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Les Thibault tome 6 sur 8
4.12/5   12 notes
Résumé :
Antoine, face à la souffrance de son père, décide d'en abréger l'agonie. Jacques ne supporte ni l'ambiance de la maison familiale, ni la présence de Gise. Alors que son frère découvre, post mortem, des papiers qui lui révèlent la richesse de la vie intérieure de son père, Jacques ne songe qu'à s'expatrier au plus vite.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Tout est dans le titre de ce nouvel opus. Resserrée sur quelques jours, l'action est uniquement centrée sur l'agonie d'Oscar Thibault, le père, le patriarche. On est en 1913, cette mort semble annoncer celle de toute une société, toute une façon de vivre qui s'effondrera dans la stupeur générale en 1914.
Mais si l'on peut lire cette agonie comme une métaphore, tout comme cette saga est l'illustration de ce qu'est la grande bourgeoisie française dans ces premières années du nouveau siècle, je l'ai pour ma part lu avant tout au premier degré.
Toujours marquée par la perte de mon grand-père qui remonte à plus d'un an avant cette lecture, la fin de cette vie d'un homme d'âge vénérable a raisonné en moi avec toutes les questions sans réponse que je peux avoir ces derniers temps sur la fin de vie, sur la mort tout simplement (appelons un chat un chat). Cacher la gravité d'une maladie au principal intéressé, prendre conscience que sa fin est là, toute proche, vouloir mettre, vouloir réussir sa sortie pour ne pas entacher la mémoire de sa vie, se justifier jusqu'au dernier moment, tricher ou ne plus tricher avec qui l'on est, être spectateur de cette agonie et vouloir que les choses s'achèvent plutôt que de voir la souffrance inutile continuer.
Beaucoup, beaucoup de questions dans ce tome des Thibault, une immense humanité dans l'écriture de Roger Martin du Gard. Une capacité à décrire les sentiments dans leur succession et leur contradiction. Cette lecture fut douloureuse à certains égards, mais elle m'a aussi permis en quelque sorte de me sentir comprise, cernée, moins seule peut-être dans mon cheminement vers l'acceptation.
Voilà donc un tome qui apparaît un peu comme hors du temps, hors de la saga, comme une photo tombée d'un gros livre. Mais c'est aussi probablement le tome que j'ai préféré jusqu'à présent. Un tome d'une grande universalité. C'est la vie, c'est la mort, c'est tout, et nous sommes tous concernés.
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Et la saga continue avec des rebondissements du rythme une histoire passionnante bref du grand roman ! A ne pas manquer !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il ne luttait pas ; il s’abandonnait à cette oppression de la mort ; et l’intensité avec laquelle lui apparaissaient en ce moment l’inutilité de la vie, la vanité de tout effort, provoquait même en lui une voluptueuse exaltation. Pourquoi vouloir ? Espérer quoi ? Toute existence est dérisoire. Rien, absolument rien, ne vaut plus la peine – dès que l’on sait la mort ! Il se sentait atteint, cette fois, au plus intime. Plus aucune ambition, aucune envie de dominer, aucun désir de réaliser quoi que ce fût. Et il n’imaginait pas qu’il pût jamais guérir de cette angoisse, ni retrouver une quiétude quelconque ; il n’avait même plus la velléité de croire que, si la vie est brève, l’homme a quelquefois le temps de mettre un peu de lui-même à l’abri de la destruction, qu’il lui est parfois accordé de soulever un peu de son rêve au-dessus du flot qui l’emporte, pour que quelque chose de lui flotte encore après qu’il aura coulé à pic.
(p. 123, Chapitre 13).
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Ces paroles le criblaient de blessures. Non, il ne s’était pas élevé au-dessus des biens terrestres ! Il avait trompé là-dessus tout le monde. Et l’abbé. Et lui-même, presque toujours. En réalité, il avait tout sacrifié à la considération des hommes. Il n’avait eu que des sentiments bas, bas, bas – et qu’il avait cachés ! Égoïsme, vanité ! Soif d’être riche, de commander ! Étalage de bienfaisance, pour être honoré, pour jouer un rôle ! Impureté, faux-semblant, mensonge, – mensonge !… Comme il aurait voulu pouvoir effacer tout, recommencer tout à neuf ! Ah, ce qu’elle lui faisait honte, son existence d’homme de bien ! Il l’apercevait, enfin, telle qu’elle avait été. Trop tard ! Le jour des comptes était venu.
(p. 13, Chapitre 2).
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– « Et comment donc en serait-il autrement ? Il faut songer à ce qu’est la condition de l’homme. La religion est la seule compensation à tout ce qu’il sent de vil dans ses instincts. C’est sa seule dignité. Et c’est aussi la seule consolation à ses souffrances, l’unique source de résignation. »
– « Ça, c’est vrai », s’écria Antoine, avec ironie : « il y a si peu d’hommes qui attachent plus de prix à la vérité qu’à leur confort ! Et la religion, c’est le comble du confort moral !… Mais, ne vous en déplaise, Monsieur l’abbé, il y a néanmoins quelques esprits chez lesquels le goût de comprendre est plus impérieux que celui de croire. Et ceux-là… ! »
(p. 133, Chapitre 14).
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Mais là, subitement, se réveillait en lui une tendresse ancienne, puérile, excessive, illogique à la fois et indiscutable, que rendait cuisante un sentiment de confusion et de remords. Il comprenait maintenant pourquoi il était venu. Il se souvint de ses colères, des pensées de mépris, de haine, des désirs de vengeance, qui avaient lentement empoisonné sa jeunesse. Vingt détails oubliés revenaient aujourd’hui l’atteindre au vif, comme des balles qui ricochent. Pendant quelques minutes, délivré de toute sa rancune, rendu à son instinct filial, il pleura son père. .
(p. 122, Chapitre 13).
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Il sentait bien se distendre les derniers liens qui retenaient son âme à ce monde, mais il savourait avec délices cet épuisement, cette fragilité. Il n’était plus qu’un souffle qui vacille avant de s’évanouir. La vie continuait sans lui, comme continue à couler la rivière pour le baigneur qui a gagné la berge. Et il se trouvait non seulement hors de la vie, mais déjà presque hors de la mort : il s’élevait, il s’élevait dans un ciel baigné de lumière surnaturelle comme certains firmaments d’été.
(p. 19-20, Chapitre 2).
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