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Fin McLeod, décide après son divorce et sa démission de retourner à Lewis, l'île de son enfance où il a retrouvé Marsaili, son premier amour, et Fionnargh son fils et c'est dans un état d'esprit encore hésitant sur son avenir qu'il s'installe près de la maison familiale. Quand le corps d'un jeune homme extrêmement bien conservé par la tourbe, victime de coups de couteaux, est découvert, on pense d'abord à la découverte d'un corps vieux de plusieurs siècles, une momie comme cela arrive quelque fois, mais la découverte d'un tatouage d'Elvis Prestley sur le bras du jeune homme permet de dater le meurtre à la fin des années cinquante.

Avec L'homme de Lewis, la deuxième enquête de Fin McLeod, Peter May nous ramène de nouveau dans cette île de Lewis où cette fois-ci, c'est le passé de Tormod, le père de Marsaili qui va permettre d'explorer un peu plus le passé difficile des habitants de l'île, en particulièrement celui des homers, ces enfants orphelins souvent catholiques qui ont été arrachés des orphelinats pour être confiés à des familles pour y travailler à la ferme. Une recherche ADN établit un lien de parenté entre ce jeune homme et Tormod, mais ce dernier est atteint d'Alzeimer ; c'est donc en alternant ses propres souvenirs fragmentés et la recherche de vérité que Fin Mc Leod progresse lentement dans cette recherche dans le passé.
De nouveau, c'est un grand plaisir de suivre Fin dans sa quête de vérité, entre bribes de souvenirs et recherche d'éléments probants mais toujours en quête de sa propre identité où il sera confronté à ses propres sentiments qui refont surface. C'est aussi et avant tout une ambiance particulière, entre pluie et nuages noirs, le vent qui fouette l'île et cette odeur de tourbe pregnante qui donnent immanquablement l'envie d'explorer ces îles sauvages.
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Un homme des tourbières est retrouvé sur l'île de Lewis, mais la trace d'un tatouage représentant Elvis Presley indique très vite qu'il ne s'agit pas d'un Celte d'avant l'ère chrétienne comme l'homme de Tollund. Et l'analyse ADN révèle grâce à la banque qui avait été constituée dans L'île des chasseurs d'oiseaux, qu'il est parent du père de Marsaili. En effet celui-ci atteint d'alzheimer n'avait pas demandé la destruction des résultats de son prélèvement. Seulement on ne lui connaît ni frère, ni cousin, personne qui ait pu se faire tatouer dans les années 50.
On passe selon les chapitres, de l'enquête aux pensées du vieil homme. Et on découvre très vite par les réminiscences qui lui viennent à l'esprit qu'il avait bien un frère d'un an plus jeune, diminué depuis une chute, et sur lequel sa mère mourante lui avait demandé de veiller avant qu'on les place dans un orphelinat.
Fin a quitté son métier et divorcé, et il est revenu sur l'île de Lewis pour retaper l'ancienne maison de ses parents. Il aide donc Gunn le policier local.
Au début, on se dit que l'histoire va être simple, intéressante, mais simple. Eh bien non.

Cette trilogie est vraiment de qualité. Non seulement les enquêtes sont bien construites mais surtout on est transporté sur ces îles de Lewis et Harris avec la dureté de la vie des habitants mais à chaque fois on découvre un aspect de leur histoire, dans le premier tome, la tradition de la chasse aux gugas, et ici la vie des homers, ces orphelins placés en familles d'accueil qui les exploitent et souvent les maltraitent. Ce qui n'a pas existé que sur ces îles. Qu'en sera t il du prochain titre ? Il est regrettable que ce ne soit qu'une trilogie.
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Souvenez-vous, dans 'L'île des chasseurs d'oiseaux', l'inspecteur Fin Macleod retournait sur l'île de Lewis pour une enquête sur le meurtre d'un homme et clarifiait par la même occasion des zones d'ombre de son propre passé. On le retrouve neuf mois plus tard, à l'aube d'une nouvelle vie : il a quitté Edimbourg, sa femme et la police, et revient sur son île natale. Pour quoi faire ? Rénover la ferme parentale, dans un premier temps. Mais ces projets de bricolage attendront un peu : la découverte du cadavre d'un jeune homme parfaitement conservé dans la tourbe change ses priorités, sa curiosité est piquée, le voilà lancé dans une enquête officieuse... De son côté, Marsaili connaît de grands chamboulements dans sa vie de famille, notamment avec son père, atteint de la maladie d'Alzheimer à un stade qui ne permet plus à son épouse de s'en occuper.

Comme dans le premier opus de cette série, l'intrigue policière passe au second plan. On s'intéresse bien davantage à la jeunesse de Tormod qu'aux circonstances de la mort de l'homme de la tourbe - d'autant qu'on les devine assez tôt (longtemps avant Macleod en tout cas) grâce à la narration d'un des protagonistes qui nous fait découvrir un pan sombre de l'histoire de l'Ecosse, le sort des "homers".

Comme dans 'L'île des chasseurs d'oiseaux', l'auteur aborde de manière subtile et émouvante les thèmes de la parentalité, de la filiation, de l'enfance maltraitée, du poids de la religion dans certaines pratiques éducatives. Autre sujet abordé ici, toujours en rapport avec la famille : la maladie d'Alzheimer et la souffrance d'un vieil homme placé en maison de retraite. Avec toujours, pour décor, l'île écossaise de Lewis, ses paysages somptueux, son climat rude, les odeurs de feu de tourbe - de quoi vous donner envie :
- de lire la suite très vite (Le braconnier du lac perdu)
- de vous documenter sur l'Ecosse et son Histoire
- et surtout d'y aller, notamment sur les îles Hébrides !
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L'homme de Lewis est le deuxième volet de la trilogie de Peter May qui se passe sur l'île écossaise de Lewis, après le fameux " L'Île des chasseurs d'oiseaux". Un petit conseil : il est préférable d'avoir lu ce dernier pour apprécier toute l'évolution et la profondeur des personnages précédemment évoqués.

Suite à la mort tragique de son fils et au jugement de son divorce, Fin Macleod démissionne de la police, quitte Edimbourg et retourne s'installer sur son île natale de Lewis. Les ruines de la maison de ses parents, la lande balayée par la colère des vents, la fureur de l'océan…ici il espère redonner un sens à sa vie.
Mais Fin à peine arrivé, on découvre le cadavre d'un jeune homme miraculeusement conservé au coeur d'une tourbière. Les analyses ADN font le lien avec Tormod Macdonald, le père de son amour de jeunesse, Marsaili. Malheureusement atteint de la maladie d'alzheimer le vieil homme ne peut donner aucune explication , ni se défendre, et le temps presse : bientôt un inspecteur est attendu sur l'île pour mener l'enquête et il fera certainement de Tormord le suspect n°1. Marsaili va alors demander à Fin de faire la lumière sur le passé de son père et espère ainsi mettre de l'ordre dans les souvenirs du vieillard qui affluent par flash de manière totalement incohérente.

Nous retrouvons dans ce nouveau huis clos, ce qui nous a tant plu dans la précédente enquête, le contexte très fort, le souffle du vent incessant, entêtant, la pluie battante, et cette nature sauvage et mystérieuse qui magnifie le récit. L'auteur n'y a pas laissé ses personnages en plan. Ils sont fragiles, plein de fêlures mais terriblement attachants. L'écriture, encore une fois, est très belle. L'enquête bien menée nous entraîne dans un passé douloureux au rythme des souvenirs de Tormod. Et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est une histoire terrifiante qui va refaire surface. Certainement le pan le plus sombre de l'histoire de l'Ecosse. Tormod a fait parti de ceux que l'on appelait dans les années 50 " les homers " : ces orphelins dont on a caché l'identité et qui furent envoyés dans les îles écossaises, en Australie ou au Canada pour y repeupler les campagnes. Des enfants catholiques et protestants que les deux autorités religieuses se partageaient sans scrupule, sans chercher à savoir qu'effectivement ils étaient traités en esclaves, abusés, violentés et frappés. Peter May nous raconte avec beaucoup de sensibilité, l'histoire de ce vieillard atteint de démence, irrité par un entourage qu'il ne reconnaît plus et hanté par un crime. Encore une belle réussite !





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Ce livre là m'a beaucoup plu ! Je me suis laissée embarquer dans l'intrigue "policière" sans modération ! de plus, avec Peter May, on en apprend toujours davantage sur ces îles écossaises et leurs coutumes si particulières. Je vous recommande vivement cette lecture, et ne vous en dévoile pas davantage le contenu, pour ne pas atténuer les effets de surprise voulus par l'auteur.
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Avec « L'homme de Lewis », deuxième roman d'une trilogie se passant dans les Hébrides extérieures, en Ecosse, Peter May signe un ouvrage se situant entre roman historique et polar.

Après avoir démissionné de son poste d'inspecteur de police à Edimbourg, hanté par l'assassinat de son fils renversé par un chauffard toujours en cavale et son mariage brisé, Fin MacLeod revient sur son île natale, l'île de Lewis, afin de tenter de reconstruire sa vie.
Il y retrouve assez rapidement Marsaili MacDonald : les cendres de leur amour sont-elles vraiment refroidies ? Leurs retrouvailles seront toutefois un peu ralenties par la découverte d'un corps momifié dans la tourbe, dont l'ADN révèle la parenté avec Tormod MacDonald, le père de Marsaili. Or, celui-ci, plutôt taiseux sur son passé, n'a jamais indiqué avoir eu un frère. Tormod MacDonald est-il vraiment celui qu'il paraît être ? Il fait donc office de principal suspect, et, étant atteint de démence, n'est d'aucune aide pour éclaircir cette histoire.
Fin MacLeod, pas tout à fait débarrassé de ses réflexes de policier, seconde alors le détective de la police locale en attendant la venue, dans une semaine, de l'inspecteur principal dépêché d'Edimbourg : en effet, il sera moins conciliant sur l'arrestation de Tormod MacDonald… La vérité doit donc être vite trouvée.

Si l'intrigue policière est somme toute assez classique, l'originalité de « L'homme de Lewis » est d'alterner les points de vue et d'entrelacer différentes histoires sur une rythmique différente : en effet, une partie de l'histoire est narrée par Tormod MacDonald, qui perdant la raison, ne reconnaît plus sa famille, et s'enfonce de plus en plus dans ses souvenirs. Ainsi, le lecteur apprend bien avant les personnages du roman qui est vraiment Tormod MacDonald et d'où il vient. le mystère autour de ce dernier, dévoilé peu à peu par le vieil homme, prend d'ailleurs le pas (c'est un reproche que l'on pourrait faire au roman) sur l'intrigue policière puisque l'on devine assez rapidement qui est l'identité du mort : ainsi, peut-on parler de roman policier quand il n'est plus vraiment essentiel de savoir comment ni pourquoi il a été assassiné, qu'il n'est en fait plus qu'un prétexte au roman ?

L'histoire de Tormod MacDonald est surtout l'occasion pour Peter May de dévoiler un pan mal connu de l'histoire écossaise : celle des « homers », ces jeunes orphelins (ou seulement abandonnés par leurs parents) qui ont été envoyés dans les campagnes pour les repeupler. Adoptés par des paysans (qui ne les traitaient pas toujours bien), ils devaient changer de nom pour adopter celui de leur « nouvelle » famille et voire même changer de langue, le gaélique étant l'idiome employé dans les campagnes.

« L'homme de Lewis » est donc un roman passionnant, qui s'affranchit des règles du polar en ce qu'il traite de sujets historiques (les « homers »), sentimentaux (l'aspect le moins réussi : les retrouvailles Fin/Marsaili sont un peu mièvres parfois, à l'instar de l'intrigue autour de Finlagh, sa petite amie Donna, l'enfant qu'ils ont eu alors qu'ils n'ont pas encore fini le lycée et de la réaction du père de cette dernière, un peu difficile à comprendre, mais qui, ô miracle, se résout grâce à Fin) et sociaux (comment s'occupe-t-on d'un retraité sénile en Ecosse quand on n'a pas les moyens ?). Si certains ressorts de l'intrigue sont assez grossiers, et donc prévisibles, la joliesse incontestable du style de Peter May (que j'avais découvert avec ses polars se passant en Chine, et qui sont parfaitement différents) et le charme tout écossais (les paysages sont magnifiquement décrits, le vent nous siffle aux oreilles, on est giflés par les embruns de l'océan presque à chaque ligne) qui s'en dégage rattrapent aisément ces petits défauts.
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Le deuxième opus de la Trilogie écossaise de Peter May, L'homme de Lewis, se révèle tout aussi passionnant que le premier. Le policier local, George Gunn, que nous connaissons déjà grâce à sa collaboration avec Fin Macleod dans L'Île des chasseurs d'oiseaux, travaille sur la découverte d'un corps dont la tourbe a permis la conservation : un jeune homme assassiné après avoir été torturé. Mais de quand date « l'homme de Lewis » ? Est-il aussi vieux que l'homme de Tollund ou celui d'Old Croghan ? C'est ce qu'espère Gunn qui compte bien refiler le cadavre aux archéologues. Mulgrey, le légiste, est tenté d'aller dans son sens avant de avant de trouver une plaque métallique sur son crâne et un tatouage sur son avant-bras : le portrait d'Elvis Presley…
***
On retrouve Fin Macleod neuf mois après les événements qui l'avaient ramené sur son île natale. Il est maintenant divorcé, a quitté la police, il est bien décidé à retaper la ferme de ses parents, et éventuellement à s'y installer. Hanté par la mort de son jeune fils, honteux de l'attitude qu'il a eue envers Marsaili pendant leur première année universitaire, maladroit avec Fionnlagh, il espère que ce changement de décor lui apportera un peu de paix malgré ces difficultés évidentes... George Gunn, qui avait apprécié leur collaboration, lui demande de l'aider discrètement dans son enquête avant l'arrivée d'un inspecteur du continent qui ne saura pas s'y prendre avec les habitants de Lewis. Or l'enquête promet d'être délicate : l'ADN du jeune homme trouvé dans la tourbe présente une correspondance avec celui du père de Marsaili ; les deux hommes sont forcément apparentés.
***
Le décor est planté en quelques brefs chapitres et on se trouve d'emblée en terrain connu. Deux voix narratives alternent irrégulièrement. Un narrateur à la troisième personne cède parfois la place aux pensées et aux souvenirs de Tormod Macdonald, le père de Marsaili, qui intervient à la première personne. Atteint de la maladie d'Alzheimer, il ne reconnaît plus ses proches, confond les lieux, devient incontinent, mais conserve des souvenirs d'enfance assez précis. Peter May donne ainsi l'avantage au lecteur, qui en sait toujours un peu plus que les deux enquêteurs. Fin Macleod va remonter le fil du temps grâce aux révélations souvent involontaires du vieil homme. Dans le tome précédent, nous avions découvert une étrange et cruelle tradition (la chasse aux fous de Bassan et la préparation du guga) ; dans celui-ci, nous découvrirons le révoltant destin des enfants qu'on appelait les « homers ».
***
J'ai aimé ce roman autant que le précédent. L'intrigue est bien ficelée, le contexte social et historique passionnant, la place de la religion étonnante. Les personnages attirent la sympathie. La dureté du climat et les contraintes de la vie dans cette région me semblent parfaitement décrites, et il faut tout le talent de l'auteur pour me donner envie d'y aller quand même ! Le troisième tome m'attend à la bibliothèque...
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Je poursuis ma lecture de la belle trilogie écossaise de Peter May avec ce deuxième tome, tout aussi réussi que le premier, tant au niveau de l'intrigue que de la belle ambiance de cette île sans cesse balayée par les vents et les pluies.

On y retrouve le thème de l'enfance avec le sort terrible réservé aux orphelins écossais dans les années 50 qui étaient envoyés dans les Hébrides Extérieures pour servir de main d'oeuvre gratuite à des fermiers.

Mais j'ai été réellement bouleversée par l'évocation que Peter May fait de la maladie d'Alzheimer avec le père de Marsaili. Avec une grande sensibilité, le romancier imagine les divagations de ce vieil homme à l'esprit désorienté. Il est impossible de dire si le fil des pensées qu'il prête à Tormod correspond au fonctionnement erratique du cerveau des malades d'Alzheimer mais cette projection m'a semblé extrêmement plausible et assez proche du cheminement de la mémoire que j'ai pu voir ou que j'ai cru deviner chez des proches atteints de cette terrible maladie.

J'ai hâte de lire le troisième tome !

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Deuxième volet de cette fameuse trilogie écossaise.
Deuxième cadavre retrouvé.
Prétexte pour se retrouver en immersion totale une deuxième fois sur ces îles Hébrides. Vent, pluie, brouillard, percées magnifiantes du soleil... le lecteur commence à bien appréhender ce climat inhospitalier. Entre autres choses.
Prétexte aussi pour découvrir un autre pan du passé de ces insulaires.
Et puis, on veut tout de même connaître l'identité de la victime et comment elle s'est retrouvée dans les tourbières de l'île Lewis.

Entre visite, histoire et suspense, il n'est pas illusoire de dire que ce fut un voyage littéraire complet.
Encore !
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Fin Mc Leod a perdu son fils, a quitté sa femme, a démissionné de son boulot de flic, et tente de s'installer, dans la ferme en ruine de ses parents disparus, sur son île de Lewis enfin retrouvée. Il veut redevenir un homme de Lewis.

Pour tout arranger, il pleut sur les tourbières et le vent s'engouffre dans son seul abri à peu près étanche: une tente. Last but not least : il trouve le cadavre quasiment momifié d'un jeune homme, profondément enfoui dans un sillon de tourbe. Momifié depuis des siècles? La mort, en tout cas, semble avoir été violente...

Peut-on parler d'un " homme de Lewis" comme il y a l'homme de Man? On ne remontera pas si loin dans le temps: le cadavre a , au poignet, un tatouage Heartbreak Hotel, ce qui renvoie aux années 50.

Comme qui dirait Elvis à Lewis...

Une rapide recherche ADN renvoie à un vieil homme,Torod Mc Donald, le père de Marsaili, ancien amour de Fin Mc Leod.

Ce vieil homme, -ce troisième homme de Lewis- , autrefois fermier, est en train de perdre pied: la maladie d'Alzheimer brouille ses repères, corrode son présent, et refait affleurer dans le désordre des souvenirs très anciens, enfouis, des secrets dont il a perdu la clé.

Torod est-il un assassin? Torod est-il vraiment Torod?Torod est-il bien un homme de Lewis?

Entre les souvenirs décousus du vieil homme et l'enquête personnelle de Fin Mc Leod, désireux de prendre les devants sur celle, inévitable, de la police, on navigue à vue. Drôle de voyage, d'une île à l'autre, de Lewis à Harris, de Harris à South Uist, de South Uist à Eriksay...avec quelques aller-retours à Edimbourg..

Les îles Hébrides sont toujours aussi désolées, les paysages âpres, la mer déchaînée, le vent perfide , les sables de la plage dorés ou argentés- 50 nuances de gneiss- les églises -catholique ou presbytérienne- intolérantes, rapaces, sans pitié ni scrupule, prêtes à fondre comme l' aigle des lochs montagneux sur les plus fragiles, les plus démunis, les plus seuls: les orphelins.

Un voyage d'orphelins:comme Fin, comme Tormod, et aussi comme cet "homme de Lewis" tatoué au poignet..Un périple qui m'a fait penser au terrible film Magdalena Sisters ou au magnifique Philomena de Stephen Frears...

Comme on découvrait dans le tome I de la trilogie écossaise le rocher de Sula Sgeir, sa colonie de fous de Bassan et les rites de passage qui leur sont associés, on explore, au tome II, la tragédie des "Homers", ces enfants pauvres, souvent orphelins, enlevés aux institutions légales -et souvent presbytériennes - qui les traitait durement, pour les livrer, pancarte au cou, à des familles de paysans sans enfants et surtout sans bras pour les durs travaux de la mer ou des champs,qui les traitaient comme des esclaves, le plus souvent.

Une nouvelle variante, cynique, de la colonie de peuplement sous couvert de charité chrétienne...

L'homme de Lewis captive, fascine, broie le coeur, et on se fiche comme d'une guigne du côté polar - la fin torchée allegretto montre que l'auteur sacrifie vite fait aux lois du genre -coups de feu et suspense- mais il est clair que l'intérêt n'est pas là: les paysages ont le premier rôle, envoûtants, magnétiques, inhumains et fraternels pourtant. Et aussi la mémoire de la douleur, si vivace.

La mémoire déchirante de l'enfance massacrée.

On est presque soulagé de voir le vieux Tormod- mais est-ce bien son nom?- sombrer doucement dans le noir , le vide de la démence sénile, sous la tutelle tendre de celle qui l'a toujours aimé.

Il y a des souvenirs qu'il faut laisser s'éparpiller dans l'écume des vagues...seul celui de l'amour demeure, intact, comme un phare dans la tempête.

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