Les migrations internationales sont le reflet du monde, écrit Aristide Zolberg. Elles sont le pouls ainsi que le cœur d’un monde interdépendant. Elles résultent de dynamiques de structures politiques et économiques, en même temps qu’elles suscitent des circulations matérielles et immatérielles, des restructurations des sociétés d’accueil et de départ, et une reconfiguration des appartenances nationales et familiales au sein et par-delà les États.
Le nombre de migrants dans le monde a triplé en quarante ans, il est estimé à 3,5 % de la population mondiale. Le phénomène migratoire international, défini par la mobilité volontaire ou forcée de populations d’un pays à un autre (à la différence de la migration interne), n’est certes pas nouveau en soi et ne date pas du xxie siècle. Il s’accompagne d’un imaginaire qui perdure à travers le temps : l’étrange étranger ne cesse de fasciner en même temps qu’il inspire la peur, entre accueil et rejet. Il a toujours été sujet de légendes et de rumeurs. La nouveauté se situe dans la nature des flux migratoires qui a changé aussi bien par son ampleur que par la diversité même des catégories de migrants (étudiants, expatriés, réfugiés, demandeurs d’asile, clandestins, travailleurs transfrontaliers, saisonniers, binationaux…). En réaction à ces flux et en fonction des changements d’attitude des pays d’accueil au gré des fluctuations de l’économie, les notions de « seuil de tolérance » et de « risque migratoire » font alors leur apparition…