J'arrive un peu après la bataille, tout le monde (ou presque) a déjà lu et commenté
Betty et tout le monde (ou presque) l'a aimé, voire même encensé.
Et pour le coup je suis perplexe car j'essaye sincèrement de comprendre pourquoi.
Betty, cette petite amérindienne « métisse » avait pourtant quelques atouts pour me séduire : un récit familial qui paraît dense (plus de 700 pages) sur plusieurs années, une histoire émouvante dans une famille qui connaît l'adversité et la douleur. Sur le papier, il y avait ce qu'il fallait pour un récit tout en émotion.
Malheureusement, j'ai rencontré beaucoup d'éléments qui m'ont heurtée lors de ma lecture et qui ne m'ont pas permis d'entrer dans l'oeuvre.
Tout d'abord, ce livre est au niveau de « Sans famille » (qui est mon étalon personnel en terme d'histoire familiale épouvantable): racisme, secrets de famille, incestes, viols, meurtres (oui, au pluriel) rien n'est épargné à ces gens. Dans l'absolu, cela ne m'empêche pas d'apprécier un livre mais j'ai trouvé l'accumulation de certains faits tragiques quasi surnaturelle dans le contexte. Ce roman est censé être inspiré de la vie de la mère de l'auteure, mais j'ai eu infiniment de mal à absorber cette accumulation de malheurs sur une seule famille. Si l'histoire n'est pas romancée, je m'incline et je me tais. Mais si elle l'est, le résultat me met un peu mal à l'aise… et dans le doute, je reste sur la réserve.
En terme de style, les origines cherokees du papa de
Betty ont été pour l'auteure une source largement (sur)exploitée de figures de style poétique. Plutôt séduisant au début, mais sur plus de 700 pages j'ai fini par trouver cela redondant et d'une certaine lourdeur. Je me suis perdue dans certaines métaphores. Dans la même veine certains dialogues au sein de cette famille m'ont semblé lunaires : personne ne se parle ainsi en famille, sous forme de métaphores parfois un peu alambiquées. Bref, un vrai manque de naturel qui m'a beaucoup éloignée de ma lecture.
Et j'arrive enfin à ce qui m'a le plus agacée dans ce roman, et là je pense que je ne vais pas faire l'unanimité : c'est le personnage du père de
Betty. Il est l'un des pivots du livre, censé représenter une figure bienveillante pleine de sagesse et de clairvoyance. Personnellement, je n'y vois qu'un imposteur. Père faible, qui se cache derrière ses fantasmagories pour paraître un faux patriarche, et qui au final, n'est même pas capable de détecter les dysfonctionnements, pourtant nombreux et criants, sous son propre toit. Forcément, quand le ressort principal du livre est basé sur la relation privilégiée quasi mystique entre
Betty et son père, la lectrice que je suis en sort quelque peu nauséeuse.
Au final je ne sais que dire, car à voir les avis dithyrambiques majoritaires, je n'ai pas l'impression que nous ayons tous lu le même livre, d'où mon incompréhension. A noter que c'est une des premières déceptions pour ma part dans les
Editions Gallmeister, dont j'affectionne habituellement les titres.