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Madrapour n'est pas le roman le plus connu de Robert Merle, mais croyez moi il vaut largement le détour ne serait-ce que par l'originalité de son scénario à la limite du fantastique, écrit en 1976, ce roman a très bien vieilli.
Avec Robert Merle on a de plus l'assurance d'une belle écriture. Ici, comme souvent avec l'auteur, il sera question de rapports humains et de questions existentielles, et comme toujours, il va nous régaler avec la justesse de son regard et grâce à un scénario surprenant et maîtrisé.
Je me rends compte qu'il ne va pas être évident de décrire le contexte dans la mesure où il se dévoile progressivement, et qu'en dire trop serait bien dommage pour qui aime découvrir au rythme du récit donc...
Je me contenterai de dire qu'il s'agit d'un huis-clos à 11 000 mètres d'altitude à bord d'un avion dans lequel une quinzaine de passagers a pris place pour se rendre à Madrapour. Très vite une série d'événements va créer un certain malaise dont et surtout l'absence d'équipage dans le cockpit...
Un panel de personnages de divers horizons culturels, grecs, anglais, américains, allemands, français, hindous et italiens mais aussi aux métiers divers et de classes sociales différentes.
Un panel qui fleure bon le choc culturel et qui va nous garantir des dialogues tantôt truculents, pertinents et surtout percutants et là Robert Merle va laisser libre cours à son immense talent d'observateur des travers humains.
Le parti pris narratif sera de nous faire assister à tous ces échanges de haute tenue à travers le regard de "Sergius" un linguiste qui parle une quinzaine de langues et qui sera le seul à nous faire profiter de ses réflexions et analyses.
Si vous aimez les mystères et la cogitation vous devriez apprécier cette histoire, ce que j'ai de plus trouvé remarquable c'est cette tension constante, cette question jusqu'aux toutes dernières lignes de savoir où nous emmène l'auteur.
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Madrapour est un petit territoire entre l'Inde et la Chine qui viendrait d'être déclaré indépendant. C'est en tous cas ce qu'ont cru comprendre les 15 passagers du charter dont c'est la destination, qui ont chacun une bonne raison de s'y rendre. Décollent ainsi de l'aéroport de Roissy : un diplomate, un présumé agent de la CIA, un pseudo trafiquant de drogue, deux hindous, deux veuves désirant passer du bon temps dans un hôtel de luxe pour touristes, une vieille bique, deux hommes d'affaires, une héritière, une mère maquerelle, et j'en passe.


Mais ce voyage s'avère rapidement très étrange : de l'embarquement, à l'absence d'équipage en passant par ce vol qui semble à la fois si long, et si court, et que certains passagers semblent vouloir détourner, le lecteur est pris en otage : Sans possibilité de sortir de la situation où on l'a mis, mais surtout sans volonté d'en sortir maintenant qu'il y est. Un peu comme de nos vies, dont nous sommes à la fois les maitres et les prisonniers. Bien sûr, Robert Merle nous mène par le bout du nez, nous laissant tenter de démêler la situation en écoutant débattre les passagers de cultures et langues différentes, en nous mettant dans la peau de son narrateur traducteur à l'ONU qui, lui, les parle toutes. C'est ce personnage, plus passionnant que les autres, qui va nous décrypter toutes les nuances d'attitude, de posture, de voix, de mots de chaque personnage. La plume de l'auteur met en lumière à quel point il est fin observateur et psychologue, et ce huis clos pourtant extrêmement pesant en devient captivant. Même si l'on sent que l'auteur veut nous faire transcender son histoire pour nous raconter autre chose, on s'accroche à chaque détail pour que ce récit ait un sens, le sens qu'on voudrait qu'il ait. Comme on le fait avec nos vies : Ne sont-elles pas censées avoir un sens elles aussi, et si possible celui que l'on voudrait leur donner ?


En 320 pages, Robert Merle nous livre une fable sur la vie et sur la mort, sur le temps qui passe et notre court passage sur Terre. Nous ne sommes que des passagers, comme ceux qui ont embarqué un peu par hasard, un peu malgré eux, dans cet avion à destination de Madrapour. Madrapour, cette destination existe-t-elle seulement ? Certains d'entre eux le voient comme un paradis avec hôtel 4 étoiles et attendent son arrivée avec impatience, pour d'autres c'est l'enfer sur terre que des guerres intestines ont laissé à feu et à sang ; Pour d'autre encore, Madrapour n'existe tout simplement pas, a été inventé par les Etats et les médias en vue d'un complot. Bref, on est embarqué dans un voyage dont on tente de maîtriser la trajectoire, mais dont on ne connaît pas l'issue. Mais l'important n'est-il pas le chemin ? Alors comment va-t-on occuper notre voyage, obnubilés que nous sommes par la destination finale ? N'ayant aucune certitude sur cette dernière, on la trouve effrayante, cette perspective de débarquer : Où va-t-on atterrir ? Et dans quel état ? Et surtout, dans combien de temps ? Si au départ, on nous a donné un itinéraire plus ou moins tracé et un temps de vol approximatif, pour certains le voyage sera raccourci par les circonstances, pour d'autres il sera finalement plus long que prévu. Qui en décide ainsi ? le destin, Dieu, le hasard ? Ou chacun d'entre nous, avec nos décisions et nos actions ? Dans cet avion avec les passagers, on prend conscience du temps qui passe… Et chacun réagit à sa manière.


Une expérience métaphysique sur un fond entre complotisme et science fiction que j'ai bien aimé. Moins pour le propos en lui-même, qui est classique, que pour la manière dont l'auteur le superpose à l'histoire et, surtout, pour l'art de l'auteur de disséquer et d'analyser ses personnages. Je referme ce livre en me disant que, peut-être, je n'aime pas l'avion parce qu'il me rappelle à quel point je ne suis qu'une passagère minuscule, fragile et éphémère sur cette terre, dont la vie ou la mort ne tient qu'au fil invisible de l'aléa, du déterminisme, de ma décision de monter ou non et de toutes les actions des autres.… J'ai l'impression que l'avion me rapproche de ma propre mort, voire m'y emmène. Je ne suis qu'une passagère, je le sais. Et comme vous tous, j'essaye de vivre avec. Avec une certitude en ce qui me concerne : Peu importe ce qu'il y a après, je n'ai pas envie de gaspiller ce qui se déroule ici et maintenant.


Y-a-t'il un pilote dans l'avion ? Oui : Nous-même, jonglant avec ce que nous ne maîtrisons pas, tel le pilote du film Sully.
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Jamais je n'aurais imaginé pouvoir donner une note aussi basse à un roman de Robert Merle, auteur dont j'ai apprécié de nombreuses oeuvres, mais le fait est que je ne peux faire autrement avec "Madrapour".

Ce roman propose un huis-clos à bord d'un avion, début des années 70. A bord, une quinzaine de passagers, hommes et femmes, se sont embarqués vers une destination mystérieuse : Madrapour. Promesse d'exotisme et de tourisme pour les uns, ou de terre aux ressources naturelles bon marché à exploiter pour les autres, Madrapour est auréolée de bien des séductions mais c'est sans compter sur la perte du contrôle.

Dit comme cela, je suis certaine que vous imaginez un thriller angoissant et bien ce n'est pas du tout le cas et j'en suis la première déçue.

Non seulement j'ai trouvé certains passages à la limite de la misogynie et de l'homophobie, mais encore, je n'ai vraiment pas compris où résidait l'intérêt du roman, sa finalité. Le style habituellement brillant de Robert Merle se fait ici lourd et assommant, aucun de ses personnages n'est attachant voire même intéressant, les caricatures se succèdent, non, vraiment, là, je ne comprends pas.

Il m'a été pénible d'aller jusqu'au bout de ma lecture mais mon étonnement s'étant mué en quête, j'ai gardé jusqu'au mot "fin" l'espoir qu'il se passerait quelque chose de plus intéressant que l'exposé d'un égoïsme universel, incarné par tant de personnages à la fois.


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Quinze passagers embarquent destination Madrapour, avec une hôtesse.
Dans la première partie du livre, on découvre que les deux hindous sont des terroristes, et que ..."Y a t-il un pilote dans l'avion ???" Dans la deuxième partie, nettement plus philosophique, on apprend ce que "passager" veut dire : qui ne fait que passer quelque part.

Au début, j'ai trouvé ce livre trop glauque, à l'étroit, style Agatha Christie, tous enfermés, on se demande s'il va y avoir un meurtre à résoudre...
Puis la finesse d'écriture de Robert Merle ( que je connais ) m'a emporté : il s'amuse des dialectiques futiles des passagers qui prennent la mouche alors qu'il y a une question nettement plus importante, philosophique, que seuls quatre passagers perçoivent ; les autres, macroniens emportés par leur précieux matérialisme ne soupçonnent même pas cette question ! Les caricatures du cow boy US dominateur, de l'énarque jésuite casuiste, du traficant, de la vieille fille pincée mais sensée, de la duchesse au dessus des contingeances matérielles, de la prostituée qui dénonce son client, client bien par ailleurs sous tous rapports, du gay insignifiant mais dont les questions posées deviennent capitales... Tout cela devient un melting pot dont on sent que l'auteur, qui caractérise la société dans tous ses travers, caricature et s'amuse :)
Quant à la question essentielle, the question, chers abonnés/abonnements (glups, la pillule ne passe pas pour moi, @petitours ), je vous la laisse découvrir !
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Ma rencontre avec Robert Merle c'est Madrapour. le voyage a commencé à mon goût, surprise surréaliste et une pointe d'humour qui promettait fidélité au texte entier. L'avion qui part pour Madrapour décolle d'un aéroport vide et il n'y a que 15 passagers, dont le narrateur, sur des sièges en cercle, le fantastique dans un huis clos. Il n'y a pas de pilote, mais un braquage par deux hindous s'annonce sans merci. le temps est à rebours… mais ça tourne en rond, et le style est sec et ennuyeux, le narrateur, Sergius, témoin qui a eu la vie sauve, puisqu'il nous raconte les faits, met des qualificatifs sur ses émotions pour les amplifier et rendre l'atmosphère tendue sous le poids de la menace, … mais ça n'a aucun effet sur moi !!
Il y a eu des critiques enthousiastes sur le sens du suspense. Je l'ai beau cherché, pas trouvé !
Le narrateur-observateur, impliqué dans l'aventure la raconte au lecteur avec un détachement dont la froideur élimine toute émotion : le cours de l'histoire, la description des personnages, leur intervention et participation  à l'action . Les dialogues courts, qui auraient pu donner de la vivacité au récit et créer un certain rythme, et même donner une certaine émotion, tuent le suspense, n'ont comme effet que cette lourdeur de la langue dans tout l'espace du livre.
Dans des moments ou la vie est en jeu, Robert Merle fait ressortir la part d'ombre de l'homme, la superficialité, la petitesse, les rongeurs de la nuit, la bête sombre devant le danger et encore une fois avec un constat « sans espoir » pour l'humain.
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Achevée, cette histoire me laisse dans un état de flottement, de tristesse, de fatalisme et d'interrogations.
L'oeuvre est une analyse fine de la psychologie humaine, qui se retrouve décortiquée, révélée.
Le récit se passe à bord d'un avion, mais pas n'importe quel avion. Et le cadre est totalement décalé, illogique, fou !
Des « passagers », aussi différents les uns des autres, et pourtant si semblables dans leur condition humaine, vont devoir faire face à certaines « questions ». Aucune réponse ne sera donnée, car il appartient à chacun de trouver la sienne.
Y-a-t-il un but à notre existence ? Qu'est ce qui est le plus important ? Doit-on se laisser entrainer dans la roue du temps, passivement et en s'enlisant dans nos petits tracas ? Rassurés par nos certitudes, nos règles, ce qui doit ou ce qui ne doit pas être, nos jugements ? Doit-on se laisser ronger par nos angoisses, fuir en espérant un ailleurs qui serait meilleur ?
Un livre que l'on ne peut oublier, sans aucun doute, même avec le temps…
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Un avion qui décolle à destination de Madrapour est pris en otage par deux hindous, armes au poing.
Cet avion a décollé d'un aéroport désert avec 15 personnes à son bord...
Dans ce roman, servi par un admirable suspense, Robert Merle mêle les genres et nourrit une réflexion sur le temps auquel aucun être humain n'échappe.
Ce livre est tout simplement passionnant de bout en bout.
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Robert Merle, pour des tas de raisons, figure depuis longtemps dans la liste de mes auteurs favoris. de tous ses romans (il n'y en a pas tant que ça, treize seulement plus la saga « Fortune de France », et sur ces quatorze titres une bonne dizaine de chefs-d'oeuvre), « Madrapour » (1976) reste un de mes préférés. Moins célèbre que « Week-end à Zuydcoote », « L'Ile » ou « Malevil », ce roman allégorique nous met en face des plus grandes questions existentielles, non pas de façon théorique style leçon de philo, mais doucement, à travers une histoire étrange, à la limite du fantastique et de la science-fiction, une espèce de fable mystérieuse qui capte le lecteur dans ses filets et ne le lâche pas.
A une époque indéterminée, à l'aéroport de Roissy (mais ç'aurait pu être n'importe où) un avion décolle en direction de Madrapour (ville imaginaire à consonnance indienne). A son bord une quinzaine de personnes, de nationalités différentes, de classes sociales diverses, se déplaçant personnellement ou professionnellement, voyagent en première classe dans un compartiment où les fauteuils sont disposés en rond. Un des passagers, Sergius Wladimir, est le narrateur de ce vol où, dès l'embarquement, tout est bizarre. Deux hindous prennent les passagers en otage et exigent d'être débarqués. On s'aperçoit alors qu'il n'y a pas d'équipage (hormis l'hôtesse) et que l'avion est dirigé depuis la terre par une entité indéfinie qui s'appelle « le sol » Les hindous débarqués, l'avion repart, une étrange maladie saisit alors les voyageurs. Un autre passager est débarqué. le Sol ordonne à l'hôtesse de distribuer des cachets d'Onidril, une drogue euphorisante. Sergius comprend alors que lui aussi va être débarqué, et accepte paisiblement sa destinée, sachant également que c'est le sort de tous ses compagnons.
On connaît le goût de Robert Merle pour ces huis clos où une poignée d'individus doit faire face à une situation imprévue et/ou dangereuse qui le pousse à affronter ses propres obsessions et à se poser les « bonnes » questions. Sous la forme d'une fable allégorique, l'auteur retrace l'angoisse de l'homme devant la mort, et fait naître chez ses personnages toutes les interrogations existentielles qui s'imposent dans ces moments extrêmes : la vie, la mort, Dieu (Le Sol ?) et même l'amour…
Avec un pareil thème, le roman aurait pu être d'un ennui mortel, pontifiant et verbeux. Bien au contraire, il est jubilatoire : ces questions que se posent les personnages, nous nous les posons aussi, nous avons-nous aussi notre place dans cet avion fantôme. Et l'art du romancier est tel qu'il nous embarque avec lui – avec eux – dans cette mystérieuse odyssée.
Roman philosophique, métaphysique, si l'on veut, « Madrapour » est aussi un roman de suspense psychologique, qui nourrit une réflexion sur les grandes questions qui taraudent les hommes depuis la nuit des temps…
Et le temps, d'ailleurs, fait également partie des thèmes abordés : à plusieurs reprises, dans le roman, Robert Merle évoque cette « roue du temps », à laquelle aucun de nous n'échappe…
N'hésitez pas, prenez votre billet pour Madrapour, vous n'en reviendrez pas !
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Un huis clos original et mené de main de maître, une histoire dans un cadre pour le moins étrange. Dans cet avion en partance pour une mystérieuse destination, peuplé de voyageurs aux raisons des plus diverses, on vole hors du temps et de l'espace.
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Admirable de bout en bout. J'adore Robert Merle!
(à ne pas lire en avion...)
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