L’inconnu aurait observé cette femme s’activer pour tout ranger, balayant gentiment les excuses de son mari de ne pouvoir l’aider. il se serait accordé une dernière curiosité, les aurait regardés aller se coucher.Ils les aurait vus entamer une périlleuse et lente montée de l’escalier, en sentant le poids sur leurs épaules et il aurait compris que malgré l’amour indéniable entre ces deux-là, il ne se ferait pas durant cette nuit de retrouvailles.
Même dans une grande histoire d'amour, rien n'est acquis, il faut sans cesse en prendre soin et l'alimenter.
Page 314 : "La route se fit en silence, Xavier n'arrêtait pas de faire tourner son alliance autour de son annulaire. C'était la première fois que je le voyais le faire depuis l'accident."
" ne t'attache jamais trop, mon Ava, les artistes ne nous appartiennent pas, il faut savoir les laisser partir "
j'aurai tant voulu le soulager, l'épauler. Il était comme anesthésié, indifférent à lui-même, à Pénélope et Titouan, indifférent à moi, je ne supportais plus ce vide entre nous. Je lui en voulais de ne manifester aucune joie de rentrer à la maison. Mais je n'aimais pas cette rancœur, cette ambivalence même que je ressentais pour lui, qu'il m'infligeait, qu'il s'infligeait à lui-même. Je devais m'en délester, mûrir, traverser l'épreuve à ses côtés. Un mur s'était érigé entre nous.
Mon père était un funambule des mots. cela s'était imprimé dans chaque fibre de mon être, j'avais absorbé cette passion, elle était devenue mienne. Le sens de la communication, cet art de la séduction et cet amour pour les artistes qui était le propre des galeristes s'étaient inscrits en moi d'une manière irrévocable.
J’étais dans le flou le plus total. Aucune projection dans l’avenir. Aucun espoir. Rien. Le vide. Une ombre planait désormais sur notre vie, dans notre maison. Et j’avais peur. Mais cette peur, je devais la canaliser, l’étouffer, l’éloigner, je ne pouvais me permettre de me laisser engloutir.
Etrange cette notion d’avant et d’après. Je sentais que nous venions de perdre quelque chose d’essentiel.
Certains aiment se mettre en avant avec la douleur des autres.
Notre histoire était finie avant même de naître. Et il faudrait vivre avec.