Connemara

Beaucoup aimé la grande nostalgie qui se dégage de ce roman très contemporain et social. En finesse, Nicolas Mathieu explore les vies de 2 quadra, liées par les lieu et milieu où ils ont grandi et où ils se retrouvent 20 après qu'ils se soient manqués. Une réflexion sur le temps qui passe, les choix de vie avec en toile de fond la peinture de notre société, de l'entreprise, du mondes des consultants, leurs codes et fonctionnement, une photographie précise et pleine d'acuité de cette société. Je recommande.

Sorte de Houellebecq de gauche, Nicolas Mathieu semble assez persuadé que pour faire de la vraie bonne littérature, il faut aussi décrire de nombreux ciels. La réalité, c'est donc le temps qu'il fait et puis la souffrance. Point positif : les scènes de sexe sont hilarantes.

Hélène approche la quarantaine, a deux enfants, une bonne situation et vit dans une grande maison du côté de Nancy mais trouve son quotidien familial avec son époux, morose. Christophe a dépassé la quarantaine, est en instance de divorce, a un petit garçon, un père malade et est commercial en croquettes pour chiens et vit dans une vieille baraque à Cornécourt. Tous deux sont issus du même bled et ont tous deux un sentiment de gâchis. Elle a privilégié la réussite pour se barrer de cette cambrousse paumée et lui a cultivé durant toutes ces années, l'insouciance, les potes, la teuf et les rêves de gosses.

Ce roman est très bien construit. C'est une description sociale d'une douceur nostalgique aux ascendants de portraits crus et pourtant commune dans toutes les vies.

Sommes-nous devenus ce que nous souhaitions être, nos rêves nous sont-ils arrivés ou alors les avons-nous perdus (une touche de Michel Sardou ici aussi 😊) ? Sommes-nous heureux ?

Nicolas Mathieu nous brosse ici un portrait à la fois féminin et masculin des aspirations humaines. Un roman très touchant. Vous ne ressortirez pas de ce récit sans vous poser moult questions, ni insensibles. Il joue aisément avec notre nostalgie, nos questions existentielles, notre vie, le monde où l'on se trouve.

Immense déception. Et pourtant je me considère comme une grande fan de Nicolas Mathieu.

L'écriture est lourde, hachée, certains passages sont même pénibles à lire à tel point que j'ai du me forcer à le terminer.

Il use de métaphores incompréhensibles et inutiles (quand elles ne sont pas carrément absurdes) et nous pond même des fautes de syntaxe (« Maintenant, qu'elle n'était plus la prisonnière de ces murs » - que vient faire la virgule à cet endroit ?) ce qui hache la lecture. Rien à voir avec « Leurs enfants après eux » et « Aux animaux la guerre » qui se lisaient d'une traite et avec délectation.

Et surtout, qu'est-ce qu'on s'ennuie ! Alors qu'il excellait à nous conter l'histoire des Français ordinaires, il échoue malheureusement lamentablement dans Connemara en se contentant de scènes de vie qui sont autant de truismes que des informations parfaitement inutiles. Un exemple : « En général, Christophe préfère se garer à proximité de l'entrée, mais un samedi après-midi, le parking de Castorama est blindé et, après avoir tourné un moment, il doit se résoudre à prendre une place à l'autre bout. » (sic).

Enfin, ayant fait une école de commerce (HEC en l'occurrence), je peux vous assurer qu'il ne connaît ni ce monde (par ailleurs extrêmement critiquable), ni celui du business ou du management. Les termes qu'ils utilisent, toujours en italique pour marquer son ironie, sonnent faux et n'ont même parfois aucun sens.

Je tiens tout de même à citer un passage, qui pour moi est à la fois un résumé du livre, mais aussi une tirade comme je les aimais tant dans ses autres romans : « Enfin, la voix de Sardou, et ces paroles qui faisaient semblant de parler d'ailleurs, mais ici, chacun savait à quoi s'en tenir. Parce que la terre, les lacs, les rivières, ça n'était que des images, du folklore. Cette chanson n'avait rien à voir avec l'Irlande. Elle parlait d'autre chose, d'une épopée moyenne, la leur, et qui ne s'était pas produite dans les Landes ou ce genre de conneries, mais là, dans les campagnes et les pavillons, à petit pas, dans les peine des joies invariables, à l'usine puis au bureau, désormais dans les entrepôts et les chaînes logistiques, les hôpitaux et à torcher le cul des vieux, cette vie avec ses équilibres désespérants, des lundis à n'en plus finir et quelques fois la plage, baisser la tête et une augmentation quand ça voulait, quarante de boulot et plus, pour finir à biner son minuscule bout de jardin, regarder un cerisier en fleurs au printemps, se savoir chez soi, et puis la grande qui passait le dimanche en Megane, le siège bébé à l'arrière, un enfant qui rassure tout le monde : finalement ça valait le coup. »

Espérons qu'il renoue avec ce qui a fait son succès dans son prochain opus.

Très déçu par ce nouveau (et assez long) livre de Nicolas Mathieu. Entre les bobos et le milieu "modeste" du grand Est on s'y perd. J'ai souvent pensé à Houellebecq, mais n'est pas Houellebecq qui veut (même si son dernier livre, Anéantir, m'a aussi un peu déçu). Les scènes de hockey sur glace sont souvent interminables, tout comme les explications du système managérial des cabinets de conseil. Quant aux scènes de sexe, assez nombreuses, là aussi, j'ai eu beaucoup de mal. Quelle déception, donc. J'attends son prochain roman pour me faire une idée... définitive ?

Qu'est ce qu'il écrit bien. Son regard sur le monde est d'une réelle acuité. Des histoires d'un homme et d'une femme , qui s'entrechoquent, s'entrecroisent, se lient, se délient, comme l'aiguille d'une habile couturière qui raccommode le passé, le présent et l'avenir. le monde des consultants et le monde sportif, deux planètes en rotation, autour de l'amour. J'ai bien aimé ce livre, mais je dois le confesser, j'ai été frustré. j'attendais une fin champagne, une apothéose, un truc qui remue les tripes… mais c'est moi. J'aurais du me douter. Lisez le , c'est un beau roman avec de beaux morceaux de texte!

C'est un roman d'aujourd'hui. On s'identifie, surtout si on a l'âge des protagonistes. On est passé par les mêmes émotions, celles intemporelles de l' adolescence.
Et puis, ces doutes éternels.. 40 ans, qu'a-t-on fait de sa vie? le temps des regrets, des incertitudes. Faire revivre le passé, son adolescence et recommencer ?
La politique est là aussi. Où plutôt sa disparition. le citoyen vote mais le véritable pouvoir a été transféré il y a déjà bien longtemps aux sociétés de conseil qui élaborent les politiques publiques à la place des élus et des administrations. Sans pour autant plus de compétence..
Roman sur la vie, roman politique. Sous le style simple et direct de Nicolas Mathieu, toutes les questions fondamentales contemporaines.

Formidable nouveau roman de Nicolas Mathieu! Plus lent et plus sombre que « leurs enfants après eux », l'auteur y développe à nouveau, avec une justesse éblouissante, le bouillement et l'éclat de l'adolescence, le temps qui passe, la jeunesse qui s'évapore, nos regrets et le sens de sa vie. Mais « Connemara » est avant tout un grand roman social, une photographie d'une acuité remarquable de la France périphérique, des fractures sociales de notre pays, de ces deux France que presque plus rien ne rassemble. Entre les illusions du passé, l'angoisse du présent, et le désespoir de l'avenir, un roman d'un étincelant pessimisme. A lire !

Je l'ai dévoré en quelques jours.
Clin d'oeil pour les spécialistes de l'orientation des jeunes : vous avez du boulot ! Aucun des protagonistes de ce roman finalement assez nihiliste ne semble totalement à sa place professionnellement. Quel ennui !
Clin d'oeil pour les managers : la route est encore longue …
Clin d'oeil pour les cadres de la fonction publique territoriale : dites-moi que nous ne sommes pas tous comme les deux responsables de la communication et du système d'information décrits dans le livre ! Obsédés par leur « micro-territoire de pouvoir ».
Clin d'oeil pour les clients des consultants : avons-nous vraiment tous autant dans un besoin d'être rassurés et maternés comme ça ?
Clin d'oeil pour les jeunes en école de commerce (pardon, management !) : finalement, n'y a-t-il pas un fond de vérité dans « Reims » de Yann Moix ?

Difficile de ne pas se sentir happé, de ne pas se reconnaître dans le personnage d'Hélène, cette femme qui a tout réussi, qui est devenue ce symbole d'ambition et de fantasme, à force de travail et d'orgueil mais qui se demande, à la croisée des deux âges, à quoi bon ? Comment est-elle arrivée à cet ennui, cet épuisement dépressif alors qu'elle a tout ? (maison, enfants, mari, argent).
Qu'est devenue cette petite fille native de Cornécourt ? Une petite ville, simple et modeste, où tout le monde se connaît, où tout le monde a son opinion et dont elle a toujours voulu fuir pour ne pas être "comme eux"?
On revient toujours à ses racines. Christophe, lui, l'a bien compris et n'est jamais parti mais à la croisée des deux âges, il se pose les mêmes questions qu'Hélène, où est passé le temps ?
✨✨
L'Est, le temps qui file, les adolescences mal digérées, les complexes de classe, le leitmotiv de @nicolasmathieu que l'on retrouve avec plaisir dans ce livre.
L'auteur est du côté de la vie, traduisant avec justesse, la vie de ces "gens d'en bas". Les personnages sont inoubliables et deviennent des emblèmes sociétaux.
Meme si j'ai, parfois, pour ma part, trouvé le livre un peu cinglant et manichéen dans cette opposition de classe, il faut reconnaître la justesse et l'effort de coller au plus près de la psychologie humaine, de la vie quotidienne.
Je recommande.