Les Histoires d'Ammien auraient dû se conclure à la mort de Julien, dernier Romain digne de ce nom aux yeux de l'historien. Cependant, on apprend qu'il poursuit son entreprise à la demande probable de ses lecteurs et amis, et aborde un nouveau cycle historique, marqué par une nouvelle dynastie (avec Julien s'éteint la famille de Constantin et un nouveau clan accède au pouvoir, celui des Valentiniens). le lecteur retrouvera, mais sans lassitude, tant l'art de raconter de l'auteur est grand et subtil, le même récit alterné de guerres contre les barbares et de guerres civiles entre Romains pour obtenir le pouvoir suprême. Des digressions, qui parsèment le texte d'Ammien depuis le début, décrivent des pays et des peuples inconnus, ou des phénomènes inexpliqués, dans l'optique d'une histoire qui ne serait pas seulement une exploration du passé (proche de l'auteur), mais aussi de l'espace et des connaissances et curiosités du temps : une histoire qui, fidèle à son étymologie grecque, serait une enquête encyclopédique. On retrouvera aussi les mêmes grandes qualités d'édition, de traduction et d'annotation des volumes précédents.
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(Caractère coléreux de l'empereur Valentinien). Et bien que Valentinien, notoirement sauvage, pour adoucir sa réputation de dureté, s'efforçât quelquefois, dans les premiers temps de son règne, de contenir ses élans sous le contrôle de sa raison, cependant ce défaut, rampant aussi longtemps que l'effet en fut différé, ne se dressa qu'avec plus de licence pour la perte de beaucoup de gens, quand la colère aux âpres bouillonnements l'eut aggravé.
Et quamquam Valentinianus, homo propalam ferus, inter imperitandi exordia, ut asperitatis opinionem molliret, impetus truces retinere non numquam in potestate animi nitebatur, serpens tamen vitium et dilatum erupit ad perniciem plurimorum, quod auxit ira acerbius effervescens.
XXVII-7, 4