Connemara, ou L'Aigreur de vivre
J'admets ne pas avoir compris l'engouement général pour cette oeuvre, dont la lecture m'a laissé un goût amer, vaguement nauséeuse et un brin maussade. Peut-être ne puis-je pas comprendre parce que je n'ai pas vécu cette crise de la quarantaine que ce roman raconte sans jamais la nommer; parce que je suis plutôt heureuse et épanouie dans ma vie; ou tout simplement parce que cette lecture ne s'adressait pas à moi.
Mais je suis peut-être passée à côté de cette oeuvre comme les personnages sont passés à côté de leur vie.
Dans ce roman nous suivons deux personnages et leur petit univers respectif, dont le présent et le passé se mélangent tout au long de l'ouvrage. On y découvre leur vie et leur intimité en toute transparence et humanité : leurs joies, leurs peines et bien sûr leur linge sale et pensées inavouables.
Un fil conducteur qui ne quittera pas les quelques 530 pages : les sentiments d'aigreur et d'amertume qui accompagnent la sensation d'avoir raté sa vie et de ne pas être heureux. Les joies sont très faibles et de très courtes durées, bien souvent coupables et malsaines, et peu importe le milieu social duquel ils proviennent la finalité est la même pour tous les personnages du roman: une existence gâchée. Grosse ambiance.
Je ne me suis reconnue dans aucun des personnages, tant sur leur parcours de vie que leur façon de penser ou leurs valeurs; tous très pessimistes et défaitistes, insatisfaits, incapables de saisir la joie et la beauté dans leur quotidien, passant complètement à côté de l'essentiel - et de leur vie.
Le tout est narré sur un style très familier qui flirte parfois avec le vulgaire, certainement pour donner l'illusion du réel et favoriser l'identification aux personnages mais qui, pour moi, a plutôt eu l'effet inverse. Un petite inspiration réalisme de la fin du XIXème siècle avec des descriptions sans fin sur le hockey, le monde du consulting (vraiment ?) et absolument tout ce qui peut être décrit et raconté même si ça n'a aucun intérêt : toutes les tenues de la collègue de travail, la maison de vacances de la meilleure amie du lycée jusqu'à la race du chien de l'un des clients du héros rencontré une seule fois dans l'histoire. Beaucoup d'éléments dont on ne sait que faire exactement.
En somme, si vous avez le sentiment que votre vie est un échec depuis le départ et que vous voulez être conforté dans cette idée par des personnages fatalistes; ou que vous voulez vous plonger un instant dans le quotidien du français aigri et désabusé, ce roman est pile celui qu'il vous faut. Sinon, passez votre chemin.