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L'écrivain Pablo Martín Sánchez entre un jour son nom dans un moteur de recherche, navigue un peu puis tombe sur l'un de ses nombreux homonymes auquel le site français « Dictionnaire international des militants anarchistes » consacre un article. Autrefois, un Pablo Martin Sanchez, militant de la CNT, membre dans les années 1920 du groupe d'action Los Solidarios, fut arrêté le 17 janvier 1921 à Barcelone sous le nom de José Ramon Cuartero. Impliqué dans l'expédition Vera de la Bidasoa, il fut condamné à la peine capitale à Pampelune le 14 novembre 1924 et donné pour mort.
Le romancier espagnol ne se doutait pas que cette occupation anodine un jour de désoeuvrement allait l'entraîner sur les traces de l'anarchiste et l'amener à reconstituer en dépit des années passées le parcours de cet homme, et à travers lui, tout un pan de l'anarcho-syndicalisme espagnol, jusqu'à la dictature de Primo Rivera et à la Semaine Tragique.

Ce panorama de l'anarchisme est l'un des aspects les plus intéressants de l'ouvrage. Dans son exil parisien, Pablo Martín Sánchez travaille dans l'imprimerie de Sébastien Faure, et fréquente les autres exilés espagnols farouches opposants au dictateur Primo de Rivera, communistes, socialistes, anarchistes, catalanistes, républicains ou tout simplement démocrates. C'est ainsi que Durruti et Ascaso se trouvent à côtoyer militants, citoyens et intellectuels comme Miguel de Unamuno ou Vicente Blasco Ibáñez.

L'autre aspect touchant de l'ouvrage est la résurrection du double, de cet anti-héros condamné au garrote vil, dont il ne restait que quelques entrées dans les sites militants, ainsi qu'une photographie prise lors de l'arrestation et qui reprend vie page après page. Certes c'est l'imagination de l'autre Pablo Martín Sánchez qui comble les vides. La nièce âgée décède rapidement au début de sa quête, il ne peut associer à ses recherches ni proches, ni familiers, et pourtant Martín Sánchez l'anarchiste est sorti de l'oubli.
Je remercie les Editions Zulma & La Contre Allée pour l'envoi de ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Un homonyme anarchiste !


C'est ce que se découvre l'auteur. Intrigué, on le serait à moins, il décide de faire des recherches sur cet homme, recherches qui donneront naissance à cet ouvrage.

Toute la partie consacrée au milieu anarchiste, notamment à Paris, est passionnante et très bien documentée. On y rencontre tous les libertaires importants, et pas seulement espagnols, de cette époque. Leurs conditions de vie souvent difficiles et misérables sont très bien décrites.

La propre vie de cet homonyme est racontée de façon romancée, très romancées, trop romancée ? L'auteur parle, à la fin de son livre, du récit de cette vie qu'il interprète comme une grande promenade dont il espère que nous l'ayons partagée avec lui jusqu'au bout. Certes, mais que le chemin fut parfois long, jamais ennuyeux mais que de longueurs.

Peut-être que mes lectures précédentes, qui concernaient déjà le mouvement anarchiste en la personne de Victor Serge et Durruti, auront influencé mon jugement et que la comparaison entre tous ces ouvrages ne pouvait se faire qu'au détriment de ce dernier.


Quoiqu'il en soit, si vous avez aimé ce livre et que vous vous intéressez à l'Anarchisme sans avoir envie de lire des ouvrages trop théoriques, vous pouvez, devriez, lire "La mémoire des vaincus" de Michel Ragon.



Merci à Babelio et aux éditions Zulma et La Contre Allée pour cet envoi.

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« Bien qu'à vrai dire, patient lecteur, je me tiendrai pour satisfait si je suis parvenu à te mener jusqu'à la dernière page en espérant que tu aies apprécié cette promenade, car écrire n'est rien d'autre que déambuler et flâner avec quelqu'un qu'on ne connaît pas encore. Parce que si je me réjouis de quelque chose, c'est d'avoir partagé cette histoire avec toi, l'histoire d'un anarchiste qui s'appelait comme moi, l'histoire de Pablo Martín Sánchez, une histoire dont j'espère qu'elle valait la peine d'être racontée. »

Que Pablo Martín Sánchez se rassure : son roman est tout à fait passionnant, et je n'ai éprouvé aucune difficulté à avancer dans la vie de son homonyme telle qu'il nous la raconte. Il voulu rester au plus près de ce que l'on sait de la vie de cet obscur anarchiste espagnol. Autour de ce cadre le travail de brodure littéraire, de mise en situation, est tout à fait impressionnant et maîtrisé.

Le premier chapitre nous emmène à Paris, à Belleville plus précisément, à l'automne 1924, dans le petit monde des réfugiés espagnols. Pablo Martín Sánchez, trente-quatre ans, est en fin de semaine typographe dans une petite imprimerie radicale, ce qui lui permet de payer le loyer de la chambre de bonne qu'il loue. Il est responsable de l'édition d'un journal hebdomadaire de 4 pages, Ex-Ilio. Pour subsister, le reste de la semaine il s'occupe d'une propriété dans le Nord.

Un an déjà que Miguel Primo de Rivera s'est imposé à la tête de l'Espagne par coup d'état, avec le soutien du roi Alphonse XIII. Des intellectuels de premier plan, tels Miguel de Unamuno, Vicente Blasco Ibáñez, Eduardo Ortega y Gasset s'apprêtent à une offensive médiatique contre cet autocrate.

Un ami d'enfance de Pablo, Robinson, frappe à la porte de l'atelier. Et Pablo se joindra à un projet fou : avec d'autres activistes armés, revenir clandestinement en Espagne pour provoquer un soulèvement populaire... Ce qui s'est réellement produit à Vera de Bidasoa. Et qui conduira Pablo à être condamné au garrot.

À partir du second chapitre se met en place le dispositif de narration choisi : l'année 1924 est le pivot autour duquel le roman est bâti. En alternance on trouvera un chapitre sur ce qui est antérieur (à commencer donc par l'enfance de Pablo) et un autre sur ce qui se passera pendant cet automne 1924. Quand la boucle sera bouclée fin et début se confondent.

Malgré son sujet, qui pourrait laisser croire que l'auteur a voulu s'en tenir aux faits avérés, il y a une très belle épaisseur romanesque dans ce texte. La vie de Pablo est un roman : on y trouvera par exemple une amitié indéfectible, un amour contrarié, un duel, un voyage en Amérique, une visite guidée des tranchées de Verdun...

Difficile donc de ne pas se laisser emporter par ce livre, à la fois généreux et mouvementé !

J'ai pu le découvrir grâce aux éditions Zulma et La Contre Allée, ainsi qu'à Babelio, qui me l'ont adressé dans le cadre de l'opération Masse Critique. Je les en remercie.
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Pablo Martin Sanchez a su allier la richesse d'une recherche historique sur le milieu anarchiste Franco espagnol entre 1890 et 1924 ,au plaisir ludique du romanesque. Il découvre presque par hasard qu'il a un homonyme et que cet homme était anarchiste et a été condamné à mort pour avoir participé à une tentative de révolte contre le dictateur Primo de Rivera. Piqué de curiosité il va reconstituer l'histoire de cet homme principalement à partir des souvenirs d'une vielle dame,Teresa qui n'est d'autre que la nièce de Pablo l'anarchiste. Son écrit va finalement constituer un très beau playdoyer et une juste réhabilitation de cet homme !
Le récit alterne les périodes en partant de l'enfance de Pablo puis de sa vie de jeune adulte et du simulacre de procès qui le condamnera. J'ai beaucoup aimé suivre Pablo enfant,quand lui même suivait son père inspecteur de l'éducation nationale dans la région de Salamanque,et ses passages à Madrid où il va découvrir les premiers pas du cinéma et,sans s'en douter lier ses premiers contacts avec un futur " compagnon". Il va aussi faire connaissance avec Robinson qui sera son plus fidèle ami et frère d'arme. Son amour magnifique pour Angela va aussi prendre vie à cette période et ne s'éteindra jamais. Après plusieurs expériences de vie son chemin va le conduire à Paris dans les années 20, là où les utopies fleurissent ainsi que l'espoir de la liberté pour tous les espagnols qui sont venus s'y réfugier afin de préparer une révolte contre Primo de Rivera,pensant que le peuple espagnol s'y prépare également. Cette période est passionnante et la soif de liberté de toute cette jeunesse est contagieuse ! Pablo se fait embaucher à l'imprimerie La Fraternelle du grand monsieur Faure bien engagé lui aussi dans cette lutte bien que plus réaliste et prudent que ces fougueux jeunes gens. Ces utopies politiques sont nourries d'amitiés et de solidarité mais entravées aussi par de beaux parleurs qui n'hésitent pas à manipuler les militants et les engager dans des combats perdus d'avance. Toute cette fresque historique est incarnée avec beaucoup d'humanité par ce jeune Pablo qui,pour l'anecdote a une anomalie physique puisque ses organes sont inversés,ainsi il a le coeur à droite...ce qui est le comble pour un anarchiste ! Pourtant ,cette anomalie lui sauvera une fois la vie ..
L'auteur ajouté un épilogue et surtout un addenda qui viennent ouvrir des perspectives positives que je n'osais espérer puisqu'un roman historique ne peut tricher pour offrir une happy-end.
Bien que limité quant à la période qu'il traverse et aussi son espace géographique,ce roman m'a rappelé le magnifique " La mémoire des vaincus" de Michel Ragon.
Je suis insatisfaite de mon billet car je n'ai pas su transmettre toute la richesse et la force de ce roman ...mais il en est souvent ainsi lorsqu'il y a tant à dire qu'on doit se résigner à une synthèse forcément réductrice...
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Quelle magnifique idée littéraire et fictionnelle !
Rechercher son homonyme sur Internet.
C'est ce qu'a fait l'écrivain espagnol Pablo Martin Sanchez.
Pablo Martin Sanchez a écrit l'anarchiste qui s'appelait comme moi en 2012 et son roman vient d'être traduit aux Editions Zulma et La contre-allée.
Pablo Martin Sanchez est connu pour être le traducteur en espagnol de Raymond Queneau, Delphine de Vigan ou Hervé le Tellier.
Il fait aussi partie de L'Oulipo. L'Oulipo a pour but de découvrir de nouvelles potentialités du langage et de moderniser l'expression à travers des jeux d'écriture.

Donc Pablo Martin Sanchez tape son nom sur google et au milieu d'un nombre important d'intrants , il découvre son nom dans le dictionnaire des anarchistes espagnols .
3 petites lignes dans un article consacré à l'anarchiste Enrique Gil Galar : "Capturé, il fut condamné à mort et exécuté avec d'autres militants, comme Julian Santillan Rodriguez et Pablo Martin Sanchez ".
"Membre d'un groupe d'action, Enrique Gil Galar participa le 6 et 7 Novembre 1924 à l'expédition de Vera de Bidasoa au cours de laquelle une centaine de camarades venus de France étaient entrés en Espagne "
Pablo Martin Sanchez se lance dans l'investigation et recherche documents et informations concernant cet homonyme ayant vécu au début du 20éme siècle. tout cela se concentrera à Barracaldo dans la banlieue de Bilbao.
Il rencontrera Térésa, une vieille femme de 90 ans, qui est la nièce de l'anarchiste Pablo Martin Sanchez et qui lui permettra de dérouler le fil menu de la vie de l'anarchiste.
Mais comment démêler le vrai du faux, entre récit historique et fiction ?
Il est évident que c'est jubilatoire pour Pablo Martin Sanchez de nous entrainer entre fiction et réalité. Et il le fait diantrement bien !
Il profite des interstices inconnus de la vie de Pablo Martin Sanchez pour nous immerger dans le Paris du début du 20ème siècle : les quartiers populaires , les années folles mais encore les petits commerces et les linotypistes.
Une capitale dans laquelle grenouille les anarchistes de tous poils et plus spécialement espagnols.
Car c'est aussi la grande réussite de ce roman : nous faire découvrir une partie de l'histoire espagnole en ces années 1920. Nous connaissons plus de l'Espagne la période la guerre civile de 1936. Elle a pourtant été précédée par la dictature de Miguel Primo de Rivera qui a écrasé ces rêves anarchistes et libertaires. des rêves précurseurs de ce que seront le Pays Basque et la Catalogne.
Enfin comment ne pas être touché par ces engagements jusqu'à la mort ?
Je suppose que Pablo Martin Sanchez l'écrivain a du cheminer longuement auprès de Pablo Martin Sanchez l'anarchiste. Un cheminement qui se poursuit 10 ans après la naissance du roman avec son édition en France.
J'ai rencontré Pablo Martin Sanchez à la Fête du livre de Bron en Mars 2022.
Il était toujours imprégné de ce roman et de ce cheminement.
Sa dédicace :" Cette histoire du passé qui parle bien du présent."
Le cheminement de deux homonymes à 100 ans d'écart mais qui parlent d'une même voix .
Un livre qui parle d'aventure, d'Histoire, d'amour et de convictions.
je vous le recommande chaudement.
Lien : https://auventdesmots.wordpr..
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Un jour, en surfant sur internet, Pablo Martin Sanchez, trouve parmi de nombreux homonymes, un autre Pablo Martin Sanchez ; un anarchiste espagnol du début de l'autre siècle. Intrigué, il décide d'en savoir plus, puis de fils en aiguille, d'écrire l'histoire de ce personnage qui fut bien vivant il n'y a pas si longtemps. Il va enquêter, rencontrer quelques témoins (forcément âgés), consulter des archives. Il va se rendre sur les lieux de l'histoire (et de l'Histoire), et va reconstituer le puzzle de cette vie. Là où il manque des pièces il mettra de la fiction et du romanesque. Les chapitres du roman alternent et s'entrecroisent, en commençant par l'enfance et, deux décennies plus tard, la prise de conscience libertaire, la dernière partie finira par la disparition tragique du héros (... à moins qu'il manque une pièce). On y trouve donc de l'amitié et de l'amour, des actes plus ou moins héroïques, des personnages truculents, des témoignages historiques de l'Espagne fascisante de Primo de Rivera à la France de 14/18 puis des années folles. D'une certaine façon c'est un roman classique, au sens noble du terme, avec un récit solide, bien documenté et un beau sens de la narration, mais peut-être un peu trop de descriptions à mon goût, et quelques longueurs aussi.
J'ai eu la chance de rencontrer Pablo Martin Sanchez (l'auteur, pas l'anarchiste ;-), c'est un type épatant. Il nous avait parlé aussi de son intérêt pour l'Oulipo, il est d'ailleurs le traducteur espagnol de R. Queneau et d'Hervé le Tellier. J'avais pensé trouver dans ce texte quelques traces et influences de l'école oulipienne ... Je n'en ai pas trouvées, mais cela ne veux pas dire qu'il n'y en ait pas ... 4*
Allez, salut, y hasta luego.
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Certes , ce livre , comme l'on noté quelques lecteurs dans leur critique , fait penser à " La mémoire des vaincus " de Michel Ragon mais se cantonne dans le cadre géographique franco espagnol alors que l'ouvrage de Ragon est bien plus large . Buenaventura Durruti , Francisco Ascaso et Sébastien Faure sont brièvement évoqués mais que de longueurs dans cet ouvrage notamment à propos du procès à l'encontre des "insurgés de Véra . J'ai toute fois été très intéressé d'apprendre les prémices de la guerre civile espagnole , la montée de l'anarcho syndicalisme dans les années 20 .
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C'est dans un véritable travail d'investigation que s'est lancé Pablo Martin Sánchez afin de nous proposer cette histoire. En effet, alors qu'un jour il tapait son nom sur un moteur de recherche afin de voir ce que cela pouvait donner, il fut étonné d'apprendre qu'un de ses très nombreux homonymes fut un anarchiste espagnol condamné à mort en 1924. Dès cet instant, son intérêt fut aiguisé et il décida de reconstituer la vie de cet inconnu...
Pour ce faire, l'auteur s'est documenté et cela se sent, on comprend ainsi parfaitement la situation politique de l'époque sous le règne d'Alphonse XIII et ce qui a poussé notre jeune héros à choisir la voix de la rébellion. J'avais d'ailleurs peur que ce ne soit trop complexe mais c'est parfaitement intégré à l'histoire. de plus, l'alternance des chapitres entre l'enfance de notre anarchiste et ses dernières années nous permet de conserver un bon rythme et de ne pas nous ennuyer. On s'attache à Pablo, et bien que connaissant dès le départ l'issue tragique on se prend parfois à espérer qu'il en soit autrement.
Un livre passionnant et merveilleusement bien écrit, sur une épopée révolutionnaire. A lire absolument !
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Sébastien Faure, Francisco Ferrer, Emma Goldman, Blasco Ibanez, Durruti, Miguel de Unamuno, Eduardo Ortega y Grasset, voici quelques uns des anarchistes que Pablo Martin Sanchez nous permet de rencontrer en compagnie de son homonyme qui vécut une vie aventureuse et engagée de son enfance vagabonde à sa passion révolutionnaire.
Gallimard commente ainsi le roman :. « Livre d'aventures, récit historique, roman feuilleton ou pamphlet politique, cet objet hybride ne choisit pas sa forme mais reste toujours époustouflant ! À DÉVORER ! »

Les avis éditeurs ne sont certes pas parole sacrée. Mais ici tout est dit, et le livre se lit comme un magnifique roman d'aventure avec un personnage qui ne tient pas en place de l'Espagne à la France jusqu'à New York et Buenos-Aires dans son odyssée pour le mouvement anarchiste et qui sait s'accompagner de personnalités flamboyantes.
le travail d'historien de Pablo Martin Sanchez, qui restitue parfaitement l'histoire de l'Espagne et du mouvement anarchiste, est d'autant plus impressionnant qu'il ne s'est jamais noyé dans sa documentation et a su insuffler un souffle épique et facétieux à son roman.

Tel un Don Quichotte, Pablo échoue dans sa quête, de la perte d'Angela à ses combats perdus, mais ne perd pas espoir et ses échecs sont pour l'auteur l'occasion d'analyses historiques, politiques et sociales.
Si Pablo nous devient si familier, c'est aussi grâce au choix de l'auteur d'alterner les chapitres d'engagement politique et les chapitres sur l'histoire de Pablo dès l'enfance. L'auteur le prive d' odorat ( pratique en prison) et le dote d'organes inversés, ce qui lui sauvera la vie au cours d'un duel, lui donne une amoureuse dont il sera rapidement séparé, un ami naturiste et végétarien et des compagnons aux profils étonnants.
Sans vraiment pouvoir démêler la réalité de la fiction, j'ai été emportée dans un magnifique roman d'aventure historique et humain.
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Pablo Martin Sanchez délivre un contexte historique poignant avec ce roman sur la dictature de Primo de Rivera. Il a l'audace d'écrire la vie de cet homonyme trouvé au hasard d'une rencontre internet : un anarchiste qui s'appelait comme lui.

A travers ses six cents pages, ce roman raconte l'histoire de Pablo, devenu anarchiste après une déception amoureuse. Epris d'Angela qu'il recherche à travers l'Espagne, il dépose les armes lorsqu'il la reconnait, en compagnie d'un autre homme, un enfant dans les bras. Mais Pablo n'a pas tout perdu : il retrouve son ami d'enfance. Sous couvert d'un lien fort et d'une promesse d'amitié éternelle faite quelques années plus tôt, il se laisse entraîner dans un autre combat : libérer son pays de la dictature.

La vie de Pablo est jalonnée par des quêtes impulsées par un sentiment de justice exacerbé. L'injustice d'une situation financière instable le contraint à suivre son père. Loin de sa soeur et de sa mère, il s'émancipe alors que son père travaille. L'injustice d'un situs inversus met le jeune garçon à l'écart dès les premiers instants de socialisation avec les autres enfants. Pablo est différent. Il doit apprendre à vivre avec. Viennent les injustices plus cruelles encore : celle de cet amour réciproque condamné par la famille d'Angela ou celle de ce pays tombé entre les mains de la dictature. Pablo se construit sans modèle, au gré de ses actions.

L'ossature de ce roman est double. Deux temporalités nourrissent ce roman à l'équilibre parfait. L'auteur jongle avec aisance, entre un Pablo en 1924, et celui, enfant, de 1890. Ce jeu d'écriture donne les clés d'une compréhension totale de la vie bouleversante de l'anarchiste.

L'anarchiste qui s'appelait comme moi est aussi cruel que troublant. La fin, tragique, met en lumière l'injustice de ce pan de l'Histoire espagnole. On s'attache à ce Pablo, enfant comme adulte, on tremble, on espère, et on prend conscience que ces personnes, tombées dans l'oubli, ont aussi leur histoire à raconter.
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