« Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas l'odeur des feux de tourbe, si vous n'aimez pas l'Ecosse… allez vous faire foutre ! »
Putain, çà décoiffe avec
Peter May ! Il nous embarque sur ses terres écossaises dans ce roman très noir, tourbeux à souhait. Terres où on aime parler le gaélique et où il y a de bien drôles d'oiseaux.
Une île au nord-ouest de l'Écosse dans les Hébrides, l'île de Lewis. Dans ce pays, il n'y a rien. Pas un arbre pour s'abriter des tempêtes, juste la lande au ras des pâquerettes. Terre aussi pelée qu'un cul écossais, aussi peuplée qu'un pub au bout de la nuit. Depuis son retour, les habitants ici se regardent en chien de faïence…
Il y a des souvenirs qu'on préfère laisser sur une île, sur le rocher inhospitalier d'An Sgeir. Ces souvenirs de merde ou plus exactement « de guano ». Des souvenirs à dégueuler la misère blanche le long des falaises quand la tempête vous chie dessus toute sa colère. Tradition écossaise, on y chasse chaque année 2000 oiseaux au berceau. Drôle de tradition mais c'est la tradition…
Dans ce merdier, l'inspecteur Fin
MacLeod revient fouler le « machair » de son enfance et l'herbe grasse des moutons. Il faut bien se tenir chaud, le temps ici est toujours menaçant.
MacLeod est poursuivi par ses vieux fantômes après qu'eut lieu dans le coin, un crime atroce. Celui d'Ange Macritchie. Vieille connaissance patibulaire, terreur en culotte courte autrefois redoutée sur les bancs de l'école. Souvenir brûlant à l'eau de mer. Acide, comme ce vent qui brûle les paupières. L'océan est ici une brûlure tenace qui marque même 18 ans plus tard. Cette île est depuis son phare d'eau. Un phare englouti au fond des flots. le passé ressurgit dans ces vagues qui inlassablement rampent sur la plage pour vous lécher les doigts de pieds, avant de vous engloutir. C'est certain, il va y avoir du grain. Un vrai panier de crabes…
Pas de corbeaux ici à faire chanter l'âme en peine de
MacLeod, juste des goélands à gueuler à tout vent.
-Hey…
MacLeod !!! Pourquoi t'es revenu sur Lewis ???!!! Cet enfoiré de Macritchie a eu ce qu'il méritait !!!
Le passé ressurgit donc par vagues dans le port de Ness et dans les petites rues de Crobost. Souvenirs d'école avec son vieil Artair ami de toujours et Marsaili son premier amour. Les souvenirs se déchirent comme des déferlantes sur les rochers d'An Sgeir.
MacLeod va reconstituer le puzzle de sa vie pour comprendre ce qui s'est passé.
La perte de ses parents dans un accident, le décès de son enfant, un premier amour jamais oublié… tout le ramène à cet « Ange » pendu au bout d'une corde. Il lui faut se reconstruire. Tant pis pour la tempête. L'enquête fera des vagues…
A déterrer les souvenirs, le feu de tourbe finit par prendre à la gorge les gueules cassées des marins les jours de bière. Avec son odeur âcre les jours gris. Ces jours venteux et pluvieux. Ces jours d'haleines fétides quand la cuite est à marée basse. Même une pluie à l'horizontale n'arrive pas à donner un coup de fouet. Putain d'île…
Fin
MacLeod va réveiller les morts dans toutes les chaumières. Ici, on aime pas trop réveiller les mort de Dan Sgeir…
Pourquoi monsieur Mecinnes, père d'Artair prendra le tout jeune Fin sous son aile, pour lui donner une seconde chance ? Rappelez-vous, l'île de Lewis est son phare d'eau à
MacLeod…
Il faut quelques rasades de whisky pour prendre le bateau quand les vagues se cognent avec fracas sur la coque et que l'huile chaude du moteur vous soulève le coeur. Putain d'huile…
Pas le choix, il lui faut partir pour se souvenir.
Alors, je n'ai qu'un conseil à donner : embarquez pour ces terres du bout du monde avec
Peter May et Fin
MacLeod. Après çà, pas de retour possible avant un sacré bout de temps. On reste « scotché » au whisky sur l'île de Lewis…
Alors en « May », fais ce qu'il te plaît...