Voici la "fin de la fin" de l'Histoire du grand Ammien, et même, selon la préface, "le fin du fin", le récit des années 371-378 de l'empire romain. Ces trois livres (29, 30, 31) racontent la chute de la dynastie valentinienne, incapable de contenir l'invasion des Goths, dont les effets seront racontés en particulier par Zosime (ravage de l'empire, prise de Rome, etc). le lecteur contemporain ne pourra que frissonner à la lecture du livre XXXI qui clôt l'ensemble : les conseillers de l'empereur le persuadent de laisser entrer dans l'empire des milliers de "migrants" goths en armes, sans engagement de leur part, en lui vantant les chances pour Rome que constituent ces nouveaux peuples. Une fois invités, bien sûr, il ravagent tout et tuent l'empereur dans une bataille, à Andrinople (actuelle Edirné, en Turquie actuelle), avant de se répandre ailleurs dans les provinces sans défense. Les deux livres qui précèdent préparent le lecteur à cette catastrophe, dont le récit a attiré l'attention de certains penseurs d'aujourd'hui. Ces trois livres finaux concluent avec beaucoup de grandeur tragique l'oeuvre de cet historien de génie, et comme toujours, la lecture des notes et commentaires ne fera qu'approfondir notre admiration pour son style et son oeuvre.
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(Des chances pour l'empire : l'accueil des migrants goths à la frontière danubienne).
Dans cet espoir, on envoie sur divers points procéder au transfert de cette foule sauvage avec ses chariots. Et un soin diligent était employé pour ne pas abandonner à l'arrière un seul de ces hommes destinés à renverser la puissance romaine (note : bataille d'Andrinople, où l'armée est écrasée par eux et l'empereur brûlé vif), fût-il même la proie d'une maladie mortelle. En conséquence, ils obtinrent, par autorisation de l'empereur, le droit de traverser le Danube et de cultiver les plaines de la Thrace, et ils étaient transportés d'une rive à l'autre, jours et nuits, embarqués à la file sur des bateaux, des radeaux et des troncs d'arbres creusés.
Hacque spe mittuntur diversi qui, cum vehiculis, plebem transferant truculentam. Et navabatur opera diligens nequi Romanam rem eversurus derelinqueretur, vel quassatus morbo letali. Proinde permissu imperatoris, transeundi Danubium copiam colendique adepti Thraciae partes, transfretabantur in dies et noctes, navibus ratibusque et cavatis arborum alveis agminatim impositi ...
XXXI-4, 3.