Lorsque six ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, certains secrets autour du sort d'enfants juifs cachés ne veulent pas passer… Alerte, rusé, extrême : un roman diabolique.
Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/08/19/note-de-lecture-
les-larmes-du-reich-francois-medeline/
Entre Lyon et Valence, entre Chartreuse et Vercors (où se situait déjà l'action du roman précédent, «
La sacrifiée du Vercors », juste à la Libération au lieu de prendre place six ans après comme ici), en 1951, un inspecteur de police criminelle pas comme les autres s'agite avec frénésie, court-circuitant les canaux officiels chaque fois que nécessaire, pour retrouver certaines fillettes disparues, en général, et l'une d'entre elles, qui l'obsède étrangement, plus particulièrement. C'est qu'il s'en est passé des choses, en Isère et à Paris, et au long de la chaîne d'éradication raciale conçue par les nazis, pendant la guerre : de l'horreur évidente, de l'héroïsme occasionnel, du calcul plus ou moins sordide, et de l'authentique folie. Dans cette quête devenant vite paroxystique, le narrateur se découvre peu à peu, en obsession et en violence, tandis que la lectrice ou le lecteur iront de surprise en abîme jusqu'aux dernières lignes de ce roman policier magnifiquement insensé.
Dès «
La politique du tumulte » en 2012, et comme l'avait si largement confirmé «
L'ange rouge » en 2020,
François Médéline a su nous enchanter et nous saisir d'emblée par des entrées en matière hors du commun. Celle de ces « Larmes du Reich » (publié chez 10/18 en avril 2022), citée en ouverture de cette note, avec son vélo de course et ses miraculeux sous-entendus qui exploseront le moment venu, nous prouve à quel point il continue à affûter ce talent, peu commun à un tel degré. Ancré dans ce cadre rural des Préalpes qu'il sait peindre avec un lyrisme discret qui ne déparerait pas chez
Jean Giono ou chez
Pierre Magnan, il manie pour nous avec un brio de prestidigitateur des munitions hautement explosives ayant trait au sauvetage des enfants juifs pendant la guerre – où l'on retrouvera certaines errances réputées pieuses que nous rappelait d'une manière bien différente le
David Lescot de « La Commission centrale de l'enfance » -, aux improbables relations maître-esclave qui ont pu naître dans le système concentrationnaire (Liliana Cavani n'est peut-être pas si loin), en passant par les règlements de compte sulfureux de l'après-guerre et les corruptions ordinaires et extraordinaires engendrées par les ultimes soubresauts de la deuxième guerre mondiale. de cette dynamite historique et émotionnelle, il extrait pour nous avec une vraie habileté et quelques clins d'oeil matois, en à peine 200 pages, un grand roman diabolique et extrême.
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