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sur 1052 notes
Si "Carmen" la bohémienne est célèbre, la nouvelle de Prosper Mérimée l'est moins alors qu'elle a inspirée Bizet pour son opéra. Vous savez...
L'amour est enfant de bohème
Il n'a jamais jamais connu de loi...
Ce texte est très différent du livret. J'ai été surprise de voir que le narrateur est un archéologue qui rencontre Don José par hasard, au cours d'un de ses voyages en Andalousie. Il se lie avec le briguant pour lui avoir permis de se sauver afin d'échapper à la police. Quelques temps plus tard, José Navarro est condamné à mort. le narrateur va lui rendre visite avant son exécution et c'est ainsi qu'il apprend la terrible histoire d'amour entre le bandit et la belle gitane Carmen. Il était soldat mais aveuglé par son amour, il tue pour Carmen et va devenir contrebandier jusqu'à l'irréparable.
C'est très bien si on s'en tient là d'autant plus que j'avais souvenir que Carmen était une femme libre. Pourtant, elle est décrite comme une prostituée qui s'enflamme aussi vite qu'elle abandonne les hommes qu'elle convoite. C'est un démon qui n'a aucun scrupule et qui rend fou Don José. Comme elle ne veut pas le suivre, le jaloux impulsif la tue. Cela s'appelle un féminicide.
Et puis il y a ce 4ème chapitre qui décrit les caractéristiques des nomades dispersés dans toute l'Europe, connus sous les noms de Bohémiens, Gitanos, Gypsies, Zigeuner, etc. Et là on a le droit aux clichés : ils ont les yeux noirs, vivent entre eux et sont voleurs. Cela s'appelle du racisme.
Au final, je tombe de l'armoire car on est loin de la fougueuse histoire d'amour que j'avais en tête.


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🔥 « Un soir, à l'heure où l'on ne voit plus rien, je fumais appuyé sur le parapet du quai, lorsqu'une femme, remontant l'escalier qui conduit à la rivière, vint s'asseoir près de moi. Elle avait dans les cheveux un gros bouquet de jasmin, dont les pétales exhale le soir une odeur enivrante. Elle était simplement, peut-être pauvrement vêtue, tout en noir, comme la plupart des grisettes dans la soirée. Les femmes comme il faut ne porte le noir que le matin ; le soir, elle s'habille à la francesa. (…) Je jetai mon cigare aussitôt. »
(P.24)

♥ Andalousie. Aux portes de la mort, Don Jose se livre à l'homme qui l'a sauvé quelques mois auparavant. Étrangement, cet homme a aussi croisé la route de la femme qu'il aimait, qui lui a fait perdre la tête. Elle avait le regard noir et profond, les cheveux noirs comme l'ébène aux doux reflets bleus et l'âme aussi tourmentée que le diable. Oui, elle était créature mystique, insaisissable, n'ayant pour maître son seul désir, pour seule devise celle de ne suivre que ce que son coeur lui offrait ; des hommes, des aventures, des promesses intenables.

🔥 « Bref, j'étais comme un homme ivre ; je commençais a dire des bêtises, j'étais tout près d'en faire. »
(P.42)

Don José a perdu la tête pour elle, sauvage et indomptable lionne, et de l'amour a jailli la passion, lentement, puis la jalousie, le besoin de posséder, d'être le seul et l'unique, quitte à éliminer quiconque entraverait son chemin. Pourtant, on n'est jamais aussi désirable que lorsqu'on n'appartient à personne ; et plus il l'aimait, plus il la voulait pour lui et plus elle s'éloignait…

🔥 « Quand on est en vue d'une femme, il n'y a pas de mérite à se moquer de la mort. »
(P.60)

Qu'y a-t-il de plus fort que l'amour ? Comment prouver à l'être aimé qu'il est tout, que la vie sans lui n'a aucun sens, que la mort n'est rien en comparaison ? Quand on n'est plus aimé, il n'y a plus rien à perdre : accepter d'aimer, c'est perdre une part de soi pour toujours.
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Je ne savais pas du tout que l'opéra Carmen venait de cette petite nouvelle. Bon... J'avoue que l'opéra... Je n'aime pas du tout ça !
En tout cas j'ai bien aimé cette histoire, les personnages du narrateur et surtout celui de Don José (je serai tellement capable d'être comme lui par amour... Bon peut être pas pour la fin).
Très agréable à lire.
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Carmen est assez exécrable comme femme, infidèle comme compagne, un peu loyale comme amie, rusée, avide et elle mène les hommes par le bout du nez.
De son côté, don José n'est pas très malin, un peu geignard, maladroit en amour, sans beaucoup de scrupules et se pose plutôt en victime.
La rencontre de ces deux-là ne pouvait certainement rien faire surgir de très bon.

L'auteur, qui s'octroie ici le rôle de narrateur, profite de nous raconter la rencontre et la cohabitation de ces deux-là pour glisser son érudition sur les bohémiens au lecteur.

Cette nouvella reste donc une lecture intéressante par la richesse relative des informations qu'elle apporte, dans décor espagnol du 19e siècle ma foi suffisamment bien décrit pour qu'on s'y croie par moment. Par contre, la tragédie de Carmen et don José n'a suscité aucune émotion chez moi tant je n'en ai aimé aucun des deux.
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La belle Carmen ne meurt pas à la fin!
"L'amour est un oiseau de Bohème
Il n'a jamais, jamais eu de loi
Et si tu m'aimes, prends garde à toi!"
Maria Callas fit un joli lapsus en chantant "L'amour est enfant de Bohème."


Carmen est une gitane, et charme tous les hommes qui la regardent. Elle a un joli décolleté et des beaux appas... Est-ce de sa faute si tous les hommes sont si bêtes... Dès qu'ils veulent trousser une fille, ils lui promettent mille et un choses qu'ils ne tiendront jamais...


Carmen est une femme libre! Ce qu'elle ne peut gagner en roulant des cigares, sur sa cuisse fuselée, dans la promiscuité et la chaleur de Séville, elle le volera!


Don José est vaniteux et stupide, car Carmen n'a jamais promis de rester avec lui... En charmant Lucas, le picador, Carmen sait qu'elle entame une terrible corrida avec Don José. Mais pourquoi rester avec un homme jaloux, qui a déjà tué ?


Carmen est une femme libre qui refuse la loi des hommes. Et, pour cela, elle doit mourir...


Seul, le metteur en scène Léo Moscato changera la fin, à l'Opéra de Florence, le 07/01/18.
Quand Don José s'avance avec son couteau, Carmen s'empare de son pistolet et le tue, refusant la fatalité...


Je préfère cette vision, car tant de femmes meurent encore sous les coups de leur amant ou mari. Tandis que d'autres vont devoir se voiler et rester cloîtrées, au nom d'une religion qui refusent tout droit d'être humain, aux femmes ...


"C'était une beauté étrange et sauvage...Ses yeux avaient une expression à la fois voluptueuse et farouche."
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J'ai lu ce livre, disons-le, pour réparer un manque dans ma connaissance des classiques et parce que sur mon lieu de vacances, alors que j'avais lu tous mes livres, il ne restait que celui-ci...
Je n'ai pas aimé alors que c'était très bien parti: le premier chapitre accroche, puis l'apparition de Carmen, bizarrement, m'a ennuyée. Je ne comprends ainsi pas l'engouement pour cette oeuvre, mais peut-être est-ce davantage dû à l'opéra de Bizet...
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Tout le monde connaît l'histoire de "Carmen", au moins l'opéra de Bizet qui fut, en grande partie, inspiré par la nouvelle de Mérimée du même nom.
"Si tu ne m'aimes pas, je t'aime ; Si tu m'aimes, prends garde à toi !" : ces airs si connus, si identifiables sont devenus mondialement célèbres et l'opéra de Bizet s'est vu décliné en films, ballets et nombreuses... pubs. Au bout du compte l'oeuvre de Bizet a phagocyté la nouvelle de Mérimée qui n'a pas connu un tel rayonnement mondial.

Pourtant dans le Carmen de Bizet, dans cette histoire d'amour, de jalousie, de femme fatale et de meurtres il y a un élément qui a disparu "corps et biens" par rapport au Carmen de Mérimée : c'est la figure du narrateur, dont tout laisse à penser qu'il s'agit d'un alter ego de Prosper Mérimée.
En relisant dernièrement cette nouvelle, écrite avec élégance, dans un français très cultivé (ce qui est la moindre des choses pour un auteur qui deviendra académicien), et comme je connaissais l'histoire et son dénouement, je me suis surtout intéressé au troisième personnage de ce drame, le narrateur, qui est tout simplement "zappé" (comme on dit aujourd'hui) dans l'opéra du même nom.

Le narrateur est Mérimée, qui voyagea à ses risques et péril, dans l'Espagne du milieu du XIXe siècle, avec un guide armé. Ne rigolez pas : il était plus périlleux d'errer dans les sierras pauvres et accablées de soleil de l'Espagne d'alors que de filer en Papouasie aujourd'hui.
Au début de "Carmen" le narrateur, féru d'Histoire, de géographie, d'architecture et de monuments explique qu'il recherche l'emplacement exact du champ de bataille de Munda (victoire de Jules César en 45 avant JC). Qui cela pouvait-il bien intéresser alors, à part un fin lettré, un amateur de vieilles ruines tel que Mérimée, qui un jour futur sera le tout premier à faire sauvegarder, via la loi, tant de "vieilleries" aux yeux de ses contemporains ?

La rencontre du narrateur avec Don José, première rencontre où ils sympathisent, via d'excellents cigares et un bon repas offerts par le narrateur qui comprend que cet homme en fuite n'a rien et a faim, rend le narrateur plus "humain", moins "intello".
Ensuite le narrateur, redevenu rat de bibliothèque dans un couvent de Dominicains, se voit rattrapé par la "vraie" vie : coquine et suggestive description de femmes se baignant dans le fleuve, à Cordoue, rencontre avec Carmen à laquelle il offre une cigarette "mêlant nos fumées nous causâmes si longtemps". Scène osée quand elle fut écrite, et encore plus osée à notre époque hygiéniste. le narrateur décrit avec volupté les délices du tabac (Mérimée fumait), et ça tombe bien puisque Carmen est cigarière.

Et c'est tout le charme de cette relecture de ce "Carmen" : il s'agit d'un triangle amoureux. le narrateur, malgré tout son quant-à-soi, et toute sa bonne éducation, tombe, aussi, sous le charme puissant de Carmen. Mais à la différence de Don José il n'ira pas jusqu'au meurtre. Don José qui, pour sa part, a été complètement "ensorcelé" par cet archétype de la femme fatale qu'est Carmen.

Une très bonne relecture d'un texte qui se lit avec autant de plaisir qu'il y a presque deux siècles.
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Publié en 1847, Carmen a pour sujet une femme libre et indépendante. En ce portrait, cette nouvelle se rapproche d'une autre oeuvre de l'auteur : Colomba. Après la Corse, place à l'Andalousie où la belle gitane prend, elle aussi, son destin en main.

Tour à tour séductrice, sorcière, voleuse, Carmen se dévoile avant tout au travers de ce qu'en disent les hommes qui l'ont côtoyé. Autant dire que le tableau se noircit vite et la jeune femme en devient calculatrice, cruelle voire tout bonnement antipathique.

Et même si Carmen ne plaît pas textuellement, n'oublions pas de lui accorder le bénéfice du doute. Après tout, le narrateur, dans sa grande naïveté, s'est laissé entourlouper par l'exotisme que lui suggérait cette femme. En ce qui concerne Don José, c'est un homme meurtri par le rejet qui donne sa version de l'histoire. Version où transparaît tout de même, à la fin, une forme de préméditation. Et c'est limite si tout ses malheurs ne sont pas de la faute de Carmen.

Alors, réellement malveillante ou victime de son insatiable désir de rester libre ? Toujours est-il qu'elle n'a pas son mot à dire ici.
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Voilà un agréable petit détour en Espagne. Est-ce que j'ai spécialement envie de soleil ou de vacances ? En tout cas, j'ai de suite été transportée.

Je m'attendais à un roman d'amour, de passions et certes il y en a mais c'est finalement beaucoup aussi un roman d'aventure auquel on a affaire. Enfin, quoique, la passion est vraiment là. La fin notamment se prête à merveille à un opéra, pouvait-il en être autrement que ce court roman soit repris de cette façon ?

Le narrateur a quelques remarques qui font bien fait sourire également et cela non plus, je ne m'y attendais pas forcément.

Les personnages enfin : ils sont complexes. A la fin de la lecture, on ne sait que penser de Carmen notamment... Parce que si elle m'est apparue comme une sorcière, il faut reconnaître qu'elle est aussi honnête et revient toujours auprès de Don José lorsqu'il en a besoin. Et elle est fidèle à sa liberté plus que tout, c'est louable. de Don José non plus d'ailleurs, on ne sait que penser : victime, lâche, amoureux fou, jaloux ? Finalement, c'est un récit qui démontre que rien n'est jamais tout blanc ou tout noir.

PS : à noter que quelques remarques (d'un autre temps, j'entends bien) m'ont fortement déplu tout-de-même : l'épigraphe très anti-féministe et lorsqu'on parle de "race pure"...
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A ma grande honte, de Carmen, je ne connaissais que l'opéra et aussi le film avec Julia Migenes-Johnson. Je découvre l'écrit qui a inspiré tellement de versions différentes. "L'amour est un oiseau rebelle". L'amour qui fait faire n'importe quoi, sans mesurer les conséquences. La passion qui détruit, qui détruit tout. Très bon moment de lecture.
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