Très bonne histoire de la Guerre des Cristeros qui opposa le gouvernement anticlérical méxicain à des paysans catholiques des régions occidentales du Mexique, entre 1926 et 1929. C'était à la base la thèse de doctorat de l'auteur.
L"auteur montre bien que ce fut un conflit évitable. le gouvernement imposait la nationalisation des lieux de culte, l'église répliquait en suspendant le culte. Mais en vérité, les deux forces étaient près d'un accord. La révolte du petit peuple catholique remit tout en cause.
Ce fut une révolte populaire, fortement poussée par les femmes, dont les membres étaient jeunes. Sachant qu'ils ne pouvaient gagner dans un combat frontal, les christeros se lancèrent dans une guérilla. En gros, ils furent victorieux, fortement aidés par la gabegie de l'armée mexicaine. Mais les victimes civiles furent nombreuses.
Trahis par les autorités catholiques, très mal aidés par les élites civiles catholiques, les révoltés furent contraints à une paix imposée par les États-Unis et le Vatican. Dés la signature de ces accords, le gouvernement mexicain procéda à l'élimination physique des chefs cristéros, afin d'empêcher toute nouvelle révolte.
La partie sur l'origine du conflit peut paraitre ennuyeuse. L'auteur est surtout bon dans la description sociologique des Christeros, et dans son analyse des aspects tactiques et stratégiques de leur guerre. Certains passages se lisent comme du western spaghetti.
Par contre le travail de relecture est lamentable. Certains passages sont risibles en raison des fautes de syntaxe ou de traduction. Pour moi, c'était devenu un jeu de deviner le sens réel du texte. Je sais que c'est un petit éditeur et que l'auteur vit au Mexique, et ne peut donc tout controler, mais il me semble que le travail éditorial a été baclé pour profiter de la sortie d'un film sur le sujet.
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Il n'est pas inintéressant de rapporter que le cardinal Garibi, alors secrétaire de Mgr Orozco, nous a déclaré, en écho aux paroles de Diaz :
"Il furent pires que le gouvernement ces Cristeros. Quel désordre ! De quel droit se prenaient-ils pour un gouvernement ? Au moins l'armée de la Fédération est gent d'ordre. Providentiellement il y eut des Cristeros, providentiellement ils ont disparu."
"L'immense majorité des évêques et des prêtres, criminellement d'accord, se prolongèrent dans une inertie maudite, attendant que le Ciel par ses miracles libère l'Église.Tous se limitèrent à donner quelque harangue et à dire quelques prières. Les prêtres, plus stricts que jamais, eurent recours à la théologie et sans autre forme de procès, décrétèrent que la lutte violente pour la défense de l'Église était illicite."
Le P. Arroyo, vicaire de Valpairaiso, resté toute la guerre en compagnie de ses paroissiens en armes, pouvait raisonnablement parler avec cette armertume.
Au lendemain de la paix commençait l'assassinat sytématique et prémédité des chefs Cristeros pour empêcher toute reprise éventuelle du mouvement; l'armée se lançait dans une politique de construction de routes et de de chemins et se plaçaient dans tous les villages. La première victime tomba dix jours après les "arreglos".
L'armée ne fait qu'un avec le gouvernement qu'elle compose en partie, et dans le conflit religieux dont elle est partie prenante. Agent actif de l'anticléricalisme et de la lutte antireligieuse, elle mène sa propre guerre de religion. Le général Eulogio Ortiz fait fusiller un soldat qui porte un scapulaire, certains officiers font monter leurs troupes en ligne au cri de "Vive Satan". Le colonel "Mano Negra", bourreau de Cocula, meurt en criant "Vive le Grand Diable".