AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 3214 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A bord de leur bateau dans lequel se trouve la famille Roland et une invitée Madame de Rosémilly, seule Madame Roland semble s'apercevoir du sentiment de rivalité qui oppose ses deux fils Pierre et Jean, de cinq ans son cadet.
Un héritage, uniquement en faveur de Jean, va faire descendre Pierre dans un cauchemar éveillé et remettre tout son avenir en question.

"Pierre et Jean" est un très beau récit de Guy de Maupassant, où l'on retrouve les thèmes du doute, de la quête de l'identité et de la peur.
Dans la préface, l'auteur définit sa conception du roman et les attentes du lecteur de manière remarquable: "Chacun de nous se fait donc simplement une illusion du monde (...) Et l'écrivain n'a d'autre mission que de reproduire fidèlement cette illusion".
Commenter  J’apprécie          256
Encore une fois, l'édition Folio regorge de petits secrets littéraires qui changent complètement l'expérience de lecture.
Par exemple, elle met en avant les passages d'hallucinations auditives. Effectivement, Maupassant étant déjà atteint par la syphilis à l'époque, il avait peur de se retrouver (à raison), aussi fou que son frère. Il y a d'ailleurs beaucoup de lui parsemé dans ce roman.
Sinon, le petit mot d'Henry James m'a permis de lire pour la première fois cet auteur. Daisy Miller me fait de l'oeil depuis un moment.
Pour le moment, je pense que je relirais très vite le cruel, mais réaliste (naturaliste), Monsieur Guy de Maupassant.
Commenter  J’apprécie          40
Comment se fait-il que Jean ait hérité d'un ami de ses parents et pas Pierre ?

L'histoire de deux frères, certes très connue mais quelle plume.

J'ai passé une magnifique lecture. C'était mon premier livre De Maupassant et ça ne sera sûrement pas le dernier !

Un petit ouvrage très agréable à lire
Commenter  J’apprécie          00
"Heureux les simples d'esprit" : il a raison, Pierre de penser cela en voyant son père rentrer tranquillement sur son bateau de pêche, au Havre....
Pierre, 30 ans, le tourmenté,
Pierre jaloux de son "petit" frère Jean ;
Pierre, plein de ressentiments ;
Pierre plein de rancune ;
Pierre plein de remords...
Pierre, qui a découvert que sa mère a fauté, il y a 25 ans.
Avec son caractère sombre, face à Jean
qui s'fait jamais d'mousse :
Ma pomme,
c'est moi...
J'suis plus heureux qu'un roi
Je n'me fais jamais d'mousse.
Sans s'cousse,
Je m'pousse.
.
Que va t-il se passer ?
Les jaloux sont dangereux.
On a peur pour Jean, le frère ;
on a peur pour Louise, une mère comme on n'en fait plus de nos jours,
une petite dame discrète qui fait de la tapisserie ;
on a même peur pour Pierre.
.
J'adore le style simple, très fluide de Guy de Maupassant, un voisin, puisque je suis moi-même né à Sainte Adresse, sur la falaise qui domine Le Havre où se déroule ce drame (?) familial. Mon grand père, d'la boulange, m'a souvent emmené ( "Vous voulez pas un p'tit commis ?" )dans la belle rue de Paris, où déambule Pierre, une des seules rues anciennes qui reste après les bombardements US en 44-45 , le boulevard François premier où marche la famille Roland, reconstruit depuis la guerre par Auguste Perret ( beurk-son style, pour moi ! ), la rue d'ingouville où Pierre va voir son ami pharmacien, rue près de l'hôpital Flaubert où j'ai fait un stage... et enfin, le boulevard Albert Premier, sorte de promenade des Anglais, bordé de guinguettes où l'on peut manger d'excellentes moules-frites ! ... Boulevard qui monte d'ailleurs vers la côte de Sainte Adresse où habitaient mes parents, la dite côte abritant la petite maison de la jolie jeune veuve, Madame Rosémilly.
Sans parler de la digue nord, où va réfléchir Pierre, et où j'allais repirer les embruns.
.
Bref, un bon Maupassant, où je me suis retrouvé en terrain connu, un livre très fluide, sans aucune comparaison avec le Turenne de Jean Béranger ; mais ce n'est pas le même sujet non plus, LOL !
Commenter  J’apprécie          427
Court roman de Guy de Maupassant intéressant à plus d'un titre.
L'histoire se résume à un héritage que reçoit Jean et que son frère Pierre ne reçoit pas.
Cet événement va créer bien des interrogations au sein de la famille et provoquer une remise en cause de chacun.
Roman agréable à lire et plutôt rassurant …
Commenter  J’apprécie          70
Au Havre, une paisible famille s'apprête à faire entrer ses grands fils dans la vie active, et l'aîné, Pierre, qui sera médecin, porte de grands espoirs. Un coup de tonnerre va faire voler en éclats toutes les certitudes de ce fils quand Jean, son cadet, et lui seul, héritera d'un ami de leurs parents.
Pourquoi lui et pas moi ? n'ai-je pas senti la préférence de ma mère ? Jean serait-il un fils adultérin ?
La paix fuit à jamais son coeur et la colère s'y installe, alors même que le reste de la famille, sans partager ses pensées, se réjouit. Mais Pierre ne veut pas souffrir seul.

Sur fond de côtes normandes, radieuses, brumeuses, séduisantes comme jamais, Maupassant nous conte une histoire de jalousie fraternelle et de tourments raffinés. L'analyse psychologique est stupéfiante de finesse.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
Commenter  J’apprécie          40
Deux frères, gentils bourgeois, vivent avec leurs parents au Havre. L'un veut devenir médecin. Il est sec et brun, le caractère assez rude. Il est l'aîné ; c'est Pierre. L'autre a des ambitions d'avocat, sa blondeur joufflue annonce la bonhomie de son caractère. Voici Jean. Les deux frères vivent dans l'harmonie parfois tumultueuse de leur fraternité ; ainsi les sorties en mer, pendant lesquels les accompagne une jeune veuve, Mme de Rosémilly, sont l'occasion pour Pierre et Jean de se mesurer l'un à l'autre à qui ramera le plus fort. Toutefois les événements prennent une étrange tournure, lorsqu'un notaire, ami de la famille, annonce que Jean est le légataire universel d'un vieil ami que M. et Mme Roland ont connu jadis à Paris, et qu'ils ont perdu de vue. Cette fortune soudaine ouvre à Jean toutes les portes, et laisse à Pierre l'amertume et les questions que ne manque pas de poser une telle décision. Autopsie d'une désintégration familiale, Pierre et Jean, par sa forme et par son propos, bouleverse les normalités apparentes dans un souci de réalisme dont Guy de Maupassant s'ouvre au lecteur dans la préface.

Obligé par le format court de son récit - lequel se situe, de cette façon, à la frontière entre les romans et les nouvelles entre lesquels balance l'écrivain -, Guy de Maupassant met rapidement en place la mécanique de sa narration. D'abord, présentant les personnages, il instaure entre eux une dissymétrie certaine, entre les deux frères et entre les deux parents, se répondant d'une façon paradoxalement symétrique. Pierre et Jean sont frères mais, on l'a dit, leurs physiques comme leurs caractères sont dissemblables. L'intranquillité d'esprit de l'un balance avec l'ataraxie de l'autre. Chez M. et Mme Roland, on retrouve cette même opposition. Monsieur est venu au Havre jouir de sa retraite ; il joue au capitaine sur son voilier, s'est fait des amis dans cette marine dont il a pris les habitudes et le vocabulaire. Parlant haut, M. Roland semble bien serein quant à l'avenir de ses deux fils, ou à la provenance de cette fortune soudaine. Mme Roland, elle, garde un certain mystère. Sa conduite semble irréprochable ; elle a la rigueur des maîtresses de maison et l'amour tendre des mères pour ses fils. de sa vie d'épouse, on pourrait dire qu'elle la supporte dignement, sans révolte, simplement avec ce goût des lectures romantiques qui font parfois vaciller son coeur. Elle est encore une belle femme, quand son époux est décrit comme ventripotent et mou, mangeant et buvant trop poir son âge. La maison bourgeoise des Roland, pourtant, semble bien convenir à l'étiquette de ces maisons. On y a des amis notaires, capitaine, que sait-on encore ; on va le dimanche dans les auberges de la côte normande, on prend le bateau jusqu'à Trouville. On y est servi par quelques domestiques, paysannes ou matelots pas trop dégrossis, mais qui servent assez bien pour tenir le rang de la maison. Celle-ci, pourtant, vacille. La bourgeoisie a des secrets.

La nouvelle de l'héritage est l'élément déclencheur. Il induit une inégalité de fait entre les deux frères, alors que la fraternité, traditionnellement dans la littérature - qu'on songe seulement aux Atrides, dans l'antiquité grecque - représente justement cette égalité de force et d'ambition. La première des inégalités est évidemment économique. A Jean la vie de rentier, le bel appartement havrais où il recevra sa future clientèle, où son mariage avec Mlle de Rosémilly pourra s'épanouir. L'argent libère Jean des chaînes du travail obligatoire, car rémunérateur. Jean pourra exercer pour l'art, pour la beauté du geste. Il pourra aussi se marier, c'est-à-dire entrer dans le monde, tenir sa maison, ne plus être ce vieux garçon que son attachement à la maison parentale semblait faire de lui. A l'inverse, Pierre doit travailler pour vivre. La patientèle qu'il doit accueillir et soigner lui permettra, peut-être, de devenir quelqu'un dans cette grande ville. Mais à trente ans, le temps presse et, à vrai dire, ce n'est pas cela qui tracasse Pierre. Plutôt, et c'est la vivacité et l'inquiétude de son esprit qui le mettent sur la piste, ce sont bien les raisons et les conséquences de cet héritage qui tourmentent l'aîné des garçons. Car alors, remontant dans son passé, Pierre se remémore M. Maréchal, le donateur. A cette différence de traitement, Pierre ne trouve qu'une seule explication, que son humeur orageuse ainsi que ses colères régulières vont vérifier. L'inégalité induite par cet héritage est, en réalité, bien plus fondamentale que la seule inégalité économique. C'est l'inégalité des origines, l'inégalité des statuts sociaux que pressent Pierre, et que les violentes réactions de sa mère vont avérer. Jean, ainsi, est issu de l'union illégitime de Mme Roland et de M. Maréchal. La famille Roland s'en trouve détruite, et par l'absence de lien du sang entre M. Roland - lequel est le seul qui demeure ignorant de la chose, façon de marquer sa bêtise crasse, et de rendre la filiation avec Pierre plus cruelle encore pour ce dernier -, et par le mensonge sur lequel Mme Roland a bâti cette vie bourgeoise. La mère sainte n'est plus : à Marie on ajoute Madeleine.

Et pourtant : ni les récits bibliques, ni les récits antiques ne peuvent ici être convoqués pour comprendre cette tragédie intérieure que vit la famille Roland. Maupassant l'affirme dans sa préface : il n'y a que le goût du réalisme dans ce texte court, qui pourtant donne à voir mes mécanismes intimes d'une vie familiale qu'un secret, qu'un amour vrai mais immédiatement, vient briser. de vrai amour, d'ailleurs, duquel parle-t-on ? de celui qui unit Mme Roland et M. Maréchal, duquel fut issu un fils, mais qui ne pût casser les conventions sociales ? de l'amour filial de Pierre, auquel la révélation du mensonge maternel semble impardonnable, indépassable ? de l'amour filial de Jean, qui demeure dévoué à sa mère, mais pas au point de renoncer à l'héritage qui blanchirait la réputation de Mme Roland ? Un seul être semble vraiment proche de Mme Roland, c'est Melle de Rosémilly. Car la jeune veuve aura connu, comme Mme Roland, un amour véritable et un amour de circonstances, deux hommes dont les amours feront toujours les gorges chaudes et rire les esprits mesquins. Pierre et Jean, drame social et surtout intime des amours vécues mais point assumées, est le roman - ou la nouvelle, mais l'ambiguïté importe peu ici - du rideau que l'on tire enfin pour révéler l'hypocrisie des conventions sociales bourgeoises.
Commenter  J’apprécie          50
J'ai préféré Pierre et Jean à une Vie, le 1er et précédent roman De Maupassant que j'ai lu, car l'écriture, très juste sur la psychologie des personnages et l'histoire, très maîtrisée, m'y semblent meilleures. On est tantôt dans les pensées des personnages, comme dans Crime et Châtiment de Dostoïevski et tantôt on assiste à leurs dialogues, on les suit dans leurs actions, comme dans un bon polar. Ce n'est jamais lourd, long.. mais chaque mot, chaque phrase sonne juste et réussit, notamment à mettre en mots des pensées, sentiments, sensations.. que nous avons tous plus ou moins eus sans forcément les formuler, même mentalement. Maupassant avait sûrement une grande capacité d'attention et d'écoute de soi-même et aussi une remarquable capacité d'observation et d'analyse.
Une histoire intéressante et même touchante d'un presque hui-clos familial assez étouffant - voire très étouffant - aéré heureusement régulièrement de sorties au port, sur la mer ou au bord de celle-ci.
Vraiment un très bon court roman - ou longue nouvelle - précédé d'un texte de réflexion sur ce qu'est le roman et la critique, où Maupassant révèle sa pensée théorique sur l'activité d'écrivain de romans, de récits, ce qui, je ne sais pas pourquoi, m'a un peu surpris. J'ignorais que Maupassant avait tant de recul et de réflexion sur son travail.
Quel soin, quelle précision juste et quel talent il a mis dans ce récit !
Commenter  J’apprécie          60
Dans ce livre il y a deux ouvrages : le court roman Pierre et Jean, précédé d'une assez longue préface sans lien direct avec ce roman. Les deux textes peuvent tout à fait se lire séparément. Dans la préface Maupassant prend la défense des auteurs de roman face aux critiques qui voudraient leur imposer une vision figée de ce qu'est un roman. Par ailleurs il explique ce que peut être le réalisme dans un roman : une reconstruction de la réalité par des mots, des personnages et un récit, du vraisemblable donnant une illusion de véracité.
Pour ce qui est de « Pierre et Jean » je n'avais jamais entendu parler de ce roman jusqu'à l'an dernier. L'histoire est assez banale, elle commence par une partie de pêche qui nous permet de faire connaissance avec les personnages, une famille apparemment ordinaire de la petite bourgeoisie. Il s'agit d'un couple de parisiens qui se sont installés au Havre à la retraite. Leurs deux fils, l'un docteur et l'autre avocat, sont très différents, que ce soit dans leur apparence, dans leur tempérament ou dans leurs goûts. Un héritage vient bouleverser leur quotidien et exacerbe la rivalité des deux frères, éveillant la jalousie de Pierre puis ses soupçons. L'intrigue n'a rien de particulièrement original mais la psychologie des personnages est particulièrement fouillée, et c'est ce qui fait tout le charme de ce récit. J'ai juste regretté de ne pas pouvoir m'attacher à aucun des acteurs de ce drame, tous plus ou moins exaspérants (à part le très secondaire pharmacien polonais).
La préface est un texte à connaître, le roman est intéressant, mais loin d'être le meilleur De Maupassant.
Commenter  J’apprécie          301
Nous connaissons l'histoire principalement du point de vue de Pierre.
Pierre, c'est l'aîné, l'enfant favori puis celui qu'on rejette à l'arrivée du cadet. le cadet, c'est Jean. Jean a tout pour plaire. Plus fort que son frère, meilleur dans ce qu'il entreprend, il acquiert une situation professionnelle stable avec plus d'aisance que son aîné. L'un est médecin, l'autre avocat.
Pierre et Jean, c'est l'histoire d'une tragédie fraternelle, d'une bonne nouvelle déchirante pour l'un, synonyme de bonheur incommensurable pour l'autre. Bonne nouvelle qui divise une fratrie et fait ressortir les non-dits. Alors que l'aîné se cherche, plus pour prouver à ses parents qu'il est aussi bon que son frère que pour lui-même, Jean se voit hériter du jour au lendemain d'un ami de longue date de la famille. Commence alors pour Pierre, dans l'ombre, une montée de sentiments de haine provoqués par une frustration sans nom. Non pas une introspection mais bien le sentiment de faire tâche, la remise en question qui succède la blessure de l'âme.
Maupassant, avec son écriture plus moderne qu'on ne le pense, avec son rythme qui lui est propre, nous fait voyager et on adore se plonger dans cette France normande du XIXe.
Des tourments de Pierre naît la jalousie, de la jalousie naît la spéculation et la tragédie n'est plus fraternelle mais familiale.
Face à un père déconnecté de sa famille et une mère pleine de honte, un petit frère qui n'a laissé de place pour son aîné.
Longue nouvelle ou court roman, c'est une belle leçon de morale dont Maupassant nous fait part, comme il sait si bien le faire.
Commenter  J’apprécie          10





Lecteurs (13555) Voir plus



Quiz Voir plus

Pierre et Jean

Où se passe le début de l'histoire ?

Saint-Tropez
Normandie
Havre
Picardie

5 questions
203 lecteurs ont répondu
Thème : Pierre et Jean de Guy de MaupassantCréer un quiz sur ce livre

{* *}