Le second rapport du Club de Rome publié en 1974 complète le premier rapport rédigé en 1972. Il vient étayer les constats de la situation des différentes crise que traverse alors le monde. Epuisement des ressources matières et énergétiques, hausse des prix, crises écologiques, remise en cause des services publics, conflit géopolitique... Il y à près de 50 ans , le diagnostic est sans appels et surtout, il pourrait largement être repris pour la situation actuelle, démontrant que les membres du Club de Rome avaient vu juste pour les scénarios d'évolutions projetés. Intéressant, instructif et effrayant à la fois de constater que nous n'avons toujours pas pris la véritable mesure des enjeux écologiques et économiques qui se jouent en ce moment même.
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La complexité d'une organisation s'accroît plus rapidement que sa taille. La croissance de la population, les raffinements de la technologie et la sophistication de la modernité agrandissent de façon vertigineuse la taille, et a plus forte raison la complexité des organisations sans lesquelles nous ne pourrions pas continuer à mener ce que nous appelons une "vie civilisée". Or l'efficacité d'une organisation est inversement proportionnelle à sa complexification, puisqu'il faut toujours plus de super- et d'infra-structures pour continuer à la faire "tourner". Le monde développé est en train de connaître un déclin sensible de la qualité et de la quantité des services, en dépit d'une augmentation presque intolérable de leur coût : il suffit de penser aux soins médicaux, aux transports ou aux postes. On s'est longuement penché sur la question de savoir comment notre organisation sociale va pouvoir affronter ces difficultés qui ne cesse de s'aggraver. ne nous étonnons pas si l’aliénation sociale est maintenant partout présente, et si le recours à la violence, dans le vain espoir de changer les choses, est de plus en plus fréquent. p158
Puisque limites il y a, et qu'elles sont perceptibles, il faut rechercher les moyens d'éviter d'y buter dans des conditions catastrophiques. Il s'agit là d'un risque sans précédent dans l'histoire de l'humanité et c'est une stratégie de la survie qu'il nous faut inventer. Ces situations de crise imputables aux "limites" pointent vers un écart entre l'homme et la nature qui se creuse comme un abîme. Pour le combler, nous avons à découvrir de nouveaux rapports avec la nature, dans le sens de l'harmonie et non de la domination. Lorsque nous ne pourrons plus échapper à cette nécessité, bien des questions qui nous paraissent de premières urgences sur la scène socio-politique, ont de fortes chances de se résoudre d'elles-mêmes, du simple fait que nos possibilités de choix se réduiront presque à zéro. p158 (Arnold Toynbee, The Oberver, Londres, avril 1974).
Quand nous parlons de "mondialisation", entendons-nous bien : dans notre esprit, rien n'est plus loin d'une tendance à l'uniformisation d'un système mondial monolithique, avec une seule langue, un seul régime social, un seul gouvernement. Tout comme dans les systèmes écologiques de la nature, il n"est pas d'adaptation sans diversité, ni de survie possible sans cette adaptation. Mais comme dans la nature également, la diversité suppose l'harmonie pour contribuer à la diversité du système dans son ensemble.Seule la diversité des traditions et des cultures, qui assure à chacun sa place sous le soleil et sa "qualité de vie", permettra de trouver le ressort moral à coup sût nécessaire, face à un changement de cet ampleur. (1974) - p160