« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on voyage dans le futur grâce au passé en explorant la réécriture de conte avec Cress, le troisième tome des Chroniques lunaires de
Marissa Meyer.
Or donc Cinder a reçu l'aide de Cress, jeune programmeuse surdouée et séquestrée. La cyborg monte une expédition pour la sortir de sa prison. Hélas, tout ne se passe pas comme prévu, Cress se retrouve seule dans son satellite en perdition… attendez, j'ai dit seule ? Non !
Thorne, le séduisant mauvais garçon mais qu'est gentil au fond, est resté à bord. Ensemble, ils surmonteront tous les obstacles !
-Waaah, mais quel résumé cucul-gnangnan ! Ca pue l'eau de rose à des kilomètres, ton truc.
-Ah bon ? Je ne trouve pas… Ce tome introduit une nouvelle héroïne, Cress, et avec elle, de nouvelles thématiques. Cinder abordait la maltraitance familiale, la honte d'être soi, et l'amour comme dans les comédies romantiques, Scarlet, quant à elle, met en scène un perso brutal, impulsif et aborde l'amour sous un angle sensuel…
-Ah bon ?
-Ben, toutes ces lignes sur la plastique de Loup, ses cicatrices fascinantes, sa chevelure hirsute, sa puissance musculaire, cette envie irrésistible qu'éprouve Scarlet de lui rouler des pelles dès que l'occasion se présente, j'appelle pas ça de l'amour platonique, pur et éthéré, non. *soupir* Loup est une bête, au sens sexuel du terme.
-J'hallucine ! T'es en train de baver sur un personnage de fiction !
-Rappelle-moi qui s'est revu hier soir la scène du dojo dans Matrix ?
-Ca n'a rien à voir ! Je l'ai revue pour l'amour des arts martiaux et du cinéma, oui, absolument, madame.
-Mais bien sûr… Bref, chaque tome possède sa propre ambiance et je constate désormais que chaque héroïne possède sa propre trame. Celle de Cress se tisse sur la séquestration, sur quelques notes de folie due à son isolement, qu'elle fuit en s'inventant d'autres vies.
-Mouais… moi je trouve que ces romans, ils manquent de style, quand même. La prose reste basique.
-C'est vrai, mais à mon sens, ce n'est pas le style qui donne ses points forts au roman, même si j'ai noté quelques effets dramatiques. C'est le ton, particulier à chaque personnage. le narrateur est à la fois interne et externe : interne parce qu'il prend le point de vue des principaux personnages, sans révéler ce que les autres pensent ; externe parce qu'il raconte à la troisième personne.
Bref, une variante de roman choral, de fort bonne facture, ma foi. Et le roman fonctionne parce que chaque ton est cohérent. L'accablement de Kai, l'angoisse de Cinder, la colère de Scarlet forment un ensemble harmonieux.
-Et ben moi, il y a un truc qui me gêne, quand même.
-Ah bon ? Quoi ?
-La romance ! Cress, j'ai l'impression qu'elle a douze ans ! Et puis, fichtre, quelle niaiserie elle apporte à l'histoire, avec tous ses délires de princes et de héros ! Elle m'agace avec ses roucoulades !
-Moi j'ai trouvé ça plutôt amusant, que son prince représente le contre-pied du prince charmant…
-Nan ! C'est relou et malsain ! Ca m'a ennuyée au plus haut point ! Sans compter que cette saga, c'est un ramassis d'impossibilités.
-Que veux-tu dire ?
-Bah, les retrouvailles miraculeuses, les identités mystérieuses, les Terribles Secrets, les Révélations… on dirait une de ces séries à rebondissements infinis, là.
-Ah oui. Ca ne m'a pas gênée, ça, pour deux raisons : le roman pratique un humour efficace et ne se prend pas au sérieux outre mesure, et puis, c'est la règle du genre… Tu ne peux pas trouver l'amour sans l'avoir perdu dix fois en cours de route, sans enlèvements et sans vaincre des armées entières de méchants. D'ailleurs, les tout premiers romans étaient rédigés avec peu ou prou les mêmes ingrédients.
Cress perpétue la tradition ancestrale du récit inepte, cousu de bons sentiments et d'amour rimant avec toujours. Et j'adore ça : l'humour, le drame et les mystères continuent à me faire passer un fort bon moment. »