Une très longue phrase pour un livre très court.. basé donc sur un fait-divers survenu à Lyon en décembre 2009 , des vigiles ont défoulé leur violence et battu à mort un homme qui avait bu une bière dans les rayons.. Que dire.. Que la même violence règne dans l'écriture , la même rage devant la bêtise, les fausses excuses, ce qu'on devine dans la connivence de ces hommes qui se déchaînent comme une meute. Et que je suis sortie de cette lecture un peu .laminée.La forme , sans aucune respiration dans le texte, entraine une sorte de lecture presque en apnée, et on étouffe un peu. C'est bien sûr volontaire, mais, si le style était le même, j'ai préféré lire Mauvignier dans des textes un peu plus longs.
C'est un texte qui bien sûr prête à la lecture sur scène , ( il a été interprété par
Denis Podalydès à la Comédie française) , j'ai vu qu'il avait donné lieu également à une mise en scène chorégraphique d'
Angelin Preljocaj .
"..et il n'aurait pas subi comme lui, quand les coups ont plu et qu'il n'a pas eu un geste à part ce réflexe vieux comme la mort de vouloir s'en protéger, les mains devant le visage comme pour refuser de voir et de comprendre ce qui allait arriver plus que pour parer les chocs- et, ce que je me dis, c'est que ton frère, quand un mot surgira pour s'évanouir aussi vite que cette fulgurance au moment de saisir qu'il était mort, oui, ton frère, il sera pour toi comme une lacération dans ta vie, et tu voudras comprendre, des années entières à te torturer l'esprit pour vouloir revivre chacune des minutes et des secondes entre les palettes et les chariots élévateurs, pour comprendre, parce que -n'est-ce pas?- tu diras, je veux comprendre, je veux savoir..."
Savoir oui, mais comprendre quoi de cette violence ordinaire et gratuite et presque banale ?