Citations sur À la lumière du petit matin (84)
Pourtant, je n’aurais jamais imaginé devenir celle qui réclame, qui attend, qui se tape la tête contre les murs quand son amant la laisse pour rejoindre sa famille, celle qui se dégoûte parfois.
Me laisser emporter par le rythme de la musique et mon corps me faisait un bien fou. J’occupais l’espace de la salle, pieds nus, yeux fermés, totalement hermétique à mon environnement.
De toute ma vie, je n'avais jamais imaginé que je ne pourrais plus danser. Inconcevable. Me retirer la danse, c'était me retirer de moi-même. Aspirer de mon corps ma substance, la raison même de mon existence. Sans la danse, j'étais une coquille vide.
Quand il avait l’occasion de me téléphoner… il partait du principe que j’étais forcément aussi disponible que lui. Il appelait donc jusqu’à ce que je finisse par décrocher. Peu lui importait que j’aie une vie et un travail. En revanche, une fois n’était pas coutume, il avait laissé un message à sa dernière tentative, « Hortense, rappelle-moi ! » Plutôt laconique, le message. Laconique mais au contenu exceptionnel : le rappeler !
Hortense, vous allez me prendre pour un fou, mais je n’arrive plus à travailler, je n’arrive plus à parler, je n’arrive plus à dormir, à vivre normalement. Je ne pense qu’à vous. J’ai cherché toutes les informations possibles sur votre école pour en apprendre davantage sur vous, je veux tout connaître, tout savoir. Je ne sais plus quoi faire pour vous sortir de ma tête.
Aymeric avait beau être l’homme le plus organisé que je connaisse, il était presque toujours en retard ; un dernier appel, un dernier mail à envoyer, une dernière situation de crise à gérer. Je ne lui en voulais pas, il réglait toujours le maximum de choses avant de me retrouver pour qu’on ne soit pas dérangés
Sandro était un bourreau des cœurs, il les lui fallait toutes, les jeunes, les moins jeunes et les autres. Il s’appliquait à ne faire aucune discrimination. Avec son accent charmeur, il nous expliquait régulièrement qu’une femme était une femme, qu’une femme était belle, mystérieuse et désirable quel que soit son âge, son tour de taille ou son bonnet de soutien-gorge. Par moments, Bertille et moi tentions de le raisonner, mais rien n’y faisait.
Je voulais de la vie, de l’énergie, de la joie. Je pensais à tout, au mouvement d’un petit doigt qui pouvait en dire beaucoup, à mes yeux, même si je les fermais par moments, le plus infime geste renforçait le message délivré durant ces quatre minutes trente-cinq.
Il fallait danser, danser et encore danser jusqu’à en crever. Il nous poussait dans nos retranchements, il voulait savoir ce que nous avions dans le ventre, et testait nos limites en permanence. Son credo : nous faire raconter une histoire lorsque nous dansions. Il attendait de nous qu’on traque et qu’on libère les émotions enfouies au plus profond de notre être. Nous avions à peine droit au repos, mais il était si extraordinaire que nous cédions à toutes ses demandes, aucun de ses élèves – pourtant de nature rebelle – ne se révoltait jamais.
Si je continuais à me comporter comme une éternelle adolescente, je ne construirais jamais rien. Il était temps de grandir et de les rendre fiers de moi. J’avais voulu savoir si je pouvais encore vivre de ma passion, ou s’il me faudrait malheureusement la mettre de côté.