Skip

Une forme très originale pour cette histoire onirique.
Pour l'apprécier, mieux vaut aimer l'univers du rêve et du conte, accepter de partir dans des directions inconnues, dans un monde qui n'a ni queue ni tête.
Eclo vit avec Iel au bord d'un lac, loin d'un monde apocalyptique. lorsqu'ils reçoivent un appel à l'aide par radio, Eclo se retrouve seul. Il jette le pendentif qu'Iel lui a laissé, puis plonge pour le rattraper. Commence alors un voyage hors du monde. Il rencontre une étrange créature, qui veut l'aider à rentrer chez lui.
Le dessin n'est pas commun. C'est une éclosion de couleurs à chaque page. Un côté psychédélique : les formes s'emmêlent : fleurs, figures géométriques, yeux...
Ce qui m'a gêné c'est l'écriture inclusive. Iel pour Il et Elle. Aucun personnage n'est genré dans les mots alors que dans le dessin si. Eclo ressemble plus à un garçon qu'à une fille ; Iel plus à une femme qu'à un homme. Je ne sais pas si c'est un parti pris de la traduction ? L'auteur est américaine. Peut-être a-t-elle utilisé le terme it dans le texte original ?
Sans doute cette bande dessinée ne plaira-t-elle pas au plus grand monde, mais il y a un vrai parti pris.

On part d'un truc assez classique dans le monde de l'écriture, c'est le voyage initiatique. le truc qui change, c'est... bah tout le reste. L'univers proposé par Molly Mendoza est juste complètement bordélique, et c'est génial. Les deux personnages, Eclo et Gluan se retrouvent ensemble d'une façon un peu mystérieuse et traversent ensuite différents niveaux/univers (je ne sais même pas comment appeler ça) dans le but de retrouver leur monde d'origine.

J'ai trouvé cette BD super originale au niveau du traitement, notamment dans la forme. Ça part visuellement dans tous les sens, parfois c'est flou, on a du mal à comprendre ce qu'il se passe sur les planches que l'on découvre, on ne sait plus où donner de la tête, mais en même temps, il y a une espèce de cohérence et de progression logique qui les fait avancer, qui fait évoluer leur amitié, et qui les mène au dénouement.

J'ai absolument adoré les jeux de couleur, ces teintes qui restent cohérentes entre elles, et qui changent selon l'endroit où iels se trouvent (et en plus j'aime les couleurs choisies, je pourrais les trouver moches ou désagréables, mais non elles sont juste parfaites). C'est une BD assez unique, qui a un style inimitable et qui parvient aisément à nous transporter tout en explorant les émotions de ses personnages (et les nôtres !)

(Détail à noter, tous les personnages sont non-binaires, et ça c'est chouette.)

Une couverture très colorée et très intrigante m'ont littéralement fait plonger dans cette BD. Et la couverture reflète, selon moi, l'esprit tourbillonnant de l'ensemble.
Dès le départ, le ton est donné, c'est une BD qui sera traduite en écriture inclusive. Quand on n'a pas l'habitude de l'utiliser, c'est très déconcertant.
Pour le récit, tout commence avec deux personnages : un enfant, Eclo et un personnage plutôt âgé, Bee, qui vivent au bord d'un lac (éloigné d'une civilisation que l'on suspecte dangereuse). Bee doit partir et ils vont devoir se séparer. Eclo va devoir apprendre à vivre sans Bee, à attendre, à veiller sur le lac… Jusqu'au jour où il fait la connaissance de Gluan… A partir de là, on passe d'un récit plutôt réaliste, presque post-apocalyptique à un récit très onirique, où la part belle est faite aux émotions.

Si l'écriture et le récit m'ont un peu désorienté, j'ai toutefois été charmée par l'originalité de l'ensemble. Et j'ai vraiment apprécié les planches avec de magnifiques couleurs.
Une BD assez déroutante, qui trouvera certainement son public par son côté très artistique.

La première chose qui nous interpelle lorsque nous ouvrons cet album, c'est la colorisation. Alternant entre des couleurs très vives, ou des planches dégradées dans les mêmes tons. Dans Skip, nous sommes davantage incités à effectuer un voyage visuel et sensoriel. Chaque planche est une peinture que l'on peut admirer longuement, et qui laisse une totale liberté d'expression à l'artiste. Un autre détail, cette fois-ci dans l'écriture, pique aussi notre curiosité : l'utilisation de l'écriture inclusive. Il est plutôt rare de voir un tel procédé en bande dessinée, même si ce mode d'écriture se démocratise de plus en plus ces derniers temps. Enfin, Skip, c'est aussi (et surtout) une histoire d'amitié, où Eclo et Gluan trouveront ce dont ils avaient besoin en se rencontrant, en échangeant, et c'est une aventure, un voyage qui les fera grandir, qui apportera des réponses à leurs questionnements.

Très belle oeuvre graphique et picturale qui mérite le détour par son originalité visuelle.
Pour le reste, l'histoire est assez simpliste et les personnages plutôt unidimensionnels (Non désolée, faire un personnage non-genré ne le rend pas plus complexe ni plus attachant que ça).
Le principal défaut de cet ouvrage, ce sont ses dialogues qui viennent appuyer de façon lourdingue sur les états d'âmes des protagonistes, qui encore une fois ne sont pas très subtils de bases. En plus l'utilisation de l'écriture inclusive gêne la fluidité de la lecture.
Pour rendre son oeuvre plus pertinente et plus universelle, l'auteure aurait mieux fait de se concentrer sur une narration muette, passant uniquement par l'image, et abandonner complètement les dialogues.
Pour ceux qui aiment les oeuvres graphiques et psychédéliques, c'est une belle pièce à avoir dans sa collection.