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Un tout petit roman mais d'une densité envoûtante! Il faut dire que le style de Laurent Mauvignier est d'une subtilité troublante, en entamant la première page de Loin d'eux, on est certain de fouler ses pas dans un univers propre à l'auteur. Il faut décrypter les codes pour s'y plaire, dans cet univers disons qu'il faut trouver sa musicalité avec un souffle qui éveille en vous toutes les émotions possibles! O Luc... la chère de Luc... Quoi de plus normal qu'un jeune homme quitte ses parents pour se prendre en charge et se construire soi-même? Ne serait-ce pas là le souhait de tous les parents? Mais entre un souhait et la réalité, le fossé peut être plus grand qu'on ne le pense...
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Le poids du silence ou la difficulté de mettre des mots sur les maux ;
3 parties qui alourdissent l'impression de néant tant est lourde l'atmosphère.
Les 6 personnages incapables de communiquer s'enfèrent dans leur monologue intérieur sans pouvoir communiquer d'où l'incompréhension qu'ils ressentent vis a vis de l'autre en même temps qu'une terrible attente et de la souffrance sans fin. La culpabilité les habite sans arriver à briser leurs chaînes
L'attente l'ennui le temps qui passe pour rien ...les enferment dans leur solitude. C'est désespérant.
C'est déprimant.

Même la mort n'arrive pas à les réunir, au contraire elle attise les rancoeurs, les reproches. Seul contre tous le fils ne trouve que la fuite malgré le soutien de sa cousine elle-même en rupture avec le reste de la famille. Tous deux se débattent mais de façon inefficace.



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Voici un livre qui est très très difficile à conseiller ... La plume de l'auteur demande un temps d'adaptation. J'ai commencé et quand enfin j'ai pris le rythme de ces phrases, j'ai recommencé ... C'est l'histoire d'un drame, celui de Luc. Cette solitude dans laquelle il s'enferme sans pouvoir en parler, sans trouver les mots pour la dire. Laurent Mauvignier le fait pour lui et c'est très juste ! compliqué mais très juste ! Un roman d'ambiance où une chape de plomb s'abbat sur vos épaules ... A ne pas lire donc si vous passez par des moments difficiles (dépression, angoisse, solitude justement, ... )
J'ai adoooré cette lecture ardue mais tellement réelle ! Troisième livre de cet auteur ... je passe toujours des moments intenses avec lui !
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Un style sans équivalent, une écriture vive et une ponctuation puissamment évocatrice qui révèle le flux de pensées intérieures du protagoniste. Ce livre a été pour moi une révélation, un choc esthétique. C'est le premier livre que j'ai lu d'une traite à dire vrai.
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C'est un roman sur le silence entre membres d'une famille, la barrière des générations, l'incompréhension menant au drame. Chaque protagoniste prend la parole. le sujet est bien traité mais j'ai trouvé peu de différences dans les façons de s'exprimer des personnages, les propos trop condensés, sans donner de réelles réponses aux conflits familiaux. Trop compact à mon goût, surtout que le sujet est délicat.
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N°1745 – Mai 2023

Loin d'euxLaurent Mauvignier – Les éditions de Minuit.

Il est communément admis que si, pour un couple, la venue d'un enfant peut éventuellement être le couronnement de leur amour, il n'en reste pas moins qu'on n'a pas d'enfants pour soi, c'est à dire que, la période de jeunesse passée, même si elle a été heureuse, ils partent faire leur vie ailleurs. Luc ne se sentait pas bien chez ses parents, ne voulait pas leur ressembler, ne supportait plus la vie avec eux, trop seul, trop incompris, il voulait autre chose. Il a donc quitté la province pour un travail et une vie à Paris, loin d'eux. Au sein de sa famille, son absence pesante était seulement adoucie par quelques courriers rédigés en termes convenus, des communications téléphoniques, des visites rapides… Cela aurait pu être une histoire banale sur les relations, souvent difficiles, parents-enfants, comme on en rencontre dans toutes les familles. Cela aurait pu s'arranger avec un mariage, la naissance de petits-enfants et un nouvel intérêt pour la vie et pour l'avenir, mais les choses se sont déroulées autrement. Pour Céline, sa cousine avec qui il a eu une longue complicité, c'est un peu différent. Elle s'est mariée tôt, a fondé une entreprise avec son mari mais ce dernier est mort dans un accident et tout a basculé pour elle. Elle est partie avec un inconnu, qui le restera pour sa famille, vers une autre vie, un autre espoir, mais sans grande conviction.
Avec une intense écriture, c'est l'évocation de la mort qui est ici déclinée à travers ces deux personnages. La Camarde s'est insinuée entre les pages de leur deux livres, en arrachant la dernière pour Luc et pour Céline en creusant un vide qu'elle cherchera à combler sans jamais y parvenir, inversant ainsi le cours normal des choses et des deuils. Un désastre pour elle, une délivrance pour lui. La mort, on vit sans vraiment y penser et quand elle se manifeste chez les autres on se félicite qu'elle nous ait épargnés. Certes Céline survit au décès de son mari et refait sa vie, mais elle choisit une forme de fuite avec un inconnu pour exorciser son chagrin. C'est simplement pour nous rappeler les termes de notre pauvre condition humaine, c'est à dire que nous ne sommes que les usufruitiers de notre propre vie, qu'elle peut nous être enlevée quand nous nous y attendons le moins et sans le moindre préavis. Pour Luc et son option qu'on sent venir tout au long de ce court texte, il exprime définitivement un refus, un échec. Tous les deux ont fait le constat que la vie ne les aimait pas et qu'ils ne l'aimaient pas non plus. Leur choix et plus spécialement celui de Luc, s'est exprimé sans tenir compte de ceux qui restent, qui ne méritaient pas cette épreuve et qui vont porter ce poids toute leur vie, avec leurs interrogations inévitables, leur refus d'y croire, la certitude que le monde autour d'eux s'effondre, leur incontournable culpabilisation, la certitude grandissante de n'avoir pas fait ou pas dit ce qu'il fallait quand il le fallait. Ils auront beau verser des larmes, se dire qu'ils ont fait ce qu'ils ont pu, que la vie continue, que le temps aplanira leur peine, se convaincre que les morts revivent dans la mémoire des vivants, se raccrocher aux souvenirs, aux photos pour artificiellement faire revivre le disparu, tout cela sera dérisoire face à la réalité, au vide, à l'absence. Même l'affirmation de la religion sur la résurrection se révèle artificielle. Ce qui restera de cette épreuve c'est la solitude, les remords, tout juste atténués par de bienveillantes présences amies, porteuses de mots ou de silences.
Chacun des deux parents, Jean et Marthe, prend alternativement la parole, de même que Gilbert et Geneviève, ses oncle et tante et que Céline, sa cousine. Lui aussi s'exprime mais ce sont des monologues et tous racontent leurs interrogations, leurs difficultés, leur bonne foi, leur solitude, leur impuissance, leur désarroi.
Ce que j'attends d'un romancier c'est, entre autre d'être le miroir de son temps mais aussi de notre condition humaine dont la mort fait partie, même si l'image qu'il nous renvoie est cruelle, simplement parce que la vie est ainsi quand elle choisit ses victimes.


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En 1999 paraît aux éditions de Minuit le bref et premier roman d'un jeune auteur inconnu, Laurent MAUVIGNIER. Style âpre et étouffant, sans aucune marge de manoeuvre, il y a mieux pour entamer une carrière, et pourtant…

Luc a décidé de foutre le camp, quitter le foyer familial provincial où ses parents, Marthe et Jean, l'asphyxient. Il s'est trouvé un petit boulot dans un bar nommé « le chien jaune » (coucou SIMENON !) à Paris pour acquérir une certaine liberté et ne plus entendre de la part de sa famille qu'il est un raté, un fainéant. Entrent en scène le couple formé de l'oncle et la tante de Luc, Gilbert et Geneviève ainsi que leur fille Céline. Les quatre époux et la jeunette se voient souvent pour parler. Mais parler de quoi au fait ?

Roman du malentendu, du non-dit, du silence, « Loin d'eux » est une grande performance stylistique. Toujours sur le fil du rasoir et pourtant tellement maîtrisé, il fait suer à grosses gouttes tant l'atmosphère y est irrespirable. Luc le peu choyé, amateur de cinéma et admiratif de Gary COOPER, qui met les voiles pour s'émanciper. C'est un premier point. La famille se déchire, condamne. Mais que va-t-il en être après une mort, un suicide pour être exact ? Et là, MAUVIGNIER sait de quoi il parle.

Dans un style créatif, polyphonique (chaque personnage prend tour à tour la parole) où les phrases se font de plus en plus longues et vertigineuses, heurtées et hésitantes, où les dialogues sont imbriqués, il est impossible de reprendre son souffle. le rythme est rapide, organisé de main de maître par l'auteur. le clan familial est taiseux quand il faudrait parler, surjouant alors qu'il faudrait se taire, la suffocation vire au superbe.

« Les mots dans ma bouche ne viennent de nulle part. Ils naissent sur la langue et s'évacuent tout de suite au dehors, et, dans le monde qu'il y a entre nous trois il y a ces phrases où je me tais, parce que ces phrases-là ne parlent pas et ne disent jamais rien de ce qui voudrait surgir. Et c'est tant mieux qu'elles existent, ces réponses, ces conversations avec lesquelles, comme avec le vin, on peut tranquillement s'éloigner des autres et ne jamais les abandonner. Tant mieux, avec tout ce silence qu'il y a à couvrir ».

Les réactions des protagonistes après le suicide (vous connaîtrez le personnage défunt à la lecture de cette oeuvre) sont tellement vraies qu'elles en deviennent effrayantes, personne ne semblant être à sa place, cherchant ses mots, ne trouvant jamais les bons (on pense à DOSTOÏEVSKI), hésitant toujours plus, jusqu'à l'introspection totale, isolé malgré l'amorce de dialogue. MAUVIGNIER ne nous épargne rien des monologues intérieurs, des états d'âmes, c'est plus vrai que nature. Il y a eu suicide, il faut coûte que coûte dénicher un coupable autre que le défunt, obtenir une tête de la dimension du chapeau qui traîne, trop encombrant.

Comment prendre un auteur à rebours ? Après avoir lu tous les livres de MAUVIGNIER parus chez Minuit, il ne me manquait à découvrir que celui-ci. Et force est de reconnaître que le hasard fit diablement bien les choses. En effet, dans ce premier roman, l'auteur tisse la trame de son oeuvre future, il pose les premiers jalons : la famille dévastée, le mépris quasi sanguin, le thème du suicide (récurrent et même obsédant), le passé qui reste au fond de la gorge, les monologues n'étant que d'inhabiles soliloques qui suintent la souffrance et le désespoir. le décor futur est si bien planté que l'action se déroule déjà en partie à la Bassée dans le centre de la France, un hameau que nous retrouverons plus de vingt ans plus tard dans le majestueux thriller rural « Histoires de la nuit ».

Grand coup de maître, ce roman annonce « Apprendre à finir » (qui sort l'année suivante, en 2000), « Ceux d'à côté » (2002), « Seuls » (2004) entre autres. Et puis il y a l'intime, le caché, ce que l'on ne discerne que chez très peu d'auteurs si tant est que notre parcours personnel pusse avoir été étrangement similaire par certains aspects à celui de l'écrivain. Chez MAUVIGNIER, on découvre tout ce qu'on n'a jamais pu dire, jamais pu faire sortir de notre bouche, des mots cadenassés au fond de la gorge. Même si intérieurement les phrases furent construites depuis toujours, jamais elles n'ont su s'extirper, passer la frontière des lèvres, elles sont restées muettes une vie durant. Et MAUVIGNIER devient ainsi un porte-parole au style unique, il nous permet même de lire entre les lignes et nous projeter dans une histoire comme parallèle, celle qui n'est pas explicitée dans le présent roman, qui n'existe peut-être tout simplement pas, mais qui pourtant hante en devenant plausible voire palpable. Cette sensation est unique. Jamais peut-être je n'avais connu ce sentiment depuis… « Des hommes » d'un certain MAUVIGNIER Laurent. C'est vous dire si cet homme m'est précieux en de nombreux points. Il fixe un but, mieux, un rendez-vous : relire son oeuvre afin d'y pêcher quelques sens cachés. Rares sont les auteurs qui donnent confiance à leur lectorat tout en leur murmurant qu'ils le comprennent et l'encouragent à aller de l'avant. Dans sa noirceur, MAUVIGNIER en est un exemple frappant. Sorti chez Minuit en 1999 puis réédité en version poche chez le même éditeur.

https://deslivresrances.blogspot.com

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Loin d'eux est un récit polyphonique magnifique et poignant. le livre déroule les monologues intérieurs des six personnages qui tentent chacun de comprendre le drame, peut-être parce que la communication véritable est impossible dans ce milieu ouvrier modeste par peur de la violence qui naît des dialogues vrais. L'auteur livre dans une écriture qui chamboule, les tourments intimes de ces invisibles et dévoile la richesse et la justesse de leur vie intérieure. Mais il y a les empêchements à dire ces « mots enfouis », empêchements transmis de génération en génération , ils creusent le fossé entre les parents et leurs enfants. Ce récit éclaté dit le grand malheur de n'avoir pu dire les mots avant la tragédie et la dévastation qui s'ensuit.
Et le début de l'histoire ?
Jean, ouvrier dans une usine de peinture et Martha, femme au foyer, ont un fils, Luc, passionné par le cinéma. Jean adresse des remarques acerbes à son fils dont il n'accepte pas l'oisiveté. Luc trouve un travail de serveur à Paris, il va enfin être « loin d'eux »et vivre. Sa très chère cousine Céline, fille de Gilbert et Geneviève, épouse un boulanger…
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Un torrent d'émotions silencieux

À nouveau une rencontre littéraire, si ma rencontre avec le style sombre de le Corre fut comme un boulet de désespoir me traversant de part en part, celle avec Laurent Mauvignier fut comme une série de claques retentissantes. Des allers-retours bourrés de style et d'émotions brutes.

Je ne vais pas m'étendre sur les personnages, leurs développements ou celui de l'intrigue car le coeur du récit réside ailleurs. Il se niche dans ces témoignages que l'on devine silencieux sur ces âmes rurales, attachées à leur terre, qui, derrière leur apparente impassibilité, sont de véritables tourbillons d'émotions.

Tout le livre repose sur ce postulat. Faire résonner le silence assourdissant de cette famille qui s'aime, qui tiennent les uns aux autres, mais qui ignorent comment l'exprimer. Il en résulte un style brut, sans concessions, un torrent de mot qui assaillent le lecteur, l'agrippe et le projette en tout sens avant de le laisser sur la rive, pantelant et hagard.

L'auteur évoque l'incapacité à communiquer, l'absence d'émotions verbale, la maladresse des mains qui empoignent les outils mais ne savent pas étreindre. La colère, la tristesse, la rancoeur, l'amertume et tant d'autres encore sont autant d'émotions qui seront invoqué au cours du récit dans une déferlante que rien ne semble pouvoir arrêter.

Une lecture courte mais dont on ne ressort pas indemne. le torrent littéraire que lâche l'auteur vous laisse le coeur trempé par ces émotions brutes et l'esprit essoré par ce torrent. Une plume magistrale, un auteur dont il faut partir à la découverte.

Lien : https://culturevsnews.com/
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Deuxième livre coup sur coup de cet auteur que je lis avec infiniment de bonheur. Celui-ci est son premier opus, mais déjà il est plus qu'abouti et on y trouve toute la signature de cet auteur, ces caractéristiques qui permettent de dire qu'assurément on lit un livre de L. Mauvignier : longues phrases, écriture serrée et dense sans respiration et selon les livres à la limite pour le lecteur de suffoquer et de devoir faire des pauses car le livre ne les propose que très peu. Ici encore le style oppressant et suffocant au service de l'histoire et du propos. Écriture exigeante et peut être éprouvante dont on ne sort pas indemne.
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