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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Michaël Mention est un perturbateur. Un agitateur de conscience, un provocateur de réactions.

Un mutin mutant qui frappe frappe frappe là où ça fait mal. Choc frontal pour nous ouvrir les yeux.

Nous vivons de plus en plus vieux. Mais nous tombons de plus en plus malades, de plus en plus jeunes. Cancers, infécondité, problèmes de thyroïde, autisme…, la liste des maladies et nouveaux symptômes est interminable. On en a plus ou moins conscience sans trop arriver à toucher le problème du doigt. Mais :

Certains savent…
Certains savent et ne font rien…
Certains savent et en profitent…
Certains profitent et savent en être responsables…
Certains savent !

Le sujet central de son nouveau roman est en lien avec les perturbateurs endocriniens. Ils sont partout, villes et champs, intérieur et extérieur.

Les envahisseurs, des substances étranges. Leur but : s'établir dans votre corps et en faire leur univers. Michaël Mention les a vus. Pour lui, cela a commencé pendant une triste nuit (sans sommeil), alors qu'il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva.

A présent, Michaël Mention sait que les envahisseurs sont là, qu'ils ont pris forme humaine et il lui reste à convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé…

Parce que les envahisseurs ne sont pas que matières et composants chimiques. Ce sont aussi des hommes de l'ombre qui défendent les profits de ceux qui répandent le mal : les lobbies.

Contre les lobbies seuls, laissons Michaël Mention être notre Obi-Wan.

L'écrivain de génie (je n'ai pas peur d'utiliser le mot) choisit la fiction pour faire passer des messages. Et des émotions. le but n'est pas de faire peur, mais d'ouvrir les consciences à la réalité et jeter une pierre supplémentaire dans la mare saumâtre des profiteurs à profits.

Les personnages capricieux de son histoire sont en guerre. Un journaliste, un scientifique, un couple et leur jeune enfant atteint par des maux étranges. Qui veulent savoir, qui veulent faire savoir. le prix de leur engagement sera très lourd.

Peu d'auteurs savent ainsi proposer un récit imaginaire si ancré dans le réel, avec une patte si personnelle. Coups de griffes.

Chaque roman de l'auteur possède son atmosphère propre. Écriture inimitable et reconnaissable entre mille, mais ambiance et traitement différents.

Ce Mention-là est presque journalistique. Enquête de fond d'un frondeur qui dévoile la face cachée d'une Industrie. Et les rouages complexes et grippés de la Commission Européenne, qui virent trop souvent de leur axe.

L'équilibre est précaire entre cette investigation et ses obsessions stylistiques. C'est la première fois que j'ai parfois trouvé sa manière d'intégrer la musique à l'histoire un peu surjouée sur un sujet qui s'y prête moins, mon léger bémol (et pourtant, j'aime ça d'habitude !).

Mention, séduisant séditieux, qui cogne avec ses mots, percute avec son style, bouscule avec sa construction narrative. Lynche, dérouille, pilonne, rosse, bastonne. Écrit avec les tripes à l'air ; opération à coeur ouvert. Ses personnes souffrent mais combattent, avec le peu d'armes à leur disposition. David contre Goliath, moustiques dans le système.

Parce que c'est aussi une histoire d'humains et de notre humanité dont il est question. C'est. Notre. Histoire.

De mort lente est un acte de résistance. Brutal comme la vie l'est, insolent comme l'est le talent de son auteur. Michaël Mention est un perturbateur littéraire, au talent unique, et qui a encore la folie de croire qu'on peut se battre. Essayons de croire comme lui, puisqu'on croit en lui !

Dans une période où on se retrouve dans l'obligation de prendre physiquement du recul à cause d'un virus, profitons-en pour réfléchir à d'autres sujets graves. Et ce qui doit inévitablement changer dans notre société, le jour d'après. Ce livre parle de ça, aussi.
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J'imagine bien un Top Chef où on demanderait aux candidats d'épicer leurs plats à grands coups de perturbateurs endocriniens, de rajouter un peu de PCB (polychlorobiphényles) pour le goût et de ne pas oublier d'assaisonner le tout avec une touche de bisphénol A…

Plus envie de saliver devant les plats ?

Et pourtant, nous bouffons ces saloperies sans même le savoir…

Des trucs qui ne nous disent rien car nommés PFC, PCB, BPA, PBDE, APE,…

Oui, vu d'ici, on dirait ma nièce de 6 mois qui babille… Il n'en est rien.

Si je devais chanter pour résumer le roman de Michaël Mention, je vous proposerais bien du Jacques Dutronc avec du ♫ On nous cache tout, on nous dit rien ♪

Mais finalement, ce sera Nolwenn avec ♫ Glacée, oh, oh, glacée ♪ (on change un peu son "cassée").

Oui, ce roman m'a glacée. Normal, on parle de perturbateurs endocriniens (des substances capables d'interférer avec notre système hormonal), ces petits tueurs que l'on ne voit pas, que Hercule Poirot ne saurait démasquer et qui nous tuent à petit feu.

Nous mourons de mort lente, mais tout va très bien madame la marquise.

Déjà que tous les mercredis, le "Conflit de Canard" (du Canard Enchaîné) me donne des sueurs froides, mais ici, ce fut pire : sueurs froides et mains moites.

Les manoeuvres perfides des lobbys, véritables gangs aussi puissants qu'une mafia; la lenteur du système; les scientifiques qui mangent à tous les râteliers; la presse qui est subsidiée ou qui appartient à des grands patrons d'industries, qui n'est plus indépendante, tant elle est à la merci de l'argent des campagnes de pubs; certaines maladies qui augmentent, dans indifférence totale…

Tout comme moi, quelques personnages du roman morflaient déjà sévèrement (Nabil, Marie, Léonard, Franck, Philippe) dans le roman, mais ce qui m'a glacé plus que tout, ce furent les campagnes de bashing que durent subir certains personnages.

La pire des choses, surtout à l'heure des réseaux sociaux qui s'enflamment très vite, où tout se partage encore plus vite, tout le monde oubliant la présomption d'innocence et où l'on mise sur les émotions des gens et non sur leurs réflexions.

Propagande, tu n'as pas fini de vivre et d'enfler. C'est aussi dévastateur qu'une exécution musclée du gang des MS-13, le sang en moins. Après, on ne s'en relève jamais tout à fait.

Le roman de Michaël Mention parle d'un sujet difficile, que personne n'a envie de lire parce que la politique de l'autruche est plus simple et que de toute façon, après moi, les mouches…

Et pourtant, même avec un sujet rébarbatif au possible, l'auteur arrive à nous faire vibrer, à nous instruire, à nous faire peur, à nous faire vivre ce combat perdu d'avance entre David le citoyen lambda et Goliath, la grosse industrie qui se la joue comme un gang.

Les personnages font beaucoup, on s'y attache, on vibre avec eux, on s'insurge à leurs côtés, on vocifère, on a envie de hurler que « Putain, c'est trop injuste » et de dégommer certains méchants, qui sont réussis eux aussi, même s'ils sont toujours dans l'ombre et qui envoient leurs « hommes » faire le sale boulot.

C'est d'un réalisme saisissant, quasi un reportage journalistique, sauf que ce reportage est romancé pour faciliter son ingestion. Ne comptez pas le digérer, c'est de notre santé et de notre vie qu'il en est. Une fois de plus, l'auteur me marque au fer rouge.

L'écriture de Michaël Mention me plait toujours autant, elle est reconnaissable entre toutes, c'est sa patte : jamais barbante, toujours intéressante, brassant large, tapant sous la ceinture et tout le monde en prendra pour son grade dans notre société.

Comme quoi, on peut instruire les lecteurs sans les noyer sous les informations, les pousser à s'interroger, les entraîner dans une histoire glaçante, aux côtés de personnages qui, comme nous, vont en baver.

Des romans glaçants, j'en ai lu beaucoup. Même des plus horribles que celui-ci, de ceux qui ont terminé dans mon freezer, car trop éprouvant à lire.

La seule différence, c'est qu'ils se déroulaient loin de chez moi, soit dans des autres pays, soit dans une autre époque. Ça m'avait remué les tripes, mais je me sentais protégée par la distance ou le temps.

Ici, je ne puis me protéger, je suis dedans jusqu'au cou… Et vous aussi. Glaçant. Dérangeant. Angoissant. du grand art.

Bon appétit, s'il nous en reste.

PS : Michaël, désolée, mais vu ce que tu as osé faire à Starsky, tu viens d'intégrer ma kill-list, aux côtés d'Olivier Norek (son utilisation du micro-onde n'est toujours pas pardonnée) et de Bernard Minier (la scène du roman "Glacé" dans la montagne n'est toujours pas digérée non plus). Il est des choses qui ne se font pas, même dans un roman.

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Nouveau roman et hop, nouvel univers.
La part d'exotisme est assurée en visitant la « commission européenne » à Bruxelles. Un monde éloigné de notre quotidien dont il a pourtant pour mission de se préoccuper, une toute autre dimension que celles de la vie de Marie, Nabil et de leur fils Léo.
Surprise ? Vous avez dit surprise ? C'est peu de le dire !
Au cours de la lecture de ce roman de Michaël Mention, les personnages s'installent doucement, ils sont nos potes, nos voisins, nos collègues et nous adhérons progressivement à leurs quêtes, avec leurs idéaux et leurs angoisses. Un récit chronologique qui se déroule sur une dizaine d'années (2010-2020), riche en événements politiques, qui a vu Daech et ses attentats, la guerre en Libye, trois Présidents de la République en France et tant d'autres choses que nous évoque l'auteur au cours de ces 415 pages.
Nous adhérons bien sûr à la cause de Marie et Nabil, à l'angoisse révélée par le scandale sanitaire des agents chimiques qui envahissent de façon intrusive nos quotidiens. le couple trouvera un allié avec Franck, journaliste au Monde ce qui procure à l'auteur l'occasion de montrer comment l'argent de la publicité influe sur la ligne éditoriale de la presse car même la plus vertueuse à l'origine, peut cacher la finance.

Oui Michaël Mention est un formidable lanceur d'alerte, puisque nous sommes tous concernés par ce sujet. Comment les entreprises prennent-elles le pas sur la santé, comment la finance dirige-t-elle le monde, comment l'empoisonnement de l'humanité peut-il se faire en toute impunité ?
C'est la lutte du pot de terre contre le pot de fer mais même les élites sont le pot de terre de quelqu'un !
En cocoonant dans notre confort quotidien, on peut se croire très loin des enjeux financiers de cette société de consommation alors qu'en fait on y est immergés (nos meubles, notre nourriture, nos vêtements, …)
Le talent de Michaël Mention fait que le doute s'immisce dans notre esprit, tant nous sommes étrangers à cette planète des « experts » (quoique l'actualité récente les ait mis avec outrance, en lumière). Que dire de la lutte entre l'intérêt public confronté à l'intérêt privé ? Que dire quand l'intégrité des justes et de leur famille est menacée … jusqu'où serions-nous prêts à aller pour défendre nos idéaux au risque de mettre en péril nos proches ? Et cependant, la parano ambiante milite aujourd'hui pour alimenter la théorie du complot …

J'arrête ici la liste de mes questionnements, je suis totalement sous le choc de ce bouquin qui confirme si toutes fois il en était besoin, la capacité de son auteur à traiter des grands problèmes de notre société en « se cachant » derrière une intrigue bien menée. Vous l'avez compris, de mort lente est un incontournable de ce début 2020 même si hélas, vu sa date de naissance, il n'a pu bénéficier de la promotion qu'il méritait …

Au fait les auteurs, on adore quand vous vous faites des clins d'oeil dans vos livres …Grossir le ciel est un très bon bouquin aussi et que dire du policier hybride Yvan Smadja !

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Le petit avis de Kris
Passionnant, puissant, prenant et tellement proche de la vérité, qu'il vous semble la toucher.
L'amour d'une mère mis à mal quand on se sent impuissant a aider son enfant, ce qui passe par la tête et qu'on ne peut confier à personne et puis la découverte de la cause de tous ces soucis de santé.
Intercalant avec doigté la vie courante de Nabil et Marie confrontés au trouble du spectre autisme de leur fils et au dérèglement de la thyroïde de Marie, et celle du noyau de scientifiques opposé à tous ces PE (perturbateurs endocriniens) défendus par ces lobbies, ce roman nous met direct le nez dans la gravité de l'utilisation et du "recyclage" de ces PCB, des études sur les pesticides. Traité sur le ton d'un roman on comprend mieux l'ampleur du sujet.
Et puis, pour Philippe, le scientifique, la trahison qui s'impose, petit à petit... Sans pouvoir en parler, au risque de tout mettre en l'air, tout risquer des travaux effectués et sur le point d'aboutir ...
Les faux dialogues ... les faux seuils de gravité, autant de poudre aux yeux ... quelques personnes sur lesquelles on peut compter et puis les menaces, bien présentes qui vous gâchent chaque instant, et qui finissent par être mises à exécution. Terribles, vicieuses, fausses bien sûr mais le mal est fait ! Puis vient la violence physique, insupportable surtout lorsqu'elle s'attaque aux êtres chers.
Tout un panel de ressentis d'un côté comme de l'autre, par les combattants de l'ombre je dirais, les "subissants" et les décideurs de grande firme qui sont de vrais rouleaux compresseurs et qui écrasent tout sur leur passage.
Un roman qu'on ne peut ignorer si on est lucide.
Merci à Michaël qui m'a permis de le découvrir en avant-première - Quel plaisir
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Le roman commence le 6 avril 2009, quelque part en France. Nabil regarde son fils Léonard dormir. le petit a 2 ans 1/2 et une terreur sourde étreint Nabil « car ça va trop bien. Tant d'harmonie ; cet amour si viscéral qu'il exhume les peurs les plus ancestrales. Peur qu'il arrive quelque chose à Léo, peur des maladies, peur des accidents, peur du bonheur, peur d'y croire, peur du deuil, peur du vide, de cette folie qui embrase les tripes… » le roman se construit en deux parties, deux histoires que le lecteur suit de front : celle de la famille de Nabil et de sa femme Marie, et celle de Philippe Fournier, biochimiste, directeur de recherche au CNRS, membre de l'académie nationale de médecine, consultant pour le Monde et nouveau membre de la Commission européenne sur le règlement des pesticides. Plus tard, il sera rejoint par Franck, journaliste au Monde. Tous ont un point commun : ils ont osé s'interroger sur le rôle des perturbateurs endocriniens, des risques, et des maladies qui en découlent. Certains le vivent de plein fouet, d'autres se battent pour qu'éclatent une prise de conscience et une forme de justice. Ils vont Tous subir une implacable vendetta orchestrée par le lobby de l'industrie chimique. « Et la machine à diffamer s'accélère, détruisant tout sur son passage. », « Nécrosé, le réel succombe au virtuel le plus putassier, faisant de leur vie un enfer 2.0 »

Michaël Mention nous fait traverser les époques, jonchées d'épiphénomènes liés à notre histoire tout en respectant un fil conducteur, toujours le même, qui devient de plus en plus encombrant, de plus en plus visible, de plus en plus problématique, de plus en plus dangereux.
Si vous avez déjà lu cet auteur, peut-être connaissez-vous sa patte : un énorme travail de recherche, une immersion totale dans son sujet, l'omniprésence de mélodies qui truffent le roman. Plus qu'un roman, c'est un chant : un chant insurrectionnel qui oblige à une prise de conscience. Vouloir ignorer les faits, consentir à un aveuglement volontaire c'est les accepter. Cette déclaration de guerre va vous remuer les tripes et catalyser une révolte interne que vous ne soupçonnez même pas.

Révolte et écoeurement sont les deux premiers mots qui me viennent à l'esprit en refermant le livre. Dans notre monde où « l'image a supplanté le réel », Michaël Mention nous colle une immense tarte en plein visage pour nous remettre les pieds sur terre. 85000 substances sont répertoriées dans le monde, sans inclure les pesticides, les cosmétiques et les additifs alimentaires. Un système extrêmement vicieux dont les industriels sont les premiers bénéficiaires, un jeu dangereux où il faut : tester la capacité d'adaptation humaine. « Tant que nous ne serons pas sept milliards de cancéreux, ils feront tout pour continuer à se faire du fric », parce qu'évidemment le nerf de la guerre est bien là : l'argent.

L'omniprésence de références musicales annonce des évènements majeurs. Michael Mention vous colle des morceaux dans la tête et les associe, dans l'imaginaire collectif, à des faits. Impossible alors de ne pas sentir cette lente, mais implacable montée en puissance de l'anxiété au fil des chapitres. L'identification des problématiques est limpide, se veut manichéenne même si les choses ne sont finalement pas aussi simples : « (…) une substance n'est pas “un peu” ou “beaucoup” cancérigène, elle l'est ou pas. » ou encore « Ils jouent sur les mots ? Faisons pareil. Un perturbateur endocrinien, comme son nom l'indique, ça perturbe. S'il ne perturbe pas, c'est qu'il n'en est pas un. » Avez-vous déjà appréhendé la puissance des lobbys ? L'auteur va vous en donner un aperçu : tous les coups sont permis.

Il est des livres qui devraient tomber entre toutes les mains, des livres nécessaires, indispensables, vitaux. Des livres dont les sujets devraient engendrer une prise de conscience, une action, une réaction, et encourager à prendre les « armes ». Des livres qui posent de vraies questions : « Les bébés naissent-ils pré-pollués ? », font état de faits indiscutables « … nous vivons de plus en plus vieux, mais de plus en plus contaminés. », des livres citoyens écrits pour dénoncer des faits, et informer. Ce roman est inspiré de faits réels. Toute tentative de vouloir minimiser les faits serait totalement crétine et indigne de notre intelligence et de notre capacité à raisonner.

Michaël Mention démontre avec force la puissance de frappe des lobbys, les limites des commissions, la guerre des mots, et la valeur du « critère de puissance ». Ceux qui les combattent sont frappés du « sceau de l'infamie ». le dernier tiers du roman est un matraquage dans les règles de l'art de la composition des produits de grande consommation. C'est incontestablement un roman qui ouvre les yeux, doté d'une identification honnête des problématiques. Notre monde est un monde ignoble et souillé où la guerre de la communication est enclenchée depuis longtemps. Ce n'est pas tellement dire, c'est comment le dire. Vous allez prendre une bonne leçon et réaliser à quel point la forme est primordiale.

Pour dire la vérité, je ne me suis jamais intéressée à ce sujet, je ne me suis jamais sentie vraiment concernée. Bien sûr, ma fille de 22 ans a été nourrie au biberon, dont la tétine contenait du bisphénol A. Je n'ai jamais vécu à côté d'une usine transformant des déchets, jamais eu à subir de maladies inhérentes à la pollution intentionnelle de nos sols, jamais fréquenté de personnes se battant contre ces géants. Et pourtant, ce roman m'a touchée au-delà de ce que j'aurai pu imaginer. D'abord parce qu'il faut savoir en parler sans ennuyer, ensuite parce qu'il faut être capable de créer une forme d'addiction du lecteur pour un sujet a priori ennuyeux, enfin il faut se mettre à son niveau et ne pas l'abreuver de données scientifiques hermétiques et soporifiques. Vous avez remarqué que des gens de plus en plus jeunes ont des problèmes de santé, des développements de cancer ? Que des nouveau-nés sont frappés de diagnostics de plus en plus fréquents tels que l'autisme ou des troubles de l'attention ? Vous avez certainement entendu parler des scandales du Médiator, du Levothyrox ? de gens qui témoignent en faisant part des effets secondaires de leurs traitements et qu'on fait passer pour des dingues ?

« La vérité a sa fierté, elle se donne rarement le premier soir. », c'est un peu ce que Michaël Mention cherche à nous faire comprendre. Pour la trouver, il faut un peu chercher. Ce roman est totalement immersif, effarant sous bien des aspects, mais éclairant pour celui qui veut bien voir. Un roman citoyen et nécessaire, une photographie précise de notre époque, un chant moral et éthique.

Je remercie les éditions Stéphane Marsan de leur confiance.

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Une histoire incroyablement prenante, d'une actualité sans faille, nous allons suivre le parcours de plusieurs personnages que rien ne prédestinait à s'intéresser aux perturbateurs endocriniens. Ces molécules chimiques présentes dans l'alimentation mais aussi dans les objets les plus courants et qui ont des répercutions sur la santé des populations. On parle de maladies grave comme le cancer, le diabète et d'autres encore. Il y a Philippe la soixantaine, scientifique réputé. Franck qui fait son travail de journaliste au Monde et puis nous allons rencontrer la famille de Nabil, sa femme Marie et leur fils. Des parents qui se posent des questions sur les raisons de leurs pathologies et dès lors, rien ne va plus. La réponse des lobbies de l'industrie chimique ne se fait pas attendre et elle sera terrible. Une affaire qui prend sa source dans notre quotidien, nous renvoyant à ce qui se passe lorsque les intérêts privés sont privilégiés et viennent au détriment de la santé et de l'avenir de la planète. Une écriture fine et incisive qui va toujours au but et pointe les dysfonctionnements des institutions. C'est bien expliqué et surtout bien amené au travers des destins brisés, on comprend ce que veut dire une expression comme « C'est le pot de terre contre le pot de fer ». le lecteur aurait pu se perdre dans ce dédale de personnages, de manipulations, et de coup tordus mais non. A chaque avancée sur l'échiquier correspond des conséquences que nous n'avions pu anticiper et qui raisonnent comme autant de rebondissements rendant la lecture intense et palpitante. Pour moi c'est un coup de coeur, une histoire qui correspond à la problématique de notre époque. Elle apporte un regard édifiant qui est là pour frapper les consciences et nous alerter. Un vrai talent pour soulever les lièvres et nous mettre devant nos contradictions. Bonne lecture.
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Ce qui est pratique avec Michael Mention, peu importe le sujet de son livre, ce sera passionnant. L'auteur a cette faculté de nous intéresser, de nous faire vivre l'histoire qu'il aura écrite. de Morte lente nous sort de nos lectures confortables et habituelles, et nous plonge au coeur du pouvoir d'un puissant lobby, celui de l'industrie chimique. Michael Mention a peut-être inventé cette famille empoisonnée qui se bat contre cette usine de produits chimiques aux côtés d'un scientifique et d'un journaliste, mais la fiction s'arrête là. C'est avant tout un travail de recherche, l'auteur n'hésite pas à nous notifier ses sources, de faits et produits réels. On nous empoisonne peut être tout les jours mais on ne le sait pas, on ne s'y intéresse pas. de mort Lente vient justement nous bousculer, nous réveiller. D'une le roman je l'ai trouvé passionnant et de deux il arrive à nous donner l'envie d'être concerné, de se réveiller et de faire un peu plus attention à ( la m*****).. à ce qui nous entoure. (Ce sujet même au cinéma est rare, petite parenthèse pour conseiller Dark Waters adapté d'une histoire vraie, sorti cette année chez nous, sur un sujet similaire, un avocat , a révélé la pollution de l'eau en Virginie par une entreprise de produits chimiques qui empoisonne toute la population locale (dont les animaux).)
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De mort lente  - Michaël Mention

Stéphane Marsan, 11 mars 2020 -

Mon petit avis

Passionnant, puissant, prenant et tellement proche de la vérité, qu'il vous semble la toucher.

L'amour  d'une mère mis à mal quand on se sent impuissant a aider son enfant, ce qui passe par la tête et qu'on ne peut confier à personne et puis la découverte de la cause de tous ces soucis de santé.

Intercalant avec doigté la vie courante de Nabil et Marie confrontés au trouble du spectre autisme de leur fils et au dérèglement de la thyroïde de Marie, et celle du noyau de scientifiques opposé à tous ces PE (perturbateurs endocriniens) défendus par ces lobbies, ce roman nous met direct le nez dans la gravité de l'utilisation et du "recyclage" de ces PCB, des études sur les pesticides. Traité sur le ton d'un roman on comprend mieux l'ampleur du sujet.

Et puis, pour Philippe, le scientifique, la trahison qui s'impose, petit à petit... Sans pouvoir en parler, au risque de tout mettre en l'air, tout risquer des travaux effectués et sur le point d'aboutir ...

Les faux dialogues ... les faux seuils de gravité, autant de poudre aux yeux ... quelques personnes sur lesquelles on peut compter et puis les menaces, bien présentes qui vous gâchent chaque instant, et qui finissent par être mises à exécution. Terribles, vicieuses, fausses bien sûr mais le mal est fait ! Puis vient la violence physique, insupportable surtout lorsqu'elle s'attaque aux êtres chers.

Tout un panel de ressentis d'un côté comme de l'autre, par les combattants de l'ombre je dirais, les "subissants" et les décideurs de grande firme qui sont de vrais rouleaux compresseurs et qui écrasent tout sur leur passage.

Un roman qu'on ne peut ignorer si on est lucide.
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On ploie sous la litanie des acronymes des perturbateurs endocriniens, FC, PCB, BPA, PBDE, APE … Et il y en a encore de très nombreux, substances diverses issues de la chimie, additifs alimentaires, cosmétiques sans oublier les pesticides. Un seul PE peut-être dangereux. Les multiplier, les faire se croiser, c'est devenir l'apprenti sorcier. Pourtant c'est bien ce à quoi l'industrie joue au quotidien avec 7 milliards d'individus. Nous ! le s PE, il y en a partout autour de nous. Nous les respirons, touchons, ingérons au quotidien. Pourtant leur action est loin d'être innocente. En revanche, l'innocence des lobbys de ces industries n'est plus à présenter. Sur l'autel du profit, ils sont sans foi, ni loi.
De Mort Lente, C'est Marie et son hypothyroïdie. Elle a la tyroïde qui s'emballe. Nabil son mari fait ce qu'il peut pour sa famille. C'est aussi leur fils Léonard, autiste. Marie prendra du Levothyrox. C'est Philippe, directeur de recherche au CNRS, biochimiste, un cerveau qui aura l'outrecuidance de se lever contre les autres. C‘est Franck, journaliste au Monde qui apprendra que dire la vérité a un prix.
A travers eux, Michael nous embarque dans une déclaration de guerre. La narration est parfaite. L'immersion totale. Les Commissions qui n'en finissent pas. Les colloques et les études scientifiques qui se succèdent tant pour noyer les informations que pour rétribuer les participants. Il y a aussi les tractations souterraines, la dépendance des groupes vis-à-vis de leurs propriétaires, leurs actionnaires et leurs publicitaires. de Mort Lente, c'est également les coups bas. Ceux donnés aux vrais gens. Car en plus d'être victimes dans leur chair, ils ne doivent rien dire. Juste apprendre à rester à leur place pendant que les puissants se gavent. Juste subir, et à l'occasion mourir.
J'ai mis un an à trouver l'énergie de lire ce thriller. Car aussi proche de la vérité soit-il, il se lit comme un roman. Soyons franc, il me fallait être prêt. Connaissant la capacité d'écriture de Michael, un livre sur cette thématique me foutait la trouille. Allez savoir d'où vient un lymphome… un cancer à pas de bol, dans le sang… la cause, va savoir… et toujours une sale idée derrière la tête. Mais passons. Grand bien m'en a pris. de Mort Lente est un livre d'utilité publique. Il joue sur un temps long comme dans la vraie vie. Pourtant il est vif, violent. Il se dévore comme un thriller politique et mériterait une mise en scène à la Michael, un autre … Mann.
De Mort Lente est presque « trop » pour ne pas correspondre à une foutue réalité. Nous avons les fesses assises sur un détonateur. La bombe, nous l'avons déjà avalé. Je me suis régalé et suis encore en colère.

Lien : https://nigrafolia.fr
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J'ai découvert Michael Mention avec "La vois secrète". J'ai été scotché par "Power". "De mort Lente" est une nouvelle réussite. Il aborde le totalitarisme imposé par l'industrie et le réveil des consciences face aux risques industriels. C'est extrêmement bien fait avec trois points de vue : le journaliste, le scientifique et la famille confrontée aux conséquences. Chacun lutte contre cette industrie toute puissante avec ses idéaux et ses moyens. Les personnages sont très réussis et profonds, entre états d'âmes, convictions et conséquences dramatiques. Quant à l'intrigue elle est très bien construite, et malgré le contenu parfois technique, l'auteur fait en sorte de ne jamais laisser son lecteur à la traîne. Michael Mention nous fait pénétrer les arcanes des commissions diverses et variées composés d'idéalistes et de corrompus. C'est un tableau peu reluisant qu'il nous délivre mais au combien nécessaire vu l'enjeu pour des millions de gens. En refermant la dernière page, on ne peut que constater qu'il est impératif d'agir quelque soit notre place pour lutter contre cette industrie totalitaire. UNE VRAIE REUSSITE.
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