Le poids du silence !
Comment dire le silence en littérature ?
Comment exprimer cette impossibilité à parler qui tue plus sûrement qu'une arme ?
Longs, très très longs monologues intérieurs des parents Marthe et Jean.
Incompréhension entre les parents et les enfants, et ces silences qui étouffent et ces émotions enfermées à double tour.
Chez ces gens là ! On ne parle pas Monsieur, on ne parle pas ! On croise ses silences !
Leur fils Luc s'enfonce inexorablement dans la mélancolie.
(p.126) Ce solitaire noyé de silence s'est fait à lui-même le seul cadeau qu'il pouvait recevoir : il s'est donné la mort.
Petit livre, heureusement.
Ecriture dense, il faut reprendre son souffle régulièrement.
Sombre, déprimant.
A ne pas lire quand le moral est en berne
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Je suis restée loin de ce roman. Je reconnais à l'auteur une écriture singulière, originale, personnelle, intéressante, mais les phrases interminables, les changements de prises de parole brusques, les tentatives on le comprend très vite à mettre en mot l'incommunicabilité, faire parler les silences tout en les respectant, dire l'impossible, m'ont littéralement étouffée. J'ai cherché en vain à respirer entre les mots, et m'y suis épuisée. Je ne me suis pas ennuyée, ne me suis pas énervée, mise en colère, j'ai juste rendu les armes dans ce combat avec une oeuvre irrespirable, désertée d'un air qui m'est nécessaire pour ne pas mourir.
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Un suicide – ce n'est pas un spoiler, on comprend vite ce qui est arrivé. le mot n'est jamais prononcé mais c'est ce que racontent, chacun leur tour, les membres de la famille de Luc, et Luc lui-même : leur cheminement à eux, et son cheminement à lui, les relations familiales, ce qui aurait pu être mieux, se passer autrement, entrainer des conséquences différentes, ou peut-être que non, ce qu'on pouvait voir venir dans son comportement, ce qu'ils ont refusé de voir ou ne pouvait pas comprendre. Des tas de choses auraient pu être pires ou meilleures, mais ce qui est arrivé serait peut-être arrivé de toute façon. Il est difficile de comprendre un suicide ; on en a pas subitement marre pour une raison spécifique ; c'est un travail de sape qui prend toute une vie (jeu de mots involontaire). L'alternance des narrateurs crée une sorte de récit épistolaire oral, où chacun raconte de manière réaliste son point de vue, sans vrai destinataire, plutôt comme on se confierait à un journal intime.
Le style, voilà ce qui marque dès les premières pages ; une nouvelle manière de recréer par la littérature l'oralité du langage : pas juste par le vocabulaire mais par la structure des phrases, les répétitions, les redondances, les mots d'apparence inutile qui, plus qu'à meubler, servent à ponctuer le parler, dans lequel les points n'existent pas, pas plus qu'on ne peut savoir avec certitude si une phrase est finie ou si elle va reprendre ; les phrases littéraires (Majuscule-point.) peuvent contenir plusieurs phrases orales, ou au contraire, une orale peut enjamber plusieurs littéraires (certaines sans sujet ou sans verbe), la ponctuation marquant alors les pauses plutôt que la fin de l'information transmise.
Je n'ai pas à hésiter pour louer la subtilité de l'auteur, et toutes les nuances des relations familiales et des ressentis personnels qu'il est parvenu à saisir pour créer un roman sociologique crédible et tristement réaliste dans tous ses détails. le seul reproche qu'on peut lui faire serait d'être parfois surécrit, de chercher à styliser toutes ses phrases sans exception, alors qu'il aurait pu en laisser glisser certaines dans la simplicité sans endommager le traitement du sujet (déjà grave et intéressant par lui-même), voire l'améliorant en le rendant, par une écriture moins insistante, d'autant plus capable de toucher le lecteur sur un registre émotionnel, ce qui en l'état actuel des choses tarde à venir.
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Il y a cette odeur de friture qui pénètre les vêtements, et la fumée des cigarettes qui pique tard les yeux dans la nuit, bien après qu'on est rentré chez soi à pied. Car on rentre toujours à pied. Pas parce que passé une heure il n'y a plus de métro et que ça obligerait à ça, la marche, mais parce qu'il faut ce moment où être seul un peu éloigne de la solitude, et vous ramène au plus profond en vous, là où à creuser vous trouvez un espace de repos.
|...] parce que je ne pouvais pas parler, rien dire sans gueuler, je croyais ça : que je ne pourrais pas leur faire comprendre, sinon, que sans ça ils ne verraient pas combien c'était dur, et ce qu'il fallait dire aussi, aux gars, à l'atelier, pour qu'on soit respecté un peu. Alors chez soi on voulait l'être sans avoir à faire la manche pour ça. Oui, patron chez soi pour regagner un peu de ce quelque chose qu'on nous volait le reste du temps, à pinailler pour une minute de retard et remettre en question n'importe quoi à partir du moment où pour nous c'était un soulagement.
(..) M, j’ai voulu je ne sais pas, qu’elle soit impossible sa présence, sa figure toute rabougrie de malheur. Qu’il ne soit pas possible non plus, le miroir de ma vie sur son visage, voir l’image de ça, qu’il faudrait porter toujours et reconnaître dans les traits familiers , ceux de M, dans son visage où il n’ya pas si longtemps il me semblait voir toute la solidité des rêves, et puis la confiance, et cette tendresse à jamais partagée entre nous, tout le temps, même dans les lassitudes, dans tout ça qui chaque jour un peu déshabille l’autre des prodiges qu’on lui voulait. ……
Ce qu'on dit, la solitude toujours comme un grand mot qui contiendrait toute la vérité des choses qu'on ressent en soi et qui ne peuvent pas émerger de soi, et retombent toujours alors plus profondes en soi quand les autres ne veulent pas les entendre, ou ne peuvent pas, jamais, malgré tout l'effort qu'il a fallu pour les remonter jusqu'à eux.
(..) M, j’ai voulu je ne sais pas, qu’elle soit impossible sa présence, sa figure toute rabougrie de malheur. Qu’il ne soit pas possible non plus, le miroir de ma vie sur son visage, voir l’image de ça, qu’il faudrait porter toujours et reconnaître dans les traits familiers , ceux de M, dans son visage où il n’ya pas si longtemps il me semblait voir toute la solidité des rêves, et puis la confiance, et cette tendresse à jamais partagée entre nous, tout le temps, même dans les lassitudes, dans tout ça qui chaque jour un peu déshabille l’autre des prodiges qu’on lui voulait. ……
Place au théâtre dans le débat, nos critiques passent en revue la réinterprétation de "L'opéra de quat'sous" par Thomas Ostermeier et la première mise en scène de Laurent Mauvignier, d'après son texte "Proches".
#théâtre #critique #culture
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Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG
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