Une belle occasion de prolonger l'exposition du musée d'Orsay, à moindre coût qu'avec le catalogue !
Le portfolio est vraiment superbe, et le dossier sur les femmes artistes présente des figures intéressantes comme Marcello, Louise Breslau ou Suzanne Valadon.
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De tout le groupe des peintres impressionnistes, personne, hormis Degas, n'a su comme Morisot doter ses figures de cette densité intérieure. C'est la clé magique de son art : faire briller la vie dans le ruissellement de la lumière solaire tout en suggérant à merveille la vie secrète des êtres.
Plus tard, à sa seule véritable amie, Adèle Colonna, duchesse d'Affry, dite Marcello lorsqu'elle sculpte ou peint, (Berthe) dira : "Là, dans ces secondes qui passaient, je voyais tout dans l'image inversée du vase de pivoines. Tout : le ciel, le monde, moi et mes pensées. Voilà, c'était ma nature d'avoir la tête à l'envers. Et moi, au contraire d'Edma, je pensais qu'il fallait savoir le peindre, ce que voyaient nos yeux. Mes nerfs et mon sang m'agrippaient. Ils me disaient : la vie est cela et rien d'autre. Tu dois savoir peindre cette beauté terrible ou ne pas vivre."
Qu'elle représente sa fille, son mari, une jeune femme cousant ou son jardin de Bougival, Berthe Morisot peint le proche. Mieux, elle le construit, en peinture, tel un lieu ouvert, comparable à ses maisons, où l'on déjeune dehors, l'été, à l'ombre des arbres, dans un heureux mélange de famille et d'amis.
Paul Valéry, qui avait épouse sa nièce Jeanne Gobillard, résuma cet entrelacement de l'art et de la vie d"une formule parfaite : "La singularité de Berthe Morisot fut de vivre sa peinture et de peindre sa vie, comme si ce lui fut une fonction naturelle et nécessaire, liée à son régime vital, que cet échange d'observation contre action, de volonté créatrice contre lumière."