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Extrait ajouté par ilovelire il y a 4 mois
Nos résiliences de Agnès Martin-Lugand
Quelques minutes plus tard, mon corps nu avait retrouvé sa place sous les draps, ma peau ne demandant qu’à retrouver la sienne. Il était sous la douche ; peu importait l’heure de son arrivée, il avait toujours besoin de se laver quand il rentrait, retirer les dernières poussières de la brousse, les dernières traces d’odeur des animaux qu’il avait soignés, une manière de prendre de la distance avec ce bois dont il ne revenait jamais indemne, mais qui était indispensable à son équilibre. Inconsciemment, il ne voulait pas m’imposer ce parfum qui m’était inconnu, et qui ne lui ressemblait pas, du moins ne ressemblait pas au parfum de mon mari
Une force obscure et lumineuse à la fois me poussait vers cet homme. Une force contre laquelle je n'arrivais pas à combattre. Une force contre laquelle je n'avais plus envie de lutter. A moi de ne pas me perdre totalement.
Personne n avait jamais cru en lui ; les moqueries, le manque d'encouragement, son entourage qui le poussait à cesser de s obstiner avaient eu raison de lui.
INCIPIT :
Je me glissai seule dans notre lit pour la dernière fois avant longtemps . J'aimais l'atmosphère de ces nuits- là. . un mélange d'impatience et de fébrilité . Une excitation à le retrouver . Une appréhension qu,il vive mal son retour . Un goût d'euphorie qui submerge . Une envie d'accélérer le temps et de le ralentir à la fois , tant cette ultime attente était jouissive après un long mois d'absence...
Le problème : sa présence pesante et l'absence d'amélioration au niveau de son moral. J'avais le sentiment qu'il se laissait de plus en plus dépérir.
Ce que l'on dit dans la passion a bien peu de valeur, de parole quand la réalité, les responsabilités et la culpabilité remontent à la surface.
Même dans une grande histoire d'amour rien n'est acquis, il faut sans cesse en prendre soin et l'alimenter.
Notre vie avait-elle irrémédiablement basculé ? Ne serait-elle plus jamais comme avant ? Étrange, cette notion d’avant et d’après. Je sentais que nous venions de perdre quelque chose d’essentiel. Aucune projection dans l’avenir. Aucun espoir. Rien. Le vide. Une ombre planait désormais sur notre vie. Et j’avais peur. Mais cette peur, je devais la canaliser, l’étouffer, l’éloigner, je ne pouvais me permettre de me laisser engloutir.
Notre vie avait-elle irrémédiablement basculé ?
Ne serait-elle plus jamais comme avant ? Étrange, cette notion d’avant et d’après. Il y aurait la vie d’avant l’accident, et la vie d’après, bien distinctes l’une de l’autre.
Je patientais debout dans le couloir, en regardant mes pieds, en me faisant toute petite, j’étais mal à l'aise, en décalage complet, on me signifiait que ma place n’était pas là, alors qu’il s’agissait de Xavier, l’amour de ma vie, le père de mes enfants.