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4,04

sur 687 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Des hommes est brillantissime de part sa forme, courageux par son thème, mais je n'arrive pas à y adhérer totalement, dérangée par ce parti-pris constant de vouloir forcer l'émotion du lecteur, de le prendre en otage. J'espère que Laurent Mauvignier réussira à se renouveler, à explorer d'autres univers et à sortir de ce sillon dans lequel il semble vraiment commencer à s'enliser.

Lire la critique complète sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2011/08/chronique-livre-des-hommes/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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La guerre d'Algérie. Plusieurs années après, ses conséquences et ses ravages au travers d'un personnage fichu, décomposé dans une petite ville de province desséchée où les mots ont leurs poids de silence. Les personnages de femmes sont excellents. le style de Laurent Mauvignier est toujours impeccable mais l'ouvrage n'en est pas moins globalement sinistre.
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Il est très rare que je m'aventure dans la lecture des dernières sorties littéraires. Mais ma chérie ayant un très grand pouvoir de conviction, elle a réussi à me faire franchir le pas avec Des hommes de Laurent Mauvinier. J'ai tout de suite été charmé par sa façon de distiller les informations sur les personnages au compte-goutte, surtout en ce qui concerne Feu-de-bois, un écorché vif de ce petit village d'une campagne de France, vieux bonhomme plus proche de l'alcoolique clochard que du petit papy bien rangé. le récit débute par le désir de celui-ci d'offrir à sa soeur Solange, lors de la fête qu'elle a organisée pour cette occasion, un cadeau digne de se nom. Mais ce cadeau, normalement hors de prix pour Feu-de-bois, habitué à quémander chez les uns et chez les autres quelques moyens pour subsister, va créer la polémique et le scandale. Cet événement est le point de départ d'une remontée dans le temps, quand la France se refusait à accepter l'évidence de l'indépendance inévitable de l'Algérie, et qu'elle envoyait ses jeunes citoyens au charbon, dans un pays inconnu du plus grand nombre et dans une guerre qu'ils ne comprenaient pas.
Le récit bascule alors, par un changement de narrateur, dans l'histoire des désillusions de ces jeunes appelés avec un pays bouleversé, avec des casernes ou des camps fortifiés miteux et sordides, avec une population qui les craint ou les rejette, avec une guerre où l'ennemi ne se voit jamais.
Le récit, souvent à la première personne, se fait dans une langue très proche de l'oralité d'une classe populaire rustre et simple, c'est l'une des grandes forces de ce roman.
Par contre, je reprocherais à Mauvinier son désir de vouloir balayer tous les sujets propres à la guerre d'Algérie, enlevant en cela un peu de crédibilité au récit.
Mais cela n'enlève en rien le désir que nous avons de savoir ce qui a pu se passer dans la vie de Bernard pour qu'il devienne Feu-de-bois, quel fut son parcours ? quelles furent ses rencontres ? quels furent ses espoirs déçus ?
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J'ai découvert Mauvignier il y a peu, avec Histoires de la nuit que j'ai vraiment aimé…
Des hommes a confirmé mon goût pour ce style unique : un barrage qui cède, un torrent, les mots tels une gamberge qui ne finit jamais. Une lecture où on doit parfois reprendre son souffle…
Cette fois, le thème, c'est la guerre d'Algérie… mais pas que. Bien sûr on est avec les appelés, la peur, les saloperies de la guerre, les bons et les méchants qui sont souvent les mêmes mais c'est aussi la narration d'une époque : en 62 on twist, on ne parle pas de syndrome post traumatique…les Hommes peuvent encaisser ça (c'est pas pire que Verdun !), les 30 glorieuses ne sont pas très loin et 39-45 non plus, alors c'est bon, ça suffit comme ça, on en a assez bouffé de la guerre !
C'est aussi la narration d'un déterminisme : même sans la guerre, Bernard/ Feu de Bois serait-il devenu garagiste ou aurait-il été assigné quoiqu'il arrive à rester paysan ? Sans le massacre de la petite Fatiha, aurait-il été un père aimant et présent ? Rien n'est moins sûr. C'est la violence d'un milieu : pas de tendresse, pas de parole, c'est la mère qui étouffe le magot gagné par Bernard, c'est Reine, la soeur qui meurt en couche et que Bernard traite de salope, c'est Bernard encore «trop rigide, prétentieux » qui n'aura jamais les codes…

Sous la plume de Mauvignier cette guerre a fini le boulot, elle a dépouillé les hommes de leur dernière trace d'humanité.



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Roman poignant sur le retour au pays des hommes détruits par la Guerre d'Algérie. Il mêle récits du retour à la vie "normale" de ces hommes et situations de vie de soldat en Algérie.
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Tout commence avec un bête cadeau d'anniversaire, une boîte que tend Bernard à sa soeur Solange et qui une fois ouverte, déchaînera les passions de tous les invités. Il faut dire que Bernard, il les répugne à tous, on ne sait trop pourquoi.


La boîte de Pandore ouverte, il est déjà trop tard.

Chassé de la fête, il laisse éclater sa rancoeur contre Chefraoui, le "bougnoule" avant de se rendre au domicile de ce dernier, manquant de commettre l'irréparable.

L'évènement ne manque pas de choquer l'assistance, surtout Rabut le narrateur. Les "bougnoules", il connait. D'ailleurs l'Algérie, il y était avec Bernard, pendant les "évènements". Comme lui, il a vu l'horreur, les incendies, les écorchés vifs, les copains massacrés. Lui aussi s'est sali les mains.

L'ouverture de la boîte participera de retour d'un tout refoulé pendant près de cinquante ans.


Le roman est organisé en quatre parties, "Après-midi", "Soir", "Nuit" et "Matin", qui renverraient à la "révolution de soleil" si chère à la tragédie antique. La Nuit serait celle de l'inconscient, des portes qui craquent sous la violence de la guerre, du refoulé qui remonte à la surface quitte à priver le narrateur de sommeil.

Même l'écriture, hachée, semble hésiter à dire l'indicible.

Le motif de la boîte hante le roman. Nous le retrouvons dans la narration, emboîtée elle aussi, puisqu'aux réminiscences de Rabut se superposent celles de Février, lui aussi parti à la guerre. L'emboîtement des diégèses trouve son écho dans les objets gigognes, contenant les souvenirs du narrateur dans lesquels il devra se plonger, pour peut-être aspirer à une forme de rédemption.

Des hommes, c'est surtout l'histoire d'une tragédie qui n'a été reconnue que trop tard par la France. Si Bernard paye ses actes, qu'il en vient à dégouter ses proches, c'est parce qu'il leur renvoie irrémédiablement l'image de leurs propres monstruosités projetées sur sa personne, endossant malgré lui le rôle du bouc émissaire.


Il y a sans doute dans la démarche de Laurent Mauvignier quelques motivations personnelles, la plus profonde étant de comprendre le suicide de son propre père, mobilisé en Algérie lors des "évènements".

L'auteur fait fi des tabous et brosse le tableau sans concession des réalités de la mobilisation et des horreurs de la guerre, perpétrés ou subies. de ce fait, il soulève les problématiques relatives au retour des soldats à la vie civile, lesquels, en plus d'avoir sacrifié leur jeunesse à Algérie y ont aussi laissé leur humanité, mais il pose surtout la question de la responsabilité, lesdits soldats se retrouvant à posteriori victimes de ce qu'ils ont commis.


Il y a fort à parier que même les lecteurs chevronnés n'en sortiront pas idemne.

Lire Mauvignier est un devoir de mémoire.


N.A
Lien : http://enlivrezvous.blogspot..
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