demande si Jacques Haret n'est pas simplement l'amoureux du Brésil qu'est Ian Manook à travers ses mots.

Si le résultat n'est pas celui que j'escomptais, Mato Grosso est malgré tout un polar attrayant pour son « synopsis » et son intrigue bien construite. Un roman à découvrir pour le temps d'une lecture exotique et angoissante.
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Après un exil de trente ans, Jacques Haret, écrivain français revient au Brésil pour présenter son dernier roman. le mystérieux éditeur à l'origine de cette invitation est en fait une vieille connaissance qui lui a réservé une surprise des plus pernicieuse. Alors que l'écrivain a veillé à s'octroyer un rôle aussi fascinant et prépondérant qu'irréprochable dans son récit, la vérité des faits va brutalement se heurter à l'histoire fantasmée dans ce « Roman brésilien » pierre angulaire de l'intrigue.
Après la Mongolie, la tragédie arménienne, le grand nord ou encore l'Islande, Ian Manook nous plonge dans la moiteur de la jungle brésilienne. Il instaure un chassé-croisé entre la réalité et un roman dans le roman, proposant un intéressant huis clos dont on se lasse pourtant assez rapidement. Les descriptions sont minutieuses, l'auteur démontre une parfaite connaissance du Brésil dont il magnifie la flore exubérante, la diversité de sa faune et la faculté d'adaptation naturelle de ses habitants confrontés pourtant à la misère, la corruption et l'âpreté d'une existence sans réelles perspectives. Un tableau exhaustif entre splendeur et tragédie qui prend cependant une trop grande place au dépend de l'intrigue. Les personnages centraux sont par ailleurs très froids, suffisants, aussi lâches que creux, ils n'inspirent aucune empathie et peinent à intéresser. Beaucoup de longueurs oiseuses et, malgré la force du sujet sous-jacent, on finit par s'ennuyer dans ce tête-à-tête mémoriel apathique. de plus, Ian Manook, de par sa conclusion, tombe dans un excès de noirceur empreint de fatalisme et nous offre une fin simpliste sans surprise ni rédemption.
En dépit de ses dialogues verbeux et de ses descriptions surabondantes, Mato grosso reste un ouvrage honnête mais décevant en regard de la qualité indéniable des nombreux autres romans de l'auteur.

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Un préambule, parce que tu sais à quel point j'aime les préambules. Les préambules ça permet de dire des trucs qu'ont rien à voir avec le roman, de prévenir que tu vas pas te faire des potes, ou au contraire, que tu vas avoir de nouveaux amis après la lecture de tes tergiversations.
Donc, d'abord et avant tout, j'ai jamais lu Ian Manook. Jamais. La Mongolie, depuis Inoue Yasushi et son « Loup bleu » paru il y a quelques années chez Philippe Picquier, je m'y suis assez peu intéressé. C'est vrai que je te cause jamais des auteurs du pays du soleil levé, genre Murakami Riû… Et pourtant, ce type est tout en haut de la montagne du roman noir. Je vais sans doute remédier à ça.
T'as vu, encore une fois, je te cause de rien.
Et encore une fois, après avoir fini ma chronication, je jette un oeil circonspect sur ce que les internetistes ont écrit… Ben c'est pas joli joli mais c'est finalement assez partagé. Un peu comme moi, tu verras. C'est d'ailleurs peut-être moi, comme souvent, qui suis à côté de la plaque. Ou du bouquin en l'occurrence.
Je t'explique.
Tu peux pas classer « Mato Grosso » dans une catégorie précise. Genre roman noir, ou roman d'aventure, ou roman biographique ou historique. Tu peux pas parce qu'il est sans doute un peu tout ça. Il aurait sans doute pu être ce que tu demandes à un écrivain quand il te prend par la main pour te raconter une histoire.
L'histoire, donc, elle se passe au Brésil. Comme je ne connais pas, et que j'ai pas plus que ça envie d'y aller, c'est plutôt un bon moyen de faire connaissance avec ce pays chanté par Lavilliers, et aimé par tous ceux qui y ont mis les pieds.
Au fait, je cause pas portugais. J'aime bien l'entendre, je trouve que c'est une langue qui chante au lieu de parler, mais je le cause pas. Je te dis ça pour que tu comprennes tout de suite ce qui m'a gonflé dans le roman. Il y a du portugais partout. Tu vas me dire que c'est normal, puisque l'histoire (les histoires) se déroulent au Brésil. Ben ouais. Mais Quand je lis un roman qui se passe au Japon, je le lis en français, vu que je parle pas le japonais. C'est logique.
La suite :

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Le dernier Ian Manook Perso MATO GROSSO fini les steppes glacées place à une chaleur écrasante, une végétation luxuriante, des villes inattendues dont une qui ressemble à une petite Bavière sous les tropiques. Une histoire où l'on sait dès le départ que celui qui revient au Brésil trente ans après son premier voyage ne reviendra pas. Il sera confronté à son passé par un flic haineux, manipulateur mais intelligent. Dans cette histoire on apprends la vie brésilienne, l'histoire des indiens, celle de Stéphen Zweig, des jacarés, des fleurs, des fruits on a des odeurs, des images pleins les yeux " le visage d'un enfant aux yeux d'ébonite". On sent dans ce livre le voyageur, le journaliste, on devine que rien n'est inventé peut être du vécu? Ses mots nous font nous immerger dans la moiteur tropicale. J'avoue avoir eu du mal car j'ai tant aimé Yerruldelgger mais c'est une autre histoire, un autre univers et c'est une histoire d'amour polar. A découvrir
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Résumé Mato Grosso de Ian Manook
Jacques Haret, écrivain, retourne au Brésil, 30 ans après pour faire la promotion de son roman.

Il est accueilli par un jeune homme qui l'emmène dans la maison où a vécu et mort Stefan Zweig.

Passé le premier choc de cette découverte, Jacques Haret en aura une autre.

Avis Mato Grosso de Ian Manook
Exit la Mongolie, ses coutumes, ses paysages, ses mets et la trilogie consacrée à Yerulbdegger. Place au Brésil. Cela fait un petit moment que ce roman est paru. Mais voilà, j'y suis. En plus, je le lis après un navet, donc je suis sûre que Ian Manook saura réellement me transporter.

Dès le départ, l'auteur annonce la couleur. Retour au Brésil de Jacques Haret, 30 ans après, mais il ne sait pas qu'il va mourir. Jacques est auteur.

Hommage à Stefan Zweig, dès le début avec la citation, mais aussi avec la ville Petrópolis où il s'est donné la mort avec sa femme. Et cela va prendre tout son sens pour Jacques Haret quand il apprendra où il va loger. En annonçant dès le départ la mort de son personnage, le lecteur fait de suite le parallèle entre les deux auteurs. Ambiance. Egalement ambiance avec la découverte d'un personnage, ex-policier, qu'a connu Haret.

Descriptions qui mêlent comme toujours les odeurs, les lieux grandioses ou pas avec un sens du détail qui permet au lecteur de voyager, d'être dans ces lieux visités. Cette structure du roman est originale. Après une sorte d'introduction, faire lire à un écrivain son roman. Oui, il a tué un homme, il l'avoue de suite. Mais prendra-t-il toutes ses responsabilités ? Au lecteur de le découvrir au fil des pages. Mais comme tout écrivain, la vérité est un tant soit peu travestie. En tous les cas, c'est un formidable voyage qui s'offre au lecteur. Un voyage pas qu'idyllique même si cela y ressemble un peu. Haret a énormément voyagé. Il a pratiquement toujours été par monts et par vaux. Ian Manook offre de véritables cartes postales, des atmosphères oppressantes, humides, selon les lieux visités, sans oublier la pauvreté, la difficulté des habitants mais aussi ces sourires qui peuvent trôner sur les visages. Pays où il est difficile de vivre lorsqu'on est étranger. La corruption règne. Jacques semble envoûté par ce pays, cette femme. Mais on lui reproche de travestir la vérité. Peut être en tous les cas, le lecteur le suit dans toutes ses aventures, ses rencontres. Personnellement, j'ai eu tendance à le croire grâce à Ian Manook. Est-il si mauvais que ça ? le roman nous le dira.

Si vous vous attendez à retrouver le Ian Manook de Yeruldegger, vous serez forcément déçus. Faites comme moi, balayez (mais pas trop), la Mongolie et découvrez un tout autre univers avec le talent de conteur de l'auteur. Ian Manook, avec ce roman, peut surprendre. Et il réussit. Toutefois, même si j'ai passé un bon moment avec Mato Grosso, ce roman n'est pas un coup de coeur, malgré ses qualités indéniables. Ce roman se révèle, en définitive, très psychologique, par rapport aux personnages mis en scène. Il démontre tout ce qui fait un être humain avec ses nombreuses faiblesses, ses prises de position mais aussi par rapport à l'endroit où il vit.

Je remercie énormément la femme de Ian Manook, Françoise. Elle nous fait partager le quotidien de son mari, ses voyages, quelques séances d'écriture (en photos). J'ai l'impression de connaître un peu l'auteur, de cette façon. J'espère que j'aurai l'occasion de le rencontrer cette année si la séance de dédicaces se fait sur Marseille.
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Mato grosso de Ian Manook aux Éditions Albin Michel

" Il retrouvait le Brésil trente ans plus tard, sans se douter que c'était pour mourir bientôt. "



Haret, écrivain bourlingueur revient au Brésil après un exil de trente ans. Il retrouve avec plaisir ce pays enivrant qui lui a tant manqué.

" Je suis devenu fou de ce pays. de cette nature tirant sa beauté vénéneuse des pourritures qui s'y décomposent. de cette beauté dangereuse où glissent des cascavel mortels, grabouillent des mygales industrieuses, et se tapissent des jacarés aux aguets. Cette folie m'a gagné. Elle est en moi à présent, là où mes sentiments pourrissent et se délitent eux aussi pour former l'humus de cette déraison qui m'enivre de l'intérieur. "



Une rencontre inattendue va quelque peut ralentir ses projets. Il ne s'attendait pas aussi tôt à un rendez-vous " mortel".

" C'était comme quand il s'était essayé à la boxe. Ce crochet au foie par surprise. La première douleur du choc, et quelques secondes plus tard, l'autre douleur, celle qui irradie dans tout le corps jusqu'à faire disjoncter la conscience. "



Dans cette ambiance sauvage, dans ce Brésil luxuriant et étouffant nous allons remonter le cours du temps et découvrir le fin mot de cette histoire. Nous avons rendez-vous avec l'amour et la mort. Mais il va falloir être patient et démêler le vrai du faux via ces deux personnages et ces deux versions.

" (..) Bien sûr qu'écrire c'est mentir, c'est tricher, parce qu'écrire n'est qu'un jeu.

- Oui, écrire est peut-être un jeu, mais lire ne l'est pas.

- Bien sûr que si lire un roman, c'est aimer croire un mensonge, sinon on lit un récit..."

À votre avis Mato Grosso, roman ou récit ? Mensonge ou vérité ? Une chose est certaine c'est bien l'histoire de l'amour et la mort, comme le chante Bernard Lavilliers, dont je te parle encore, comme une maladie qui n'est jamais guérie, un cri inachevé qui ne s'est pas levé, un numéro précis qui n'est jamais sorti, au-delà du pouvoir, à travers les miroirs, je fous le grand bordel, dans la ronde officielle. Figé dans le silence, contemplant la mouvance, de cet amour fragile qui danse sur un fil...

c'est l'amour et la mort...

Une histoire brésilienne que nous offre Ian Manook, cet écrivain voyageur, qui a pris grand plaisir à manipuler son lecteur.

Comme après un grand voyage, j'en ressors mitigée . Pas aussi envoûtée que mon voyage en Mongolie, en compagnie de Yeruldelgger. Un roman intéressant à parcourir mais où j'ai eu du mal à m'y retrouver parfois. Malgré l'originalité de l'histoire, je ne suis pas tombée sous son charme. Il est vrai que c'est un peu la jungle par ici, autant dans les paysages que dans l'écriture foisonnante. Même la vérité se travestit en accord parfait avec le Brésil. J'en garderai un souvenir partagé entre l'amour des mots et la mort des maux qu'il véhicule. Un long chemin tortueux pour découvrir une vérité controversée.
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C'est avec beaucoup d'envie et d'impatience que j'ai entamé ce nouveau roman de Ian Manook, moi qui avais tant aimé sa trilogie Yeruldelgger. Et quelle ne fut pas ma déception. Je n'ai pas pu dépasser la page 150. Je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire, que je cherche toujours d'ailleurs, noyée dans des descriptions interminables de la faune et la flore brésilienne, en langue originale de surcroit, mais trop c'est trop. Mais ce n'est pas grave, et cela ne m'empêchera pas de lire le prochain car pour avoir rencontré l'auteur il y a quelques années, j'y suis malgré tout attachée...
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Jeu de dupe en pleine jungle. Un écrivain remet les pieds au Brésil trente ans après en être parti sur les chapeaux de roues. de son passage dans le Mato Grosso, il en a fait un roman, « Un roman brésilien », couchant sur le papier des souvenirs romancés patinés de beauté sauvage, de trafics à peine camouflés et de flicaille corrompue.

Jacques Haret quitte donc la France le coeur léger et impatient de retrouver les sensations encore vives de son Brésil perdu. Qui plus est, il y est invité pour parler de son roman, l'égo flatté ne gâchant en rien sa gaieté trépignante. Sauf qu'à l'arrivée, une vieille connaissance l'attend de pied ferme pour remettre l'histoire à l'endroit.

Ian Manook quitte les steppes de l'Asie centrale et délaisse un temps son commissaire Yeruldelgger pour la jungle brésilienne, un hommage presque, tant les descriptions ici flirtent avec le carnet de voyage. La construction est différente. C'est un roman double, avec un roman dans le roman, comme une porte ouverte sur le passé. Nous évoluons entre deux récits, deux époques, entre réalité, fabulation et règlement de compte.

Je m'attendais à davantage d'action, non pas que ce roman en soit dénué, non pas que j'en recherche à tout prix dans un roman, mais les descriptions m'ont semblé longues voire ennuyeuses, un peu comme quand on vous montre un album de vacances sans tri préalable. Au début c'est sympa mais quand on n'a pas assisté au voyage, à un moment c'est lassant, ce qui est logique d'ailleurs, car nous ne sommes pas dans du documentaire mais sur du souvenir. C'est visiblement l'angle choisi par l'auteur, un terrain glissant. le roman de l'écrivain fictif tient plus d'un journal de bord que d'un récit aventureux et trépident et l'on ne croit que moyennement à sa publication. Et puis les envolées nostalgiques de ses amours passés sont naïves voire un poil kitschouilles, c'est mignon au début mais à force c'est aussi palpitant qu'une carte postale avec un cheval courant sur la plage dans le soleil couchant… (mais je manque peut-être de romantisme)

Plusieurs bémols pour ce roman qui me laisse sur une impression mi-figue mi-raisin. Pour autant, le dépaysement est total et l'immersion réussie, on y croise du croco et on mange local. Aussi je préfère ne pas en dire plus et vous laisser vous attabler tranquillement avec ces quelques notes gourmandes, et on en rediscute si vous le lisez.

Merci à Babelio et Albin Michel pour cette lecture.
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Un salon du livre dans le cadre magnifique de la ville d'Auvers S/Oise, des moments très privilégiés avec les auteurs présents, dont Patrick accompagné de Françoise. Et me voilà riche de ce roman. Un ouvrage qui a une grande importance pour Patrick/Ian.
L'intrigue se déroule dans ce Brésil qu'il connaît et affectionne. Nous sommes ici bien loin de la steppe et de Yeruldelgger.
Mais cette histoire nous enveloppe aussi sûrement que la moiteur de la nature luxuriante du Brésil. Elle nous enserre quasi jusqu'à l'étouffement et nous conduit à un dénouement implacable : celui d'une vengeance.

L'histoire :
Avril 2006 - Jacques Haret est de retour sur le sol du Brésil. 30 ans qu'il en était parti. Il est accueilli à l'aéroport par Martinho et conduit à Petrópolis, petite Bavière sous les tropiques. Lotte, la femme de Stefan Zweig, définissait l'endroit comme « une petite jungle au creux des Alpes », quelques jours avant que le couple ne s'y donne la mort.
C'est le père de son chauffeur qui va héberger Jacques, dans la maison même où Stefan et Lotte se sont donné la mort. Quel choc pour l'écrivain. Dormir dans ce lieu tant chargé d'histoire et de symbole.
Extrait page 17 : « - Imaginez-vous, Martinho, qu'il y a 30 ans j'ai connu un homme qui affirmait avoir vécu son enfance dans cette même maison. Vous vous rendez-compte ? ».
Et le choc va être grand.
Car une voix, comme un écho du passé vient répondre « Je ne savais pas que nous avions été amis… »
30 ans sont gommés, et le passé ressurgi sous les traits d'António Figueiras, l'ancien policier. Vieilli, amaigri, en fauteuil. Reconverti dans l'édition, c'est à ce titre qu'il accueille Jacques pour son « Roman Brésilien ». Un roman écrit comme une confession. Un défi ? Un récit sans scrupules, sans états d'âme pour les survivants qui ne peuvent que se reconnaître, même si les noms ont été changés. le passé est là. Déroulé, enjolivé. Tellement de mensonges auxquels Haret a fini par croire. Il est tellement plus flatteur de ne pas avoir le mauvais rôle.

L'auteur est prisonnier de Santana/Figueiras qui le menace d'une arme. le fantôme d'une femme lumineuse, Angèle/Blanche, une femme que l'un a follement aimé, l'autre follement convoité en disant qu'il s'agissait d'amour, est là, dressé entre eux. Car les mots peuvent tuer. Et ceux de l'écrivain ont tué Blanche.
Jacques Haret, phonétiquement le jacaré (le caïman), va devoir affronter le passé et la vérité, dont la mort d'Evéraldo, qui l'a conduit à quitter le Brésil il y a 30 ans. Evéraldo, le père de l'enfant que portait Blanche. Cet enfant, c'est Martinho, à qui Figueiras a servi de père. Une histoire dans laquelle Figueiras n'est pas non plus un ange, pas plus que ces puissants pour qui la vie n'a pas grande importance.

1976 -
Extrait du roman d'Haret page 47 : « Je suis devenu fou de ce pays. de cette nature tirant sa beauté vénéneuse des pourritures qui s'y décomposent. de cette beauté dangereuse où glissent des cascavel mortels, grabouillent des mygales industrieuses, et se tapissent des jacarés aux aguets. Cette folie m'a gagné. Elle est en moi à présent, là où mes sentiments pourrissent et se délitent eux aussi pour former l'humus de cette déraison qui m'enivre de l'intérieur. »

Un face à face inexorable va se dérouler, où le roman d'Haret avec sa vérité, et la Vérité, vont se chevaucher et s'entremêler. Ce sera une explosion d'amour, de convoitise, et de mort, le tout dans la violence et la moiteur de ce pays fascinant.

Le Brésil est le personnage central de ce roman.
On rêve de déguster du pacu grillé relevé d'un juste molho d'oignons et de poivrons sur un riz blanc peu sucré, arrosé d'une bière bien fraîche. de savourer du fromage salé à la pâte de goyave. de se rincer la bouche d'un verre d'eau pour apprécier comme il se doit le café brésilien, ce concentré de nectar. Puis d'écouter les légendes indiennes le soir au bivouac. Perdu au milieu de cette nature, sauvage, autant que ses hôtes. Craindre la onça (panthère), capable de s'attaquer à un jacaré adulte, qui rode.

Ce plongeon au coeur brûlant du Brésil, que nous offre Ian, est un voyage inoubliable.
Les déviances et les travers de la nature humaine y sont merveilleusement dépeints.
J'ai pour ma part adoré ce roman, une ode au Brésil cher à l'auteur, et une histoire dense et prenante dont on ne sort pas indemne.
Du très grand Manook.
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Attention...Ceci n est pas un polar!

Je pense que Mato grosso n a rien à voir avec le succes de sa trilogie precedente.

Mato grosso est un roman noir, où la violence, le vice et le mensonge règne au coeur d un Bresil qui pourrit de l interieur.

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