L'homme invisible reprend ses droits. Tout du moins le croit-il…
Jean-Pierre mène une vie anonyme, tellement banale et dérisoire qu'il croit vraiment pouvoir passer inaperçu. Dans ses fantasmes, il imagine s'infiltrer dans les appartements des jolies filles qu'il rencontre dans les supermarchés pour les mater tout à son aise. le jour où il cherche enfin à commettre un acte qui le révèlera aux yeux des autres, un accident survient et coupe l'accomplissement de son projet. Après s'être réveillé à l'hôpital, une jeune femme pulpeuse se présente à son chevet. Témoin de son accident, c'est elle qui a prévenu les secours. Kinésithérapeute de profession, elle propose par la même occasion à Jean-Pierre de se rendre dans son cabinet pour les séances de rééducation qui suivront la fracture de son genou. Comme à son habitude, Jean-Pierre commence à fantasmer, mais lorsqu'il décide enfin de s'inscrire dans la réalité en invitant la jeune femme à sortir, et alors qu'il croit avoir réussi à exister, la révélation d'une cruelle machination le ramènera à la réalité : homme invisible il était, homme invisible il restera. Mais est-il vraiment le plus à plaindre dans toute cette histoire ?
Grégory Mardon construit ici une histoire constituée de multiples ressorts mais qui parvient malgré tout, par l'usage d'une chronologie et par un découpage des scènes appropriés, à rester d'une fluidité limpide. Son talent psychologique se déploie dans toute sa grandeur pour mettre en scène des personnages qui nous sembleront crédibles, mutilés sans être pathétiques, et suffisamment complexes pour paraître réalistes. L'imbrication des fantasmes avec la réalité n'est jamais affirmée et laisse le choix au lecteur de rêver à son gré –sachant que ces illusions dessinées représentent aussi parfaitement la matérialisation des émotions les plus intenses. Ce qui ne peut être exprimé,
Grégory Mardon le fait ressortir par des scènes simples mais saisissantes qui nous feront connaître les émois ressentis par les personnages : lassitude, déchirement, colère et terreur comme sérénité, émerveillement, gourmandise et érotisme.
Est-ce un récit ? est-ce une méditation ? Victimes parfaites laisse désarçonné quoique charmé. On aurait aimé en lire davantage.
Lien :
http://colimasson.over-blog...