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3,89

sur 304 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Librement inspiré d'un fait divers survenu à Lyon en 2009, le récit de Laurent Mauvignier évoque la mort violente d'un jeune homme dans l'arrière-boutique d'un supermarché, battu à mort par quatre vigiles pour une simple canette de bière volée.

« et ce que le procureur a dit, c'est qu'un homme ne doit pas mourir pour si peu… » le récit commence sans majuscule par la conjonction « et », et se poursuit tout au long de soixante pages en une seule phrase qui se déploie, pleine de rythmes et de cassures. Une seule phrase qui coule sans début ni fin, comme la vie même qui continue malgré les violences et les morts.

Mauvignier extrait son personnage de l'oubli et de l'indifférence quotidienne en lui donnant une voix dont celui-ci a toujours été privé jusqu'ici. Il y a eu la folie, la gratuité du geste barbare des quatre vigiles, pourtant le récit fictif que dresse Laurent Mauvignier s'éloigne volontairement de la réalité factuelle. Ce n'est plus le jeune réellement frappé à mort en 2009 mais un jeune homme qui aurait pu être lui et qui devient le centre du récit, le narrateur s'adressant au frère de cette victime emblématique d'une incroyable bêtise et d'une effroyable violence. Tout est pourtant affreusement banal, les personnages sont des plus ordinaires, rien ne pouvait laisser présager cette incroyable violence. C'est certainement ce qui est le plus inquiétant : chaque élément de ce fait divers est neutre, le type qui boit la canette, les vigiles qui l'arrêtent… rien ne prédispose au meurtre, et pourtant…
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Etonnant ce petit livre qui, durant 60 pages ne comporte aucun signe de ponctuation…
Etonnant ce SDF roué de coups mortels par des vigiles, suite à une consommation, dans un supermarché, d'une cannette de bière
Etonnante, cette courte fiction, inspirée d'un fait réel, qui nous renseigne sur la BARBARIE que peuvent subir certaines personnes dites « faibles ».
Etonnante cette violence dite « gratuite », inhumaine. Sont-ce des hommes qui peuvent agir ainsi ?
Etonnant, encore, le long supplice que va endurer cet homme et les pensées qui ont été siennes durant le long acharnement dont il a été l'objet de la part de quatre vigiles.
Etonnant, enfin le silence de plomb, parfois entretenu, face à une telle tragédie.

Au final, une histoire REVOLTANTE évoquée dans une unique phrase qui coule sans début ni fin, comme la vie qui continue, malgré l'isolement, le rejet, l'injustice, … la mort.


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Laurent Mauvignier a des qualités d'écriture indéniables. On retrouve dans ce court récit inspiré d'un fait réel d'un SDF battu à mort par des vigiles pour avoir consommé une canette de bière des thèmes qui lui sont chers : la violence dont sont capables les hommes vis à vis de leurs semblables. Violence de l'évitement, de la négation de l'humanité du sans abri et des exclus, des êtres solitaires et blessés par la vie lorsque les hommes sont seuls et surtout la sauvagerie, la bestialité lorsqu'ils sont en groupe. Nous le trouvions dans "Des hommes" sur le récit des atrocités de la guerre d'Algérie et dans le drame inspiré de la folie meurtrière lors du drame du Heysel (Dans la foule ).
Cependant, même si certains passages sont magnifiques, d'une grande justesse et d'une grande sensibilité, une seule phrase de 60 pages, c'est un peu déroutant. Prenez votre souffle.
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Un livre très court d'une soixantaine de pages pour décrire l'horreur d'un fait divers qui eu lieu a Lyon en 2009.
L'écrivain nous emmène vers une histoire très sombre mais décrite avec pudeur, sans fioritures et artifices.
Je dois dire que j'ai été agréablement surprise par ce court récit, l'auteur nous tire de notre torpeur pour nous signifier notre indifférence devant toutes ces violences gratuites.
Au cours du récit l'auteur dialogue directement soit avec la victime, les tyrans, ou la famille ce qui rend poignant les interrogations.
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Une très longue phrase pour un livre très court.. basé donc sur un fait-divers survenu à Lyon en décembre 2009 , des vigiles ont défoulé leur violence et battu à mort un homme qui avait bu une bière dans les rayons.. Que dire.. Que la même violence règne dans l'écriture , la même rage devant la bêtise, les fausses excuses, ce qu'on devine dans la connivence de ces hommes qui se déchaînent comme une meute. Et que je suis sortie de cette lecture un peu .laminée.La forme , sans aucune respiration dans le texte, entraine une sorte de lecture presque en apnée, et on étouffe un peu. C'est bien sûr volontaire, mais, si le style était le même, j'ai préféré lire Mauvignier dans des textes un peu plus longs.

C'est un texte qui bien sûr prête à la lecture sur scène , ( il a été interprété par Denis Podalydès à la Comédie française) , j'ai vu qu'il avait donné lieu également à une mise en scène chorégraphique d'Angelin Preljocaj .

"..et il n'aurait pas subi comme lui, quand les coups ont plu et qu'il n'a pas eu un geste à part ce réflexe vieux comme la mort de vouloir s'en protéger, les mains devant le visage comme pour refuser de voir et de comprendre ce qui allait arriver plus que pour parer les chocs- et, ce que je me dis, c'est que ton frère, quand un mot surgira pour s'évanouir aussi vite que cette fulgurance au moment de saisir qu'il était mort, oui, ton frère, il sera pour toi comme une lacération dans ta vie, et tu voudras comprendre, des années entières à te torturer l'esprit pour vouloir revivre chacune des minutes et des secondes entre les palettes et les chariots élévateurs, pour comprendre, parce que -n'est-ce pas?- tu diras, je veux comprendre, je veux savoir..."

Savoir oui, mais comprendre quoi de cette violence ordinaire et gratuite et presque banale ?



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On arrive directement plongé au milieu d'un monologue qui s'adresse à quelqu'un qui a perdu son frère. le narrateur lui explique comment il a été battu à mort, il cherche à le réconforter sans le réconforter, juste en lui balançant la vérité telle qu'elle lui vient ; il lui explique comment, pourquoi, et tout ce qui n'allait pas dans cette manière de mourir, et ce que son frère a pensé, ressentit, avant la fin, ce qu'il aurait pu faire s'il avait vécu encore un peu et ce qu'il faudra faire maintenant. Il ne cherche pas à atténuer son propos mais il ne s'embourbe pas non plus dans le sentimentalisme.
La question centrale est celle du prix d'une vie. Pourquoi cette insistance à rappeler après coup qu'on ne tue pas "pour si peu" (une canette de bière en l'occurrence), y aurait-il un juste prix au meurtre ? Est-ce qu'on ne devrait pas aussi condamné le plaisir sadique des meurtriers en question, au lieu de seulement les conséquences de leur acte ? Pourquoi avoir choisi pour victime un SDF oublié du monde, vaudrait-il moins ou serait-il moins humain ?
Cette nouvelle est écrite en une seule longue phrase mais la lecture n'est pas compliquée ; on aurait pu tout autant remplacer certaines virgules par des points sans que ça change la compréhension du texte. L'intérêt est plutôt que, délimitée ni par un début ni par une fin, elle représente une longue plainte, amère et froide, qui contemple la cruauté gratuite de ce meurtre et la petitesse des incrédules qui préfèrent se rassurer en lui cherchant des excuses, comme si ce crime avait sali avec lui toute la société.
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Ce court roman est librement inspiré d'un fait divers qui s'est produit à Lyon en 2009. Un homme a été tabassé à mort par un vigile, parce qu'il avait bu une bière dans un supermarché sans l'avoir payée. du fait divers, nous n'en saurons pas beaucoup plus. le reste est imaginé par Laurent Mauvigner et retranscrit dans une longue phrase ou plutôt un extrait de phrase (ni majuscule de départ, ni point final). On ne sait pas bien qui est le narrateur mais on comprend qu'il s'adresse au frère de la victime.



Laurent Mauvigner tente de reconstituer ce qui s'est passé entre le moment où les vigiles ont intercepté l'homme et le moment où il est mort sous les coups, dans une réserve. C'est un texte percutant et saisissant, qui ne peut laisser indifférent. Qui le serait face à un acte aussi lâche et absurde que celui-ci ?

Sur la forme du livre, je suis plus réservée. J'ai ressenti une sorte de malaise durant ma lecture. Cette longue phrase qui n'en finissait pas m'oppressait. C'est l'effet recherché par l'auteur et c'est efficace. Mais à titre personnel, je n'aime pas trop ces exercices de style. Ils me rendent la lecture fastidieuse, m'empêchant de me concentrer comme il le faudrait sur le fond. J'avais déjà eu ce ressenti au début de son précédent roman « des hommes ».

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Un court roman haletant (une seule phrase) mais difficile, difficile de savoir qu'en penser, que faire, comment réagir. C'est bien là le but, on dirait, interroger, et en même temps c'est là que le bât blesse, c'est très bien écrit et ça sonne vrai et ça pose question mais ça peine à émouvoir, trop tendu, trop scalpel, trop de virgules et de rebonds, et perplexe je suis allée voir des articles sur ce fait divers tragique, Lyon, sdf, vigiles, 2009, mais finalement la réalité laisse dans le même état que le bouquin, perplexe et ahuri, face à une tragédie complètement incompréhensible.
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Perplexité, agacement, ce sont les mots qui me sont venus à l'esprit en cours de lecture. Ce que j'appelle oubli, très court roman (à peine 60 pages écrites en police 18, à peine une nouvelle en fait), publié bien entendu, par les Editions de Minuit, laisse un goût amer dans la bouche. Pourtant, je me doute bien qu'il est sûrement de très mauvais goût d'oser émettre des doutes en ce qui concerne les intentions de l'auteur, tant le fait divers sur lequel il s'appuie est effectivement abominable, insupportable, inadmissible.

Lire la critique complète sur mon site :
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Un pauvre homme, se fait arrêter pour vol, par les vigiles d'un supermarché. On assiste alors à une scène illustrer « l'abus de pouvoir », dans toute son atrocité. le pauvre homme est battu à mort, et laissé en plan dans un coin. le frère de la victime, nous raconte son histoire.

Ce récit, inspiré d'un réel fait divers, retrace l'histoire de cet homme, battu à mort.

L'originalité de cet ouvrage, se trouve dans sa syntaxe. Ici, vous ne trouverez que très peu de ponctuation. Aucun point en fin de phrase, aucune majuscule. Cette particularité nous amène à nous mettre à la place de la victime, haletante, sans pouvoir faire de pauses. Les nombreuses répétitions de l'ouvrage nous apportent un flot continu d'informations, nous étouffant un peu plus.

Ce texte met en avant de véritables problématiques politiques, en utilisant un style d'écriture poétique.

Je suis restée scotchée lors de ma lecture de cet ouvrage choc, et engagé.
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