Celles et ceux qui me connaissent ou qui me suivent ici ou là sur les réseaux savent ma prédisposition pour les romans historiques ou les sagas qui mêlent subtilement la sphère privée et la sphère publique…
Avec
Les Frères Lehman de
Stefano Massini, on peut dire que je suis servie !
Ce livre raconte le parcours de la famille Lehman, qui fonda aux États-Unis la banque éponyme. À l'échelle de la saga familiale, c'est aussi un pan d'histoire de l'Amérique, décliné à travers le prisme du capitalisme, sur une période de plus de 150 ans qui va de 1844 avec l'arrivée de Heyum Lehmann, venu de Bavière, à New York jusqu'en 2008 avec la faillite de la banque Lehman Brothers, lors de la crise des subprimes …
Nous allons suivre quatorze personnages principaux sur trois générations et participer, à travers un enchainement foisonnant d'idées lumineuses, de péripéties et les rencontres, à leur ascension.
Les frères Lehman ont commencé par un modeste commerce de tissu, avant de s'intéresser progressivement au négoce du coton, puis du charbon, du café, de l'acier, du pétrole, du tabac, des armes, des automobiles, des télévisions, des ordinateurs, des avions… Ils ont traversé et financé les guerres, n'ont jamais cessé de rebondir et de s'enrichir…
Nous les retrouvons sur les projets les plus insolites : ainsi, ils ont produit le film King Kong, ont lancé les comic books et les superhéros…
La famille Lehman a véritablement participé à l'expansion de l'Amérique.
Ce qui frappe immédiatement et fait l'originalité de ce livre, c'est son style de long poème épique… En effet, le récit est écrit en vers libres, dans une tonalité déclamatoire, scandée qui invite à la lecture à haute voix…
L'écriture est métaphorique, multi-référentielle avec des allusions à la Bible et au Talmud. Les rites boursiers reprennent les rites religieux et s'y substituent ; dans ce livre les hommes n'ont plus foi en Dieu mais en l'argent.
Il n'y a pas de temps morts ; c'est jubilatoire, entre humour et dérision, épuisant, démesuré…
Personnellement, j'ai beaucoup appris sur l'Histoire économique et sociale de l'Amérique, sur certaines subtilités de la finance, sur la course aux illusions dont profitent les banquiers… J'ai beaucoup ri, j'ai grincé des dents, j'ai été surprise…
À noter, pour celles et ceux que ce pavé de presque 900 pages rebuterait, que ce texte existe aussi, dans une forme abrégée, sous forme de pièce de théâtre intitulée Chapitres de la chute.
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