Alors qu'il s'est installé en ermite au milieu du désert de Gobi où il tente de renouer avec l'âme de ses ancêtres,
Yeruldelgger se voit durement rappelé à la réalité par une série de crimes rituels, violents et sordides. Deux cavalières et un jeune garçon viennent tour à tour le trouver dans l'espoir pour l'une que l'ex-inspecteur de la police criminelle d'Oulan Bator pourra l'aider à retrouver sa fille disparue, pour la seconde, faire la lumière sur le meurtre d'un géologue français dont elle était éprise et pour le dernier, examiner un charnier qu'il a découvert dans la steppe. de la Mongolie à Manhattan, du Canada à l'Australie,
Ian Manook nous embarque dans un thriller sombre et violent, aux personnages aussi atypiques que souvent peu obligeants. À travers les diverses intrigues, l'auteur nous décrit une nouvelle fois la Mongolie. Un pays dévasté, sauvagement pillé par quantité de sociétés minières multinationales, ruiné par les combines politiciennes et qui est en train de perdre son identité, son histoire et jusqu'à son âme. L'histoire tourne globalement autour de la corruption généralisée des instances gouvernementales, de la mainmise des sociétés minières dévastant le sous-sol de la steppe, de projets pharaoniques de captation d'eau pour alimenter les mines de terres rares rapportant des milliards de dollars à une élite dévoyée. Mafias aux réseaux tentaculaires, gangs aux tueurs impavides, hommes politiques vénaux, les ingrédients ne sont pas vraiment originaux mais l'efficacité, servie par un style toujours aussi caustique, est pour l'essentiel au rendez-vous. Visiblement l'auteur s'est beaucoup amusé dans l'écriture de ce troisième volet, jonglant avec les bons mots, multipliant les citations littéraires, les références cinématographiques et des touches d'humour impertinents. Pour autant, entre les multinationales avides d'exploiter à tout prix le sous-sol de leurs concessions, les ninjas prêts à sacrifier leur santé pour quelques tugriks et l'éclosion d'un groupe de rebelles nationalistes calquant leurs actions sur celles de Gengis Khan, l'influence de
Yeruldelgger sur le développement de l'histoire reste plutôt secondaire. Manipulé de tous les côtés, il échoue à protéger les êtres qui lui sont les plus chers et choisir son destin, même si une dernière fois il concourt de façon accessoire à démêler cet incroyable imbroglio de duplicité et de perfidie.
Un ouvrage moins prenant que les précédents, plus confus, plus schématique et désinvolte. Si on retrouve avec plaisir l'univers mongol, avec sa cuisine, ses rites, ses traditions, la crédibilité, l'intensité et la magie ne sont pas totalement au rendez-vous de cette ultime chevauchée dans la steppe.