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EAN : 9782707316714
121 pages
Editions de Minuit (18/03/1999)
3.92/5   174 notes
Résumé :
Lorsque Luc est parti, ses parents, Jean et Marthe, ont pensé que c'était mieux pour eux trois. Gilbert et Geneviève, son oncle et sa tante, eux aussi ils y ont cru. Mais pas Céline, sa cousine.
Elle, c'est la seule qui n'a pas été surprise, la seule à avoir craint que ce qui en Luc les menaçait tous finisse par s'abattre sur eux.
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Le poids du silence !

Comment dire le silence en littérature ?

Comment exprimer cette impossibilité à parler qui tue plus sûrement qu'une arme ?

Longs, très très longs monologues intérieurs des parents Marthe et Jean.

Incompréhension entre les parents et les enfants, et ces silences qui étouffent et ces émotions enfermées à double tour.

Chez ces gens là ! On ne parle pas Monsieur, on ne parle pas ! On croise ses silences !

Leur fils Luc s'enfonce inexorablement dans la mélancolie.

(p.126) Ce solitaire noyé de silence s'est fait à lui-même le seul cadeau qu'il pouvait recevoir : il s'est donné la mort.

Petit livre, heureusement.

Ecriture dense, il faut reprendre son souffle régulièrement.

Sombre, déprimant.

A ne pas lire quand le moral est en berne
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J'apprends après lecture que c'est le premier roman de Laurent Mauvignier : joli coup !

Loin d'eux, c'est le souhait de Luc, pensant à ses parents, plus qu'à son milieu insupportable de banalité. Il part ; lui et ses parents réalisent combien il y a d'amour entre eux. Mais pas plus après qu'avant il ne leur sera possible de communiquer : des silences et des paroles conventionnelles remplaceront toujours ce qu'il faudrait qu'ils s'avouent. Dans la première partie, cinq narrateurs nous livrent leur monologue intérieur, cinq vies qui sont très proches, fils, père, mère, oncle et tante, qui passent du temps ensemble, parlent, mais ne trouvent pas les bons mots ou les retiennent au dernier moment. le sujet est l'impossibilité de communiquer.
Dans la deuxième partie, le deuil et la douleur compliquent le jeu, mais il est toujours impossible de se comprendre : ou si chacun comprend la douleur de l'autre c'est pour rejeter sa spécificité.
Enfin une projection sur un passé parfois heureux apparaît, mais c'est pour mieux accuser une communication indirecte, cause supposée du malheur présent.

Peu de matière, dans cette grosse centaine de pages, mais une narration impressionnante : c'est un peu Stephen Dedalus vu par le quintette d'Alexandrie : cinq points de vue qui tricotent une histoire banale et douloureuse en interrogeant leurs pensées, en interprétant celles des autres. Rien n'est simple, mais tout m'a paru clair : d'une clarté sombrement triste. Les mots sont simples, les sentiments complexes à force de ressassement et d'analyse chez des gens qui paraissaient simples au début. Et vers la fin, les phrases longues de ces sentiments complexes font des entrelacs pas simples.
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Je suis restée loin de ce roman. Je reconnais à l'auteur une écriture singulière, originale, personnelle, intéressante, mais les phrases interminables, les changements de prises de parole brusques, les tentatives on le comprend très vite à mettre en mot l'incommunicabilité, faire parler les silences tout en les respectant, dire l'impossible, m'ont littéralement étouffée. J'ai cherché en vain à respirer entre les mots, et m'y suis épuisée. Je ne me suis pas ennuyée, ne me suis pas énervée, mise en colère, j'ai juste rendu les armes dans ce combat avec une oeuvre irrespirable, désertée d'un air qui m'est nécessaire pour ne pas mourir.
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Luc est parti.
Il est d'abord parti à Paris, puis il est parti définitivement.
Il laisse Marthe, sa mère, à sa tristesse et Jean, son père, à sa colère.
Le débit est rapide.
Il roule, roule, de plus en plus vite sur une piste descendante.
Des phrases sans souffle où l'on peine à reprendre haleine.
Comme si l'auteur racontait dans l'urgence.
Une phrase entraîne l'autre sans que rien ne semble pouvoir les arrêter.
Des phrases où s'entremêlent les voix des uns et des autres.
Une histoire qui raconte les silences, les mots qu'on n'a pas dits, qu'on aurait pu dire, qu'on aurait du dire.
Les mots qui auraient pu tout changer.
Dans ce premier roman, Laurent Mauvignier propose un style original, style que l'on retrouve dans ses autres romans .
Personnellement, j'aime beaucoup.
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Un suicide – ce n'est pas un spoiler, on comprend vite ce qui est arrivé. le mot n'est jamais prononcé mais c'est ce que racontent, chacun leur tour, les membres de la famille de Luc, et Luc lui-même : leur cheminement à eux, et son cheminement à lui, les relations familiales, ce qui aurait pu être mieux, se passer autrement, entrainer des conséquences différentes, ou peut-être que non, ce qu'on pouvait voir venir dans son comportement, ce qu'ils ont refusé de voir ou ne pouvait pas comprendre. Des tas de choses auraient pu être pires ou meilleures, mais ce qui est arrivé serait peut-être arrivé de toute façon. Il est difficile de comprendre un suicide ; on en a pas subitement marre pour une raison spécifique ; c'est un travail de sape qui prend toute une vie (jeu de mots involontaire). L'alternance des narrateurs crée une sorte de récit épistolaire oral, où chacun raconte de manière réaliste son point de vue, sans vrai destinataire, plutôt comme on se confierait à un journal intime.

Le style, voilà ce qui marque dès les premières pages ; une nouvelle manière de recréer par la littérature l'oralité du langage : pas juste par le vocabulaire mais par la structure des phrases, les répétitions, les redondances, les mots d'apparence inutile qui, plus qu'à meubler, servent à ponctuer le parler, dans lequel les points n'existent pas, pas plus qu'on ne peut savoir avec certitude si une phrase est finie ou si elle va reprendre ; les phrases littéraires (Majuscule-point.) peuvent contenir plusieurs phrases orales, ou au contraire, une orale peut enjamber plusieurs littéraires (certaines sans sujet ou sans verbe), la ponctuation marquant alors les pauses plutôt que la fin de l'information transmise.

Je n'ai pas à hésiter pour louer la subtilité de l'auteur, et toutes les nuances des relations familiales et des ressentis personnels qu'il est parvenu à saisir pour créer un roman sociologique crédible et tristement réaliste dans tous ses détails. le seul reproche qu'on peut lui faire serait d'être parfois surécrit, de chercher à styliser toutes ses phrases sans exception, alors qu'il aurait pu en laisser glisser certaines dans la simplicité sans endommager le traitement du sujet (déjà grave et intéressant par lui-même), voire l'améliorant en le rendant, par une écriture moins insistante, d'autant plus capable de toucher le lecteur sur un registre émotionnel, ce qui en l'état actuel des choses tarde à venir.
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Il y a cette odeur de friture qui pénètre les vêtements, et la fumée des cigarettes qui pique tard les yeux dans la nuit, bien après qu'on est rentré chez soi à pied. Car on rentre toujours à pied. Pas parce que passé une heure il n'y a plus de métro et que ça obligerait à ça, la marche, mais parce qu'il faut ce moment où être seul un peu éloigne de la solitude, et vous ramène au plus profond en vous, là où à creuser vous trouvez un espace de repos.
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|...] parce que je ne pouvais pas parler, rien dire sans gueuler, je croyais ça : que je ne pourrais pas leur faire comprendre, sinon, que sans ça ils ne verraient pas combien c'était dur, et ce qu'il fallait dire aussi, aux gars, à l'atelier, pour qu'on soit respecté un peu. Alors chez soi on voulait l'être sans avoir à faire la manche pour ça. Oui, patron chez soi pour regagner un peu de ce quelque chose qu'on nous volait le reste du temps, à pinailler pour une minute de retard et remettre en question n'importe quoi à partir du moment où pour nous c'était un soulagement.
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(..) M, j’ai voulu je ne sais pas, qu’elle soit impossible sa présence, sa figure toute rabougrie de malheur. Qu’il ne soit pas possible non plus, le miroir de ma vie sur son visage, voir l’image de ça, qu’il faudrait porter toujours et reconnaître dans les traits familiers , ceux de M, dans son visage où il n’ya pas si longtemps il me semblait voir toute la solidité des rêves, et puis la confiance, et cette tendresse à jamais partagée entre nous, tout le temps, même dans les lassitudes, dans tout ça qui chaque jour un peu déshabille l’autre des prodiges qu’on lui voulait. ……
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Ce qu'on dit, la solitude toujours comme un grand mot qui contiendrait toute la vérité des choses qu'on ressent en soi et qui ne peuvent pas émerger de soi, et retombent toujours alors plus profondes en soi quand les autres ne veulent pas les entendre, ou ne peuvent pas, jamais, malgré tout l'effort qu'il a fallu pour les remonter jusqu'à eux.
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(..) M, j’ai voulu je ne sais pas, qu’elle soit impossible sa présence, sa figure toute rabougrie de malheur. Qu’il ne soit pas possible non plus, le miroir de ma vie sur son visage, voir l’image de ça, qu’il faudrait porter toujours et reconnaître dans les traits familiers , ceux de M, dans son visage où il n’ya pas si longtemps il me semblait voir toute la solidité des rêves, et puis la confiance, et cette tendresse à jamais partagée entre nous, tout le temps, même dans les lassitudes, dans tout ça qui chaque jour un peu déshabille l’autre des prodiges qu’on lui voulait. ……
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#théâtre #critique #culture ________________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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